Plus d’agneau local dans nos assiettes !
Actualité publié(e) le 21/02/2018
Bonnes qualités bouchères, peu de laine, bonne laitière, habituée aux terres arides… La Dorper a su convaincre les spécialistes de la province Sud en matière d’ovins. Importée par embryons congelés depuis 2011, la race a fait ses preuves en terres calédoniennes. Une nouvelle génération de brebis « pure Dorper », n’ayant aucun lien génétique avec celles qui vivent déjà sur le territoire, va donc voir le jour d’ici 5 mois. Et grande première pour l’agriculture calédonienne : le transfert d’embryon est fait en frais et localement !
Le processus inédit ? 30 brebis Dorper calédoniennes qui ont été inséminées artificiellement par la semence de béliers Dorper australiens, la semaine dernière. Chacune a produit en moyenne 7 embryons, qui ont été récoltés et transférés sur 105 brebis porteuses, lundi 19 et mardi 20 février.
Une opération d’envergure financée par la direction du Développement Rural (DDR) et ouverte à des agriculteurs privés pour la première fois. Au bistouri : David Osborn, qui vient pour la 3ème fois travailler à la station zootechnique de Port Laguerre, est un vétérinaire embryologiste australien spécialiste de ces transferts dans le monde entier. La preuve : tout juste revenu d’Amérique du Sud, il s’envolera vers l’Arabie Saoudite dans quelques jours...
Booster la filière ovine
« En récoltant et inséminant sur place, on réduit considérablement le coût de l’embryon qui passe de 90 000 francs à 37 000 francs, explique Patrick Mercier, responsable de l’atelier ovins à la DDR. L’opération est d’autant mieux rentabilisée que les taux de réussite en frais sont de 75%, contre 50% en congelé ». Le but de la manœuvre pour la province Sud ? Répondre aux objectifs de sa Politique publique agricole provinciale (PPAP) et couvrir 30% de la consommation locale de viande ovine d’ici 2025.
Le parti pris est donc de booster la race Dorper en Calédonie, en offrant aux éleveurs privés des tarifs très préférentiels (9 500 francs par embryon) et en mettant à leur disposition les conditions techniques et sanitaires nécessaires à l’opération. « En plus de nos infrastructures et de notre personnel, nous prenons en charge les frais de vétérinaire et le dispositif de synchronisation des chaleurs, indispensables à l’insémination artificielle, détaille Adeline Lescane, responsable du département provincial des productions animales. Il s’agit d’accompagner au maximum les éleveurs et de tout mettre en place pour avoir de beaux agneaux en décembre prochain, moment où se situe le plus gros de la consommation de cette viande ».
La Dorper, brebis à toute épreuve
Car Romain Bonnefond, responsable de la Station Zootechnique, en est convaincu : la Dorper est une race tout à fait appropriée au développement ovin en Nouvelle-Calédonie : « Nous n’avons pas des conditions idéales pour élever les moutons ! Mais c’est une espèce très consommée ici, donc il est important d’en produire localement et proprement, souligne-t-il. La Dorper sait s’adapter à des conditions difficiles. Et le fait qu’elle ait très peu de laine, permet d’éviter que les piquants dans les pâturages leur fassent des abcès. Ce qui est un véritable fléau ici pour les animaux ». En ce qui concerne la boucherie, les agneaux Dorper grossissent plus vite, puisqu’ils atteignent le poids de 30 kg en 3 mois, contre 6 à 7 mois pour les autres races. Autre avantage, les Dorper ont une capacité à se reproduire toute l’année. « De manière dessaisonnée mais raisonnée ! » précise Romain Bonnefond.
Un grand nombre de qualités que Jo Castegnaro, éleveur à Poya Sud, a su reconnaître : « J’ai commandé des embryons parce que la Dorper est plus qu’intéressante ! Plus besoin de tonte et elles sont beaucoup mieux conformées pour la boucherie que les autres races. C’est une chance que nous donne la Province. Parce que sinon, améliorer et diversifier son troupeau est très long et très coûteux ! ». Les 60 brebis porteuses de Jo Castegnaro ont repris le chemin de leur étable avec un mot d’ordre pour l’agriculteur : les laisser le plus au calme possible. D’ici 12 à 14 jours l’embryon se fixera et dans 45 jours une échographie posera le diagnostic de gestation final. Et si tout se passe comme prévu, de nombreux agneaux Dorper verront le jour au mois de juillet !
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