Garder un OEIL sur la santé du lagon

Sept jeunes gens de Yaté ont passé la journée du 25 mars à Goro, avec Céline Mouron et ses collègues scientifiques formateurs de l’Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie (l’ŒIL), entamant ainsi la 3^ème année du programme « Acropora » sur Yaté. Depuis 2013, ce projet fait participer les populations locales à l’évaluation de l’état de santé des récifs qui les environnent. Équipés de palmes, masques et tubas, les bénévoles des 3 communes du Grand Sud observent le récif selon un protocole standardisé transmis par les scientifiques aux jeunes de Yaté, de l’Ile Ouen et de l’Ile des Pins. Ils évaluent les habitats, les poissons et les (macro-)invertébrés, en ciblant les espèces « indicatrices », c’est-à-dire les plus révélatrices de l’état du milieu. A long terme, ces mesures montreront l’évolution de la conservation du récif ou, a contrario, de son exploitation. Par exemple, les bénévoles observent et comptent les poissons herbivores qui participent à maintenir une couverture en algue modérée, les espèces de poissons prisés par les pêcheurs ou encore notent la présence de prédateurs du corail comme l’étoile de mer Acantaster planci et le coquillage Drupella cornus.

Le lagon observé à la loupe

Pour observer scientifiquement, la méthode du « transect » est internationalement utilisée. Vous prenez un ruban métré, vous plongez et vous notez scrupuleusement tout ce qui concerne les espèces préalablement ciblées sur une tablette plastifiée. Pour le substrat par exemple (corail, vase… qui compose le milieu dans lequel évolue les poissons et autres invertébrés), arrêtez vous tous les 50 centimètres et observez bien… les oursins, ces herbivores sont un indicateur fiable de l’importance de la couverture en algue.

L’an dernier, ce sont 17 observateurs qui ont bénévolement participé et ont ainsi été formés à l’écologie des fonds marins. « Ce n’est pas très compliqué, précise Céline Mouron à l’attention des 7 bénévoles rassemblés autour d’elle armés de fiches descriptives des espèces. Mais il faut être rigoureux. Il nous faut récolter des données fiables pour être plus tard analysables. Notre objectif, c’est de voir comment évoluent les populations des milieux et pouvoir comprendre ce qui s’est passé au regard des phénomènes observés dans l’année, comme des phénomènes météorologiques par exemple. » A ce jour, aucune évolution significative n’est constatée sur les 9 stations du Grand Sud (identifiées par les scientifiques, en concertation avec les populations) que l’OEIL juge “en bonne santé“. Étudiées depuis 2 ans, c’est seulement sur le long terme que les variations pourront être visibles. 

Retrouvez le bilan 2014 (2^ème campagne de suivi) d’ « Acropora » sur l’état de santé des stations de suivi du Grand Sud sur : www.oeil.nc