La restitution des Assises du développement rural a permis de présenter, à Bourail le 17 juin, à plus de 600 professionnels les grands axes d’une nouvelle politique agricole pour les dix prochaines années. Voilà pourquoi.
Un paysage agricole en déclin
« Il faut faire le constat suivant, expliquait en préambule de la présentation Nicolas Metzdorf, le président de la commission du Développement rural de la province Sud : la situation agricole calédonienne est passablement inquiétante. Notre taux de couverture de nos besoins alimentaires, toutes filières confondues, est en baisse. Notre production locale ne représente plus que 15 % de la consommation locale. A ce rythme, notre taux de couverture ne sera plus que de 10 % à l’horizon 2025. »
Forte dépendance à l’importation, consommateurs insatisfaits de l’offre, population agricole qui affiche un âge moyen de 54 ans, des exploitations qui disparaissent (un quart de foncier agricole perdu en l’espace de dix ans), revenus agricoles les plus bas toutes catégories socio-professionnelles confondues (156 000 F par mois en moyenne)… « Le tout malgré un soutien financier soutenu et constant des pouvoirs publics, précise Philippe Michel, le président de la province Sud. A la vue des enjeux socio-économiques que représente le secteur rural, nous allons au-devant d’un problème politique majeur si nous ne réagissons pas. » Les 600 avis et propositions qui émanent des Assises du développement rural constituent un matériau conséquent et intéressant qui, décortiqués pendant 6 mois, ont permis de bâtir les bases d’une nouvelle politique agricole publique en Nouvelle-Calédonie.
Un projet pays
Accès à l’eau et au foncier, respect environnemental, fiscalité, barrières phytosanitaires et douanières, statut de l’agriculteur (couverture de santé, retraite)… Des problématiques que partage l’ensemble des filières agricoles. Des sujets transverses qui concernent la province Sud au même titre que le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, l’État, les communes et les différents établissements publics (ERPA, OCEF, APICAN…). Cette proposition de nouvelle politique publique agricole a vocation à être reprise également par les autres provinces du territoire.
« Si l’action publique a du sens, alors cette nouvelle politique le prouve. Nous devons être une administration performante, y compris pour les Calédoniens qui vivent toujours en Brousse. C’est un enjeu de toute première importance pour éviter, autant que faire ce peut, l’exode rural », insiste Philippe Michel.