n vingt ans, Lydia Jurain a accueilli de nombreux enfants confiés à la DPASS. Une vingtaine, au moins, dont elle a accompagnés sur le chemin de la vie.
En vingt ans, Lydia Jurain a accueilli de nombreux enfants confiés à la DPASS. Une vingtaine, au moins, dont elle a pansé les plaies et qu’elle a accompagnés sur le chemin de la vie. Rencontre avec une femme de Farino extraordinairement humaine qui a décidé de consacrer sa vie aux autres.
« Quand j’étais gamine, j’allais chercher les enfants des voisins pour les dorloter. » D’aussi loin que remontent ses souvenirs, Lydia Jurain a toujours été entourée de bambins. Le dernier de ses cinq enfants a 9 ans quand elle devient famille d’accueil. Elle a alors 36 ans. « Le premier enfant qu’on m’a confié s’appelait Samantha. C’était une petite fille, toute blonde. Elle avait un an. » Lydia l’élèvera jusqu’à son adoption, à l’âge de 7 ans. « Le plus dur, c’est de s’attacher sans trop s’attacher. C’est difficile, surtout quand on a des tout petits. » Le plus jeune qu’elle ait eu sous sa garde était tout juste âgé de 8 jours. Lydia s’en souvient comme si c’était hier. « C’était mon bébé. Il était handicapé. Il était devenu le chouchou de toute la famille. » Quand il part en adoption, à 3 ans et demi, Lydia vit la séparation comme un drame. « J’ai eu du mal à m’en remettre. Il a 15 ans aujourd’hui et vit en Métropole, mais j’espère toujours le voir arriver… » Après Adam, Lydia s’est vu confier plusieurs enfants nés sous X. « Ils arrivent à la naissance et on les garde pendant deux ou trois mois, le temps de savoir si la mère se rétracte ou pas. » La plupart des enfants placés sont très jeunes, ce qui, selon Lydia, s’avère plus simple à gérer. « Ils grandissent avec nous, reçoivent la même éducation que nos propres enfants. C’est plus facile que pour des ados qui ont déjà un vécu. » Reste la difficulté à laisser partir ces petits bouts de chou… « On s’y attache forcément, surtout quand c’est un bébé. On y consacre quasiment tout son temps. Et du jour au lendemain, il faut le rendre, lui et ses affaires. »
Besoin d’appeler quelqu’un « maman »
Entre placements temporaires et placements de longue durée, Lydia a vu passer une vingtaine d’enfants. Avec, à chaque fois, son lot de joies et d’interrogations. « Comment expliquer à un gamin qui vous fait un cadeau pour la fête des Mères et pour la fête des Pères qu’on n’est pas ses parents… » En famille d’accueil, il est d’usage que les enfants placés par la DPASS n’appellent pas leurs parents de substitution « papa » ou « maman », mais cette règle est parfois incompatible avec les besoins de l’enfant. « Une des adolescentes dont je m’occupe m’a dit un jour : “J’ai besoin d’appeler quelqu’un maman”. Que répondre à cela ? » Avec les adolescents, rien n’est d’ailleurs simple. « Il faut gagner leur confiance, établir une relation basée sur le respect et rester à l’écoute. C’est cela dont ils ont besoin. Crier ne sert à rien. Il faut parler, prendre le temps de les écouter. » Et continuer à vivre comme si de rien n’était. « Ces enfants, ce qu’ils attendent, c’est une vie de famille. » Les jeunes filles dont elle a la charge aujourd’hui le disent bien : « On veut juste que notre famille d’accueil nous donne l’amour qu’on n’a pas eu de nos parents et qu’elle nous considère un peu comme faisant partie de la famille. » Cette demande affective peut être parfois lourde à porter, surtout quand les aléas de la vie vous frappent…
Forte demande affective
« L’année dernière, j’ai dû subir une opération. La DPASS a placé les enfants en famille d’accueil relais, le temps que je me rétablisse. L’un d’eux a très mal réagi car il était persuadé que je voulais m’en débarrasser et que je n’allais pas vouloir le reprendre. » Quand elle a débuté, Lydia n’était pas reconnue comme famille d’accueil. « On touchait juste une petite indemnité pour les enfants. » Aujourd’hui, elle a un statut, touche un salaire de la province Sud et reçoit une indemnité pour chaque enfant. Mais tout cela n’a rien changé à la profondeur de son engagement. « J’accueille des enfants qui ne sont pas à moi, mais je les élève et je les aime comme s’ils étaient les miens, sans faire de différence. »
Texte et photos : Christine Allix
Mode d’emploi Être famille d’accueil nécessite préalablement l’obtention d’un agrément délivré par le président de l’assemblée de la province Sud. Pour postuler, il faut contacter le service enfance et famille de la DPASS SUD. Tél. : 24 25 92.