Le 8 juillet 2008, les récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie ont été reconnus par l’Unesco pour leur richesse exceptionnelle et leur valeur universelle. Qu’en est-il six ans après ? Retour sur l’implication de la Province dans ce dossier.
Pouvez-vous nous rappeler la genèse de cette inscription et de sa gestion ?
Emmanuel Coutures, chef du service de l’évaluation environnementale à la direction de l’Environnement : « Dès 2005, les partenaires scientifiques, l’État, la Nouvelle-Calédonie et les trois provinces réalisent des diagnostics environnementaux et hiérarchisent les zones récifales qui ont un intérêt à portée internationale. Six zones réparties sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie sont alors retenues. Le 8 juillet 2008, le comité des biens de l’UNESCO inscrit ces zones comme bien naturel en série au Patrimoine mondial de l’Humanité.
En province Sud, cela concerne la Zone Côtière Ouest (ZCO) et le Grand Lagon Sud. Avant même la venue de l’expert de l’Union nationale pour la conservation de la nature (UICN), le comité de gestion de la ZCO était créé et a, dans la foulée, édité son premier plan de gestion en avril 2009.
Concernant le Grand Lagon Sud, trois comités de gestion locaux ont vu le jour à l’Île Ouen (7 juillet 2010), la tribu de Goro (19 août 2010) et l’île des Pins (16 juin 2011).
Ces comités locaux, épaulés par les services techniques, les associations environnementales, les acteurs socio-professionnels et les industriels de la zone (VALE NC et Enercal) ont élaboré des propositions d’actions de préservation de cet espace maritime de plus de 3 000 km2. »
Nina Julié, membre de la commission de l’Environnement : « Cette démarche participative est une excellente chose qui permet à tous les bénévoles des comités de gestion de devenir acteurs de cette inscription. Associer des militants venus d’univers très différents est forcément difficile. Mais cette gestion intégrée des zones inscrites permet aussi de faire prendre conscience à l’agriculteur, à l’opérateur touristique, au pêcheur professionnel, à l’association environnementale, au coutumier et à l’industriel que tout est connecté. Ils se rendent compte des répercussions de leurs actions sur les autres activités et sur ces espaces à fort enjeu de biodiversité. Et cela les amène à avoir une réflexion sur leur propre comportement, à ouvrir le dialogue avec les autres utilisateurs de ces territoires et à trouver des solutions communes. Lorsque l’on veut préserver son environnement, il faut intégrer les enjeux économiques, sociaux et culturels autour d’un projet environnemental. Cette approche développée avec l’UNESCO et la création des comités de gestion est celle que nous suivons dans de nombreux dossiers car elle est gage d’implication et de consensus avec les populations. »
Quel lien entretient encore la Province avec ces comités ?
E.C : « Cette inscription ambitionne un développement économique durable dans ces espaces. Et la direction de l’Environnement est toujours très présente aux côtés de ces comités pour les aider dans ce sens. Elle les accompagne notamment dans la réalisation du diagnostic, dans la mise en place de la gouvernance des comités, pour l’élaboration des plans d’actions et des objectifs ainsi que dans le choix des indicateurs prévus dans les plans de gestion. Outre l’appui technique, les agents provinciaux ont un rôle pédagogique en les informant sur les textes règlementaires du Code de l’environnement pour qu’ils soient partagés et donc plus facilement acceptés et respectés par tous. L’objectif est aussi de soutenir ces comités dans leur travail de sensibilisation et d’information. Nous devons aussi, dans certains cas, faire de la médiation et de la gestion des conflits. »
N.J. : « La province Sud doit les aider à être en capacité de mener les actions décrites dans le plan de gestion. Ces personnes ont envie de protéger leur environnement mais ne sont pas des scientifiques. Nous devons donc les accompagner avec nos connaissances techniques. Beaucoup de faux messages sont véhiculés. Il faut casser les a priori sur la protection de l’environnement. La province Sud est là pour soutenir le travail de ces bénévoles, contribuer à atteindre et à financer les objectifs fixés dans les plans de gestion, ainsi que les appuyer dans l’organisation d’événements comme la fête de la baleine à l’île Ouen ou la découverte de la mangrove de Ouano. »
Près de 15 000 km2 de lagons calédoniens sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité depuis 2008.