Un investissement pour les générations futures

Vitrines de la beauté et de la qualité des essences de bois endémiques, les nouveaux locaux du  Centre d’expérimentations forestières et de promotion de bois locaux (CEFPBL) ont été inaugurés, le mercredi 1er septembre, à Port-Laguerre, en présence de représentants de l’Etat et des provinces Nord et Sud.

En Nouvelle-Calédonie, 70 % du bois de construction provient de l’importation. « Nous avons la chance d’avoir, localement, une richesse de bois endémique de très haute qualité », insiste Jean Brach, responsable du CEFPBL. Avec une véritable filière sylvicole, les Calédoniens n’auraient plus besoin d’acheter des matériaux provenant d’autre pays. Tamanou, houp, kaori, bois bleu, pin colonnaire sont autant de bois précieux qui pourraient servir à la marqueterie, à l’ébénisterie ou à la construction. D’ailleurs, les nouveaux locaux du centre, qui viennent d’être inaugurés, en sont un très bel exemple. Ce nouvel espace valorise en effet cette richesse encore inexploitée.
Le centre est un outil indispensable pour le développement de la filière sylvicole, voulue et encouragée par Pierre Frogier, président de l’assemblée de la province Sud. En plus de la fourniture de 200 000 semences par an aux pépinières provinciales, les dix employés du CEFPBL travaillent à l’amélioration de la génétique des essences locales, le perfectionnement des techniques d’accroissements des plants forestiers et l’optimisation des rendements.

De nouvelles parcelles reboisées

La province Sud a accueilli Antoine Kremer, référence mondiale dans le domaine forestier. Il effectue une expertise des méthodes employées par le centre pour l’amélioration génétique des plants.

La collectivité souhaite planter entre 300 et 500 hectares de forêts par an, en province Sud. « C’est un investissement pour les générations futures », assure Eric Gay. Certaines parcelles seront utilisées pour la plantation de pinus qui offrent une rotation courte (25 ans) et la majorité des espaces forestiers pour des arbres endémiques qui poussent lentement, entre 50 et 100 ans. La sylviculture est une nouvelle ressource économique, respectueuse de l’environnement et créatrice d’emplois, qui offrira une alternative au « tout nickel », « Les jeunes peuvent s’insérer par ce biais-là. Nous développons actuellement un partenariat avec le Groupement du service militaire adapté pour créer une formation dédiée à la sylviculture », complète le 1er vice-président de l’assemblée de province. Un secteur prometteur donc, qui donne d’ailleurs lieu à une mission de deux chercheurs néo-zélandais en Nouvelle-Calédonie. « Ces échanges sont très stimulants et enrichissants par la mise en commun des connaissances et la mise en place d’une coopération régionale », s’enthousiasme Jean-Michel Carnus, directeur de recherches du centre de l'Inra de Bordeaux. Nous envisageons un programme pluriannuel avec la Nouvelle-Zélande. » Les pays voisins peuvent servir de modèles, notamment pour le Kaori. « Mais la particularité de la Nouvelle-Calédonie, souligne Antoine Kremer, lauréat du prix Marcus Wallenberg 2006, aussi appelé prix Nobel de la forêt, c’est sa responsabilité dans la conservation des essences endémiques et la nécessité de maintenir la forêt naturelle. »

Mise en place de la filière sylvicole

La province Sud, représentée par PromoSud, a signé une convention de partenariat avec la Caisse des dépôts et la Société forestière, dès janvier 2010. Elle réalise actuellement une étude sur la faisabilité économique d’un reboisement de 3 000 hectares en province Sud, et les conditions d’implantations d’un opérateur forestier calédonien.

EN 2009, 200 000 graines sont fournies, par le CEFPBL, aux services techniques des provinces Nord et Sud.

Conférence sur les écosystèmes à la forêt cultivée

Le prix Nobel de la forêt 2006 a donné une conférence à l’IRD, le mercredi 1er septembre. « Au delà du contexte calédonien, j’ai exposé le rôle des forêts de manière globale : le stockage du carbone, la conservation de la biodiversité et l’utilisation de la biomasse », explique Antoine Kremer, qui ajoute : « La préservation des forêt est un enjeu écologique et économique de taille. »

Les portes des bureaux du CEFPBL ont réalisées avec des essences locales par l’atelier de menuiserie du centre.

Photos : Fabrice Wenger
Texte : Emilie Baptiste