Une filière ovine en Nouvelle-Calédonie ?

Daniel Guépy est tenace. Quand il se réveille le matin au chant des cagous dans sa propriété rurale de Pocquereux qu’il dirige depuis 30 ans (il a 24 ans quand il prend la succession au décès de son père en 1984), il sait la qualité de vie que la Nouvelle-Calédonie lui offre. Et il veut que cela perdure. A 55 ans, président de l’UPRA Ovine et Caprine (UPRAOC), également élu à la Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Calédonie (CANC) où il est responsable du Groupement de défense sanitaire animale, il ne lâche pas le morceau : « il faut mettre en place une politique agricole pérenne ».

Structurer la filière ovine

Un temps tenté d’impulser la création d’une Coopérative des viandes calédoniennes – « pour s’attacher à la commercialisation de toutes les viandes », insiste ce spécialiste en élevage de moutons et de chèvres – il penche aujourd’hui pour la nécessité de structurer la filière ovine. Notamment par le biais de la création d’un Syndicat professionnel pour fédérer tous les professionnels du secteur ovin, qu’ils soient naisseurs, éleveurs ou engraisseurs, mais aussi pour les coordonner, les accompagner jusqu’à la commercialisation de la viande.

Ils sont une quarantaine en province Sud, dont une trentaine adhère à l’UPRAOC (qui détient 1 900 brebis dans son cheptel-mère), ce qui représente 80 % des professionnels du secteur en Nouvelle-Calédonie. Pour Daniel Guépy, « l’élevage d’ovins et de caprins permet non seulement d’optimiser l’exploitation de la surface, mais il est bien plus rentable, et bien plus rapidement, que celui des bovins par exemple. C’est véritablement une filière intéressante. D’autant que nous discutons aujourd’hui simplement de la viande, mais il nous faudrait aborder les perspectives de valorisation de la laine, du cuir, des abats… »

Une filière qui affiche de belles perspectives

Des leviers pour accompagner la mise en place de la filière ovine semblent ne pas manquer. Mais à court terme, il faudrait pouvoir s’appuyer sur des données économiques et financières fiables et complètes pour affiner l’analyse des perspectives. Et pouvoir ainsi inciter ceux qui veulent s’installer. Parce que la problématique du vieillissement de la population d’exploitants agricoles (53 ans en moyenne pour un chef d’exploitation agricole en Nouvelle-Calédonie) n’est pas anodine pour une activité ovine où la tâche est particulièrement rude, ne serait-ce que pour la tonte des bêtes.

Redorer l’image de l’éleveur

Mais pour Daniel Guépy, la filière ovine peut être une solution. « Les terres se parcellisent de plus en plus pour donner accès aux jeunes, il nous faut donc envisager des exploitations plus petites à spécialiser. » Rentable (compter au moins cinq ans quand même à l’installation), l’exploitation ovine peut tenter les débutants. A condition de donner une autre image de l’éleveur et de l’élevage, « une image positive, celle du cow-boy ou du berger étant bien trop restrictives. Et, mis à part le problème du cerf sauvage, il faut dire que l’animal n’abîme pas l’environnement dont nous sommes les premiers à apprécier la qualité. »

Publié le 8 octobre 2014.