Dernière ligne droite pour l’écrivain du Château Hagen

C’est dans sa « résidence » pour quelques mois, la maison Taragnat, nichée dans les jardins du Château Hagen, que Guillaume Berger nous accueille, un vendredi après-midi ensoleillé. S’il nous invite à prendre place dans le petit salon de la bâtisse rénovée récemment mais n’ayant rien perdu de son charme d’antan, c’est dans une autre pièce, privée de toute lumière du jour que travaille Guillaume avec acharnement depuis presque 3 mois.

« J’ai besoin d’obscurité pour bien me concentrer », explique-t-il sans se départir de son franc sourire. Guillaume est sympathique, à l’aise, mais assez pressé. « J’ai encore beaucoup de pain sur la planche ! Et puis, en ce moment, je suis dans une période intense. Après un blocage difficile dans le 2ème mois de la résidence, l’écriture s’est bien débloquée et maintenant tout va très vite ! ».

Se découvrir

Cette première résidence officielle est une nouvelle expérience qui s’est révélée très enrichissante pour l’écrivain, déjà connu dans le milieu pour ses deux ouvrages L’Exil est mon royaume et Les enfants de salauds tiendront leur bière en enfer édités aux éditions Humanis. « Outre la reconnaissance du monde de la culture calédonien, et l’opportunité incroyable de se consacrer uniquement à sa création, cette résidence m’a permis d’apprendre à travailler avec des contraintes, horaires notamment. Cela a été très formateur pour moi. Il faut apprendre à gérer son temps, avoir une vraie régularité d’écriture, se couper de ses habitudes et de sa vie quotidienne. Et même si cela est déstabilisant au départ, que l’inspiration ne vient pas, on met au jour une nouvelle intensité, on pousse ses limites et on se découvre soi-même ! ».

Autre bénéfice de cette résidence pour le travail d’écriture : se recentrer sur le lecteur à venir. « Le problème des écrivains est souvent de se perdre et d’écrire pour soi. Là, on sait qu’on va être lus, donc on se doit de penser au lecteur et de le mettre au cœur de notre processus d’écriture. Cette résidence mise en place par la province Sud est prestigieuse, on sait déjà que les éditeurs locaux vont s’intéresser au livre et c’est très encourageant ».

Les plumes locales valorisées

Si divers programmes d’accompagnement aux écrivains  existent déjà à la direction de la Culture de la province Sud, c’est la première fois qu’une aide technique et financière  (Château hagen cherche écrivain) est accordée durant le temps de création. « Nous nous sommes rendus compte que ce temps manquait cruellement aux écrivains, et nous avons eu envie de mettre en place un dispositif nouveau qui soit au service de l’artiste , explique Julie Revault, chargée de mission culturelle.  Nous avons de véritables plumes en Nouvelle-Calédonie, et il est important pour nous de stimuler et d’accompagner ces écrivains professionnels ».

Avec cette résidence d’écriture, qui devrait être reconduite l’année prochaine, la province Sud passe une nouvelle vitesse dans sa politique de soutien aux artistes. De quoi encourager les talents locaux, en leur octroyant une totale liberté d’expression, puisque, comme le souligne Julie Revault : « En leur offrant une aide pendant le processus de création, on leur fait confiance. S’ils sont tenus de nous envoyer régulièrement des gages de l’avancée de leur travail, nous ne nous permettons aucun jugement avant le rendu final du manuscrit ». Guillaume Berger quittera ses quartiers au Château Hagen vendredi 19 janvier, avec dans les mains un ouvrage prêt à être édité !