Les transports en commun : la solution alternative aux bouchons

Chaque jour, 60 000 véhicules empruntent le rond-point Berthelot. En 2020, ce sera le double, soit 110 000 voitures. Pour éviter ce cauchemar, la province Sud initie, en partenariat étroit avec les quatre communes de l’agglomération, les outils nécessaires à la mise en place d’un TCSP (transport en commun en site propre) et d’autres modes de déplacements comme les navettes maritimes.

Première étape : la création d’une AOT unique (autorité organisatrice des transports) pour l’ensemble des communes. L’assemblée de la province Sud a entériné, le jeudi 12 août 2010, la création de cette AOT. Les décideurs politiques ont donc approuvé ce qui sera bientôt le point de départ d’une métamorphose des transports en Nouvelle-Calédonie. Fini le « tout voiture », place aux bus à haut niveau de service, aux navettes maritimes et aux pistes cyclables. Un maillage complet sera créé avec des aires de stationnement, des gares routières permettant de changer de mode de déplacement. Les études de faisabilité sont, d’ores et déjà, lancées pour les navettes maritimes et le transport en commun en site propre (TCSP).

Depuis 2007, et dans le cadre du contrat d’agglomération, deux études sur l’aménagement de l’agglomération nouméenne ont été diligentées pour permettre un développement cohérent de l’agglomération, tant en ce qui concerne l’aménagement du territoire que les déplacements.
Ces études, réalisées par le syndicat intercommunal du Grand Nouméa et cofinancées par l’Etat, la province Sud et les quatre communes de l’agglomération, ont abouti à la définition :
-    d’orientations pour l’aménagement de l’agglomération ;
-    d’un plan d’actions à court et à moyen terme pour ce qui concerne les déplacements.

Lors de l’assemblée, les conseillers provinciaux ont validé ces préconisations qui devraient servir de feuille de route pour les plans d’urbanisme directeurs des communes, et pour les déplacements urbains.

Schéma de cohérence de l'agglomération nouméenne

Plan de déplacement du grand Nouméa

Textes : Emilie Baptiste
Photos : Fabrice Wenger

Interview
Gil Brial, président des Equipements publics, de l’Energie et des transports

L’une des préconisations du SCAN (Schéma de cohérence de l’agglomération nouméenne) est de concentrer les constructions dans les pôles urbains et les zones d’activités économiques existants. Pourquoi un tel choix ?

Gil Brial : la province Sud et les quatre communes de l’agglomération sont d’accord pour réorganiser l’urbanisme et les transports au travers de schéma de cohérence (SCAN). Il va totalement changer la physionomie de l’agglomération. Le SCAN prévoit un développement raisonné de l’urbanisme. Il définit les zones où seront favorisés l’habitat ou les commerces. Son objectif est de limiter l’étalement de la ville et ainsi de diminuer l’impact sur l’environnement et de faciliter les déplacements. Construire de nouvelles routes ou concevoir des réseaux d’assainissement coûtent très cher aux collectivités. Alors qu’aujourd’hui, l’assainissement de Nouméa, n’est toujours pas fini avec seulement 30 % de l’assainissement réalisé.
Il s’agit d’implanter, au Mont-Dore et à Païta, des entreprises et des administrations pour que les habitants puissent travailler à côté de chez eux.

Schéma armature urbaine (cliquez sur l'image pur l'agrandir)

L’AOT (autorité organisatrice unique), qui devrait être créé en septembre, regroupera Carsud, Karuïa et Transco. Peut-on espérer une meilleure cohérence dans la tarification de ces différents organismes ?

G.B : Oui, tout à fait. Le premier travail, à court terme, de cette AOT est de mettre en place une vrai politique tarifaire. Les usagers pourront se rendre du Vallon-Dore à Ducos avec le même titre de transport, en utilisant des bus de Carsud et du GIE Karuïa. Dès 2011, on devrait proposer une billettique unique. Nous envisageons également une baisse significative des prix qui rendra les transports collectifs plus attractifs. Les collectivités et la création d’une taxe affectée permettront de réduire, presque de moitié et ce dès 2011, le prix du déplacement pour les utilisateurs.

Les Calédoniens ont l’habitude d’utiliser leur voiture, même pour des déplacements très courts. Comment espérez-vous changer les mentalités ? Et quel public ciblez-vous pour les transports collectifs comme le TCSP et les navettes maritimes ?

G.B : C’est une révolution culturelle que nous proposons. Les Calédoniens utilisent bien les transports en commun lors de leurs vacances à Sydney ou à Paris. Je pense que c’est donc possible en Nouvelle-Calédonie si nous proposons des transports confortables, avec des horaires réguliers et des tarifs attractifs.  Par ce plan de déplacement, nous visons les mouvements pendulaires. C’est à dire les personnes qui utilisent leurs véhicules seulement le matin pour se rendre sur leur lieu de travail et le soir, pour rentrer chez elles.  L’automobiliste qui utilise sa voiture dix fois par jour ne sera pas concerné. L’idée est vraiment de simplifier la vie des gens en leur faisant gagner du temps dans leur déplacement.

Quid du TCSP ?

La province Sud privilégie, dans les choix possibles pour le TCSP, le bus à haut niveau de service.
Il s’agit d’une ligne de bus conçue et exploitée dans le but de garantir un service proche de ce que peuvent offrir d'autres systèmes de transports en commun tels que les tramways ou les métros.  Mais il coûte trois fois moins cher. La maintenance est aussi moins onéreuse et peut se faire sur place, contrairement au tramway.

Les principales caractéristiques d'une ligne BHNS sont :
•    des passages fréquents (généralement 5 à 10 minutes aux heures de pointe et moins de 15 minutes en heures creuses) ;
•    des temps des trajets raccourcis (moins de 15 mn entre Koutio et le centre-ville de Nouméa, même aux heures de pointe) ;
•    une amplitude horaire étendue ;
•    un système d'information de qualité : temps de parcours, attente, fréquence, etc.
des stations aménagées (en opposition aux arrêts de bus, souvent simples points d'arrêt) avec des quais adaptés et sécurisés, se situant à la hauteur des seuils des portes des BHNS,
Des accès facilités pour les personnes handicapées et les parents munis d’une poussette.

Ces caractéristiques sont obtenues au moyen d'aménagements particuliers par rapport aux lignes de bus classiques :
•    des voies réservées sur l’intégralité ou sur une grande partie du parcours ;
•    la mise en place de priorités aux feux,
•    un système de téléguidage par GPS.