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Histoire

Un historique marqué par l’exploitation forestière

Dans la région de Farino, tout comme dans de nombreuses régions de la grande terre, l’exploitation forestière a été omniprésente depuis le début de la colonisation jusqu’à nos jours.

A Farino, c’est Justin Ollivier qui s’est installé le premier en 1892 aux confins de Tendéa, près des sources de la rivière Houé. Sur sa concession il avait creusé un canal de près de 6 km sans aucune aide étrangère, afin d’amener l’eau sur son exploitation. L’eau était essentielle pour les besoins de sa famille et pour cultiver, mais également pour alimenter un dépulpeur à café et une grande roue à aube  de six mètres de diamètre qui lui permettait de faire tourner sa petite scierie.

Mais Justin Ollivier n’a pas été le seul à tirer profit des forêts de Tendéa et de la Houé. Près de lui, le concessionnaire M. Blay a également exploité une scierie. Une affaire qui marchait plutôt bien et qui avait été reprise par des Japonais à la fin de la seconde guerre mondiale. Ce Japonais qui s’était lancé dans l’exploitation d’une scierie à Tendéa n’était autre que Arata Akinaga, originaire de Fukuoka. Il était venu dans la colonie en tant qu’engagé dans les mines, puis il s’était installé sur Tendéa pour cultiver du café, du raisin.

Plusieurs concessionnaires de Farino se lanceront ainsi dans l’exploitation et le travail du bois. Ainsi, Henri Thomas Marc Boucher, menuisier de profession, construisit la première mairie de Farino, tout en bois. A l’époque les billes de bois étaient transportées avec des voitures à bœufs.

Autre professionnel du bois et scieur de long, à Farino, Albert Rivallin, qui avait créé au sein du parc des grandes fougères le fameux camp des chasseurs dit « campement Rivallin », situé sur l’actuelle aire du camp de la Houé.

Pendant la seconde guerre, les troupes Australiennes ont également exploité le bois sur le versant reliant Farino au col d’Amieu. D’ailleurs à l’époque la route reliant la mairie à ce col était nommée « la route des Australiens ».

En 1960, monsieur Clément Germain, exploitant le bois à Nouméa, ouvre une scierie à Farino. Elle était située sur l’actuel parking du parc. La route ainsi créée à cette époque était large et avait permis de désenclaver certaines propriétés. Cette création d’entreprise dans une région où le travail se faisait rare ne fera pas que des heureux. En effet, pendant l’exploitation, les creeks étaient souvent remplis de boue !…en ces temps-là, la protection de l’environnement n’était pas vraiment une priorité. Monsieur Germain avait également réalisé de nombreuses pistes en forêt, souvent pour aller chercher de gros arbres, notamment des houps ou des kaoris. Toutes ces pistes et routes forestières ont dévasté l’environnement de l’époque mais elles avaient eu un côté positif pour les chasseurs de la région qui pouvaient alors se rendre à la chasse en voiture alors qu’auparavant tout se faisait à pied !

L’exploitation forestière de monsieur Germain sera ensuite donnée en gérance à René Guillem, entre 1970 et 1980. Après sa fermeture et sa saisie pour faillite, l’exploitation du bois à Farino n’en sera pas pour autant arrêtée. En effet, Louis Barbou, un enfant de la commune qui avait commencé à couper du bois en vertu d’un contrat passé avec monsieur Germain puis avec René Guillem, y poursuit toujours cette activité en limite de l’actuel parc des grandes fougères dans la région de Tendéa, grâce à sa scierie, la « BMNS », établie sur Houé-Moindou et gérée par son épouse Luté Barbou.

Une prise de conscience pour la protection de l’environnement

Après l’exploitation forestière, entre les années 80 et début des années 2000, l’actuel parc des grandes fougères était devenu le terrain de chasse de toute la région, mais également un lieu où de nombreuses personnes récoltaient tout et n’importe quoi pour se faire de l’argent, notamment des troncs de fougères arborescentes pour la réalisation de sculptures vendues sur Nouméa, des plantes, notamment des orchidées, etc…la biodiversité de cette région était mise à mal…c’est alors que les Maires des trois communes, Farino, Moindou et Sarraméa, ont décidé de classer cette région « parc naturel », d’une part pour arrêter ce massacre et protéger la biodiversité exceptionnelle de ce site, mais également pour préserver la forêt humide qui est la seule ressource en eau pour les communes de Farino et Moindou (bassins versants).

La création du parc des grandes fougères a été réalisée en novembre 2008 ; il était alors géré au travers du Syndicat Mixte des Grandes Fougères (SMGF). Le Syndicat mixte a été créé en 2006 entre les 3 communes de Farino, Moindou, Sarraméa et la province Sud, dont les représentants siègaient au conseil d’administration (voix délibératives).

En janvier 2022, le parc a été intégré aux Parcs et réserves de la Province Sud. Il est actuellement géré par la Direction du Développement Durable des Territoires (DDDT) et fait partie des aires protégées de la Province Sud, au même titre que le parc de la rivière bleue ou le parc zoologique et forestier de Nouméa. Les nouveaux gestionnaires poursuivent cette mission de conservation et de préservation de cette biodiversité exceptionnelle, tout en créant des liens socio-économiques, des partenariats avec les structures touristiques et les entreprises de la place afin de dynamiser la région.


Sources : « FARINO – Regards sur le passé – Témoignages et récits de vie – Jerry Delathière – 2016» ;
Témoignages de José Barbou, Ghislaine Arlie.
Archives du Syndicat Mixte des Grandes Fougères