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Fernande Leriche

Fernande Le Riche est née en Nouvelle-Calédonie en 1884. Son père, Paul Le Riche, originaire de la Réunion et négociant de commerce avait épousé Elisabeth Paddon, issue de l’union du célèbre James Paddon avec Fanny Naïtani, mélanésienne originaire des Nouvelles-Hébrides d’alors (aujourd’hui le Vanuatu).

Son père décède alors qu’elle est encore très jeune, à l’âge de 4 ans. Elle est alors élevée principalement par sa mère dans la Nouvelle-Calédonie des années 1880-1890. Afin de venir en aide à sa mère, Fernande devient enseignante stagiaire à l’âge de 16 ans, à l’aube du XXème siècle. Elle vivra avec elle et en prendra soin jusqu’à son décès en 1947.

Fernande Le Riche effectuera toute sa carrière, de 1900 à 1946, à l’école communale des filles, à l’exception d’un court séjour entre mars et juillet 1925 à l’école de la Vallée-du-Tir où elle assura la direction de l’école après le départ d’Amélie Cosnier.

Fernande est bien connue dans le monde enseignant. Les points de vue semblent unanimes : Fernande a laissé à tous ceux qui l’ont approché un extraordinaire souvenir. A la suite de cette carrière exemplaire, au crépuscule de sa vie, une école nouvellement créée sera baptisée de son nom en 1965 : l’école Fernande Le Riche, à l’Anse Vata.

Cultivée et femme de lettres, mais cependant discrète, Fernande Le Riche a laissé presque dans l’anonymat un héritage littéraire imposant : elle a légué à la bibliothèque Bernheim des cartons dans lesquels se trouvaient les manuscrits de ses souvenirs, des récits centrés autour de personnages rencontrés par Fernande au cours de sa vie.

Alors qu’elle s’est éteinte en 1967, il faudra attendre l’année 1997 pour que ses manuscrits parviennent au grand public, grâce à l’intervention de l’association des amis du livre et de la reliure, et de sa présidente, Micheline Besse (qui avait elle-même connue Fernande Le Riche dans sa jeunesse). Les récits de Fernande sont alors publiés sous le titre « Sourep, Ambroisine et autres récits », du nom de quelques-uns des personnages principaux de ses œuvres.

Précurseure d’un féminisme qui n’est pas mis en clef de voûte de ses récits, mais est pourtant omniprésent dans les questionnements et la représentation de la vie des personnages qu’elle évoque (qui sont souvent féminins), Fernande Le Riche s’intéresse aux femmes, à leurs problèmes, à leurs luttes, aux quotidiens parfois difficiles et en donne une représentation qui permet de mieux comprendre ce que pouvaient endurer les anciennes Calédoniennes.

Ainsi en va-t-il pour Sourep, jeune Indonésienne qui a le malheur de se marier à un Japonais avant la Seconde Guerre Mondiale et verra son mari être déporté alors que ses enfants sont encore en bas âge, ou encore de la vie de Florentine, une marchande de café qui prend la décision d’abandonner son mari. De même Henriette, originaire de Lifou, qui a bien voulu raconter à son amie Fernande des histoires de sa terre à Nathalo.

Fernande a aussi laissé un récit où elle parle de son aventure à la Vallée-du-Tir, où elle annonce sa fierté d’avoir réussi à rendre plus polis les jeunes garçons qui ne disent plus d’insultes devant les jeunes filles !

A ce titre, Fernande Le Riche peut être considérée comme la première femme d’extraction et d’inspiration calédonienne et océaniennes. Comme l’indique l’association des amis du livre et de la reliure : « son œuvre, encore en grande partie inédite, est le patrimoine commun de tous les enfants du pays ».

Très appréciée de ses anciennes élèves, celles-ci en 1997 parlaient avec beaucoup d’émotion de cette institutrice d’exception, et en particulier de son rire qui était célèbre !

Fernande semblait en avoir conscience, puisqu’un des manuscrits qu’elle a laissé, qui constitue la préface de son livre nous donne le passage suivant :

« Mais la Mort semblait s’attacher à mes pas. Claire [sœur de Fernande] s’éteignit fauchée dans la fleur de son âge. Elle n’avait pas vingt ans. Frappée par ce deuil, je décidais de ne point convoler. Aussi, parmi ces milliers d’enfants passés par mes mains, aucun ne serait de mon sang. Mais, fasse ogresse, je les marquerai de mon rire. J’essaierai de leur inculquer le sens de la justice, de leur faire le don du bonheur. Ils me seront au fond plus proches que leurs parents mêmes. »

Fernande était un personnage haut en couleur qui aura marqué plus d’un Calédonien : précurseure des causes féministes, femme de lettres, institutrice investie, ses récits à visage humain sont marqués de l’ouverture d’esprit d’un destin commun qui n’avait pas besoin de mots pour être vécu et ressenti par les anciens, mais que sa plume nous aura légué en héritage.


Sources : 

  • « Sourep, Ambroisine et autres récits » – Fernande Le Riche, édité par l’association des amis du livre et de la reliure, 1997.
  • P 87, Les Nouvelles Calédoniennes, édition du 11/10/1997, Service des Archives de la Nouvelle-Calédonie
  • Brochure de la ville de Nouméa, Août 2021. (https://www.noumea.nc/). 

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