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Soeur Caroline Newedou

Caroline Newedou est née à Unia (Yaté) le 17 avril 1922. Sa mère fait partie de la chefferie Tara, tandis que son père est originaire de la tribu de Banjou (Païta). Dans ses premières années elle fut principalement élevée par son oncle Paul Digoue et son épouse, originaire de Lifou. A la tribu, elle était nommée « Goué Vie », d’après le nom d’une fleur de la forêt.

A l’âge de 8 ans, elle est envoyée en mission à l’école de la mission à Goro. Dans ce cadre, elle apprend à faire la cuisine, à s’occuper des animaux de la ferme, mais aussi à chanter. C’est aussi l’occasion d’apprendre le respect des autres et le vivre ensemble, des valeurs qui la marqueront et qu’elle transmettra ensuite tout au long de sa vie.

En 1940, le destin frappe fort : Caroline est atteinte de la peste. En appelant au seigneur, ses parents font un vœu pour sa guérison : si elle s’en remet, elle rentrera au noviciat des Petites Filles de Marie à Saint-Louis.
Guérie providentiellement par la bonté céleste et aussi par le savoir-faire terrestre du docteur Germain, Caroline Newedou rejoint alors tout naturellement les ordres, honorant le vœu qui avait été fait par sa famille. A présent femme de foi, Sœur Caro considère que le jour où elle a pris l’habit a été le plus beau jour de sa vie.

Elle fait sa profession de foi le 7 Janvier 1947, et c’est ensuite une époque riche en voyages et en missions partout en Nouvelle-Calédonie. Ainsi Sœur Caro sera en poste à Bondé, Balade, Bourail, mais aussi Poindimié, avant de se fixer douze années durant à la mission de Ponérihouen. En 1964, elle finit par revenir dans le sud et prend ses fonctions à la mission de Saint-Louis, ce qui marque pour elle le début d’une nouvelle période.

Sœur Caro décide de profiter de ce retour à proximité de la capitale pour s’intéresser au sort des prisonniers : ainsi, Frédéric Angleviel, dans « Une Histoire en 100 Histoires » nous dit « qu’elle visite régulièrement les prisonniers du camp Est et donne des cours de catéchisme à Nouville », tandis que Patrick O’Reilly dans « Calédoniens » nous indique que « Sœur Caro s’intéresse également aux prisonniers du camp Ouest à Ducos, et se trouve être le « bras droit » de l’aumônier des prisons » mais aussi que « Sœur Caro apporte à ces déshérités le sourire de son optimisme, les lumières de la foi chrétienne et sa bonté souriante ».

En 1966, Sœur Caro fonde le foyer Béthanie, où elle peut accueillir et aider les femmes en détresse. Interrogée au début des années 2000, celle-ci se souvient « J’en ai marié, j’en ai baptisé. Ma foi m’a amenée à beaucoup de choses. Il y en a qui viennent encore me voir ». Ainsi, des femmes et jeunes filles de toutes origines, lors de leurs périodes de grandes difficultés, peuvent trouver refuge au foyer Béthanie, et à l’époque, essentiellement auprès de Sœur Caro. Au début une petite structure à taille modeste encastrée dans une demi-lune, en 1979, victime de son succès, le foyer Béthanie passe à un bâtiment comprenant huit studios.

Cette action pour protéger les jeunes femmes en difficulté ne se fait pas au détriment de son engagement pour les prisonniers : elle mène en parallèle les deux combats de front. Ainsi, en 1976, en collaboration avec Evelyne Lèques et Raymond Teyssandier de Laubarède, elle fonde la RAPSA (Association pour la réinsertion des anciens prisonniers dans une société accueillante), le tout en liaison avec les chiffonniers d’Emmaüs en Métropole, ce qui permet d’institutionnaliser et de pérenniser les efforts que Sœur Caro a déjà engagé depuis 1964 en faveur des prisonniers de Nouvelle-Calédonie.

Sur tous les fronts et pour ajouter encore une corde à son arc qui complète un peu plus son action sociale et son engagement à faire de la Nouvelle-Calédonie une société meilleure, notre religieuse décidément hyperactive fonde également en 1980 le Centre Récréatif de la Jeunesse afin de s’y occuper des jeunes désœuvrés ayant quitté l’école. Elle voulait apprendre à ces jeunes le sens de la coutume et le respect des autres.

A partir de la fin des années 1980, Sœur Caro devient un peu moins active, mais c’est également le temps de la reconnaissance publique. Ainsi, après avoir obtenu en 1980 la médaille du mérite national, elle obtient la Légion d’Honneur en 1990. Elle a également pu ouvrir le premier conseil des femmes du Pacifique de 1994.

Sur ses dernières années, son grand loisir restait la lecture. En 2008, après une vie riche en combats de société, après avoir parcouru la Nouvelle-Calédonie de long en large, et avoir vécu et transmis des valeurs de respect, d’amour et de destin commun, Sœur Caro finit par s’éteindre paisiblement sur la fin de sa huitième décennie d’existence, et plus de soixante années à avoir tenté de rendre la Nouvelle-Calédonie meilleure.

Sœur Caro aura marqué les esprits et les cœurs Calédoniens, avec son sourire et sa bonté. De fait, Caroline Newedou aura été l’incarnation vivante de la locution latine « Dieu est amour », Deus caritas est.


Sources : 

  • « Une Histoire en 100 histoires » – Frédéric Angleviel, 2004
  • « Calédoniens » – Patrick O’Reilly, réédition de 1980.
  • « Tides of Innovation in Oceania : value, materiality and place » – publié par Elisabetta Gnecchi-Ruscone et Anna Paini, 2017.
  • 113 Fi 2092, 113 Fi 898 et 113Fi 932, Service des Archives de la Nouvelle-Calédonie
  • Article internet du Parti Politique Nouvelle Calédonie ensemble au sujet d’Evelyne Leques et sœur Caro (qui ont travaillé ensemble dans le milieu associatif)
  • « La part des femmes dans l’évangélisation de la Mélanésie », Sylvette Boubin-Boyer dans Histoire et Missions Chrétiennes, 2011 / 4 (n°20)
  • Site de la DDEC
  • Bulletin N°1 de la RAPSA (Association pour la réinsertion des anciens prisonniers dans une société accueillante), 2023.
  • « 1979 : Le Foyer Béthanie », Reportage NC1ère, 2015.


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