Jeanne Loquet
(1879 – 1980)
Jeanne Loquet naît en 1879 à Vadencourt-et-Bohéries, dans l’Aisne. Elle est le sixième enfant de Charles Hubert Loquet et d’Elisa Aurore Victoire Legros.
Peut-être poussée par le goût de l’aventure, cette famille de paysans picards s’embarque en décembre 1882 à bord du Tage à destination de la Nouvelle-Calédonie. Ils débarquent en 1883 et sont immédiatement dirigés sur Koné, alors nouveau centre de colonisation. Son père, issu d’une famille de serruriers en métropole, aura quelques difficultés à se réinventer en colon, malgré son expérience en tant que « garçon de ferme » puis « manœuvrier ».
De fait, lorsqu’il comprend dans quoi il s’est embarqué, à quel point le climat est différent, l’isolement et le manque de voies de communications sur la région de Koné, il déclarera « Si à la place de la mer, il y avait eu de la terre, je serais reparti en France avec mon bétail ! »
Jeanne, qui n’a alors que 4 ans est bien loin de ces préoccupations : « Trop petite pour comprendre les difficultés de l’exil, elle vit à la rivière et s’accroche à la queue des vaches », s’amusant en toute insouciance avec ses frères et sœurs.
Rapidement, il est l’heure pour Jeanne d’emprunter le chemin de l’école : « maison couverte de chaume, vers la passerelle, où les institutrices sont des femmes de gendarmes et où les programmes scolaires vont au rythme de la lente transhumance des troupeaux qui naissent au pied du massif de Koniambo ou au gré des vagabondages des chèvres qui courent sur le mont Kopéto. »
Ainsi, Jeanne est élevée « à la broussarde », grandissant aux côté des siens, « avec la simple et seule amitié des saisons ». Mais comme le souligne Jerry Delathière dans son article sur Jeanne Loquet : « Pour les parents Loquet, l’isolement et les difficultés qu’ils rencontrent ne sauraient être, dans l’éducation de leurs rejetons, de quelconques prétextes au laxisme ou au laisser-aller : « Le papa Loquet est très à cheval sur les principes et, toute sa vie, Jeanne traînera dans sa boîte à ouvrages, un livre de savoir-vivre, résumé des petits rites mondains pour les bonnes relations civiles. Ses sorties sont surveillées. La seule visite permise est celle qu’on va faire dans le fond du Koniambo aux enfants des surveillants militaires. On joue au croquet. Elles reviennent le soir, Jeanne et Angèle, les deux sœurs et, sur leur passage on dit : « Tiens ! Voilà les petites Loquet ! »
L’éducation est difficile, mais les rigueurs de la vie le sont également : sécheresses, faibles récoltes, cyclones et inondations ponctuent les années qui voient Jeanne grandir et sortir de son statut d’enfant.
En 1895, âgée de 16 ans, Jeanne Loquet est devenue une solide broussarde, travailleuse, qui, comme ses frères et sœurs, œuvre jour après jour avec énergie pour aider ses parents au travail des champs ou du bétail. Les recensements de troupeaux, ponctués de séances de castration ou de marquages n’ont aucun secret pour elle et ses sœurs. Elles montent toutes à cheval comme les meilleurs stockmen de la région.
En âge de se divertir, Jeanne accompagne ses aînés dans les rares bals populaires de la région. C’est au cours d’une de ces soirées de bal, à Koné, qu’elle rencontre Georges Baudoux. Le coup de foudre est immédiat.
Celui-ci nous indique Jerry Delathière « ne lui avait promis le mariage que « s’il réussissait » ». Une réponse qui semble attester que le jeune garçon a la tête sur les épaules : celui-ci souhaite s’assurer de revenus corrects et décents afin d’offrir à Jeanne, élue de son cœur une vie heureuse.
Séduite, Jeanne décide alors de s’armer de patience et d’attendre que son amoureux vienne la chercher et retourne au domicile familial. Mais son quotidien est perturbé par un drame inattendu : un soir de décembre 1895, son père, pris dans une bagarre, est tué d’un jet de pierre.
Le temps passe, et la famille continue de faire fonctionner l’exploitation familiale. Bientôt Jeanne arrive à ses 18 ans et Georges Baudoux, qui a entre-temps réussi à améliorer sa situation revient la chercher. Lorsqu’ils se marient le 25 mai 1897, il a 27 ans.
Malheureusement, bientôt une terrible réalité se fait jour pour Jeanne. Installée dans un store de la mine Chagrin, elle est laissée seule par Baudoux, qui part en vadrouille pour travailler. C’est le début pour Jeanne de l’affrontement avec un des plus grands adversaires de son existence : la solitude.
De plus, son mari la laisse seule dans une région dangereuse. A proximité, à Néhoué-la-Vallée, grouillent des repaires d’évadés arabes qui galopent sur des chevaux volés, qui ne vivent que de rapines, tandis que son mari court les pistes du pays pour faire de la prospection.
Jeanne doit affronter l’insécurité, l’omniprésence d’évadés ou de libérés sans foi ni loi, alors qu’elle vit dans l’isolement le plus total.
Véritable cowgirl contrariée par la vie, Jeanne racontera près de 80 ans plus tard, au soir de sa vie un épisode qui l’a marquée à cette époque : sa maison se fait encercler par des dizaines d’évadés, au moins une cinquantaine. Armée de son fusil et de son tamioc, avec son chien qui aboie, elle observe par les espaces entre les bois au dehors, mais contre le nombre, elle sait qu’elle n’a aucune chance.
Comme elle le relate « Grâce à Dieu, une troisième force arrive : les moustiques […] » Jeanne entend gémir les évadés, qui sont aussi exaspérés par les aboiements du chien, tandis que finalement, l’arrivée du boulanger, dont les allées et venues sont trop bien connues pour que l’on puisse s’en prendre à lui sans être traqué, finit par achever leur motivation et les inciter à fuir.
Malgré les difficultés, contre mauvaise fortune bon cœur, Jeanne est solide. Elle donne naissance en 1898 à un fils qu’elle et son époux nomment Frédéric Georges. Malheureusement, le bébé décédera au bout de 8 jours, un terrible coup du sort qui emplira d’une tristesse sans limite les deux parents. Mais l’époque est rude, et les deux parents sont le produit de leur temps : la mortalité infantile est alors une réalité connue et fréquente.
Un an après, en 1899, Jeanne donne naissance à Aline Jeanne, qui naît à Koumac. Bien portante, l’enfant est radieuse et rapidement Jeanne donne naissance à deux autres enfants : Franck, en 1901, puis Lucie en 1902.
La vie semble enfin sourire à Georges Baudoux et à Jeanne Loquet. Mais hélas, le quotidien reste cruel pour Jeanne : son mari n’est jamais là, et lorsqu’il revient de ses interminables tournées de prospection, il la délaisse pour des occupations futiles, voire légères.
Ainsi nous explique Jerry Delathière :
« Les jours de paie, à Chagrin, sont épiques, d’un œil agacé, voire excédé, Jeanne observe son mari pousser la chanson paillarde au milieu de libérés éméchés, trinquer avec eux, s’esclaffer de leurs propos grivois en la présence de jeunes créatures aux mœurs plutôt légères.
Et puis, elle n’est pas une femme soumise, loin s’en faut : « Ce n’est pas l’épouse parfaite à qui il convient de faire des enfants et qui saura commander aux boys et aux employés. Non, elle est indépendante et entière. Elle mène sa vie ! » »
Cette vie rude avec un mari toujours absent qui ne lui offre aucun soutien est difficile à supporter pour Jeanne, mais c’est une nouvelle tragédie qui va venir marquer à vie la jeune mère. La description de Jerry Delathière nous donne toute la détresse et le désespoir de la situation qui a lieu à ce moment-là :
« En ce jour maudit du 6 mai 1902, son petit Franck, tout juste âgé de 10 mois, est subitement fiévreux, d’une pâleur extrême, a du mal à respirer. La jeune mère s’affole ! Que faire ? Son mari, comme d’habitude, n’est pas là. Il faut vite amener le petit chez un médecin !
Elle est, de plus, enceinte de Lucie Yvonne ! Habituée à se débrouiller seule et à prendre rapidement les décisions qui s’imposent, elle selle son cheval à la hâte, laisse Aline à la garde de son employée de maison et, son fils arrimé sur la selle devant elle, s’élance vers Koumac. Le temps est mauvais, il y a du vent, de la pluie même.
Sa main droite tenant la bride, elle caresse inlassablement le front brûlant de son petit Franck. L’enfant est de plus en plus mal, respire difficilement. La voici arrivée à l’embranchement de Paagoumène, Koumac n’est plus qu’à quelques kilomètres, elle sollicite sa monture. Tout à coup, son fils étouffe, s’arc-boute dans un ultime accès de douleur, se raidit. Jeanne le serre contre elle, crie de désespoir : c’est fini, il est mort du croup. Le visage ruisselant de pluie et de larmes, elle poursuit courageusement sa route, s’en va chercher aide et réconfort à Karembé, chez Jules Talon, un ami de la famille.
Baudoux arrive bientôt, écrasé, lui aussi, de chagrin et de désespoir : « Car cet homme a un cœur d’une extrême sensibilité pour ses enfants. La mort, à neuf mois, de son petit Franck, un enfant splendide, le bouleversa. Il adorait ce bébé. Il en ressentit une peine qui l’accompagna toute sa vie. » Mais voilà que leur fille Aline présente, elle aussi, les symptômes de la terrible affection. Baudoux ne perd pas de temps : « Les médecins étaient rares, les chemins de communications difficultueux et pénibles. Il inhuma son fils puis partit aussitôt à cheval de Karembé à Koné, à la rencontre du médecin alerté par télégraphe et qui vient à leur rencontre malgré une inondation. Il tient Aline devant lui, sur un oreiller, enveloppée dans des couvertures. Cent kilomètres sans arrêt. « Le bras me faisait mal, mais je ne bougeais pas ! ». Il dira plus tard : j’ai marché toute la nuit, j’étais fou de peur, ma fille semblait expirer dans mes bras. Je repensais à mon fils que j’avais enterré quelques heures avant.
J’arrivais à Koné au petit jour. Le médecin fit tout le nécessaire. Elle fut sauvée. » Loin de les rapprocher, la mort de leur fils restera pour chacun des époux Baudoux quelque chose qu’ils ressasseront toute leur vie. »
Cet épisode, drame absolu, est la cassure, l’évènement qui vient faire basculer la tolérance de Jeanne : Georges Baudoux n’est jamais là. Ses conditions d’existence sont déplorables : solitude, mari perpétuellement absent, insécurité, toujours à devoir tout faire toute seule… Au nom de quoi devrait-elle supporter toutes ces épreuves ? N’a-t-elle pas déjà assez perdu de deux enfants dans cette situation où elle ne peut espérer aucune aide ?
Jerry Delathière le formule en d’autres mots, mais la goutte d’eau arrive lorsque Baudoux revient d’une soirée débridée où il porte autour du cou des traces équivoques alors qu’elle a déjà trouvé des bijoux inconnus chez elle : elle décide de partir et de quitter Georges Baudoux, époux toxique, manipulateur et narcissique, qui souhaite la contrôler et la garder sous sa coupe comme une bonne épouse modèle, une femme objet obéissante qui reste tranquillement à la maison, s’en est trop.
Tentant de la convaincre par des paroles malhonnêtes, Jerry Delathière nous relate la suite : « Sa décision est irrévocable. Elle s’en va ! Rassemblant ses affaires, elle empoigne sa fille Aline, enfourche un cheval et s’apprête à partir lorsque Georges attrape la monture par les rênes, lui demande, une nouvelle fois, de rester et surtout de laisser Aline car elle a pris « un cheval ombrageux, qui s’emballait, faisant des écarts et désarçonnait souvent son cavalier. Il veut s’opposer à cette imprudence qui peut être fatale. « Partez seule si vous le voulez, mais n’emportez pas Aline ! » Et comme Mme Baudoux cherche à se dégager et à partir malgré tout et que la monture commence à se cabrer, comprenant l’entêtement irrémédiable de son épouse, il sort son révolver, l’appuie sur la tête du cheval et fait feu ! »
Un acte de violence, un accès de colère, qui ne fera que renforcer sa jeune épouse dans sa décision de le quitter. Leur divorce sera prononcé par jugement du tribunal civil de Nouméa en date du 30 décembre 1903. Jeanne est alors âgée de 24 ans, Baudoux a, lui, 33 ans. Ils ne sont restés ensemble que 6 ans ; leur fille Aline n’a que 4 ans et la petite Lucie Yvonne (communément dénommée Yvonne) a, elle, un peu plus d’un an. »
Le divorce donnera la garde des enfants à leur père, qui les enverra ensuite étudier en France où elles s’établiront. Jeanne n’aura pratiquement plus aucun contact avec elles et ne les verra pas grandir. Aline, devenue docteur en droit, exercera la fonction d’avocat et aura un fils après s’être mariée, tandis qu’Yvonne restera célibataire, sans enfant et deviendra assistante sociale.
Malgré tout, Georges Baudoux décide de permettre à Jeanne, la mère de ses enfants, de refaire sa vie dans de bonnes conditions, même s’il tient fermement à garder ses deux filles avec lui. Il donne à Jeanne une somme de 10 000 francs (somme alors considérable). Avec cet argent elle a la possibilité de s’acheter un terrain et de se construire une maison.
S’installant chez sa sœur Aline Martin à Voh (qui habite à proximité d’une autre de ses sœurs, Marthe), Jeanne reprend son existence de cowgirl : elle aide au travail de la station, ses journées sont faites d’interminables randonnées à cheval, de recensements de bétail ou de chasse aux cerfs.
Elle finit par prendre en location une parcelle de terrain domanial situé également dans la vallée de Faténoué, au lieu-dit Katana. Elle s’y installe, y met du bétail, érige stock yard, clôtures, maison et hangars. Malgré tout, la solitude, sa grande ennemie, lui pèse à nouveau.
Au cours d’une de ses conduites de bétail, elle fait la connaissance de Louis Outhey, robuste métis alors embauché comme stock man à Ouaco. Elle voit peut-être en lui un compagnon idéal, car celui-ci, rompu à la vie de colon et d’éleveur, est tout à fait capable de l’aider et de l’accompagner, ils ont des points en commun.
Après quelques péripéties d’état-civil, dues à son statut de métis, ceux-ci peuvent finalement se marier à la fin de l’année 1905. Ils auront ensemble deux filles : Louise, née en 1906, puis Edith, l’année suivante en 1907.
Malheureusement Louis Outhey, bon vivant, s’il est plus présent physiquement que ne l’était Baudoux, a plus de points communs avec lui que ne le supposait Jeanne : les rares moments de répit que lui laisse son métier, il les passe à festoyer et à rafraîchir un gosier toujours asséché. Jeanne, avec un seuil de tolérance déjà plus fin après son expérience avec Baudoux, fait quelques « coups de semonce » à Louis, mais rien n’y fait. En 1912, les deux époux se séparent. Ce mariage aussi n’aura duré que six ans.
Elle aura cette fois-ci la garde de ses deux filles, mais désormais, et jusqu’à la fin de sa vie, elle restera seule.
Mais la cowgirl de la station de Katana va à nouveau vivre des situations traumatisantes, car à peine quelques années plus tard a lieu la rébellion de 1917.
Elle manquera de se faire tuer par un insurgé avant de parvenir à se retrouver elle-même en position de le tuer, mais décidera de l’épargner, baissant son arme et le laissant fuir.
Jeanne parviendra à se sortir physiquement indemne de cette période troublée et à reprendre ensuite le cours de sa vie. Toutefois, les ravages de la révolte l’ont quand même impactée : une partie de son bétail a disparu, sa station a été incendiée et elle doit tout recommencer. Mais Jeanne a de la ressource et de la suite dans les idées.
En 1919, elle met le doigt dans un engrenage qu’elle va vite apprendre à maîtriser : elle achète un terrain 22 000 francs aux époux Jacquet à Baco (Koné) d’une quinzaine d’hectares, auquel elle fusionne une autre parcelle de terrain de 10 ares acquise pour 200 francs auprès de Marius Bidal. Elle parviendra à les revendre à hauteur de 50 000 francs en 1924, soit plus du double du prix d’achat. S’étant constitué un petit pécule, elle a, à présent, bien plus de liberté de mouvement. Elle décide alors de quitter définitivement le nord, pour aller s’installer dans la région de La Foa, plus précisément à Fonwhary et à Sarraméa, sur un domaine bien plus vaste afin de se livrer de nouveau à l’élevage bovin. Elle y acquiert, en décembre 1924, plusieurs propriétés d’un total de 272 hectares auprès des époux Ménard Gustave.
Par la suite, Jeanne fera, dans les années 1930, puis les années 1940, d’autres affaires immobilières, qui lui permettront d’augmenter son patrimoine et de s’enrichir. En particulier grâce à l’arrivée des Américains qui lui permettront de faire des plus-values supplémentaires.
Née en 1879, elle commence alors déjà à se faire vieille lors du débarquement des Américains en 1942. Elle a alors 63 ans. Pourtant, elle est encore loin d’avoir fini de faire parler d’elle. Celle qui est à présent une femme d’affaire accomplie qui pèse dans le foncier continue à faire des acquisitions et des reventes de terrain.
Pendant un temps installé à la Coulée après-guerre, elle revend le terrain en 1949 et finit par repartir dans la région de La Foa, où elle prend un terrain situé au centre du village, limitrophe de la gendarmerie.
C’est là que se trouvera sa résidence définitive. Elle restera sur ce terrain pendant près de 30 ans. Finalement en 1975, alors âgée de 96 ans, Jeanne est usée. Elle doit marcher à l’aide d’une canne et sa surdité s’est accentuée. Jeanne, convaincue par sa fille Edith Delathière et sa petite-fille Valencia Durand, décide alors de quitter sa maison et d’aller vivre ses derniers jours chez Mme Louise Tuahiva, à la cité de Saint-Quentin.
Elle aura encore le temps d’atteindre le siècle d’existence, ce qui lui vaudra l’attention de la presse et notamment des Nouvelles Calédoniennes. Elle décèdera à l’âge de 101 ans, le 9 avril 1980.
Arrière-grand-mère aux nombreux descendants, femme d’action et de terrain qui aura connu la lutte contre des maris absents, alcooliques et frivoles, cowgirl qui n’avait pas peur de se salir les mains, mère éplorée qui aura donné tout ce qu’elle avait pour tenter de sauver ses bébés, l’histoire de Jeanne Loquet est parsemée de drames, de défaites, mais aussi de victoires.
Elle aura su surmonter sa douleur pour donner un avenir aux vivants et aura atteint le siècle d’existence après des aventures exceptionnelles, à cheval comme en affaires.
Cette femme exceptionnelle, qui incarne à elle seule la lutte pour la liberté des femmes, méritait bien qu’on lui consacre un portrait.