Guide des droits des femmes et de la famille

P. 123 est accrue par une vulnérabilité économique (très petits revenus, placement sous curatelle ou tutelle, ce qui réduit leur autonomie légale). - V iolences conjugales : Certains hommes choisissent parfois sciemment une femme handicapée à la fois pour se donner bonne conscience et parce qu’ils vont pouvoir la dominer et les mettre sous emprise plus facilement. - V iolences médicales/institutionnelles : La maltraitance et les violences envers les personnes handicapées accueillies en établissements médicosociaux est un phénomène multiforme, méconnu et mal mesuré, perpétrées par des soignants, des éducateurs, des enseignants… Les professionnels en institutions sont souvent déstabilisés voire incrédules dans des cas de maltraitance sur lesquels la personne handicapée elle-même ne peut pas ou ne veut pas s’exprimer, mais peuvent également être aveugles dans des situations de maltraitance quotidienne. La violence peut parfois être très banalisée et amener à poser des pratiques qui ne seraient pas admises auprès d’autres patients (soins douloureux, exposition de la nudité, le corps devient objet). Enfin, elles subissent des violences autour du déni de sexualité, de maternité, certaines subissant des stérilisations forcées. Cette maltraitance au quotidien, en milieu familial ou institutionnel, faite de violence verbale, d’indifférence, de négligence, a la particularité d’être le plus souvent invisible. Elle ne laisse pas de traces immédiatement décelables. Celles qui sont handicapées de naissance ont sans doute un seuil de tolérance plus grand face à la douleur. Elles se sont accoutumées à vivre dans la souffrance corporelle : les transferts, les manipulations, les perfusions, les immobilisations... Elles se disent « Je souffre donc j’existe » et ne sont plus à une douleur près... La violence qui a pour but de soumettre, instrumentaliser, détruire est incompréhensible si vous êtes en situation vulnérable alors que vous devriez être protégée. Bien souvent, les victimes font preuve d’une totale soumission, déjà bien heureuses vu leur état d’avoir un conjoint. Injures, dévalorisation, sont supportées, car souvent les victimes en situation de handicap ne pensent mériter autre chose. Beaucoup refusent de porter plainte car elles ont peur d’être abandonnées. Le handicap engendre une grande dépendance morale et ces femmes s’enferment dans un discours de dévalorisation, de culpabilisation.

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