Nouvelle-Calédonie 2017 , , - - féminin Sexualité maternité parentalité au
Le président de la province Sud remercie toutes les personnes qui, par leurs échanges d’informations et le partage de leur expérience, ont permis la réalisation de cet ouvrage. Il remercie particulièrement les professionnels d’horizons divers qui ont contribué à l’enrichissement de ce document : Chantal Bouyé, Thierry Corre, Anthony Dumont, Brigitte Lèques, Dominique Megraoua, Anne-Marie Mestre, Isabelle Monchotte, Anne Pleven et Catherine Wendling. Il remercie également les deux jeunes femmes qui ont accepté de témoigner de leur difficile chemin de vie et de leurs espoirs pour l’avenir. Rédaction et coordination : Anne Pitoiset Photos : province Sud de la Nouvelle-Calédonie Maquette et mise en page : Agence Eteek Mission à la condition féminine de la province Sud 14, rue Frédéric Surleau 98800 Nouméa Tél. 25 20 47 missionfemmes@province-sud.nc www.lesfemmes.nc © Nouvelle-Calédonie, Sexualité, maternité, parentalité au féminin 2017
L’amélioration de la condition féminine est une priorité de la province Sud. À cet effet, elle met en œuvre un plan triennal d’action (2016-2018), dont l’un des axes est l’accès du plus grand nombre à l’information. C’est dans ce cadre qu’agit la Mission à la condition féminine, au travers notamment de l’édition ou de la réédition de guides et d’ouvrages de référence. Notre but est de porter à la connaissance des femmes de toutes origines géographiques et culturelles, les dispositifs, règles et lois qui régissent la condition féminine et leur permettent d’assurer la totalité de leurs droits. Car aujourd’hui encore, par méconnaissance, trop de femmes ont à subir des situations qu’elles n’ont ni voulues ni désirées, les plaçant irrémédiablement en état de dépendance. Je salue donc l’édition de ce nouveau recueil intitulé « Sexualité, maternité, parentalité au féminin ». À toutes, je souhaite une lecture, et même une relecture de ce document. Que les plus âgées le partagent avec les plus jeunes, filles ou garçons ; c’est ainsi qu’ensemble nous progresserons sur le chemin de la connaissance et de l’émancipation. Martine Lagneau 1re vice-présidente de la province Sud en charge de la Condition féminine P. 3 Mission à la condition féminine de la province Sud PRÉFACE
P. 4 « Si l’enfant une fois né est rarement rejeté et donne à sa mère, avec son premier sourire, les plus grandes joies qu’elle puisse connaître, certaines femmes se sentent incapables, en raison de difficultés très graves qu’elles connaissent à un moment de leur existence, d’apporter à un enfant l’équilibre affectif et la sollicitude qu’elles lui doivent. » Simone Veil, extrait du discours prononcé à l’Assemblée nationale le 26 novembre 1974
L’histoire des luttes du Mouvement français pour le planning familial est marquée par la loi Neuwirth en décembre 1967 sur le droit à la contraception et la loi Veil en janvier 1975 sur le droit à l’avortement. Ces deux lois ont transformé la vie des Françaises et des hommes de la deuxième moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, et même si la Nouvelle-Calédonie aura mis un temps trop long pour bénéficier de ces acquis, les Calédonien(ne)s ont dorénavant à leur disposition les lois et moyens pour assurer la maîtrise de leur propre corps. Reste à les préserver, à les compléter, à les adapter et à les améliorer si nécessaire : c’est non seulement tout le travail que mènent les élus de la province Sud en charge de la condition féminine mais aussi les objectifs que se fixe le service de la Mission à la condition féminine qui inlassablement relaie les informations sur le terrain et fait remonter les attentes des populations. Je salue l’implication de tous pour que notre contribution collective marque le progrès que les Calédonien(ne)s sont en droit d’attendre… progrès essentiel à l’évolution du pays tout entier vers plus d’émancipation. Nicole Robineau Élue à l’Assemblée de la province Sud et au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Présidente de la Commission de la condition féminine à la province Sud et de la Commission des droits des femmes et de la famille au Congrès. P. 5 Mission à la condition féminine de la province Sud AVANT-PROPOS
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SOMMAIRE Préface Martine Lagneau . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Avant-propos Nicole Robineau . . . . . . . . . . . . . . 5 Nouvelle-Calédonie Généralités . . . . . . . . . . . . . 9 Calédoniennes, qui sont-elles ? . . . . . . . . . . . . . 15 Sexualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Grossesse désirée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Grossesse non désirée . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Parentalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Adresses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 P. 7 Mission à la condition féminine de la province Sud
La Nouvelle-Calédonie est un archipel d’Océanie situé à 1 500 km à l’Est des côtes australiennes et à 1 700 km au Nord-Ouest de la Nouvelle-Zélande. Son plus proche voisin, le Vanuatu, est à 600 km et la France métropolitaine à 20 000 km. La Grande Terre est parcourue sur toute sa longueur (400 km) par une chaîne montagneuse, dont le point culminant, le mont Panié, s’élève à 1 629 mètres d’altitude. Les quatre Îles Loyauté — Lifou, Maré, Tiga et Ouvéa — sont situées à une centaine de kilomètres à l’est de la Grande Terre. L’île des Pins se trouve à une cinquantaine de kilomètres de sa pointe Sud-Est. Le lagon calédonien est ceinturé par une barrière de corail, la deuxième plus grande au monde. Une grande partie de ce lagon est inscrite, depuis le 7 juillet 2008, au patrimoine mondial de l’Unesco. Province Nord Province Sud Province des Îles Loyauté P. 8
La Nouvelle-Calédonie GÉNÉRALITÉS P. 9 Mission à la condition féminine de la province Sud
LA PROVINCE SUD UN PAYS, TROIS PROVINCES Porte d’entrée de la Nouvelle-Calédonie, la province Sud est terre de tous les contrastes. Entre Nouméa, la capitale tentaculaire et affairée qui abrite près de la moitié des habitants de l’archipel, et l’île des Pins, destination préférée des touristes en quête d’exotisme et de repos, elle offre une grande diversité de paysages et de styles de vie. La province Sud, la plus peuplée et la plus dense (200 000 habitants en 2009 sur 7 012 km2), s’étend sur la Grande Terre de Poya au Nord à Yaté au Sud et Thio à l’Est et se prolonge au-delà du lagon jusqu’à l’île des Pins. Bien que majoritairement blanche, la population de la province Sud est extrêmement diversifiée. Les Océaniens (Kanak, Wallisiens et Futuniens, Polynésiens et Ni-Vanuatu), les Asiatiques (Vietnamiens, Chinois, Indonésiens) et les Européens (nés en Nouvelle-Calédonie ou plus récemment arrivés de métropole) forment un étonnant kaléidoscope, reflet des ambitions d’un peuple à la recherche de son destin commun. Cet arc-en-ciel humain, hérité des différentes vagues de peuplement, se déploie essentiellement à Nouméa où la mixité ethnique débute sur les bancs de l’école et se poursuit grâce à une vie culturelle et sportive intense et variée. Depuis les accords de Matignon, signés en 1988, la Nouvelle-Calédonie est découpée est trois provinces, collectivités puissantes et autonomes qui disposent d’une compétence de droit commun. Les province Sud, Nord et Îles Loyauté sont administrées par des Assemblées élues pour cinq ans au suffrage universel direct. P. 10
LES ACCORDS FONDATEURS La Nouvelle-Calédonie est, au sein de la République française, une collectivité sui generis en voie d’émancipation. Le Congrès, formé par la réunion d’une partie des élus des trois provinces, compte 54 membres. Il a pour vocation de voter les délibérations et les lois du pays concernant les affaires communes à l’ensemble du Territoire. Les provinces sont des collectivités territoriales qui disposent d’une compétence de droit commun. Elles s’administrent librement par des Assemblées élues pour cinq ans au suffrage universel direct. L’exécutif de la Nouvelle-Calédonie est assuré par un gouvernement collégial (5 à 11 membres), élu par le Congrès à la proportionnelle des groupes politiques. Les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) ont organisé l’émancipation de la Nouvelle-Calédonie au travers d’un partage de souveraineté avec la France. Au terme de l’Accord de Nouméa, seules les compétences régaliennes (monnaie, justice, ordre public, défense, relations étrangères) seront encore exercées par l’État. La Nouvelle-Calédonie est donc pleinement compétente en matière de droit du travail. Le Code du travail de la Nouvelle-Calédonie a été publié le 1er mai 2008 et un Conseil du dialogue social a été instauré en décembre 2010. « Terre de parole, terre de partage » Devise de la Nouvelle-Calédonie LES INSTITUTIONS P. 11 Mission à la condition féminine de la province Sud
HISTORIQUE, LOIS, MESURES NATIONALES ET LOCALES 1909 Institution d’un congé de maternité de 8 semaines sans rupture de contrat, mais sans traitement 1975 La loi Veil autorise l’IVG (Interruption volontaire de grossesse) pour une période probatoire de 5 ans 1990 Reconnaissance du viol entre époux 2002 Création du congé paternité 1928 Congé de maternité de 2 mois à plein traitement pour toutes les fonctionnaires 1979 Une nouvelle loi sur l’IVG rend définitives les dispositions de la loi de 1975 1992 Loi sanctionnant le harcèlement sexuel dans les relations de travail 2002 Mise en place du Régime unifié d’assurance maladiematernité (RUAMM) qui couvre l’ensemble des actifs (salariés, fonctionnaires, travailleurs indépendants) de NouvelleCalédonie. 1943 Création de la première Caisse d’allocations familiales 1980 Définition légale du viol : « Tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte ou surprise. » 1993 Dépénalisation de l’auto-avortement et création du délit d’entrave à l’IVG 2005 Création des allocations familiales de solidarité au profit des familles à revenus modestes 1956 Fondation de la « Maternité heureuse » devenant en 1960 le « Mouvement français pour le planning familial » 1982 Remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale 2000 La contraception d’urgence n’est plus soumise à une prescription obligatoire 2011 Création des allocations prénatales et de maternité de solidarité, et d’une allocation de rentrée scolaire pour les familles à revenus modestes Source : CNIDFF (Centre national d’information sur les droits des femmes et des familles) * La plupart des lois nationales sont applicables de fait en Nouvelle-Calédonie. P. 12 Les avancées législatives calédoniennes
1967 Loi Neuwirth autorisant la contraception 1993 Condamnation de l’entrave à l’IVG (loi Neiertz) 2000 Arrêt Perruche reconnaissant le droit à indemnité du fait du préjudice d’être né handicapé plutôt qu’avorté 2012 Loi relative au harcèlement sexuel 1970 Création d’un congé parental d’éducation et suppression de la notion de « chef de famille » 1987 Loi instituant l’autorité parentale conjointe pour les enfants naturels ou de parents divorcés 2000 Délibération (047/ CP du 29-09-2000) du Congrès de la Nouvelle-Calédonie autorisant et organisant l’avortement 1970 Indemnisation à 90 % du congé maternité 1993 Confirmation par le Code civil du droit à l’accouchement sous X 2000 Création d’un congé pour enfant gravement malade et d’une allocation de présence parentale 2012 Délivrance gratuite, sans ordonnance et sans autorisation parentale de la contraception d’urgence (ou pilule du lendemain) pour les mineures en jaune, les avancées calédoniennes 2014 Loi du pays relative aux relations du travail et à l’interdiction du harcèlement moral et sexuel dans le secteur public 2017 Délibération (63/CP du 19-04-17) du Congrès de la NouvelleCalédonie pour le don de jours de congés pour maladie grave d’un enfant 1973 La mère peut transmettre sa nationalité à son enfant légitime ou naturel 1990 Autorisation de l’utilisation du RU 486, technique médicamenteuse de l’IVG 2001 Allongement de 10 à 12 semaines du délai légal au recours à l’IVG P. 13 Mission à la condition féminine de la province Sud
LES COMPÉTENCES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE P. 14 La Nouvelle-Calédonie est compétente en matière d’hygiène, de santé publique, de couverture sociale et d’aides sociales depuis 1957. En 1988, la loi référendaire, découlant des accords de Matignon, a réaffirmé et renforcé la responsabilité de la Nouvelle-Calédonie désormais compétente en matière « de santé et d’hygiène publiques, ainsi que de protection sociale » (art. 9). L’Accord de Nouméa et la loi organique du 19 mars 1999 ont conforté cette compétence. Les principes fondamentaux de la Sécurité sociale sont adoptés au Congrès par la loi du pays ; les autres règles sont adoptées par délibération. Les provinces peuvent, par délégation du Congrès, adapter et appliquer la réglementation en matière d’hygiène publique, de santé et de protection sociale (art. 47 de la loi organique de 1999). La Nouvelle-Calédonie est responsable des hôpitaux, de la planification de la santé, de l’élaboration de la réglementation, de la chaîne de distribution des médicaments, de la surveillance de l’état de santé des populations et de la qualité de l’hygiène liée à l’environnement, ainsi que de la formation des professionnels de santé. En matière de santé, la province Sud gère les centres médico-sociaux et l’aide médicale sur son territoire ainsi que les dispositifs de prévention. Dans le domaine social, elle intervient auprès des personnes les plus fragiles et gère de multiples aides sociales. L’enfance fait également partie de ses champs d’action avec la gestion des crèches agréées, de l’Aide sociale à l’enfance et des foyers d’accueil pour mineurs. La CAFAT (Caisse de compensation des prestations familiales, des accidents du travail et de prévoyance des travailleurs de Nouvelle-Calédonie) est un organisme privé chargé d’une mission de service public : assurer la gestion de la protection sociale des Calédoniens : – accidents du travail et maladies professionnelles – vieillesse et veuvage – chômage – prestations familiales – le Régime unifié d’assurance maladie-maternité (RUAMM), qui couvre tous les assurés (travailleurs salariés, non-salariés, membres de leur famille) à l’exception des personnes qui bénéficient d’un régime d’aide médicale. Le régime calédonien est financé par les cotisations sociales (à hauteur de 90 %) ainsi que par les produits de la taxe solidarité sur les services et ceux des taxes sur les alcools et le tabac. La CAFAT est chargée du recouvrement des cotisations pour les risques qu’elle gère. LA CAFAT Pour en savoir plus : https://www.cafat.nc/
Calédoniennes QUI SONT-ELLES ? P. 15 Mission à la condition féminine de la province Sud
En 2014, la Nouvelle-Calédonie comptait 268 767 habitants, dont 49,6 % de femmes. La population de l’archipel est comparable à celles de la Polynésie française et du Vanuatu, mais sa densité (14 habitants/ km2) reste l’une des plus faibles des États insulaires du Pacifique. La province Sud concentre 74 % de la population, la province Nord 19 % et la province des Îles Loyauté 7 %. 2 Calédoniens sur 3 vivent dans le Grand Nouméa. Un grand nombre de femmes vivent en tribu, notamment en province Nord et en province Sud. La communauté kanak est la plus nombreuse, devant celle des Européens et celle des Wallisiens-Futuniens. Toutefois, de plus en plus de Calédoniens affirment être métis ou tout simplement « Calédoniens ». Le taux de natalité de la Nouvelle-Calédonie est le plus faible du Pacifique avec 2,2 enfants par femme contre 3 en 1989. L’espérance de vie ne cesse de progresser. Elle dépasse désormais 77 ans, une longévité nettement supérieure à celle des pays insulaires voisins, mais toujours moins élevée qu’en France métropolitaine. L’âge moyen au mariage diminue légèrement : 37,3 ans pour les hommes et 33,7 ans pour les femmes. Le nombre de ménages augmente plus vite que la population. En 2014, la taille moyenne d’un ménage est de 3,1 personnes contre 4 en 1989. La diminution régulière du nombre de personnes par ménage résulte de l’augmentation du nombre de celles vivant seules, de la baisse de la fécondité et de la décohabitation. En 2009, les personnes seules représentaient 19 % de l’ensemble des ménages calédoniens, les familles monoparentales 8 %, les couples avec ou sans enfants 51 % et les ménages « complexes » 22 %. Le nombre de personnes seules et de familles monoparentales progresse légèrement chaque année. Parmi les 50 500 familles de l’agglomération nouméenne, environ 8,3 % étaient, en 2009, des familles monoparentales, c’est-à-dire constituées d’un parent seul vivant avec un ou plusieurs enfants. « Près d’un habitant sur dix se déclare métis ou appartenir à plusieurs communautés. » P. 16
« L’espérance de vie des femmes est de 80 ans, celle des hommes, de 74 ans. » STATUT COUTUMIER POUR LES KANAK En Nouvelle-Calédonie, deux statuts cohabitent : le droit civil français et le statut civil coutumier. Toute personne relevant de l’une des 8 aires coutumières kanak est dotée d’un statut particulier qui lui confère un certain nombre de droits, civils et autres, et lui impose des devoirs. Le « statut civil coutumier » recouvre le droit des personnes, des contrats, des terres et de la famille. Dans le cas de couples mixtes, le droit français traditionnel s’impose. Ce statut a des incidences concrètes sur la vie des femmes kanak, qui, parfois, ont le sentiment de faire l’objet d’un traitement qui ralentit leur émancipation. Le statut coutumier est fondé sur un privilège de masculinité et un principe de primauté quasi absolue du groupe (le clan) sur l’individu. Le Sénat coutumier, organe consultatif issu de l’Accord de Nouméa et émanation des huit aires coutumières, ne comprend donc aucune femme. Pour en savoir plus : www.mncparis.fr/uploads/le-droit-coutumier-en-nouvelle-caledonie_2.pdf Les règles du mariage et de l’adoption des Kanak de statut coutumier sont codifiées par ce statut particulier, qui ne prend pas compte les réformes et les nouvelles lois métropolitaines. Le mariage de deux personnes du même sexe issues du statut civil coutumier est donc impossible pour le moment. Pour pouvoir se marier, les couples kanak concernés qui oseront afficher leur homosexualité sont contraints de renoncer aux avantages du statut civil coutumier et de faire une demande d’affiliation au « droit civil français ». PAS DE MARIAGE GAY POUR LES KANAK DE STATUT COUTUMIER P. 17 Mission à la condition féminine de la province Sud
En 2015, 4 190 naissances ont été enregistrées en Nouvelle-Calédonie. Un nombre relativement stable par rapport à la moyenne de ces dix dernières années, mais en recul de 5 % par rapport à la moyenne de la décennie 90. Rapportées à la population, ces naissances conduisent à un taux de natalité de 15,4 ‰, qui reste encore relativement élevé, mais en baisse de dix points par rapport au début des années 1990. Le taux de natalité de la Nouvelle-Calédonie se situe entre l’Australie ou la NouvelleZélande (13 ‰) et La Réunion (17 ‰), au même niveau que la Polynésie française. La part des naissances hors mariage ne cesse d’augmenter et s’établit à 76,3 % en 2015, contre 59,6 % en 1990. Les Calédoniens se marient moins fréquemment et plus tard. En vingt-cinq ans, l’âge moyen au mariage a reculé de 10 ans : 39 ans en 2015 pour les hommes contre 29 ans en 1980 et 35 ans pour les femmes en 2015 contre 25 ans en 1980. L’âge de la première grossesse varie entre 14 et 41 ans. Les femmes deviennent mères pour la première fois de plus en plus tard : 27,7 ans en 2015 contre 24,6 ans en 1990. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce recul : la prolongation des études, l’augmentation de l’activité professionnelle des femmes, leur implication de plus en plus fréquente dans le monde du travail et une meilleure maîtrise de la contraception. Source : ISEE NC QUELQUES CHIFFRES P. 18 Avec 4 enfants par femme, le Vanuatu est le pays du Pacifique insulaire où le taux de fécondité est le plus élevé.
SEXUALITÉ P. 19 Mission à la condition féminine de la province Sud
La sexualité est un aspect central de l’être humain tout au long de la vie. Elle prend en compte le sexe, les identités et les rôles socialement associés aux genres, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction. La sexualité est influencée par l’interaction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels. L’aspect génital de la sexualité permet d’assurer la reproduction et la survie de l’espèce. La construction psychique de chaque individu renvoie à la capacité de chacun à communiquer, à entrer en relation avec l’autre. Elle permet à l’être humain de passer de la pulsion au désir. C’est un processus en constante évolution tout au long de la vie de la personne. L’exercice de la sexualité de chaque personne est intimement lié à l’environnement social : les parents, la famille, les pairs, et plus généralement le contexte socioculturel dans lequel elle vit. LA SEXUALITÉ LA PUBERTÉ P. 20 La puberté marque l’entrée dans l’adolescence. C’est le temps de passage du statut d’enfant à celui d’adulte. Sous l’influence des hormones, les caractères sexuels secondaires apparaissent et les organes reproducteurs deviennent fonctionnels. Garçons et filles sont l’objet d’importantes transformations morphologiques. L’apparition des éjaculations chez les garçons et des règles chez les filles témoigne de leur capacité à procréer. À partir de cette période, l’adolescent(e) est paradoxalement dans la capacité de se reproduire sans pour autant être socialement reconnu comme ayant l’aptitude à élever des enfants. Parallèlement à ces transformations physiques, les adolescents voient évoluer leurs pensées, leurs désirs et d’une manière plus générale leur rapport à l’autre. Ils s’intéressent différemment à l’autre en tant qu’individu sexué et s’interrogent sur leur capacité à plaire et à entrer dans une relation de séduction. La sexualité devient souvent le centre de leurs préoccupations. « Le degré et la nature de la sexualité d’un être humain s’étendent jusqu’au sommet de son esprit. » Nietzsche
P. 21 Mission à la condition féminine de la province Sud L’ÉVEIL SEXUEL L’éveil sexuel se définit par la prise de conscience de se sentir et d’être perçu comme être sexué, l’autre apparaissant aussi comme une personne sexuée. Le premier rapport sexuel est un rite de passage aussi bien pour les filles que pour les garçons. Généralement, à cette étape de leur construction, les filles semblent attacher une plus grande importance à la relation amoureuse alors que les garçons paraissent davantage préoccupés par une approche plus « technique ». Le passage de la rencontre à la relation amoureuse nécessite de prendre du temps pour se connaître et connaître l’autre. C’est une construction qui va permettre de passer de la pulsion - l’envie de l’autre - au désir tenant compte des attentes mutuelles. La relation sexuelle devient alors un acte partagé, complice, engageant la part la plus intime de chacun. 95 % des Calédoniens de 18 à 60 ans, sans différence de sexe ou de province, ont déjà eu une relation sexuelle. L’âge médian du premier rapport sexuel est de 16 ans et 10 mois. Il est un peu plus tardif chez les femmes (17 ans et 1 mois) que chez les hommes (16 ans et 6 mois). (Source : Baromètre santé jeune de l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie) En province Nord, plus de la moitié de 18-22 ans ont eu leur premier rapport sexuel avant ou dans leur dix-huitième année. Dès 19 ans, ils sont 82 % à avoir eu un premier rapport sexuel. (Source : Être jeune en province Nord. Enquête dirigée par Pascale Cottereau-Reiss, OSAS province Nord)
L’ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ P. 22 L’éducation à la sexualité a fait son entrée dans les lycées français en 1973. Il s’agissait alors d’un enseignement facultatif axé sur la contraception et les maladies vénériennes. Depuis 2001, elle est obligatoire en milieu scolaire. La loi du 4 juillet 2001 prévoit trois séances annuelles axées sur les connaissances biologiques et sur les aspects psychologiques, affectifs, sociaux, culturels et éthiques de la sexualité. Il s’agit d’expliquer « comment on fait les bébés », comment choisir et l’éviter si on ne le désire pas, comment vivre une sexualité à moindre risque en conscience et savoir vers qui se tourner en cas de besoin. La reproduction humaine (appareils reproducteurs, fécondation, grossesse, contraception) est abordée en collège dès la classe de 4e, le SIDA est étudié en 3e et le thème est approfondi au lycée en 1ère S. Une infirmière ou un animateur intervient généralement en classe de 4e ou 3e pour parler sexualité et répondre à toutes les questions sur le sujet. Les demandes d’interventions émanent soit des professeurs, soit du Centre de documentation et d’information (CDI), soit de l’infirmier(e) du collège ou du lycée. Dans la pratique, que ce soit en Nouvelle-Calédonie ou en métropole, en collège comme en lycée, aucun établissement ne réussit à faire les trois séances annuelles prévues par la loi. En liaison avec les acteurs provinciaux institutionnels et associatifs, l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASS-NC) conduit le Plan à moyen terme de promotion de l’équilibre affectif et sexuel de la Nouvelle-Calédonie Le premier plan a été établi en 1991. Une réflexion est en cours pour refonder le programme en collège en vue de développer une stratégie globale de santé sexuelle. Représentation de la pièce de théâtre « À » écrite en Nouvelle-Calédonie par Anne Bihan et jouée par la troupe Pacific & Cie en 2002. Ce spectacle forain aborde les thèmes de la contraception et de la grossesse précoce, désirée, non désirée ou de trop.
ON PARLE SEXUALITÉ À LA RADIO P. 23 Mission à la condition féminine de la province Sud Témoignage Diverses émissions de radio consacrées à la sexualité sont créées par des associations spécialisées comme Solidarité SIDA-NC et le Comité de lutte contre le SIDA, puis le CP2S, sur radio Djiido et NC1ère. « Sexualité, parlonsen », puis « Lilou sans Tabou » rencontrent un large public. Les adolescents veulent savoir ce qui se passe dans leur corps, ce qu’ils peuvent accepter ou pas, et comment faire… sexuellement parlant. Ils sont avides de s’exprimer et d’obtenir des réponses de professionnels à leurs questionnements, autrement que par un copain ou copine ou par un adulte référent. Les jeunes posent peu de questions en consultation médicale sauf, comme au dispensaire, quand ils viennent spécifiquement pour « ça » et seuls. Les adultes (hommes et femmes) appellent aussi mais avec des questions qu’ils n’ont pas osé poser à leur médecin, par exemple des douleurs dans la région génitale qu’ils se sentent gênés d’évoquer. Souvent, ils n’en ont pas parlé à leur conjoint ni à leur entourage. L’anonymat de la radio libère la parole. Les généralistes, les spécialistes ou les sage-femmes parlent encore trop peu de sexualité. En parler et questionner avec bienveillance permet au consultant de s’ouvrir au dialogue. Il s’agit d’être proactif, d’aller au-devant pour inciter à parler de cette part de santé qu’est la santé affective et sexuelle. Isabelle Monchotte, médecin sexologue LES INTERDITS Dans les sociétés existent des interdits concernant la sexualité. Certains sont communs, d’autres spécifiques aux sociétés. Les interdits se modifient au fil du temps et de l’évolution des sociétés. Ainsi il y a eu l’interdit puis l’acceptation de la masturbation, de l’homosexualité, de l’orgasme des femmes, du libre comportement sexuel. Des interdits demeurent cependant : l’inceste, la pédophilie, les viols. En NouvelleCalédonie, la législation française s’applique en termes d’interdits sexuels et notamment de violences sexuelles et conjugales. Pourtant le viol y est très fréquent. Dans une enquête nationale de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) étendue à la Nouvelle-Calédonie et menée en 2002 par Christine Hamelin, sociologue, et Christine Salomon, anthropologue, près d’une Calédonienne sur huit a déclaré avoir subi une forme de violence, avant l’âge de 15 ans et dans la majorité des cas par un homme de la famille. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la sexualité, la maternité et le bien-être, puisque que les femmes victimes d’attouchements sexuels, de tentatives de viols ou de viols avant l’âge de 15 ans font davantage de tentatives de suicide que les autres. Les violences sexuelles précoces affectent également durablement la capacité des femmes à contrôler leur sexualité et à négocier l’utilisation de la contraception et celle du préservatif comme le montrent la fréquence élevée des grossesses non désirées et celle des IVG chez les femmes dans ce cas.
Le viol est défini par le Code pénal comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. C’est un crime passible de la cour d’assises. Depuis le 1er mars 2017, le délai de prescription a doublé pour les majeurs victimes de viol. Il est passé de dix à vingt ans à compter de la date des faits. Si une action en justice a été entamée avant cette date, le délai légal reste de dix ans. Le droit de porter plainte dure jusqu’à vingt ans après la majorité (18 ans), jusqu’à 38 ans donc. L’allongement de la prescription pourrait inciter de nombreux hommes et femmes à parler. Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, on considère que seule une victime de viol sur dix porte plainte contre son agresseur. P. 24 Le périmètre de l’enquête nationale sur les VIolences subies et les RApports de GEnre (VIRAGE) devrait être étendu à la Nouvelle-Calédonie. Différente dans son approche de l’étude de l’INSERM, l’enquête VIRAGE étudie en profondeur les liens entre les auteurs et les victimes de violences au sein de la famille ainsi que les conditions dans lesquelles intervient la violence intrafamiliale et son impact sur ses différents protagonistes. Elle évaluera les dispositifs mis en place depuis l’étude de l’INSERM. L’ENQUÊTE VIRAGE VIOL, QUE DIT LA LOI ? Au Comité de promotion de la santé sexuelle (CPSS), situé au centre-ville de Nouméa, les jeunes peuvent trouver auprès des professionnels les réponses à toutes leurs interrogations.
Une IST est une infection transmise par un rapport sexuel non protégé (sans préservatif). Il existe plusieurs infections sexuellement transmissibles : syphilis, gonocoque, condylome, trichomonas, chlamydiae, hépatite B, VIH/SIDA, papillomavirus… Certaines IST donnent des signes : pertes, mauvaise odeur, brûlures en urinant, douleurs, démangeaisons… D’autres ne donnent aucun signe. Selon les IST, différents types d’examens permettent le diagnostic : examen clinique des organes génitaux, prélèvement local ou cultures, prise de sang. Dépistées à temps, la plupart des IST se traitent très bien en quelques jours voire quelques semaines. Les IST peuvent avoir de graves effets sur la santé reproductrice, telle que la stérilité, ou la transmission des affections de la mère à l’enfant. LES RISQUES DES RAPPORTS SEXUELS P. 25 Mission à la condition féminine de la province Sud Tout le monde peut contracter une IST lors d’un rapport sexuel non protégé (sans préservatif). LES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES (IST) – le VIH/SIDA (85 % des personnes interrogées) - la syphilis (34 % des personnes interrogées) - la chaude-pisse (19 % des personnes interrogées) - l’hépatite B (10 % des personnes interrogées) LES IST LES PLUS CONNUES CHEZ LES 18-60 ANS SONT : (Source : Enquête Santé 2015 de l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie) À savoir : La lutte contre le cancer du col de l’utérus a été reconnue comme une priorité de santé publique par les élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie en 1994. Les femmes de 17 à 65 ans ont ainsi droit à un frottis de dépistage pris en charge à 100 % tous les trois ans. À noter : 94 % des femmes de 18 à 60 ans déclarent connaître le frottis vaginal, mais 14 % déclarent ne jamais en avoir réalisé ou ne pas savoir ce que c’est. Une IST non traitée entraîne des complications parfois graves, comme l’impossibilité d’avoir un enfant pour l’homme et pour la femme ou le cancer du col de l’utérus. En Nouvelle-Calédonie, le lien entre les IST et les possibilités qu’elles puissent entraîner une stérilité sont encore très méconnus, autant chez les garçons que chez les filles.
P. 26 « On peut éviter les IST et VIH/SIDA en se protégeant par un préservatif à chaque rapport sexuel. » Le SIDA est une infection qui peut s’attraper par un rapport sexuel sans préservatif et /ou par le sang (toxicomanie intraveineuse) et par transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse. Le SIDA est une maladie qui peut rester très longtemps silencieuse. Même quand la maladie ne donne aucun signe, on est contagieux. Il n’y a pas beaucoup de cas de SIDA en Nouvelle-Calédonie, mais la progression est rapide d’où l’importance du dépistage. Le test du VIH/SIDA est le plus souvent réalisé dans le cadre d’un bilan sanguin général proposé par le médecin ou dans le cadre des suivis de grossesse. Une fois la maladie dépistée, un traitement peut être administré pour qu’elle ne se développe plus et pour qu’elle ne soit plus contagieuse. Les principales raisons évoquées pour ne pas faire de tests du VIH/SIDA sont : - le fait d’avoir un partenaire unique (46 %) - le fait de ne jamais y avoir pensé (23 %) - le fait de penser que ça ne concerne pas la personne (11 %) - l’absence de prise de risques (absence de relations sexuelles par exemple) (10 %) Les plus jeunes répondent plus souvent : « Je n’y ai jamais pensé », « Je ne sais pas où aller faire le test » et « Je ne sais pas », alors que les plus âgés « ne se sentent pas concernés » ou « ont un partenaire unique ». LE SIDA (SYNDROME DE L’IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE) En province Nord, sur l’ensemble des jeunes sexuellement actifs, 37 % déclarent avoir fait un dépistage du sida (19 % des hommes, 57 % des femmes). 24 % des jeunes hommes n’utilisant jamais de préservatif ont effectué un test VIH contre 67 % des jeunes femmes. Les Kanak vivant en tribu sont moins nombreux que ceux du village à avoir fait un test de VIH (34 % contre 44 %). (Source : Être jeune en province Nord. Enquête dirigée par Pascale Cottereau-Reiss, OSAS province Nord)
P. 27 Mission à la condition féminine de la province Sud LE SIDA, ON EN PARLE ENCORE TROP PEU Témoignage Le silence actuel qui règne en Nouvelle-Calédonie au sujet du VIH, des IST et des autres risques liés à la sexualité est coupable. En effet, les ressources sont mal connues, d’autres disparaissent. Les moyens financiers alloués à la communication grand public et aux programmes se réduisent. On parle peu des préservatifs. Les soignants voire certaines institutions se préoccupent peu des IST et du VIH, laissant croire que grâce au traitement, le VIH a régressé... En fait l’épidémie se poursuit en silence, les IST se développent. Certes les patients VIH/SIDA sont mieux soignés et tombent peu malades. Ils sont donc peu demandeurs de soins et d’hospitalisations quand ils sont bien suivis et observants avec leur traitement. Cependant, à l’association Solidarité SIDA-NC, les patients VIH/SIDA que nous rencontrons témoignent de leurs difficultés, des discriminations dont ils sont victimes et soulignent le peu de communication médiatique sur le thème du VIH/SIDA en Nouvelle-Calédonie. Ainsi les soignants oublient de dépister et les populations ne s’en préservent que peu ou mal. Et quand une personne découvre son VIH en dépistage ou à l’hôpital voire en réanimation, il est parfois fort tardivement pris en charge et avec le risque non négligeable que cette personne ait transmis à ses partenaires le VIH, au fil des années sans le savoir, eux-mêmes ignorant avoir été contaminés et transmettant à leur tour à leurs nouveaux partenaires… C’est pourquoi il est indispensable d’aller à la rencontre des jeunes non seulement pour les prévenir des dangers d’une sexualité non réfléchie et « immature » car à risque (et l’on sait que certains risques nous suivent toute la vie par leurs conséquences), mais aussi pour leur dévoiler les secrets d’une « sexualité plaisir et épanouie ». Isabelle Monchotte Vice-présidente de Solidarité Sida
P. 28 LA CONTRACEPTION Avoir un bébé est probablement l’une des plus grandes décisions qu’un couple doit prendre dans sa vie. Peu importe l’âge, 20 ou 35 ans et peu importe le modèle familial — nucléaire, monoparental, recomposé, homoparental — et la situation professionnelle, avoir un enfant est un véritable choix de vie qui bouleverse le quotidien à jamais. Les couples qui ont des rapports sexuels, mais ne désirent pas de grossesse peuvent recourir à diverses méthodes de contraception : – pour la femme : la pilule, le stérilet, l’implant progestatif, les spermicides, le préservatif féminin, l’anneau vaginal - pour l’homme : le préservatif Chaque méthode de contraception présente des avantages, mais seul le préservatif protège en même temps de la grossesse, du SIDA et des IST. Les 3/4 des personnes interrogées dans l’enquête 2015 de l’Agence sanitaire et sociale déclarent utiliser un moyen de contraception, sans différence selon le sexe ou la tranche d’âge. En province des Îles Loyauté, les personnes sont moins nombreuses à utiliser un moyen contraceptif que dans les deux autres provinces : 54 % contre 78 % en province Sud et 75 % en province Nord. La pilule et le stérilet sont plus fréquemment utilisés en province Sud que dans les deux autres provinces. Par contre, l’implant est davantage utilisé dans les Îles Loyauté que dans le Nord et le Sud. Aucune des personnes interrogées n’a cité l’utilisation du préservatif féminin comme moyen de contraception. Il empêche le passage des spermatozoïdes dans le vagin et donc la fécondation. Il se place dans le vagin afin de recevoir le sexe de l’homme au moment de la pénétration. Il peut être mis en place plusieurs heures avant le rapport sexuel, il évite donc les oublis ou les refus de préservatifs masculins. Il doit être changé à chaque rapport sexuel et entre chaque pénétration. Le préservatif féminin ne nécessite pas d’ordonnance. Il peut être utilisé en complément d’une autre méthode de contraception. En revanche, il ne faut pas l’utiliser en même temps qu’un préservatif masculin. LE PRÉSERVATIF FÉMININ La pillule, le préservatif féminin, le stérilet et le préservatif masculin.
P. 29 Mission à la condition féminine de la province Sud Attention. Les méthodes dites naturelles (retrait ou coït interrompu, l’abstinence périodique où la femme essaie de repérer sa période d’ovulation, température ou méthode Ogino, calendrier, Bilings) ne sont pas efficaces et ne doivent pas être utilisées comme méthodes contraceptives. Des préservatifs sont disponibles gratuitement dans les CMS de la province Sud et auprès de certaines associations : - Solidarité SIDA 51, rue du pasteur Marcel Ariege - Centre-ville - Nouméa - Tél. 24 15 17 - Comité de promotion de la santé sexuelle (CP2S) 23, rue Frédéric Surleau - Centre-ville - Nouméa - Tél. 28 63 38 On peut également s’en procurer, à titre onéreux, dans les pharmacies, les magasins et les distributeurs automatiques. - auprès du médecin traitant - au service de Prévention et de Promotion de la santé de la Direction provinciale de l’action sanitaire et sociale (DPASS). 5, rue Gallieni - Immeuble Gallieni - 6e étage - Nouméa – Tél. 24 25 98 http://www.dass.gouv.nc - auprès de l’association Solidarité SIDA et du Comité de promotion de la santé sexuelle - dans toutes les structures sanitaires de la province Sud ON PEUT TROUVER DES INFORMATIONS SUR LE SIDA ET LES IST : « L’heure est désormais venue de passer de la maternité accidentelle, et souvent due au hasard, à la maternité confiante et pleinement responsable. » Lucien Neuwirth (1924-2013) Résistant et ancien député gaulliste de la Loire, Lucien Neuwirth a fait adopter, en 1967, une loi autorisant le contraception en France. La loi Neuwirth autorise la fabrication et l’importation de contraceptifs, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, avec autorisation parentale pour les mineures.
P. 30 La contraception d’urgence, ou pilule du lendemain, peut être utilisée après un oubli de pilule ou un rapport non protégé. Pour que cette contraception soit efficace, il faut que la prise de la pilule se fasse le plus tôt possible après la prise de risques par la jeune fille ou la femme. Au-delà de 72 heures, cette pilule n’est plus efficace. La pilule du lendemain peut être délivrée sans prescription médicale. Elle est délivrée gratuitement pour les mineures dans toutes les structures publiques et dans les pharmacies. Pour les majeures, elle est gratuite dans les structures publiques mais payante dans les pharmacies. Beaucoup de filles ne prennent pas de contraception, car elles se sentent à l’aise avec le préservatif. Lorsqu’on annonce qu’on ne veut pas faire l’amour sans préservatif, les garçons n’acceptent pas. On leur dit de faire attention, de se retirer, on compte sur leur bonne volonté, mais au final, c’est nous qui prenons. Les filles qui leur mettent des limites sont rares. Il existe beaucoup de tournantes, de viols, d’incestes, surtout quand on a trop bu. On dit non, les garçons insistent, on ne peut rien faire. Le lendemain, on en discute un peu entre nous, mais les garçons, eux, ils s’en moquent. Kathy, 26 ans, mère à 15 ans Tournée d’information dans les tribus à propos de la contraception. Sur la natte, Nicole Robineau, avec les femmes de Borendi.
P. 31 Mission à la condition féminine de la province Sud ANTHONY DUMONT UN LIEU D’ACCUEIL ET D’ÉCOUTE INTERVIEW Directeur du Comité de promotion de la santé sexuelle (CP2S) Qui vient au Comité de promotion de la santé sexuelle (CP2S) et que vient-on y chercher ? Dans une majorité des cas, nous voyons des lycéens, avec une fréquentation de notre local plus importante pendant les vacances scolaires quand les infirmeries des établissements sont fermées. Ils viennent en groupes pour avoir des capotes et la conversation s’engage. Le bouche à oreille fonctionne bien, nous sommes connus dans les lycées et collèges dans lesquels nous intervenons chaque année. De temps en temps, des adultes viennent pour des préservatifs et profitent de l’occasion pour parler des problèmes liés à leur vie conjugale, qui ont des répercussions sur leur vie sexuelle. Notre objectif premier est de répondre à toutes leurs interrogations et cela dans la bienveillance. Ensuite, en fonction de leurs besoins, nous sommes susceptibles de les orienter vers d’autres lieux pour effectuer un dépistage. Les filles viennent également pour des tests de grossesse, que nous faisons gratuitement et en toute discrétion. De plus en plus souvent, elles sont accompagnées par leurs copains. J’ai l’impression qu’ils s’impliquent davantage qu’avant. Certaines jeunes filles viennent aussi après un viol pour en parler. Le CP2S est un lieu où l’on vient se confier, poser des questions, lire des livres sur la thématique de la sexualité... Est-il facile d’aborder la question de la sexualité avec des jeunes lorsque l’on est un homme ? Ma réponse est un grand OUI. Au premier abord, cela peut surprendre, mais il suffit de mettre la personne à l’aise et elle se confie très facilement. Je dirais qu’en milieu scolaire, cela peut même être un avantage. En effet, les élèves ont toujours affaire à des femmes pour parler de sexualité et c’est également durant ces séances que des sujets tels que le consentement, le viol sont abordés. Le fait que ce soit un homme qui tienne un discours faisant la promotion de la nonviolence, du consentement mutuel et du respect de la femme a un impact différent. Régulièrement, j’ai des jeunes filles qui le verbalisent à la fin d’une séance et me confient que ça fait du bien d’entendre ce discours sortir de la bouche d’un homme et non d’une femme. « Le bouche à oreille fonctionne bien, nous sommes connus dans les lycées et collèges. »
P. 32 Au début de leur vie sexuelle, les jeunes véhiculent souvent entre eux des idées fausses. Quelles sont les plus courantes ? Beaucoup de jeunes filles sont persuadées que prendre la pilule durant des années rend stérile et les garçons, que si le préservatif craque, c’est qu’il n’est pas adapté, que cela ne fonctionne pas. Ils ne pensent presque jamais que c’est parce qu’ils ne savent pas le mettre. Ils croient aussi que l’homosexualité est un choix, une décision personnelle, or elle s’impose aux garçons comme aux filles en dehors de toute volonté propre. C’est comme les goûts en matière alimentaire, on préfère telle ou telle chose sans l’avoir préalablement décidé. La pornographie est à l’origine de nombreux fantasmes et complexes. Les garçons se focalisent sur la taille de leur pénis, qu’ils considèrent trop petit par rapport à celui des acteurs de cinéma porno. Les filles se trouvent trop grosses ou sans poitrine et elles ont peur de ne pas être aimées parce qu’elles ne correspondent pas aux canons de beauté des magazines. Elles ont également très souvent peur d’avoir mal lors du premier rapport sexuel, d’avoir des saignements. Nous leur expliquons qu’il n’y a rien d’anormal dans la sexualité à condition que les gestes soient consentis par les deux partenaires. L’objectif est d’être heureux. Qu’est-ce qui a, selon vous, changé dans le comportement des jeunes visà-vis de la sexualité ? Le dialogue avec les parents est toujours difficile et délicat. Ils ont du mal à imaginer que leur fils ou leur fille a des relations sexuelles. Aussi pour se renseigner, les jeunes vont sur internet. Au collège, nous leur parlons de pénis et de vulve. Nous leur montrons des schémas, le fonctionnement, mais quand ils vont sur les moteurs de recherche, ils n’utilisent pas les même termes. Ainsi, s’ils tapent « bite » ou « chatte », automatiquement ils tomberont sur des sites pornos. Dès 15 ans, l’âge moyen du premier accès à la pornographie, ils sont confrontés à des images violentes et des situations qu’ils essaient de reproduire pensant que c’est la normalité. C’est la course à celui ou celle qui perdra sa virginité. La pression du groupe est forte, mais au final l’âge moyen du premier rapport sexuel ne varie pratiquement pas. Les filles sont plus matures que les garçons, mais elles n’osent pas se positionner. Elles ont souvent peur de dire non durant l’adolescence et même après. On leur explique qu’elles ont le droit de dire non si certaines pratiques ne leur conviennent pas. L’autre, de la même manière, se doit d’entendre le non et de l’accepter. La base de toute relation, c’est le RESPECT de l’autre mais également de soi ! C’est primordial si l’on veut avoir une vie sexuelle et affective épanouie. La prévention en milieu scolaire estelle efficace ? Pour une prévention efficace, les textes métropolitains préconisent trois séances de deux heures par classe. Or, en ce qui concerne notre association, nous n’avons pas les moyens financiers pour assurer autant d’interventions. Néanmoins, au regard des programmes scolaires très chargés, il pourrait être difficile aux établissements d’appliquer une telle mesure. Il n’y a pas que la prévention en santé sexuelle, vous avez aussi l’addictologie, la prévention routière. Les intervenants de l’équipe du CP2S a des origines et des expériences professionnelles diverses : une infirmière scolaire, une sage-femme, une assistante sociale et une professeure de SVT. Chacune a sa manière de voir. J’utilise beaucoup l’humour et la mise en scène théâtrale, d’autres préfèrent la sensibilité. « Tous savent que la télévision ou internet ne sont pas la réalité, mais les images restent gravées dans leur cerveau et génèrent des frustrations. »
P. 33 Mission à la condition féminine de la province Sud Créée en 1992, l’association CP2S a pour vocation d’aborder les problématiques liées à la santé sexuelle par des actions d’information, de prévention, de dépistage des IST et de soutien à quiconque en formule la demande. Dans ses locaux, elle organise la distribution de préservatifs et effectue des tests de dépistage de la grossesse. Ses actions sont ouvertes à tous et sont gratuites. L’association participe également à la réflexion globale sur la santé sexuelle et, en liaison avec des professionnels de proximité. Elle agit en tant que force de proposition auprès des responsables politiques. 1, rue Frédéric Surleau - Nouméa - Tél. 28 63 38 www.sexo.nc LE COMITÉ DE PROMOTION DE LA SANTÉ SEXUELLE (CP2S) « Ici tout est gratuit, on ne fait rien payer. » PLANIFICATION FAMILIALE ET CONSEIL FAMILIAL Le Centre de conseil familial (CCF) accueille les jeunes, les femmes, les hommes, les couples et les familles gratuitement et en toute confidentialité pour : - des consultations de contraception - des entretiens en vue d’une Interruption volontaire de grossesse (IVG) - des consultations psychologiques pour des problèmes conjugaux et familiaux (hors violence) - des consultations juridiques en rapport avec le droit de la famille - des séances d’information collectives et des ateliers sur la contraception et l’IVG Centre de conseil familial (CCF) 19, rue des Frères Charpentier - Montravel - Nouméa - Tél. 27 23 70
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