ON PARLE SEXUALITÉ À LA RADIO P. 23 Mission à la condition féminine de la province Sud Témoignage Diverses émissions de radio consacrées à la sexualité sont créées par des associations spécialisées comme Solidarité SIDA-NC et le Comité de lutte contre le SIDA, puis le CP2S, sur radio Djiido et NC1ère. « Sexualité, parlonsen », puis « Lilou sans Tabou » rencontrent un large public. Les adolescents veulent savoir ce qui se passe dans leur corps, ce qu’ils peuvent accepter ou pas, et comment faire… sexuellement parlant. Ils sont avides de s’exprimer et d’obtenir des réponses de professionnels à leurs questionnements, autrement que par un copain ou copine ou par un adulte référent. Les jeunes posent peu de questions en consultation médicale sauf, comme au dispensaire, quand ils viennent spécifiquement pour « ça » et seuls. Les adultes (hommes et femmes) appellent aussi mais avec des questions qu’ils n’ont pas osé poser à leur médecin, par exemple des douleurs dans la région génitale qu’ils se sentent gênés d’évoquer. Souvent, ils n’en ont pas parlé à leur conjoint ni à leur entourage. L’anonymat de la radio libère la parole. Les généralistes, les spécialistes ou les sage-femmes parlent encore trop peu de sexualité. En parler et questionner avec bienveillance permet au consultant de s’ouvrir au dialogue. Il s’agit d’être proactif, d’aller au-devant pour inciter à parler de cette part de santé qu’est la santé affective et sexuelle. Isabelle Monchotte, médecin sexologue LES INTERDITS Dans les sociétés existent des interdits concernant la sexualité. Certains sont communs, d’autres spécifiques aux sociétés. Les interdits se modifient au fil du temps et de l’évolution des sociétés. Ainsi il y a eu l’interdit puis l’acceptation de la masturbation, de l’homosexualité, de l’orgasme des femmes, du libre comportement sexuel. Des interdits demeurent cependant : l’inceste, la pédophilie, les viols. En NouvelleCalédonie, la législation française s’applique en termes d’interdits sexuels et notamment de violences sexuelles et conjugales. Pourtant le viol y est très fréquent. Dans une enquête nationale de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) étendue à la Nouvelle-Calédonie et menée en 2002 par Christine Hamelin, sociologue, et Christine Salomon, anthropologue, près d’une Calédonienne sur huit a déclaré avoir subi une forme de violence, avant l’âge de 15 ans et dans la majorité des cas par un homme de la famille. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la sexualité, la maternité et le bien-être, puisque que les femmes victimes d’attouchements sexuels, de tentatives de viols ou de viols avant l’âge de 15 ans font davantage de tentatives de suicide que les autres. Les violences sexuelles précoces affectent également durablement la capacité des femmes à contrôler leur sexualité et à négocier l’utilisation de la contraception et celle du préservatif comme le montrent la fréquence élevée des grossesses non désirées et celle des IVG chez les femmes dans ce cas.
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