Sexualité maternité parentalité au féminin

P. 32 Au début de leur vie sexuelle, les jeunes véhiculent souvent entre eux des idées fausses. Quelles sont les plus courantes ? Beaucoup de jeunes filles sont persuadées que prendre la pilule durant des années rend stérile et les garçons, que si le préservatif craque, c’est qu’il n’est pas adapté, que cela ne fonctionne pas. Ils ne pensent presque jamais que c’est parce qu’ils ne savent pas le mettre. Ils croient aussi que l’homosexualité est un choix, une décision personnelle, or elle s’impose aux garçons comme aux filles en dehors de toute volonté propre. C’est comme les goûts en matière alimentaire, on préfère telle ou telle chose sans l’avoir préalablement décidé. La pornographie est à l’origine de nombreux fantasmes et complexes. Les garçons se focalisent sur la taille de leur pénis, qu’ils considèrent trop petit par rapport à celui des acteurs de cinéma porno. Les filles se trouvent trop grosses ou sans poitrine et elles ont peur de ne pas être aimées parce qu’elles ne correspondent pas aux canons de beauté des magazines. Elles ont également très souvent peur d’avoir mal lors du premier rapport sexuel, d’avoir des saignements. Nous leur expliquons qu’il n’y a rien d’anormal dans la sexualité à condition que les gestes soient consentis par les deux partenaires. L’objectif est d’être heureux. Qu’est-ce qui a, selon vous, changé dans le comportement des jeunes visà-vis de la sexualité ? Le dialogue avec les parents est toujours difficile et délicat. Ils ont du mal à imaginer que leur fils ou leur fille a des relations sexuelles. Aussi pour se renseigner, les jeunes vont sur internet. Au collège, nous leur parlons de pénis et de vulve. Nous leur montrons des schémas, le fonctionnement, mais quand ils vont sur les moteurs de recherche, ils n’utilisent pas les même termes. Ainsi, s’ils tapent « bite » ou « chatte », automatiquement ils tomberont sur des sites pornos. Dès 15 ans, l’âge moyen du premier accès à la pornographie, ils sont confrontés à des images violentes et des situations qu’ils essaient de reproduire pensant que c’est la normalité. C’est la course à celui ou celle qui perdra sa virginité. La pression du groupe est forte, mais au final l’âge moyen du premier rapport sexuel ne varie pratiquement pas. Les filles sont plus matures que les garçons, mais elles n’osent pas se positionner. Elles ont souvent peur de dire non durant l’adolescence et même après. On leur explique qu’elles ont le droit de dire non si certaines pratiques ne leur conviennent pas. L’autre, de la même manière, se doit d’entendre le non et de l’accepter. La base de toute relation, c’est le RESPECT de l’autre mais également de soi ! C’est primordial si l’on veut avoir une vie sexuelle et affective épanouie. La prévention en milieu scolaire estelle efficace ? Pour une prévention efficace, les textes métropolitains préconisent trois séances de deux heures par classe. Or, en ce qui concerne notre association, nous n’avons pas les moyens financiers pour assurer autant d’interventions. Néanmoins, au regard des programmes scolaires très chargés, il pourrait être difficile aux établissements d’appliquer une telle mesure. Il n’y a pas que la prévention en santé sexuelle, vous avez aussi l’addictologie, la prévention routière. Les intervenants de l’équipe du CP2S a des origines et des expériences professionnelles diverses : une infirmière scolaire, une sage-femme, une assistante sociale et une professeure de SVT. Chacune a sa manière de voir. J’utilise beaucoup l’humour et la mise en scène théâtrale, d’autres préfèrent la sensibilité. « Tous savent que la télévision ou internet ne sont pas la réalité, mais les images restent gravées dans leur cerveau et génèrent des frustrations. »

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