Sexualité maternité parentalité au féminin

P. 34 Le Centre de conseil familial (CCF) fête cette année ses 25 ans. Quel était l’objectif poursuivi lors de sa création ? Le Centre de conseil familial inauguré en 1992, symboliquement le jour de la célébration internationale des droits des femmes, le 8 mars, est né d’une volonté provinciale. Nous avons imaginé une structure où l’on pourrait se procurer de l’information sur les droits des femmes et bénéficier de consultations médicales pour le planning familial et le suivi gynécologique. L’équipe pluridisciplinaire était constituée (et elle l’est toujours) d’un médecin, d’une assistante sociale, d’une psychologue et d’une juriste, ainsi que d’une secrétaire. Les Calédoniennes ont ainsi eu un accès individuel et gratuit à des professionnels qui ont pu les soutenir dans diverses situations, pas seulement pour la contraception et les interruptions de grossesse, mais aussi pour des séparations ou des violences conjugales. Nous avons couvert les besoins des familles en dehors de l’hôpital. Le CCF est un mini-dispensaire spécialisé, où il n’y a pas de soins curatifs de médecine générale. C’est un sas où l’on vient pour trouver de l’aide en cas de détresse ou faire des actes médicaux gratuits. C’est un lieu où l’on revient après la grossesse ou l’IVG pour un suivi psychologique. Les jeunes filles qui ne savent pas à qui s’adresser peuvent venir nous voir en toute discrétion. C’est également un centre de dépistage. Pendant plus de 15 ans, nous avons fait de l’information dans les collèges et lycées, nous nous sommes déplacées pour supprimer les barrières, notamment vis-à-vis de la psychologue, car il ne venait jamais à l’idée des jeunes filles, et plus particulièrement des Océaniennes, de consulter une psychologue pour ce genre de problème. L’hôpital de Magenta et les gynécologues privés nous envoyaient les femmes en souffrance. Nous avons fait un gros travail de partenariat avec les associations et les structures sociales et éducatives. Le bouche à oreille a bien fonctionné et le CCF s’est au fil des ans forgé une image de disponibilité, d’écoute et de centre de ressources. Écoute, dépistage mais aussi avortement ? Nous avons également fait un gros travail sur les grossesses non désirées, notamment auprès des populations défavorisées. La loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse n’était pas applicable en Nouvelle-Calédonie, mais nous avons fonctionné dans le même esprit jusqu’à BRIGITTE LÈQUES SOULAGER LA DÉTRESSE DES FEMMES INTERVIEW Médecin, cofondatrice du Centre de conseil familial

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