Sexualité maternité parentalité au féminin

P. 35 Mission à la condition féminine de la province Sud l’adoption de la délibération contraception / IVG en septembre 2000, car les femmes exprimaient un besoin et il fallait bien les prendre en charge. De 1992 à 2000, le mot d’ordre était de ne pas parler d’avortement, mais grâce à une convention signée entre la province Sud et le CHT en 1995, nous pouvions obtenir des IVG dans de bonnes conditions en milieu hospitalier ; il y avait un quota de 2 IVG par semaine et par gynécologue... Nous devions donc accompagner les autres femmes qui voulaient avorter en cabinet privé. Ces actes étaient réservés à celles qui pouvaient payer et étaient prêtes à prendre le risque de contrevenir à la loi. Les femmes les plus modestes se débrouillaient pour trouver de l’argent, mais parfois le temps qu’elles le collectent, le délai était dépassé. Aujourd’hui, les femmes peuvent consulter pour la contraception ou une IVG sans trop de délais d’attente et elles ont toutes, même les mineures, l’assurance que la confidentialité sera respectée au nom du secret médical. C’est un point important car la plupart du temps, les jeunes filles ne veulent surtout pas mettre leurs parents au courant. C’est difficile à dire et à faire chez les Océaniens où la grossesse est considérée comme un cadeau. Beaucoup renoncent aussi à l’accouchement sous le secret. Dans la mesure où une adolescente peut avorter en cachette de ses parents, il y a moins de problèmes. Avez-vous constaté une évolution des comportements ? Lors des consultations médicales ou psychologiques, nous essayons de faire prendre conscience aux adolescentes qu’elles ont des droits mais aussi des devoirs envers leur corps. Je dis aux filles comme aux garçons que leur appareil génital est un trésor, qu’il est fragile et qu’il faut en prendre soin. Avant le lancement des campagnes de prévention, il y avait chaque année des cas d’infanticides, des jeunes filles qui accouchaient seules et laissaient leur nouveau-né mourir. Lorsqu’elles tombaient enceintes, elles avaient peur et finissaient par arriver parfois trop tard. Maintenant les jeunes filles viennent plus facilement nous voir. L’information scolaire passe bien car nous ne portons pas de jugement. Le regard porté sur l’avortement reste très négatif, mais on essaye de tordre le cou aux préjugés. Nous faisons un repérage beaucoup plus tôt et cela commence à se savoir. La façon d’exercer est plus humaine, plus à l’écoute, plus productive. En NouvelleCalédonie, les populations ont peur des médecins mais, au fil des ans, la confiance s’est instaurée. On souhaite que les femmes prennent confiance en elles et en leurs capacités à se prendre en charge et à gérer leur vie, et dans ce domaine beaucoup a été fait au niveau de la responsabilisation et de la conscience des droits. C’est un travail de réseau, constitué de professionnels de santé et d’associations, où l’on dédramatise les situations. Le réseau véhicule un message sur la santé sexuelle et, dans le domaine de l’information, il y a une énorme avancée. Le médecin n’est plus le seul avec qui aborder ces questions. On peut désormais parler sans se moquer, l’état d’esprit a beaucoup changé. « En Nouvelle-Calédonie, le niveau de soin est très élevé et la réglementation est très favorable aux femmes. Il faut s’autoriser à en profiter. »

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