Sexualité maternité parentalité au féminin

P. 49 Mission à la condition féminine de la province Sud Et d’ici la fin de 2017, nous pourrons comme en métropole administrer l’IVG médicamenteuse. Le texte est en voie d’adoption au Congrès. Nous sommes dans l’action médicale avec des compétences limitées et encadrées. Où accouchent les femmes de brousse en 2017 ? Cela dépend du degré d’urgence. La plupart des femmes accouchent à Nouméa, où les structures d’accouchement sont concentrées. Depuis quelques temps aussi sur Koumac, bientôt sur Koné. La disparition des maternités de bas risque de proximité (les dispensaires) a-t-elle eu les effets escomptés ? Les chiffres restent mitigés… Depuis la loi Veil de 1975 concernant l’interruption volontaire de grossesse et les premiers plans de périnatalité (loi Kouchner de 2002 entre autres), de nombreux postes de sage-femmes ont été créés. Les chiffres de périnatalité ont été très nettement améliorés avec l’arrivée des sage-femmes en brousse. À mon arrivée à Canala, une femme sur deux accouchait en tribu. Dix ans après, toutes les bas risque accouchaient au CMS (qui avait un équipement convenable et des sage-femmes). Les accouchements en tribu étaient devenus rares. Les grossesses à risque accouchaient à Nouméa. Cela se passait ainsi dans bien d’autres dispensaires. En brousse, le transport était un problème. L’hélicoptère ne pouvait se poser partout et les ambulances étaient rares. Les choses se sont améliorées, mais des secteurs restent encore mal pourvus aujourd’hui. Actuellement, on demande aux futures parturientes de venir à Nouméa un mois avant la date d’accouchement prévue, mais cela leur pose d’énormes problèmes logistiques. Où vont-elles attendre ? Dans une maison du réseau où les places sont limitées, chez la famille ? Et quoi faire avec les autres enfants restés à la maison ? Souvent, les femmes préfèrent rester chez elles jusqu’au dernier moment. Après la dernière visite chez la sage-femme ou à la maternité, malgré les recommandations, elles rentrent à la tribu et n’en bougent plus. Plus le temps passe, moins elles ont envie d’aller dans un centre médical de peur de se faire sermonner. Elles accouchent alors à la maison, dans l’ambulance ou au dispensaire de proximité, qui n’y est plus préparé… Est-ce là la bonne stratégie ? Nous devons nous poser la question. Il y a aussi en tribu des mamies qui pratiquent des manipulations, comme le retournement du bébé, et les accouchements. Les mentalités ont-elles beaucoup évolué ces vingt dernières années ? Elles évoluent lentement, trop lentement. Comparé à l’ampleur des moyens mis en place en faveur de la contraception par exemple, au temps passé en explications, en conseils, la récolte me semble maigre. Je suis parfois découragé de voir que les filles, des mères avec lesquelles j’avais passé des heures à discuter et que j’avais accouchées, viennent à 16 ans me voir enceintes à la suite de violences sexuelles ou d’absence de contraception. « C’est une spécificité calédonienne. La sage-femme assure le suivi des enfants jusqu’à l’âge de deux ans, alors qu’en métropole, c’est jusqu’à deux mois seulement, ainsi que les vaccinations. »

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