Il y a beaucoup de violences sexuelles en Nouvelle-Calédonie, mais elles ne sont pas vécues comme en Europe. Il y a une espèce de fatalité qui fait dire aux femmes : « À la limite, une baffe c’est normal », alors que de notre point de vue, ça ne l’est pas. Il y a énormément de violences cachées et les grossesses précoces ne diminuent pas. Les violences, les viols aboutissent souvent à des grossesses. On voit beaucoup de grossesses non désirées suite à des relations sexuelles dans le milieu familial. Les jeunes filles sont en grande détresse, mais elles se taisent, noyées dans les obligations, familiales, tribales, claniques. Il ne faut pas croire que ce genre de situations est spécifique à une ethnie. En brousse, il y a de nombreuses similitudes entre les communautés. Comment pouvez-vous agir ? Nous sommes désarmés quand nous voyons des jeunes de 15 ans enceintes à la suite d’un viol, car à cet âge il n’y a pas de rapport autorisé. En plus de la grossesse, la jeune fille a souvent contracté des IST. Elle est alors considérée comme coupable et la maman à laquelle on pensait avoir tout expliqué et qui semblait avoir compris et réfléchi, perd d’un seul coup tout cet acquis. « On va régler ça en tribu », me dit-elle et le débat est clos. Le travail de quinze années s’effondre. J’ai l’impression d’avoir parlé pour rien. Je fais des signalements, mais la plupart du temps, ils terminent à la poubelle. Après le dépôt de plainte, la procédure est longue. Au début, la maman est remontée, puis elle se fait à l’idée et elle retire sa plainte. Et les violences recommencent avec la sœur, la cousine. Je lis dans leurs yeux : « Je n’étais pas d’accord, mais je n’ai que le droit de me taire. » La souffrance intérieure ne fait que grandir. Elle explosera un jour, mais quand ? Vous dressez un tableau bien sombre de la maternité en brousse. N’y a-t-il pas des raisons d’espérer ? Beaucoup de patientes sont formidables. Et je vois que les garçons s’impliquent de plus en plus dans le déroulement de la grossesse. Ils sont de plus en plus nombreux aux visites intermédiaires, aux échographies. Ils découvrent ainsi les difficultés de la grossesse, ils apprennent à respecter la femme et en salle d’accouchement, ils sont très émus. J’espère que cela les fera réfléchir avant de lever la main sur leurs compagnes. Il y a aussi du mieux pour la contraception, mais c’est un combat quotidien, car la femme prend encore trop rarement en main son désir de fertilité. P. 50 La loi du 4 mars 2002 (loi Kouchner) consacre deux principes étroitement liés l’un à l’autre : le consentement libre et éclairé du patient aux actes et traitements qui lui sont proposés, et son corollaire, le droit du patient d’être informé sur son état de santé (art. L. 1110-2 du Code de la santé publique). Aucun acte médical, ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne, et ce consentement peut être retiré à tout moment. QUE DIT LA LOI KOUCHNER DE 2002 ?
RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=