P. 59 Mission à la condition féminine de la province Sud ON DÉNOMBRE 150 NOUVELLES VICTIMES DE VIOLENCES SEXUELLES CHAQUE ANNÉE Témoignage Dans les années 1990, les grossesses adolescentes représentaient 10 % des accouchements et la mortalité infantile était supérieure à celle de la métropole. Depuis, ce taux a beaucoup chuté. Les grossesses sont beaucoup mieux suivies, il n’y a plus de problèmes majeurs d’accès aux soins. Par contre, en ce qui concerne les IST, il n’y a pas eu de grands progrès. Mais les gens se prennent-ils vraiment en charge ? On ne peut pas tout faire pour eux. Depuis plus de 20 ans, l’association diffuse des informations sur les violences sexuelles dans les établissements scolaires, abordant de ce fait la sexualité et ce qui s’y rattache (contraception, IST…). Nous avons ainsi pu détecter les préoccupations majeures des jeunes qui nous interrogeaient sur les pratiques sexuelles, la fellation, la sodomie, le consentement. Mais la connaissance physiologique de leur [propre] corps est apocalyptique. Où sont les cours de sciences sur la fécondité, sur le cycle de reproduction ? Nous partons de très loin et ce, quelle que soit la région de Nouvelle-Calédonie. Nous devons impérativement reposer les fondamentaux, les notions de respect de l’autre. Les jeunes n’ont pratiquement jamais entendu de message de respect dans leur famille. Elles sont assez démissionnaires et l’aîné - le grand frère - n’assume plus son rôle de guide. On note également une régression en termes de repères concernant les abus sexuels. Si la fille ne veut pas, le garçon [la] force « un peu » et elle cède. La contrainte est dans la norme et l’on entend évoquer l’infanticide suite à des grossesses dues à des viols. Le rôle de l’alcool est important et double. Il désinhibe les auteurs, les exonère de leur responsabilité tandis qu’il culpabilise les jeunes filles qui se considèrent encore plus responsables parce qu’elles ont bu. « Elle avait un verre dans le nez, elle a eu ce qu’elle voulait. » « J’avais picolé, c’est un peu de ma faute. » Les jeunes ont du mal à prendre de la distance entre la fiction vue à la télévision et la réalité. On leur dit que la sexualité est un droit mais ils n’en connaissent même pas les limites pénales. Ils ignorent que la majorité sexuelle est à 15 ans. Il n’y a aujourd’hui pratiquement plus d’interdits. Le sexe est présenté de manière technique, trop déconnecté de l’affectif, de la notion de complicité, d’accord de part et d’autre. Les adultes ont failli à leur rôle et les jeunes le verbalisent clairement. Il n’y a pas une victime, mais des victimes de violences sexuelles ainsi que le montrent les données lissées sur 20 ans. Chaque année, on recense en
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