Sexualité maternité parentalité au féminin

P. 72 Le phénomène de la circulation d’enfants est très répandu en Océanie. Comme d’autres peuples de la région, la société kanak pratique ce que l’on appelle « les transferts d’enfants ». Les raisons principales de ces transferts d’enfants sont : – pour une fille : le règlement d’une dette, la réconciliation, l’arrêt d’une guerre, le remplacement d’une femme qu’on n’a pas pu rendre dans le cycle des alliances matrimoniales ou pour le rappel d’alliances passées. – pour un garçon : le remerciement d’un geste ou d’un service rendu, en cas de risque d’extinction d’un lignage. (Source : Être jeune en province Nord. Enquête dirigée par Pascale Cottereau-Reiss, OSAS province Nord) L’adoption des citoyens de statut civil coutumier par d’autres citoyens de même statut est régie par la coutume et basée sur le consentement des familles intéressées, sans aucune des conditions prévues par le Code civil. La coutume en ce cas parle de « don coutumier ». Le don coutumier se fait selon les usages coutumiers. Il n’obéit pas aux règles de droit commun et n’exige donc aucune procédure judiciaire. Il existe en droit coutumier deux types de dons : – L’enfant est généralement transféré à sa naissance chez des parents adoptifs. Dans ce cas, l’adopté a le statut personnel de l’adoptant, il en prend le lignage et le totem. Seuls les liens avec les oncles maternels sont conservés. L’adoption doit s’effectuer dans un premier temps par acte coutumier. Toute adoption doit être enregistrée à l’état civil. L’adopté prend le nom patronymique de l’adoptant. – Le forestage est un prêt par lequel l’enfant est confié pour être élevé ailleurs que chez ses parents biologiques jusqu’à un certain âge. En raison de son caractère temporaire, ce don ne produit aucun effet juridique. L’enfant demeure dans sa filiation d’origine (le clan du père). – L’autre consiste à sortir définitivement l’enfant de son clan d’origine pour qu’il entre dans son clan adoptif. L’ADOPTION COUTUMIÈRE À noter : En province Nord, l’adoption concerne davantage les garçons et le forestage, les filles. En tribu, les jeunes sont davantage adoptés que confiés. À l’inverse au village, ils sont davantage confiés. Pour 47 % des cas, l’adoptant est l’oncle, pour 31 % les grands-parents et pour 19 % la tante. Chez les jeunes Kanak qui ont vécu l’adoption, 69 % la refusent pour leur enfant. Dans l’ensemble, les jeunes Kanak sont opposés à l’adoption (73 %), davantage les femmes (81 %) que les hommes (66 %).

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