Sexualité maternité parentalité au féminin

P. 74 Témoignage C’EST TROP DUR, JE NE FERAI JAMAIS CELA À MA FILLE J’ai grandi sous la tutelle de la DASS, à la maison Kabar de Poindimié puis, au décès de mes grands-parents, en famille d’accueil. Je n’ai jamais compris pourquoi j’avais été placée en famille d’accueil. J’essaye de comprendre, mais je n’ai pas de réponse à ce jour. Je suis la sixième d’une famille de trois garçons et trois filles. Trois de mes frères et sœurs ont été aussi adoptés, les deux autres ont été reconnus par mon père. J’ai été adoptée par mes grands-parents pour être la sœur de ma vraie mère. Du temps de mes parents, les adoptions arrivaient souvent dans le cas de grossesses non désirées. Maintenant on ne laisse plus faire, à cause de la civilisation. Maintenant on a le choix. Mais je n’ai jamais eu de relations avec ma mère. Je n’ai jamais ressenti de complicité comme mes amis avec leurs parents. Je n’ai pas eu cette chance. Je ne vivais pas avec elle. J’ai toujours su qui elle était, mais pas ce qu’elle faisait. C’est trop dur, je ne ferai jamais cela à ma fille. J’ai eu ma fille quand j’avais 17 ans et demi. J’étais interne en terminale 2B au lycée de Bourail. J’avais un bon niveau. Je repartais un week-end sur deux dans ma famille d’accueil à Pouebo. À ma majorité, la DASS m’a dit que c’était à moi de décider de ce que je voulais faire avec ma vie. Je suis partie avec le premier garçon que je connaissais. J’ai cru que c’était le bon. Il m’a beaucoup promis, j’ai largué l’école. J’avais beaucoup d’illusions dans ma tête. À l’école, on nous avait vaguement parlé de contraception, mais on n’écoutait pas trop. Jamais on ne nous a parlé des implants, comme mes amies en ont. Je ne prenais pas la pilule, je ne voyais pas trop le danger. Je croyais que j’avais une chance sur deux de tomber enceinte. Quand j’ai commencé à ressentir des malaises, j’ai appelé l’assistante sociale. Le père de ma fille a demandé à être mon tuteur jusqu’à ma majorité. Il avait 25 ans. Il pêchait des crabes pour survivre. On m’a conseillé l’avortement mais l’assistante sociale m’a dit que c’était à moi de décider toute seule. Lui « jouait » avec les femmes. Aussi, son père et sa grand-mère voulaient que je retire le bébé, mais je voulais le garder. C’était mon choix. J’ai suivi toutes les visites médicales pendant la grossesse et j’ai eu les allocations. J’ai accouché par césarienne à Magenta.

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