Le travail au féminin

féminin Le travail au

Le président de la province Sud remercie toutes les personnes qui ont participé à la collecte des informations contenues dans cet ouvrage. Il remercie tout particulièrement les onze Calédoniennes issues d’horizons géographiques, culturels et sociaux divers venues témoigner ici de l’originalité, des aléas, des joies et des difficultés de leurs parcours professionnels : Eliane Atiti, Marie-France Auguet, Aurélia Boissery, Julie Dumortier-Levie, Roselyne Lamotte, Cherifa Linossier, Charline Outhey, Morgane Pinpin, Rozanna Roy, Malia Tafili, Sandrine Thomas. Rédaction et coordination : Anne Pitoiset Photos : province Sud de la Nouvelle-Calédonie Maquette et mise en page : Agence Eteek Mission à la condition féminine de la province Sud 14, rue Frédéric Surleau 98800 Nouméa Tél. 25 20 47 missionfemmes@province-sud.nc www.lesfemmes.nc © Nouvelle-Calédonie, Le travail au féminin 2016

Entrepreneuses, engagées, déterminées et courageuses, les femmes de NouvelleCalédonie ont su, par leurs parcours de vie diversifiés, accéder à toutes les responsabilités que se soient dans les entreprises privées, les différentes institutions ou la vie associative en relevant les défis de notre société. Cet accès à l’indépendance professionnelle, familiale, sociétale doit être poursuivi afin que chaque femme puisse avoir sa place dans notre communauté de destin. Notre collectivité intensifie son accompagnement dans la création d’entreprise, la formation, la reconversion professionnelle en mobilisant ses moyens humains et financiers afin que chacune d’entre vous réussissent son projet. C’est le sens de mon engagement. Martine Lagneau 1re vice-présidente de la province Sud en charge de la condition féminine Les femmes sont toujours plus nombreuses sur le marché du travail. C’est l’une des principales révolutions du XXe siècle qui se poursuit, l’écart avec les hommes se réduisant peu à peu. Pour autant, beaucoup d’inégalités perdurent. Pour corriger cette discrimination, il est nécessaire et urgent de disposer de statistiques fiables et d’outils d’analyse. Le travail au féminin est un premier document produit par la province Sud en ce sens. Il permet de mettre en perspective chiffres, informations, parcours professionnels et témoignages sur le sujet. L’insertion économique est un enjeu de société majeur. Pour prendre les bonnes décisions, il faut s’approcher au plus près des réalités. À ce titre, Le travail au féminin est un outil de mesure des problématiques spécifiques aux femmes à tous les niveaux : éducation, formation, accès à l’emploi, conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle. Bonne lecture à tous ! Philippe Michel Président de la province Sud P. 3 Mission à la condition féminine de la province Sud Préfaces

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » Ghandi P. 4

Si les tendances récentes se prolongent, l’activité féminine devrait continuer à croître de manière régulière. Mais dans quelles conditions et à quel prix ? Il faut tout de suite constater que les avancées considérables des femmes en matière de réussite scolaire ne se sont pas traduites par une amélioration de leur situation au travail : écarts de salaires, métiers segmentés, taux de chômage des femmes supérieur à celui des hommes, temps partiel pour une grande part des emplois occupés par elles, répartition inégale du travail domestique, difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle, persistance du « plafond de verre » ou la difficulté d’accéder aux plus hauts postes, à compétences égales... Mais loin des discours accusatoires ou des postures victimaires, c’est bien l’ensemble de la société qui est concerné : mentalités, projections, stéréotypes, choix des orientations, etc. Alors si nous voulons faire bouger ces dimensions structurelles qui empêchent l’évolution des Calédoniennes sur le marché du travail, et cela pour le meilleur développement économique d’un pays en pleine émancipation, il faut déployer des politiques publiques beaucoup plus volontaristes et extrêmement concrètes : elles concernent l’organisation des filières, les logiques d’orientation, la revalorisation des métiers, une pédagogie permanente en lien avec les entreprises publiques ou privées, des quotas pour féminiser les conseils d’administration... la seule dénonciation ne peut pas suffire. Je remercie donc le Président de la province Sud, Philippe Michel, de marquer sa volonté de faire évoluer le travail au féminin au niveau local, en soutenant toutes les initiatives allant dans ce sens. Je dédie naturellement ce livret à toutes les Calédoniennes que je sais ambitieuses et porteuses du changement dont notre pays a plus que jamais besoin. Nicole Robineau élue à l’Assemblée de la province Sud et au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Présidente de la Commission de la condition féminine à la province Sud et de la Commission des droits des femmes et de la famille au Congrès. P. 5 Mission à la condition féminine de la province Sud Avant-propos

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SOMMAIRE Préface Philippe Michel et Martine Lagneau . . . . . . . . 3 Avant-propos Nicole Robineau . . . . . . . . . . . . . . 5 Nouvelle-Calédonie, généralités . . . . . . . . . . . . . 9 Calédoniennes, qui sont-elles ? . . . . . . . . . . . . . 15 Calédoniennes, comment se forment-elles ? . . . . . . . . 19 Calédoniennes, dans quelles conditions travaillent-elles ? . . 27 Calédoniennes, où travaillent-elles ? . . . . . . . . . . . 33 Calédoniennes, quels droits au travail ? . . . . . . . . . . 39 Calédoniennes, quels parcours professionnels ? . . . . . . 45 Créer son emploi en Nouvelle-Calédonie . . . . . . . . . . 69 Adresses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 P. 7 Mission à la condition féminine de la province Sud

La Nouvelle-Calédonie est un archipel d’Océanie situé à 1 500 km à l’Est des côtes australiennes et à 1 700 km au Nord-Ouest de la Nouvelle-Zélande. Son plus proche voisin, le Vanuatu, est à 600 km et la France métropolitaine à 20 000 km. La Grande Terre est parcourue sur toute sa longueur (400 km) par une chaîne montagneuse, dont le point culminant, le mont Panié, s’élève à 1 629 mètres d’altitude. Les quatre Îles Loyauté — Lifou, Maré, Tiga et Ouvéa — sont situées à une centaine de kilomètres à l’est de la Grande Terre. L’île des Pins se trouve à une cinquantaine de kilomètres de sa pointe Sud-Est. Le lagon calédonien est ceinturé par une barrière de corail, la deuxième plus grande au monde. Une grande partie de ce lagon est inscrite, depuis le 7 juillet 2008, au patrimoine mondial de l’Unesco. Province Nord Province Sud Province des Îles Loyauté P. 8

La Nouvelle-Calédonie généralités P. 9 Mission à la condition féminine de la province Sud

La province Sud Un pays, trois provinces Porte d’entrée de la Nouvelle-Calédonie, la province Sud est terre de tous les contrastes. Entre Nouméa, la capitale tentaculaire et affairée qui abrite près de la moitié des habitants de l’archipel, et l’île des Pins, destination préférée des touristes en quête d’exotisme et de repos, elle offre une grande diversité de paysages et de styles de vie. La province Sud, la plus peuplée et la plus dense (200 000 habitants en 2009 sur 7 012 km2), s’étend sur la Grande Terre de Poya au Nord à Yaté au Sud et Thio à l’Est et se prolonge au-delà du lagon jusqu’à l’île des Pins. Bien que majoritairement blanche, la population de la province Sud est extrêmement diversifiée. Les Océaniens (Kanak, Wallisiens et Futuniens, Polynésiens et Ni-Vanuatu), les Asiatiques (Vietnamiens, Chinois, Indonésiens) et les Européens (nés en Nouvelle-Calédonie ou plus récemment arrivés de métropole) forment un étonnant kaléidoscope, reflet des ambitions d’un peuple à la recherche de son destin commun. Cet arc-en-ciel humain, hérité des différentes vagues de peuplement, se déploie essentiellement à Nouméa où la mixité ethnique débute sur les bancs de l’école et se poursuit grâce à une vie culturelle et sportive intense et variée. Depuis les accords de Matignon, signés en 1988, la Nouvelle-Calédonie est découpée est trois provinces, collectivités puissantes et autonomes qui disposent d’une compétence de droit commun. Les province Sud, Nord et s Loyauté sont administrées par des Assemblées élues pour cinq ans au suffrage universel direct. P. 10

Les accords fondateurs La Nouvelle-Calédonie est, au sein de la République française, une collectivité sui generis en voie d’émancipation. Le Congrès, formé par la réunion d’une partie des élus des trois provinces, compte 54 membres. Il a pour vocation de voter les délibérations et les lois du pays concernant les affaires communes à l’ensemble du Territoire. Les provinces sont des collectivités territoriales qui disposent d’une compétence de droit commun. Elles s’administrent librement par des Assemblées élues pour cinq ans au suffrage universel direct. L’exécutif de la Nouvelle-Calédonie est assuré par un gouvernement collégial (5 à 11 membres), élu par le Congrès à la proportionnelle des groupes politiques. Les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) ont organisé l’émancipation de la Nouvelle-Calédonie au travers d’un partage de souveraineté avec la France. Au terme de l’accord de Nouméa, seules les compétences régaliennes (monnaie, justice, ordre public, défense, relations étrangères) seront encore exercées par l’État. La Nouvelle-Calédonie est donc pleinement compétente en matière de droit du travail. Le Code du travail de la Nouvelle-Calédonie a été publié le 1er mai 2008 et un Conseil du dialogue social a été instauré en décembre 2010. « Terre de parole, terre de partage » Devise de la Nouvelle-Calédonie Les institutions P. 11 Mission à la condition féminine de la province Sud

Femmes et société, repères historiques 1850 Création obligatoire d’écoles de filles dans les communes de 800 habitants (loi Falloux). 1828 Congé maternité, à plein salaire, de deux mois dans la fonction publique. 1974 Françoise Giroud, première secrétaire d’État à la Condition féminine. 1992 Loi contre le harcèlement sexuel. 1892 Interdiction du travail de nuit pour les femmes. 1944 Droit de vote pour les femmes. 1975 Loi interdisant toute discrimination dans la fonction publique. 2000 Loi sur la parité relative à l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives. 1893 Loi ouvrant aux femmes la profession d’avocate. 1945 La magistrature est ouverte aux femmes. 1980 Marguerite Yourcenar est la première femme élue à l’Académie française. 2001 Renforcement de la loi de 1983 sur l’égalité professionnelle. 1903 Marie Curie reçoit le prix Nobel de physique. 1946 Suppression de la notion de « salaire féminin ». 1982 Le 8 mars devient officiellement la Journée de la femme. 2006 Loi relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Source : CNIDFF (Centre nationale d’information sur les droits des femmes et des familles). P. 12

1907 Une loi autorise les femmes mariées à disposer librement de leur salaire. 1957 L’article 119 du traité de Rome pose la règle « À travail égal, salaire égal ». 1983 Loi Roudy posant le principe de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. 2014 En Nouvelle-Calédonie, loi du pays pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes (vie privée, professionnelle et publique). 1910 Les institutrices obtiennent un congé maternité. 1971 Instauration du congé maternité indemnisé à 90 %. 1986 Circulaire ministérielle favorisant la féminisation des termes de métiers. 2017 Obligation de respecter un quota de 40 % dans les conseils d’administration ou de surveillance (entreprises avec un minimum de salariés ou de chiffre d’affaires). 1908 La loi accorde un congé maternité de huit semaines, sans salaire. 1965 Réforme des régimes matrimoniaux : les femmes peuvent exercer un travail sans l’autorisation de leur mari et bénéficier des avantages sociaux. 1984 Ouverture du congé parental à chacun des parents. 2014 Loi du pays relative aux relations du travail et à l’interdiction du harcèlement moral et sexuel dans le secteur public. 1920 Les femmes peuvent adhérer à un syndicat sans l’autorisation de leur mari. 1972 Une loi instaure le principe d’égalité de rémunération entre les hommes et femmes. 1991 Édith Cresson première femme Première ministre. P. 13 Mission à la condition féminine de la province Sud

60% 18,3% 8heures et 9minutes C’est la proportion de femmes parmi les personnes illettrées dans le monde. 50% C’est la proportion de femmes dans la vie active dans le monde. À titre de comparaison, 77 % des hommes travaillent. 23% C’est l’écart moyen de salaire constaté entre les hommes et les femmes dans le monde. « Au rythme actuel, il faudra 70 ans pour résorber les écarts salariaux entre hommes et femmes », estime l’Organisation internationale du travail (OIT). C’est la proportion d’entreprises dirigées par une (ou des) femme(s) dans le monde. 8 heures et 9 minutes. C’est le temps moyen d’une journée de travail pour les femmes dans les pays développés (comprenant le travail rémunéré et le travail domestique). Les hommes, eux, travaillent en moyenne 7 heures et 36 minutes. 2015 en quelques chiffres P. 14

Calédoniennes Qui sont-elles ? P. 15 Mission à la condition féminine de la province Sud

En 2014, la Nouvelle-Calédonie comptait 268 767 habitants, dont 49,6 % de femmes. La population de l’archipel est comparable à celles de la Polynésie française et du Vanuatu, mais sa densité (14 habitants km2) reste l’une des plus faibles des États insulaires du Pacifique. La province Sud concentre 74 % de la population, la province Nord 19 % et la province des Îles Loyauté 7 %. 2 Calédoniens sur 3 vivent dans le Grand Nouméa. Un grand nombre de femmes vivent en tribu, notamment en province Nord et en province Sud. La communauté kanak est la plus nombreuse, devant celle des Européens et celle des Wallisiens-Futuniens. Toutefois, de plus en plus de Calédoniens affirment être métis ou tout simplement « Calédoniens ». Le taux de natalité de la Nouvelle-Calédonie est le plus faible du Pacifique avec 2,2 enfants par femme contre 3 en 1989. L’espérance de vie ne cesse de progresser. Elle dépasse désormais 77 ans, une longévité nettement supérieure à celle des pays insulaires voisins, mais toujours moins élevée qu’en France métropolitaine. L’âge moyen au mariage diminue légèrement : 37,3 ans pour les hommes et 33,7 ans pour les femmes. Le nombre de ménages augmente plus vite que la population. En 2014, la taille moyenne d’un ménage est de 3,1 personnes contre 4 en 1989. La diminution régulière du nombre de personnes par ménage résulte de l’augmentation du nombre de celles vivant seules, de la baisse de la fécondité et de la décohabitation. En 2009, les personnes seules représentaient 19 % de l’ensemble des ménages calédoniens, les familles monoparentales 8 %, les couples avec ou sans enfants 51 % et les ménages « complexes » 22 %. Le nombre de personnes seules et de familles monoparentales progresse légèrement chaque année. Parmi les 50 500 familles de l’agglomération nouméenne, environ 8,3 % étaient, en 2009, des familles monoparentales, c’est-à-dire constituées d’un parent seul vivant avec un ou plusieurs enfants. « Près d’un habitant sur dix se déclare métis ou appartenir à plusieurs communautés. » P. 16

« L’espérance de vie des femmes est de 80 ans, celle des hommes, de 74 ans. » Statut coutumier pour les Kanak En Nouvelle-Calédonie, deux statuts cohabitent : le droit civil français et le statut civil coutumier. Toute personne relevant de l’une des 8 aires coutumières kanak est dotée d’un statut particulier qui lui confère un certain nombre de droits, civils et autres, et lui impose des devoirs. Le « statut civil coutumier » recouvre le droit des personnes, des contrats, des terres et de la famille. Dans le cas de couples mixtes, le droit français traditionnel s’impose. Ce statut a des incidences concrètes sur la vie des femmes kanak, qui, parfois, ont le sentiment de faire l’objet d’un traitement qui ralentit leur émancipation. Le statut coutumier est fondé sur un privilège de masculinité et un principe de primauté quasi absolue du groupe (le clan) sur l’individu. Le Sénat coutumier, organe consultatif issu de l’accord de Nouméa et émanation des huit aires coutumières, ne comprend donc aucune femme. Pour en savoir plus : www.mncparis.fr/uploads/le-droit-coutumier-en-nouvelle-caledonie_2.pdf Les règles du mariage et de l’adoption des Kanak de statut coutumier sont codifiées par ce statut particulier, qui ne prend pas compte les réformes et les nouvelles lois métropolitaines. Le mariage de deux personnes du même sexe issues du statut civil coutumier est donc impossible pour le moment. Pour pouvoir se marier, les couples kanak concernés qui oseront afficher leur homosexualité sont contraints de renoncer aux avantages du statut civil coutumier et de faire une demande d’affiliation au « droit civil français ». Pas de mariage gay pour les Kanak de statut coutumier P. 17 Mission à la condition féminine de la province Sud

91 % des filles achèvent le cycle d’enseignement primaire. En Afrique subsaharienne, 66 % seulement des filles avaient achevé leurs études primaires en 2012 sachant que, dans 3 pays, le taux était inférieur à 35 %. Entre 1970 et 2012, le taux de fécondité des adolescentes a reculé de 40 %. Dans le même temps, le taux de scolarisation des filles dans le secondaire a progressé de 35 à 72 %. Avec un taux d’activité des femmes de 64 %, l’Afrique subsaharienne détient un record mondial. Le taux d’activité des femmes (la proportion de femmes qui travaillent ou sont à la recherche d’un emploi par rapport à la population d’âge actif) s’échelonne de 22 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à 64 % en Afrique subsaharienne. 137 pays ont instauré un congé maternité légal. La durée minimum légale du congé maternité rémunéré s’établit en moyenne à 100 jours. La Bulgarie détient le record, avec 410 jours de congé totalement pris en charge par le gouvernement et équivalant à 90 % du salaire. Les femmes ont 14 % de chances de moins qu’un homme de posséder un téléphone portable. Les femmes voient dans le téléphone portable un moyen d’accroître leur sécurité, de gagner du temps et de l’argent et de mieux profiter des opportunités professionnelles et éducatives. Lacunes des données spécifiques concernant les femmes. Le manque de données et d’éléments probants de qualité est un sérieux obstacle pour comprendre les enjeux de l’égalité hommes-femmes et remédier aux problèmes. Dans de nombreux pays en développement, aucune donnée ne permet de cerner l’ampleur des écarts entre les hommes et les femmes et de s’orienter vers des solutions concrètes. Source : Banque Mondiale Quelques chiffres dans le monde P. 18

Calédoniennes comment se forment-elles? P. 19 Mission à la condition féminine de la province Sud

Au terme d’une large consultation ayant associé, pendant près de 10 ans, la communauté éducative, les groupes politiques, les autorités coutumières, les organisations syndicales, les fédérations de parents d’élèves ainsi que les associations et institutions, le projet éducatif adopté par le Congrès le 15 janvier 2016 fixe un cadre à l’organisation de la compétence de la Nouvelle-Calédonie en matière d’enseignement. Le projet éducatif calédonien s’organise autour de 4 grandes orientations : Développer l’identité de l’École calédonienne pour favoriser le vivre ensemble : renforcer l’engagement des élèves dans la vie de l’établissement, ancrer le service civique, valoriser l’enseignement de la culture et des langues kanak… Prendre en compte la diversité des publics pour favoriser la réussite de tous : offrir un socle commun de connaissances et de valeurs, adapter le fonctionnement de l’École aux élèves dans leur diversité, donner des moyens supplémentaires aux établissements en difficulté… Créer un environnement de travail favorable, pour un meilleur épanouissement de l’élève au sein de l’École : adapter les rythmes scolaires, éduquer à la santé et au développement durable, valoriser les activités physiques… Ouvrir l’École sur la région Océanie et le monde, pour répondre aux défis du XXIe siècle : favoriser l’essor du numérique à l’école, développer les partenariats avec le monde du travail… La Nouvelle-Calédonie est compétente en matière d’enseignement primaire et secondaire. L’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Le projet éducatif calédonien « Près de 25 % des femmes calédoniennes ne possèdent aucun diplôme. » P. 20

Après la classe de 3e, le Centre d’information et d’orientation (CIO) du vice-rectorat permet aux jeunes de s’orienter pour la suite de leur parcours scolaire ou professionnel et de réfléchir à leur projet de vie. (cio.ac-noumea.nc) L’Institut pour le développement des compétences en Nouvelle-Calédonie (IDCNC) possède également un service d’orientation destiné aux demandeurs d’emploi, aux étudiants ou aux salariés. (ceo@idcnc.nc pour contacter un conseiller). orientation Répartition selon le genre et le type de diplômes obtenus (Source : IDC-NC) Pour en savoir plus : www.univ-nc.nc/ 25 % 20 % 15 % 10 % 5 % 0 % bac +5 et + bac +3 et +4 bac +2 bac/équiv. CAP/BEP/équiv. non diplômés homme femme P. 21 Mission à la condition féminine de la province Sud

L’effectif des élèves de terminale continue de se féminiser. En 2015, 56 % des élèves de terminale étaient des lycéennes Elles choisissent de plus en plus la filière générale qui leur permettra de poursuivre plus facilement les études post-bac. En 2015, leur taux de réussite au baccalauréat était identique à celui des garçons (78 %). Mais les filles sont plus nombreuses que les garçons à vouloir poursuivre leurs études, de préférence en Nouvelle-Calédonie. Les 10 métiers envisagés par les filles à leur sortie du lycée 62 % des lycéennes ont une idée de la future profession qu’elles souhaitent exercer. Elles sont toujours autant attirées par les métiers des services à la personne et à la collectivité et de la santé, alors que les lycéens s’orientent vers l’installation et la maintenance. 1. Enseignement des écoles 2. Secrétariat 3. Enseignement général du second degré 4. Coordination des services médicaux et paramédicaux 5. Médecine généraliste et spécialisée 6. Comptabilité 7. Soins d’hygiène, de confort du patient 8. Défense et conseil juridique 9. Action sociale 10. Sécurité publique En Nouvelle-Calédonie, les étudiants sont principalement des femmes (61 % en 2014). Elles sont également plus nombreuses à poursuivre leurs études à l’extérieur du territoire (54 % de l’ensemble). En 2015, le taux de réussite des étudiantes à la licence était de 72 % contre 67 % pour les étudiants. Au niveau du Master, le taux de réussite des femmes était de 56 % contre 71 % pour leurs homologues masculins. Outre l’université, les Calédonien(nes) peuvent intégrer des écoles comme l’École de gestion et de commerce (egc.cci.nc/), l’École des métiers de la mer (www.emm.nc), l’Institut de formation des professions sanitaires et sociales Nouvelle-Calédonie (www.ifpssnc.nc/) ou bien encore l’École supérieure du professorat et de l’éducation (ÉSPÉ) : (www.univ-nc.nc/formation/catalogue-des-formations/preparation-aux-capes). L’enseignement supérieur enseignement secondaire P. 22

Cadres Avenir est un programme de formation de cadres moyens et supérieurs. Financé à 90 % par l’État et à 10 % par la Nouvelle-Calédonie, Cadres Avenir est un programme politique de rééquilibrage. Il accompagne pédagogiquement les personnes qui, disposant d’une expérience professionnelle de plusieurs années, ont pour objectif de parvenir à un poste de cadre moyen ou supérieur nécessaire au développement économique de la Nouvelle-Calédonie et souhaitent reprendre un cursus d’études supérieures en métropole. En un peu plus de 25 ans, 1 584 personnes ont suivi ce programme, dont 71 % de Kanak. Les stagiaires viennent majoritairement de la province des Îles (61 %) mais au retour de formation, c’est dans le Sud que les personnes formées travaillent le plus (57 % contre 27 en province Nord et 13 aux Îles). 56 % des anciens stagiaires travaillent dans le public contre 44 % dans le privé. Pour en savoir plus : www.gip-cadres-avenir.nc/ Les étudiants calédoniens peuvent poursuivre leur formation en Amérique du Nord dans le cadre du dispositif Cegep Mobilité Québec (CMQ). Cette formation vise à offrir à tout bachelier une formation de 3 ans dans les Cegep du Québec en vue de l’obtention d’un Diplôme d’études collégiales (DEC) - Techniques dans un programme répondant aux besoins économiques de la Nouvelle-Calédonie. Pour en savoir plus : dfpc.gouv.nc/acces-thematiques/aides-individualisees/mobilitequebec-cegep Cadres Avenir Mobilité Québec Le service Étudiant de la Maison de la NouvelleCalédonie à Paris Afin de libérer les étudiants calédoniens des problèmes logistiques et leur donner le maximum de chances, le service Étudiant-Formation-Jeunesse de la Maison de la Nouvelle-Calédonie (MNC) a mis en place un « dispositif réussite ». Des ateliers logistiques (couverture sociale, hébergement, transports, moyens de paiement, etc.) ainsi que des ateliers pédagogiques sont organisés à leur arrivée pour les préparer à leur nouvelle vie. Le Guide pratique de l’étudiant calédonien édité chaque année par la MNC, rassemble toutes les informations pratiques et les conseils nécessaires à la réussite de l’installation des futurs étudiants. Pour en savoir plus : www.mncparis.fr/portail-etudiants/accueil P. 23 Mission à la condition féminine de la province Sud

Des bourses d’études En fonction de leurs ressources, les étudiants calédoniens peuvent bénéficier de bourses d’études à l’enseignement supérieur en Nouvelle-Calédonie, mais aussi à l’extérieur. www.ac-noumea.nc/spip.php?article2977 www.service-public.nc/particuliers/jeunesse/enseignement-superieur/bourse-denseignementsuperieur-en-nouvelle-caledonie Quelle reconnaissance pour les diplômes australiens ? Certains étudiants effectuent leurs études en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Juridiquement, il n’existe pas d’équivalence entre les diplômes australiens et les diplômes français. Cependant, un accord de reconnaissance mutuelle des diplômes a été signé par le président de Universities Australia (l’association des 38 universités australiennes), le président de la Conférence des présidents d’université (CPU) et le président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) en octobre 2009. Cet accord encourage la reconnaissance mutuelle des périodes d’études et des diplômes de l’enseignement supérieur afin de faciliter la poursuite des études dans le pays partenaire. Pour en savoir plus : www.ambafrance-au.org/spip.php?article3721 En ce qui concerne la Nouvelle-Zélande, il n’existe pas, juridiquement, d’équivalence entre les diplômes néo-zélandais et les diplômes français. Cependant, depuis le 4 décembre 2007, la Nouvelle-Zélande est adhérente de la Convention de Lisbonne sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur dans la région européenne. Pour en savoir plus : www.idcnc.nc/wp-content/uploads/2012/07/GUIDE-des-ÉTUDES-Hors-NC-NZ_-20121.pdf P. 24

L’Établissement de formation professionnelle des adultes (EFPA) met en œuvre des formations pour la qualification des demandeurs d’emploi. www.efpa.nc Placé sous la tutelle du ministère chargé de l’Enseignement supérieur, le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) remplit trois missions : la formation tout au long de la vie; la recherche technologique et l’innovation; la diffusion de la culture scientifique et technique. www.acestecnam.nc/ Les formations de la Chambre de commerce et d’industrie de la Nouvelle-­ Calédonie (CCI) s’adressent aux chefs d’entreprise, aux salariés et aux particuliers. fpc.cci.nc/ Le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) concerne les métiers de l’agriculture. www.educagri.fr/les-formations-diplomes-et-certifications.html DFPC - Section accompagnement des parcours individualisés 19, avenue du maréchal Foch – Centre-ville – Nouméa – 6e étage – Tél. 26 65 00 ou 26 68 60 Mail : api.dfpc@gouv.nc Les Ateliers pédagogiques personnalisés (APP) de Nouméa proposent des remises à niveau, des préparations aux concours, des formations aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, ainsi que l’accès gratuit à Internet. Ils sont situés à la Mission d’insertion des Jeunes de la province Sud (MIJ) du centre-ville. Pour en savoir plus : www.mij.asso.nc/ La formation continue À tout âge de la vie et quelles que soient leurs compétences initiales, les femmes ont accès à divers dispositifs de formation continue leur permettant d’acquérir les compétences nécessaires à l’obtention d’un emploi. P. 25 Mission à la condition féminine de la province Sud

Tout employeur employant au minimum 10 salariés participe chaque année au financement de la formation professionnelle continue à hauteur de 0,7 % de sa masse salariale. En juin 2016, les partenaires sociaux se sont mis d’accord sur la création d’un Fonds interprofessionnel d’assurance formation (FIAF). Cette structure, associative et gérée de façon paritaire entre patronat et syndicats, doit, à terme, recevoir, gérer et orienter le « pot commun » des entreprises privées : toutes celles qui embauchent au moins un salarié verseront 0,2 % de leur masse salariale pour l’abonder. Cotisation patronale pour la formation Au niveau mondial « Au cours des 20 dernières années, les avancées considérables des femmes en matière de réussite scolaire ne se sont pas traduites par une amélioration comparable de leur situation au travail. » (Source : Les femmes au travail, Rapport 2016 de l’Organisation internationale du travail (OIT)) La Nouvelle-Calédonie a choisi de concentrer l’aide apportée par le Fonds européen de développement (FED) sur l’emploi et l’insertion professionnelle. Pour le 10e FED, l’archipel a bénéficié de 19,81 millions d’euros (2,3 milliards de F). Le 11e FED, dont la mise en œuvre opérationnelle débute en 2017, sera entièrement consacré à l’insertion professionnelle. P. 26

Calédoniennes Dans quelles conditions travaillent-elles ? P. 27 Mission à la condition féminine de la province Sud

Les Calédoniennes sont de plus en plus présentes dans le monde du travail. Même si les disparités persistent, notamment au niveau des salaires et de leur place dans les fonctions d’encadrement et de direction, leur progression semble inexorable. 43 % des actifs sont des femmes. En 2014, le taux d’emploi féminin était inférieur de dix points à celui des hommes, mais il a progressé 3 fois plus rapidement au cours des 5 dernières années. L’emploi féminin est favorisé par des créations d’emplois dans le secteur des services. Néanmoins, 17 % des femmes en âge de travailler se déclarent toujours inactives (20 % en 2009). De plus en plus actives « Dans les secteurs de l’information et des arts et des spectacles, le taux de féminisation est particulièrement élevé. » Les femmes occupent plus souvent des emplois temporaires (intérim, stage, contrats à durée déterminée) que les hommes (18 % contre 15 %). Les activités intermittentes ou saisonnières sont aussi majoritairement féminines, particulièrement pour des emplois peu qualifiés. Enfin, 13 % des femmes travaillent à temps partiel, soit une proportion deux fois supérieure à celle des hommes (6 %). Des emplois plus précaires Les femmes restent majoritaires parmi les employés et les professions intermédiaires (respectivement 69 % et 52 % des emplois occupés), mais elles ne représentent que 28 % des artisans, commerçants ou chefs d’entreprise et 19 % des ouvriers. Dans les secteurs de l’information et des arts et des spectacles, le taux de féminisation est particulièrement élevé (54 %), alors qu’il est faible (20 %) dans les postes d’ingénieurs et de cadres techniques d’entreprise. Les femmes sont peu présentes dans l’industrie et la construction. 86 % des femmes travaillent dans le secteur des services, mais elles y occupent en majorité des postes peu qualifiés. P. 28

En 20 ans, le nombre de femmes dans les professions libérales et aux postes de cadre a doublé. Les femmes sont majoritaires dans onze secteurs d’activité sur 20 (santé et action sociale, services, hébergement et restauration, finance et assurances, immobilier, enseignement, art et spectacles, activités scientifiques et techniques, administration publique, commerce). Dans le secteur de la santé et l’action sociale, elles représentent 77 % de l’effectif salarié, mais seulement 13 +% dans le secteur de la construction. En 2015, les Calédoniennes salariées sont plus diplômées que leurs homologues masculins. Chaque année, l’Observatoire de l’IDC NC dresse un bilan des disparités existant entre les hommes et les femmes dans les domaines de l’emploi et de la formation. Qu’elles soient lycéennes, étudiantes, stagiaires de la formation professionnelle continue, apprenties, demandeuses d’emploi ou encore salariées, chaque catégorie est étudiée. Pour en savoir plus : www.idcnc.nc/observatoire-statistiques/femmes/ www.isee.nc/emploi-revenus/emploi-conditions-de-travail/emploi-chomage En Micronésie, à Kiribati, Niue, Palau, Samoa et au Vanuatu, la part des femmes dans la population active a régressé entre 2000 et 2013. Si les raisons de ce recul sont variées, la tendance montre qu’il y a de en plus en plus de barrières à l’accès des femmes au marché du travail. Les études expliquent ce phénomène par la faible taille des économies locales et le fait que la plupart des emplois sont concentrés dans les centres urbains et les îles principales alors qu’une large partie des femmes vivent à la campagne. (Source : Communauté du Pacifique www.spc.int/fr.html) Régression dans le Pacifique P. 29 Mission à la condition féminine de la province Sud

En 2013, Fidji a, pour la première fois, mis en place un salaire minimum obligatoire. Les femmes qui travaillent dans le tourisme, le textile et les services ont été les premières bénéficiaires de cette décision. Le plafond de verre est une expression d’origine américaine datant de la fin des années 1970. Elle désigne les « freins invisibles » à la promotion des femmes dans les structures hiérarchiques. Le plafond de verre constitue un obstacle dans l’évolution de leur carrière au sein de l’entreprise et limite leur accès à des postes à responsabilité. Dans le Pacifique le plafond de verre L’écart des salaires, une réalité Entre 2013 et 2015, le salaire moyen a augmenté en Nouvelle-Calédonie : celui des femmes de 2,4 % et celui des hommes de 4,8 %. L’écart moyen entre les salaires des hommes et celui des femmes a atteint 3 % en 2015 contre 1 % en 2013. En tenant compte de l’ancienneté, les disparités sont beaucoup plus marquées dans le secteur public que dans le secteur privé. Dans le secteur public, les femmes touchent en moyenne 15 % de moins que les hommes, contre 4 % de moins dans le secteur privé. À diplôme égal, les femmes perçoivent toujours moins que les hommes et les écarts se creusent avec l’élévation du niveau de formation. À l’échelle mondiale, les femmes gagnent en moyenne 23 % de moins que les hommes, selon l’ONU. « La répartition inégale du travail domestique et de soins non rémunérés entre hommes et femmes, et entre les familles et la société, est un facteur déterminant des inégalités entre les sexes au travail. » Organisation Internationale du Travail (OIT) P. 30

54% Disparités dans la répartition des revenus Malgré la très grande implication des femmes dans la création de richesse, de profondes inégalités demeurent à l’échelle mondiale. Ainsi, elles effectuent 66 % du travail et produisent 50 % de la nourriture, selon des chiffres de l’Unicef repris par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE). Malgré cela, elles ne perçoivent que 10 % des revenus et ne détiennent que 1 % de la propriété. Les femmes représentent ainsi 70 % des pauvres dans le monde, selon le Fonds de développement des Nations unies pour la femme. Seule la moitié des femmes en âge de travailler font partie de la population active, contre 77 % des hommes. Face au chômage, les écarts entre les hommes et les femmes persistent En Nouvelle-Calédonie, en 2015, près de 6 demandeurs d’emploi sur 10 étaient des femmes. Mais depuis 2012, l’écart entre les hommes et les femmes parmi les demandeurs d’emploi diminue. Alors qu’elles en représentaient 60 % de 2008 à 2011, leur part s’est stabilisée à 55 % depuis 2014. Les femmes demandeuses d’emploi sont toujours plus jeunes et plus diplômées que les hommes. La situation diffère d’une province à l’autre. Alors qu’en province Sud et en province Nord, la part des femmes en recherche d’emploi ne cesse de diminuer, depuis 2009, elle augmente aux Îles Loyauté. Province Sud Province Nord Province des Îles Loyauté 57 % 54 % 57 % Part des demandeuses d’emploi en 2015 Selon le Forum économique mondial, il faudra attendre 170 ans pour que l’égalité professionnelle hommes-femmes devienne une réalité. Pour expliquer cet horizon lointain, les analystes évoquent le « recul dramatique des progrès » dans quatre domaines: le niveau d’instruction, les opportunités économiques, l’émancipation politique et la santé. égalité professionnelle à l’horizon 2186 ! P. 31 Mission à la condition féminine de la province Sud

Femmes kanak dans le monde du travail Longtemps cantonnées dans leur rôle d’épouse et de mère, les femmes kanak sont désormais très impliquées dans le monde du travail. La construction des usines métallurgiques du Nord et du Sud de la Grande Terre et le développement du tourisme (accueil chez l’habitant, tables d’hôtes) leur ont offert de nombreuses possibilités d’accéder au salariat ou de créer leur propre entreprise. Pour certaines, l’éclatement des couples et la nécessité de gagner de l’argent pour élever leurs enfants et payer un loyer les ont poussées à trouver un travail. Mais de plus en plus souvent, les femmes kanak, qu’elles soient en couple ou célibataires, éprouvent le besoin de travailler pour s’affirmer et assumer leur besoin d’autonomie. Et elles n’hésitent pas à se lancer à leur propre compte. Les femmes représentent désormais 47 % des Kanak ayant un emploi (45 % en 2009). Elles s’intéressent de plus en plus au statut d’auto-entrepreneur (patenté en NouvelleCalédonie) qui leur permet d’avoir une activité professionnelle, donc des revenus, tout en pouvant s’occuper de leur famille et assurer les activités coutumières. Quels métiers exercent-elles ? — employés de service aux particuliers (femme de ménage, garde d’enfants…) — employées de la fonction publique (agent administratif…) — enseignants du primaire — ouvriers non qualifiés de type artisanal (couturière, commis de cuisine, jardinier…) Sur 100 femmes kanak, 44 ont une activité agricole pour leur consommation personnelle. Sur 100 qui ont un emploi, 34 conservent une activité agricole parallèle pour leur autoconsommation. « Mai 2016 : Fabienne Waïa prête serment devant la Chambre territoriale des comptes. Elle est la première Kanak à accéder au poste d’agent comptable des établissements publics. » P. 32

Calédoniennes où travaillent-elles ? P. 33 Mission à la condition féminine de la province Sud

Femmes et nickel La Société Le Nickel - SLN Les femmes à la SLN représentent 10 % des effectifs (220 femmes). On les trouve plus dans les métiers classiques du tertiaire : administration, comptabilité, relations humaines, informatique, laboratoire, communication mais aussi, et de plus en plus depuis une quinzaine d’années, dans les métiers de la mine : conduite d’engins, géologie, environnement. Rares sont celles qui travaillent à l’usine de Doniambo dans les métiers de la production, où les postes sont plutôt physiques. Le centre minier de Kouaoua de la SLN est le seul à être dirigé par une femme. Vale Nouvelle-Calédonie - Vale NC Chez Vale Nouvelle-Calédonie, les femmes représentent 21 % des salariés directs. Elles ont en moyenne 34 ans. Elles sont présentes à l’usine (22 %), à la maintenance (8 %), à la mine (14 %), dans le management (40 %), à la finance (51 %), aux relations humaines, à l’administration générale (57 %). Elles sont représentées à tous niveaux de responsabilités, certaines sont chefs d’équipe ou superviseurs à la mine et à l’usine. Koniambo Nickel SAS - KNS Avec 30 % de femmes, KNS est l’entreprise minière qui a le plus fort taux d’emploi des femmes au monde. Au Canada, c’est seulement 4 %, en Australie 18 %. Centre de formation aux techniques de la mine et des carrières - CFTMC Créé en 1989, le Centre de formation aux techniques de la mine et des carrières (CFTMC) forme le personnel qualifié indispensable aux entreprises minières. Environ 25 % des stagiaires sont des femmes. Entre 2008 et 2016, 162 femmes ont été formées (157 à la conduite d’engins et 5 en mécanique). P. 34

Femmes et agriculture Femmes artisans Sur 11 581 établissements artisanaux recensés au 1er janvier 2016, 2 476 sont dirigés par des femmes. Depuis 2010, la représentation des femmes dans les services s’est renforcée (52 % contre 49 %), tandis qu’elle a légèrement diminué dans le secteur de la production (27 % contre 31 %). Les établissements dirigés par les femmes sont plus nombreux en province Sud qu’en province Nord ou dans les Îles Loyauté, 72 % étant implantés dans le Grand Nouméa. Sur 1 994 créations d’entreprises artisanales en 2015, 480 l’ont été par des femmes. 35 nouvelles entreprises sont créées en moyenne chaque mois par des femmes. (Source : Répertoire des métiers, Chambre de métiers et de l’artisanat) En Nouvelle-Calédonie, 2 % des femmes salariées travaillent dans le domaine de l’agriculture, de la pêche, des espaces naturels et espaces verts, du soin aux animaux. Elles sont plus jeunes que leurs homologues masculins. Ainsi, 54 % des femmes ont plus de 34 ans contre 61 % des hommes. Les 3 principales communes où les femmes exercent leur métier sont Nouméa (15 % des femmes), Bourail (12 %) et Mont-Dore (12 %). 31 % des femmes qui travaillent dans ces secteurs exercent le métier d’ouvrier agricole polyvalent (14 % des hommes). Sur les exploitations 14 % des femmes sont titulaires d’un niveau de formation supérieur au baccalauréat, contre 8 % des hommes. Les femmes sont plus nombreuses à avoir des contrats stables (81 % contre 77 % des hommes). Sur 4 506 chefs d’exploitation, 1 085 sont des femmes (soit 24 %). Elles ont en moyenne 53 ans. À la Chambre d’agriculture Sur 35 élus, 5 sont des femmes. Sur 74 salariés, 46 sont des femmes. Elles exercent des métiers très divers : secrétaire, technicienne, chargée de mission, ingénieur agronome, ressources humaines, communication, formation, informatique, chargée de gestion, animatrice, comptable. (Source : Chambre d’agriculture de Nouvelle-Calédonie et IDC-NC) P. 35 Mission à la condition féminine de la province Sud

La parité en politique est loin d’être atteinte dans le monde Depuis 2015, 22 % des parlementaires dans le monde sont des femmes, un chiffre multiplié par deux en 20 ans. Avec 26,2 % de femmes élues à l’Assemblée nationale, la France se classe au 60e rang du classement international de la parité des assemblées nationales établi, en juin 2016, par l’Union interparlementaire. Il y a 4 ans, la France était au 36e rang. Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) explique ce recul par le fait que « les autres pays progressent plus vite ». Les disparités régionales restent fortes : si les pays nordiques comptent 41,1 % de femmes dans leurs assemblées, elles sont seulement 15,7 % dans la région Pacifique. Seuls 17 % des ministres de gouvernement étaient des femmes et la plupart d’entre elles détenaient des portefeuilles liés au secteur social, comme l’éducation ou la santé. (Sources : Organisation internationale du travail (OIT) ; Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes) Femmes dans la police En 2016, les femmes constituent 25,37 % de l’effectif policier sur le terrain. Elles sont 86 sur un total de 339. Sur l’ensemble des salariés de la police (personnel technique et administratif inclus), leur part passe à 30,21 % (126 pour un effectif global de 417 personnes). (Source : Police Nationale) femmes en politique Les femmes représentent 36 % des élus du Congrès et 43 % des élus provinciaux. Sur les 33 maires de Nouvelle-Calédonie, 6 sont des femmes. Le Congrès et les 3 assemblées provinciales ont mis en place une commission dédiée à la condition féminine. Depuis 2006, le membre du gouvernement chargé d’animer et de contrôler le secteur de la culture et de la citoyenneté est également responsable du secteur de la condition féminine pour les compétences non dévolues aux provinces. P. 36

La loi n° 2011-103 du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance des entreprises publiques et privées et à l’égalité professionnelle, n’est, pour l’instant, pas applicable en Nouvelle-Calédonie. Que dit la loi sur la parité ? La première loi dite de parité, promulguée en 2000, prévoyait en cas de non-respect, une retenue sur la dotation financière des partis politiques. Une mesure insuffisante qui n’a pas eu l’effet dissuasif escompté. Une nouvelle loi a donc été promulguée le 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Elle prévoit désormais le doublement des pénalités financières des partis politiques en cas de non-respect de la parité. En France Métropolitaine, peu de femmes aux plus hautes responsabilités hors de la politique D’après les chiffres du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, il n’y a pas que la sphère politique qui écarte les femmes des postes de décision en métropole. — Culture : sur les 100 plus grandes entreprises culturelles, 93 sont dirigées par des hommes. — Enseignement supérieur : les femmes représentent 55,2 % des étudiants mais seulement 15,6 % des présidents d’université. — Sport : les femmes représentent 30,4 % des licenciés, mais seulement 10,5 % des présidents de fédérations sportives. — Médias : les femmes représentent 49,6 % de l’auditoire des radios, mais seulement 8 % des présentateurs. — Économie : aucune femme n’est président directeur général (PDG) d’une des 40 entreprises cotées au CAC 40 (les 40 plus grandes entreprises cotées en Bourse). P. 37 Mission à la condition féminine de la province Sud

« Appeler les femmes “le sexe faible“ est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. » Ghandi « Aucun pays ne peut prospérer s’il réprime le potentiel des femmes et se prive de la contribution de la moitié de ses citoyens. » Michelle Obama « C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est par le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète. » Simone de Beauvoir « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » Françoise Giroud Première Secrétaire d’état chargée de la condition féminine « Le monde est prêt à voir une femme à la tête des Nations unies. » Kofi Annan « Un monde où les femmes sont marginalisées est un monde stérile. » Pape François P. 38

Calédoniennes Quels droits au travail ? P. 39 Mission à la condition féminine de la province Sud

Le Code du travail La loi organique du 19 mars 1999 relative à la NouvelleCalédonie a transféré l’ensemble de la compétence droit du travail à la Nouvelle-Calédonie. Au moment du transfert, les règles applicables avaient diverses origines : lois nationales, décrets, délibérations du Congrès, auxquelles sont venues s’ajouter les lois du pays adoptées après 2000. Dans un souci de clarification et d’accessibilité du droit applicable, la Nouvelle-Calédonie a donc entrepris de codifier le droit du travail local. Le Code du travail de Nouvelle-Calédonie, publié le 1er mai 2008, comporte toutes les dispositions législatives et réglementaires régissant les relations individuelles et collectives entre employeur et salarié, la formation, les dispositions spécifiques à certaines professions et le contrôle de l’application de la législation du travail. Pour en savoir plus : dtenc.gouv.nc/code-du-travail La grossesse protégée La femme ne peut pas être licenciée pendant sa grossesse ni son congé maternité, ni pendant les 4 semaines qui le suivent. Une salariée enceinte peut rompre son contrat de travail sans préavis et sans être redevable d’indemnité de rupture. En Nouvelle-Calédonie, il est interdit à l’employeur de prendre en considération l’état de grossesse d’une femme pour refuser de l’embaucher, pour rompre son contrat de travail au cours de la période d’essai ou pour prononcer une mutation d’emploi (art. Lp. 126-1). Il est également interdit à l’employeur de rechercher ou de faire rechercher des informations concernant l’état de grossesse d’une femme. La femme enceinte n’a pas à révéler son état, sauf lorsqu’elle demande à bénéficier des dispositions légales. Les congés maternité Il est interdit de faire travailler la salariée durant 8 semaines au total dont 6 obligatoirement après l’accouchement, sous peine de sanction pénale. La salariée a le droit de prendre 16 semaines de congé au total (6 semaines avant l’accouchement et 10 semaines après). D’autres dispositions sont prévues en cas de naissances multiples, de naissance d’un troisième enfant ou plus, d’accouchement prématuré, etc. En cas d’adoption, le congé maternité est ouvert, lorsque les deux conjoints travaillent, à la mère ou au père adoptif à condition que l’autre y renonce. P. 40

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