valoir aux hommes artistes en tant que choristes, quand elles parvenaient à être admises comme telles ! Les hommes écrivaient des chansons sur les mamans, leurs filles, pour dire combien ils les aimaient, mais l’expression de leur ressenti, en tant que femme, n’était pas permise. Hormis Hnatr, l’artiste des Îles Loyauté, très soutenue par son mari Dick, les chanteuses n’étaient pas autorisées à s’exprimer en leur nom propre. Le Divan des Divas se voulait l’interface pour les aider à faire une première expérience scénique qui leur donne confiance, fasse émerger de nouveaux talents et leur fournisse les outils nécessaires à la construction d’une carrière. Tyssia est l’artiste qui incarne avec le plus de succès cette démarche, mais elle est l’une des seules. Le festival Femmes Funk avait, lui, pour ambition de faire découvrir au public calédonien sa part féminine jusqu’alors invisible sur la scène musicale locale, ainsi que des artistes venus des quatre coins de la planète. Des femmes essentiellement, mais pas seulement. Le public a tout de suite adhéré et, année après année, a plébiscité le festival et toutes les activités connexes qui s’y sont greffées. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? En une vingtaine d’années, le festival a favorisé la professionnalisation des femmes dans l’organisation de manifestations culturelles et, dans une moindre mesure, sur scène. La place des artistes femmes est à l’image de la société calédonienne, elle n’a hélas pas beaucoup évolué. Dans un pays aussi petit, il est difficile de faire une vraie carrière de chanteuse et aucune d’entre elles n’a véritablement percé sur la scène internationale. Toutefois des structures ont vu le jour : le Poemart pour l’exportation des talents, la Case des artistes et surtout la SACENC, qui collecte et redistribue les droits des auteurs et des compositeurs. Certains, encore trop peu nombreux, peuvent désormais vivre de leur art. C’est un réel progrès. Le prochain défi à relever est celui du numérique pour, notamment, faciliter l’accès aux studios d’enregistrement et valoriser les spécificités locales. Créée en décembre 2012, la Case des artistes est une association régie par la loi 1901 à but non lucratif. Constituée par les artistes pour les artistes, elle a pour objectif de mettre en œuvre le statut des artistes afin d’accompagner les acteurs du champ culturel et artistique vers une professionnalisation de leur(s) activité(s). La Case des artistes propose un cadre juridique, économique, social et humain gratuit à ceux qui souhaitent se consacrer pleinement à leur passion sans devoir forcément créer une entreprise. Elle s’adresse donc aux musiciens, peintres, acteurs du spectacle vivant, sculpteurs ou web designers, etc. et à toutes celles et ceux qui ont pour objectif de vivre de leur art. Pour en savoir plus : www.casedesartistes.nc/ LA case des artistes « Féministe musicale, oui, je le revendique. Mais on peut clamer “Vive les femmes !“ sans dire “À bas les hommes !“ » P. 49 Mission à la condition féminine de la province Sud
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