« Avec de la volonté, il est possible de réorienter sa carrière. Mais attention, il ne faut pas attendre trop longtemps avant de franchir le pas. » Travailler au pays, c’est le souhait de nombreux jeunes qui se sont formés à l’extérieur. Est-ce facile ? Travailler au pays présente de nombreux avantages. Tout d’abord celui de bénéficier d’une préférence pour l’emploi local, qui m’a permis d’obtenir ce poste face a des candidatures extérieures d’égales compétences, alors que les emplois pour les jeunes pilotes se faisaient rares. De plus, je fais à Air Calédonie de l’aéronautique sans en avoir les désagréments : pas de décalage horaire, pas de nuits en dehors de la maison, c’est très appréciable lorsque l’on a des enfants en bas âge. Mais c’est un métier qui reste physique, car les ATR, à la différence des Airbus, sont encore des avions à câbles qui demandent de la poigne pour les poser surtout sur des pistes courtes et avec du vent de travers comme rencontré à notre base, l’aérodrome de Magenta. Et avec des vols courts comme sur les Îles Loyauté ou l’île des Pins, on peut en faire jusqu’à 6 par jour. Nous volons moins que les pilotes d’Air France, mais les heures passées dans le cockpit sont plus intenses. Nous enchaînons les vols avec des intervalles de 30 à 40 minutes. Être pilote nécessite d’être « bien câblée », c’est a dire d’avoir une bonne condition physique et une tête bien faite. Avez-vous rencontre des difficultés particulières dans vos rapports avec vos collègues masculins ? J’ai volé jusqu’à six mois et demi de grossesse. C’est autorisé depuis 2005 pour les pilotes, mais j’ai senti un certain étonnement dans mon entourage professionnel. Au cours des premiers mois, ils avaient peur que j’aie des nausées en vol. Comme nous sommes très suivis sur le plan médical, le risque est vraiment minimisé. Je suis très responsable et concernée par la sécurité des passagers, je n’aurais jamais volé si j’avais eu le moindre doute. Je suis également adjointe à l’officier sécurité des vols, ce qui me permet d’allier mon expérience en bureau d’études et ma passion de l’aéronautique. Ma prochaine évolution de carrière sera le passage commandant de bord. Nous pourrons alors refaire des vols 100 % féminins, comme en 2010 lorsque nous avons fait le premier à Air Calédonie. En juillet 2010, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a adopté la loi du pays relative à la protection, à la promotion et au soutien de l’emploi local. Le texte stipule qu’à qualification et compétence égales, l’employeur est tenu de donner priorité aux citoyens de Nouvelle-Calédonie. Cette obligation s’applique aux employeurs du secteur privé, mais aussi aux emplois occupés par des agents contractuels de droit privé du secteur public. Son extension à l’ensemble du secteur public est en cours de discussion. Pour être embauchées, les personnes non citoyennes doivent justifier d’une période de résidence en Nouvelle-Calédonie, dont la durée varie selon le secteur d’activité. Seuls les citoyens calédoniens ou les personnes résidant depuis dix ans en Nouvelle-Calédonie ont un accès totalement libre aux emplois privés. l’emploi local Pour en savoir plus : dtenc.gouv.nc/emploi-local P. 53 Mission à la condition féminine de la province Sud
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