Le travail au féminin

« Les femmes sont constamment en train de faire des choix dans la culpabilité. » À la CGPME, la question de la compétence ne s’est pas posée. Mes collègues ont eu peur que je sois écrasée sous un rouleau compresseur. Ils se sont demandé si j’allais résister à la pression, car c’est une fonction où l’on est exposé en permanence, où l’on est toujours dans le conflit avec l’extérieur. Dans votre activité de chef d’entreprise, rencontrez-vous des problèmes spécifiques aux femmes ? En entreprise, la première chose à faire est de gagner la confiance de ses interlocuteurs et les femmes doivent sans cesse prouver qu’elles en sont dignes. C’est horrible, ça n’évolue pas. Les lignes bougent dans les discours, pour l’apparence, mais pas dans les faits. Deux exemples : quand j’avais un assistant de direction homme, on lui serrait tout le temps la main en premier, pensant que c’était lui le patron. Et pour contracter un emprunt, la banque me demande toujours la caution de mon mari. Ça les rassure encore aujourd’hui ! Ces attitudes machistes sont très « latines ». Dans les entreprises anglosaxonnes, on ne se pose même pas la question. Le poste est un poste indifférencié sexuellement, on ne fait aucune différence. En ce début de XXIe siècle, est-il toujours aussi difficile de concilier le rôle de mère et de chef d’entreprise ? C’est difficile pendant la grossesse. En tant que femme chef d’entreprise, j’ai dû reprendre le travail après quatre semaines et je n’ai jamais pu échanger avec les hommes sur le sujet. Pour eux, il était tout à fait normal que je reprenne aussi rapidement. C’est pareil pour les femmes cadres, on leur demande leur âge, le nombre de leurs enfants, jamais aux hommes, qui n’en font même pas mention. C’est un frein à l’embauche des femmes. Et je ne parle même pas du stress des horaires scolaires. Les horaires des crèches ne sont pas faits pour les femmes qui travaillent, surtout lorsque les réunions se terminent à 22-23 heures. Il faudrait créer des crèches dans les entreprises pour gérer la maternité et disposer d’un espace pour les enfants. Il ne faut pas se le cacher, les femmes culpabilisent par rapport aux enfants. Nous sommes sans cesse obligées de faire des choix entre la profession et la vie de mère, on devrait trouver des solutions. Femmes cheffes d’entreprises de Nouvelle-Calédonie (FCE NC) a rejoint en 1990 l’Union nationale des femmes chefs d’entreprises mondiales en créant la « Délégation Nouvelle-Calédonie ». FCE réunit des femmes responsables d’entreprises qu’elles ont créées ou qu’elles administrent en vue de créer un réseau d’échanges, un support social et des opportunités économiques tant sur le plan local qu’international. La délégation de Nouvelle-Calédonie a notamment pour objectif d’encourager les jeunes à monter leurs propres affaires, d’améliorer la visibilité des femmes chefs d’entreprise et de favoriser la présence des femmes dans les instances décisionnaires (organismes professionnels, Chambre de commerce et d’industrie, tribunaux de commerce). Femmes cheffes d’entreprises (FCE) P. 57 Mission à la condition féminine de la province Sud

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=