Le travail au féminin

Pour aider sa mère, jeune veuve qui peinait à assurer le quotidien de ses enfants, Charline Outhey a quitté l’école, sans un seul diplôme en poche, et a enchaîné les petits boulots. C’est au contact des chauffeurs qu’elle côtoyait dans son travail de surveillance des bus scolaires, qu’elle a l’idée de passer son permis poids lourds puis celui de transport en commun. Élue, en 2002, meilleure chauffeure de bus de Nouvelle-Calédonie, elle arrête de travailler sous la pression d’un conjoint jaloux, qui ne supporte pas son autonomie. Séparée, elle opte pour la conduite d’engins de chantiers (camions de dix, douze roues, semiremorques, pelles hydrauliques). Malgré les difficultés, cette mère de 3 enfants au caractère bien trempé fait front avec détermination. Être une femme et exercer unmétier dit « masculin », cela présente-t-il une difficulté particulière ? Même si des femmes commencent à entrer dans la profession, le métier de chauffeur de camion ou de bus est un monde d’hommes encore très machiste. Lorsque j’étais conductrice de bus, mes collègues, mais aussi mes supérieurs hiérarchiques, essayaient sans cesse de me rabaisser. Ils se moquaient de mes observations sur tout ce qui touchait à la mécanique, au moteur. Ils n’en tenaient jamais compte. Dans un tel environnement, quand on est une femme, on doit s’écraser. Sincèrement, je n’aurais jamais pensé être confrontée à des situations d’une telle brutalité. Charline OUTHEY P. 58

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