Le travail au féminin

« Il faut avoir du caractère pour se faire respecter, car les hommes sont encore très machos. » Dans ce genre de situations, comment réagissez-vous ? Face aux remarques et aux comportements machistes, j’ai une règle : ne jamais me laisser marcher sur les pieds et être très sévère dès le départ. J’ai parfois dû faire le coup de poing pour me faire respecter, également pour protéger mon bus et défendre la caisse. Le patron pour lequel je travaille actuellement m’a donné ma chance. Je suis sa seule employée et il m’a tout appris sur le tas. Sur les chantiers, j’entends souvent de la part des autres ouvriers des réflexions du genre « Qu’est-ce qu’elle fait là, cellelà ? » ou, dans le meilleur des cas, « Oh, c’est une nana ! » Les clients ont plutôt des commentaires inquiets : « Vous, une femme, vous n’avez pas de souci pour manœuvrer ? » Pour la plupart des hommes, la place d’une femme est encore derrière les fourneaux. Pourquoi continuer alors ? J’ai perdu mon père à l’âge de 7 ans et j’ai beaucoup souffert des difficultés de ma mère pour élever seule ses enfants. Pour les miens, rien ne m’arrête, je suis prête à tout. Je tiens grâce à eux. Je leur parle beaucoup et je leur explique qu’il n’y a pas de sot métier. Je leur dis que s’ils se sentent capables, ils doivent foncer, indépendamment du fait qu’ils soient un homme ou une femme. Mais tout n’est pas sacrifice quand même ! J’adore mon métier. Quand je conduisais des bus, j’aimais le contact avec les passagers, je leur souriais et j’essayais d’accepter les insultes qui venaient d’en face. Aujourd’hui, j’éprouve une grande satisfaction à voir une maison sur un terrain que j’ai nettoyé et aplani. Dans les métiers techniques de tous temps masculins, les représentations et rapports sociaux semblent bien davantage figés que les technologies, et le sexisme est la première difficulté à laquelle les femmes sont confrontées. Il peut se manifester de plusieurs façons : par des réflexions, un manque de confiance, une mise à l’épreuve ou encore une non-reconnaissance; les blagues, les remarques vis-à-vis de la maternité, les discussions à connotation sexuelle, l’affichage pornographique, les sollicitations sexuelles. Le sexisme renvoie toujours à des stéréotypes et préjugés liés aux capacités physiques des femmes ou à leur place au travail. Le sexisme (Source : Femmes dans des « métiers d’hommes » : entre contraintes et déni de légitimité, Centre d’études et de recherches sur les qualifications) P. 59 Mission à la condition féminine de la province Sud

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