Le travail au féminin

et finalement en formation diplômante à l’INSTN de Saclay (Île-de-France). Contribuer à la guérison des patients est, pour moi, une récompense qui n’a pas de prix. Mes études furent longues et mon parcours sinueux, j’ai beaucoup douté la dernière année et j’ai failli abandonner, mais je me suis accrochée. Mon dernier stage fut éprouvant, l’ambiance était rude et la transmission difficile, mais je me suis dit qu’après être arrivée jusqu’ici, je ne pouvais pas baisser les bras. Alors je me suis mise dans ma bulle, j’ai travaillé pour passer la dernière session d’examen et obtenir mon diplôme. Quelle est la place des femmes dans ce métier si pointu ? Mon métier fait appel à plusieurs compétences : la mesure de la dose délivrée par un faisceau de particules (photons et électrons) produit par une machine appelée « accélérateur de particules » ; le calcul de la dose dans le corps humain et le maintien des performances du système (accélérateur, scanner et station de calcul). Comme le parcours de cette profession commence par des études de physique, il faut bien avouer qu’il y a peu de femmes dans ce secteur. Cependant au niveau du master physique médicale, l’équilibre se rétablit. Bien que la profession ait longtemps été l’apanage des hommes, elle se féminise. Avez-vous rencontré des difficultés particulières en tant que femme œuvrant dans un milieu scientifique ? Les difficultés que j’ai rencontrées sont plus attachées à mon parcours qu’au fait d’être une femme. Lorsque je suis partie du Caillou après ma licence, j’ai eu peur de ne pas avoir le niveau, mais en choisissant une filière professionnalisante au niveau master, j’ai rencontré les étudiants d’horizons différents confrontés aux mêmes obstacles. Aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, j’ai la chance de travailler dans un environnement, où on ne fait pas de différence entre les hommes et les femmes, où je me sens libre et où la pensée féminine est prise en compte. Je me sens tout à fait réalisée professionnellement. Je fais un métier que j’aime, je participe à un projet sensationnel : la création du premier centre de radiothérapie de Nouvelle-Calédonie. J’ai le sentiment d’œuvrer pour notre pays et je suis désormais près de ma famille. Ma vie personnelle est quelque peu mise de côté, ce projet absorbe l’essentiel de mes jours et de mes nuits. Dans quelque temps, je vais pouvoir prendre le temps de construire ma vie personnelle. Le Centre de radiothérapie de Nouvelle-Calédonie (CRNC), installé sur plus de 1 000 m2 au cœur du Médipôle de Koutio. Il a noué un partenariat avec l’Institut Curie, centre national de référence et 5e pôle de recherche dédié à la lutte contre le cancer au niveau international. Il possède toutes les qualités d’un centre d’exception : son matériel de pointe permet les techniques les plus innovantes réalisées actuellement dans le monde tandis que son organisation moderne place le patient au cœur des métiers. « Si vous pensez qu’être calédonienne et femme rend les choses plus difficiles, je dirais au contraire que ce sont des atouts. L’exil nous oblige à développer notre capacité d’adaptation. » P. 61 Mission à la condition féminine de la province Sud

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