Rozanna Roy est une agricultrice engagée. Outre la gestion de la propriété de Bourail, qu’elle assure avec son mari, elle préside, au Conseil économique, social et environnemental (CESE), la Commission de l’agriculture, de l’élevage, des forêts et de la pêche. Avec le Groupement féminin de développement agricole de Nouvelle-Calédonie, elle milite pour la reconnaissance du statut de conjoint aux femmes d’exploitants agricole. Un combat de longue haleine, essentiel pour que les femmes ne soient plus complètement démunies en cas de veuvage ou de longue maladie. Êtes-vous agricultrice par tradition familiale ou par vocation ? Issue d’une famille nombreuse, il fallait dès mon plus jeune âge cultiver pour la maison. J’ai une formation d’éducatrice pour les enfants handicapés en milieu scolaire et, par la suite, j’ai épousé un agriculteur avec qui je partage la passion de la terre. Sur la propriété, nous élevons des bœufs, des chevaux et nous cultivons des squashs, du maïs et des pommes de terre. Pendant plusieurs années, j’ai exercé les deux professions de front. Et lorsque nous avons décidé d’agrandir l’exploitation, j’ai choisi d’être agricultrice à plein temps. C’est un métier de passion, très exigeant en temps et en énergie. Il faut aimer la terre et y mettre tout son cœur. Hélas, tout le monde ne peut pas se le permettre, car il est extrêmement difficile d’en vivre bien. Le métier d’agricultrice a-t-il beaucoup évolué ces dernières années ? Comme partout ailleurs, le matériel agricole a beaucoup évolué en Nouvelle-Calédonie. Finis la charrue et les bœufs ! Les engins de plus en plus sophistiqués permettent de gagner du temps et d’améliorer les rendements, ils sont mieux adaptés à une population agricole vieillissante. La moyenne d’âge est de 57 ans et la relève n’est pas vraiment au rendez-vous. On s’oriente inexorablement vers une intensification de la mécanisation. Il est de plus en plus difficile d’avoir du personnel qualifié. Les jeunes préfèrent souvent le travail de bureau à celui des champs. Avant d’atteindre l’objectif d’autosuffisance alimentaire, il va falloir faire Rozanna Roy P. 62
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