Le travail au féminin

un gros travail de sensibilisation et de persuasion auprès d’eux. Ils veulent pouvoir vivre décemment de leur métier, avoir un salaire fixe pour nourrir leur famille et posséder leur propre maison. Or ce n’est pas possible actuellement, le coût de la vie est cher et la terre ne permet pas d’assumer toutes les dépenses. Je comprends très bien leur raisonnement, je dirais même qu’ils ont raison. L’un des problèmes majeurs qui se pose à l’agriculteur est l’accès au foncier. Celui qui voudrait se lancer aujourd’hui rencontre de nombreux obstacles pour acquérir de la terre. Les prix sont inabordables et la disponibilité quasi inexistante. Pour démarrer, il faut lourdement investir et il est très dur de sortir un salaire raisonnable les premières années. Vous avez pendant six ans été la présidente du Groupement féminin de développement agricole de NouvelleCalédonie. Quelle est son activité ? Cette association, qui réunit des agricultrices de l’ensemble de l’archipel, organise des échanges sur les techniques agricoles et des voyages pédagogiques en Australie et Nouvelle-Zélande. Nous nous entraidons aussi pour les démarches administratives. Depuis 2006, nous faisons campagne en faveur de la mise en place du statut de conjoint pour les femmes d’agriculteurs. Actuellement, elles n’ont droit à rien et c’est encore pire pour les veuves et celles qui sont en longue maladie. Ce dossier est en discussion depuis des années et cela risque de durer, car il aura un coût pour la collectivité. Et dans le contexte actuel de crise économique, il sera difficile d’obtenir des décisions. Mais nous ne renoncerons pas. Regrettez-vous votre choix ? Recommanderiez-vous ce métier aux jeunes filles ? Pour rien au monde je ne changerais de vie, pour autant je ne la recommanderais certainement pas à une jeune fille. L’agriculture est un éternel combat. On est tributaire des institutions, il n’y a ni salaire fixe, ni retraite. C’est un plaisir d’être en contact avec la terre. Alors agricultrice oui, mais en seconde activité. Le Conseil économique, social et environnemental est une institution consultative de la Nouvelle-Calédonie qui a pour mission principale de rendre des avis et de formuler des propositions aux décideurs politiques sur les sujets économiques, sociaux, culturels et environnementaux. En juillet 2016, le Premier ministre Manuel Valls a demandé à la Commission de la femme du CESE de dresser un état des lieux des violences faites aux femmes outre-mer, d’examiner les moyens mis en œuvre et de s’interroger sur les limites des dispositifs existants. Dans sa lettre de mission, le Premier ministre précise que « le CESE devra aussi s’attacher à analyser la gouvernance locale et à mettre en lumière les différents partenariats de terrain ». Pour en savoir plus : www.ces.nc/ Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) « Aujourd’hui une femme doit être indépendante et l’agriculture ne le permet pas. » P. 63 Mission à la condition féminine de la province Sud

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