La coutume régit encore très profondément les relations hommes-femmes, ces dernières peuvent rarement se mettre en avant ou s’exprimer en leur nom propre. La position de ma famille dans la coutume me donne l’autorité et l’assise nécessaires pour parler. Dans les réunions, je peux faire passer mes messages, mais c’est loin d’être le cas pour toutes les femmes. Parfois même, ce sont elles qui critiquent ou bloquent le progrès ou l’intégration de la condition féminine dans la société d’aujourd’hui. Quels enseignements tirez-vous de votre expérience dans la région ? Quelles que soient leurs ethnies, les femmes rencontrent toutes les mêmes difficultés. Sans formation, elles ne trouvent pas d’emploi et quand elles en ont un, elles doivent se débrouiller seules pour la garde des enfants. Les liens familiaux élargis, qui fondaient autrefois l’entraide gratuite, sont en train de se distendre. L’urbanisation, notamment en NouvelleCalédonie, isole les mères des membres de la famille qui pourraient les assister. Se battre pour un logement est aussi un autre obstacle qui rend pénible la vie de la femme, surtout quand elle est abandonnée par son mari avec les enfants à sa charge. La situation est-elle la même dans tous les pays ? Non. Dans le monde anglo-saxon, à travail égal, salaire égal. Il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes. C’est surtout vrai en Nouvelle-Zélande et dans les États insulaires sous son influence, comme les îles Cook, Niue. Discriminer les salaires en fonction du genre est très « français ». La France faisait partie des 40 premiers pays à signer et ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Pourtant nous sommes très en retard pour son application, notamment par rapport à la Nouvelle-Zélande, où elle est très strictement appliquée dans sa totalité. Ce qui a fondamentalement changé le statut de la femme néo-zélandaise. Ici, en Calédonie, il y a des progrès vis-à-vis de la condition féminine. Nous avons maintenant un « ministère » de la Condition féminine et de la famille ; au niveau provincial, nous avons la section de la Condition féminine. Les filles comme les garçons ont le même accès à l’éducation. Malgré ces évolutions, nous sommes encore très loin du compte. L’égalité des salaires et de l’accès aux postes à responsabilité sont une réalité en Nouvelle-Zélande ou dans des pays comme Niue, dans le Sud, et Guam, dans le Nord du Pacifique. Pas ici. La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination AgainstWomen, CEDAW) a été adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des Nations unies. Elle est entrée en vigueur le 3 septembre 1981. La France l’a ratifiée en décembre 1983. La Convention engage les États signataires, ou adhérents, à éliminer toute forme de discrimination envers les femmes, et à favoriser leur plein développement dans l’ensemble des domaines politiques, économiques, sociaux, culturels et civils. Cela passe par la modification des lois et la prise de mesures d’éducation et d’incitation auprès du public. « Il y a un grand contraste dans le traitement des femmes au travail entre les différents pays de la région. » P. 65 Mission à la condition féminine de la province Sud
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