Quelle est, au vu de votre expérience, la situation des femmes de brousse en ce qui concerne la grossesse et la contraception ? Force est de constater que malgré les diverses campagnes de sensibilisation à la contraception, la situation n’a guère évolué. Il y a toujours autant de dénis de grossesse, de grossesses non désirées, menées à terme ou interrompues volontairement. La garantie de pouvoir compter sur l’entraide familiale pour la garde de l’enfant induit inconsciemment une moindre vigilance dans les rapports, l’usage de la contraception ou des préservatifs. Dans le monde kanak, la contraception reste un tabou. Les jeunes filles savent qu’elles ne seront pas seules pour faire face, alors elles n’y pensent pas trop. Et quand elles ont un ami, la grossesse arrive vite. À ce jour, les seules campagnes de prévention qui se sont révélées véritablement efficaces sont celles menées contre le cancer du sein. Il faut dire aussi qu’en province Nord, se rendre au dispensaire n’est pas facile pour tout le monde. Les tribus sont souvent éloignées des villages, les transports sont rares et chers, même si le bus qui relie Houaïlou à Hienghène a facilité les déplacements. Depuis le début de votre carrière, les comportements des hommes et des femmes vis-à-vis de la grossesse ont-ils évolué ? Au niveau de la contraception, les implants progestatifs représentent un réel progrès. Ils permettent aux femmes d’être protégées pendant trois ans après leur mise en place dans le bras. C’est une contraception facile pour des jeunes filles qui débutent leur vie sexuelle. L’autre phénomène marquant des dernières années est l’implication des hommes, jeunes ou moins jeunes, dans la maternité. Ils sont de plus en plus nombreux à venir aux consultations, à s’intéresser à l’évolution de la grossesse, à poser des questions. Cela correspond à l’évolution de la société en général. Quel conseil pourriez-vous donner aux jeunes filles qui s’apprêtent à débuter leur vie sexuelle ? Je leur dirais de se protéger contre les grossesses non désirées, mais aussi les maladies sexuellement transmissibles, qui ne régressent pas. C’est important pour leur épanouissement personnel et pour la réussite de leur couple. Dans tous les centres médico-sociaux (CMS) de la province Sud et au Centre de conseil familial (CCF), la contraception est disponible gratuitement pour les mineur(es) et les filles scolarisées. Il est également possible de s’adresser au Centre de conseil familial – 145, rue Jacques Iekawé – Montravel – Nouméa – Tél. 27 23 70. Pour en savoir plus : consulter le Guide des droits des femmes et de la famille édité par la Mission à la condition féminine de la province Sud. Il est disponible sur le web à l’adresse suivante : www.lesfemmes.nc/ P. 67 Mission à la condition féminine de la province Sud
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