Guide méthodologique du PUD - partie 2

PARTIE 2 OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES PUD GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD

Un nouveau cadre réglementaire La création du Code de l’Urbanisme de la NouvelleCalédonie (CUNC) en 2015 puis la déclinaison des règles d’urbanisme applicables en province Sud ont largement fait évoluer les règles encadrant l’élaboration et la rédaction du PUD. Cette deuxième partie du « Guide méthodologique d’élaboration du plan d’urbanisme directeur en province Sud » a pour but d’accompagner les communes et leurs bureaux d’études dans l’intégration des objectifs de développement durable dans les PUD imposés par ce nouveau cadre réglementaire. Thématiques abordées La deuxième partie du guide présente les objectifs de développement durable devant être pris en compte lors de l’écriture d’un PUD au travers de 5 grands thèmes : 1. Préserver et valoriser l’environnement naturel et bâti 2. Assurer une gestion économe de l’espace 3. Favoriser la cohésion sociale par la diversité et la mixité 4. Articuler le développement de la commune avec les enjeux de la mobilité 5. Prendre en compte les risques et limiter les nuisances Structure de ce guide Pour chacune de ces thématiques, une première partie « Définition » permet d’appréhender l’ensemble de la notion abordée et d’en préciser les enjeux. Puis une partie « Traduction dans le PUD » permet de clarifier les leviers potentiels à utiliser concrètement dans le PUD. Enfin, un tableau récapitulatif reprend l’ensemble des « Questions à se poser » lors de l’élaboration du PUD. Ces questions sont conçues pour accompagner les rédacteurs dans leur réflexion et serviront de base à la province Sud pour l’évaluation des PUD, notamment lors de l’enquête administrative. Rappels : Une première partie du guide présente les éléments à connaître pour la rédaction d’un PUD. Ce guide vient en complément du Guide de l’évaluation environnementale du PUD. Préambule

Sommaire Environnement 25 06 Qu’est-ce qu’un écosystème ? Et la biodiversité ? À quoi servent les corridors de continuité écologique ? Comment peut-on lutter contre l’effet des «îlots de chaleur ? Quel patrimoine urbain peut être préservé par le PUD ? 25 Enjeux sociaux 46 En quoi la mixité est un facteur de cohésion sociale ? De quelle mixité parle-t-on ? Le cas particulier des entrées de ville, quoi faire ? 25 Gestion économe de l’espace 13 Qu’est ce que la densité ? Maison individuelle et densité, des notions véritablement opposées ? Quels sont les éléments définissant la qualité de l’urbanisme ? Qu’est ce que l’enveloppe urbaine et comment la définir pour chaque commune ? 105 Mobilité Quelles sont les alternatives au véhicule privé motorisé ? En quoi l’urbanisme peut impacter les modes de déplacements ? Quels sont les outils spécifiques du PUD et les leviers d’actions en accompagnement du PUD ? 110 Risques et nuisances Comment prendre en compte l’ensemble des risques et les nuisances dans le développement de la commune ? Quelle prévention des risques envisager dans le PUD ?

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 4 Sommaire Détaillé Thème 1 : Préserver et valoriser l’environnement...... 5 Patrimoine bâti et qualité de l’urbanisme......................................6 Monuments ou bâtiments remarquables......................................................6 Paysage...................................................................................................7 Entrées de ville. .......................................................................................8 Revitalisation des centres urbains et ruraux. ...............................................11 Patrimoine naturel et continuités écologiques. ............................ 12 Endémisme et écosystèmes d’intérêt patrimonial....................................... 12 Biodiversité, continuités écologiques et nature en ville............................... 15 Thème 2 : Assurer une gestion économe de l’espace..31 Renouvellement urbain et préservation des espaces naturels.......32 Densité.....................................................................................34 Thème 3 : Favoriser la cohésion sociale par la diversité et la mixité....................................................... 42 Diversité ou unicité ?.................................................................43 Mixité fonctionnelle. ...............................................................................43 Mixité sociale.........................................................................................46 Thème 4 : Articuler le développement de la commune avec les enjeux de la mobilité................................50 Déplacements rationalisés et variés............................................ 51 Stationnement...........................................................................57 Pour aller plus loin en accompagnement du PUD........................59 Thème 5 : Prendre en compte les risques et limiter les nuisances. ........................................................65 Sécurité et salubrité des constructions et aménagements.............66 Prévention des risques et nuisances de toute nature....................67 Table des abréviations......................................... 73 Références........................................................74 Sources bibliographiques..................................... 75

LITTORAL RIVIÈRE PATRIMOINE MONUMENTS HISTORIQUES MANGROVE FORÊT SÈCHE PERSPECTIVES ENTRÉES DE VILLE ENDÉMISME BÂTI REMARQUABLE PAYSAGE L’environnement comprend ici aussi bien le patrimoine naturel de la commune (ses espaces verts, agricoles, forestiers, jardins, paysages, etc.) que son patrimoine bâti. Article Lp. 111-2 Les documents d’urbanisme déterminent les conditions permettant d’assurer, dans le respect des objectifs du développement durable : [...] c) la sauvegarde des ensembles urbains et du patrimoine bâti remarquables et la revitalisation des centres urbains et ruraux, la qualité de l’urbanisme ; [...] e) la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité, des écosystèmes, des espaces verts, la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques ; Article Lp. 112-11 Le règlement peut identifier et localiser les éléments de paysage et délimiter les quartiers, îlots, immeubles, espaces publics, monuments, arbres, sites et secteurs à protéger, à mettre en valeur ou à requalifier pour des motifs d’ordre culturel, historique ou environnemental et définir, le cas échéant, les prescriptions de nature à assurer leur protection, sous réserve des compétences des provinces en matière d’environnement et de protection du patrimoine. Thème I PRÉSERVER ET VALORISER L’ENVIRONNEMENT Code de l’urbanisme de la Nouvelle-Calédonie Thème 1 : Préserver et valoriser l’environnement

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 6 Patrimoine bâti et qualité de l’urbanisme Monuments ou bâtiments remarquables Définition Les PUD doivent permettre d’assurer la préservation du patrimoine bâti de la ville. Cela concerne les monuments historiques classés ou inscrits par la province Sud mais aussi les bâtiments remarquables identifiés par le PUD au titre de l’article Lp. 112-11. Ainsi la commune peut étudier et définir elle-même les ensembles bâtis ou immeubles isolés présentant des qualités d’ordre culturel ou historique nécessitant des mesures particulières de protection, conservation ou mise en valeur. Traduction dans le PUD Pour participer à l’atteinte de l’objectif de la mise en valeur et préservation du patrimoine bâti de la commune le PUD peut prévoir plusieurs mesures. Dans ses annexes, le PUD fait apparaître les servitudes liées aux monuments historiques, classés ou inscrits par la province Sud, notamment les bâtiments concernés ainsi que les périmètres de protection de 500 mètres Afin de protéger ou mettre en valeur les autres bâtis remarquables de la commune, le PUD peut identifier ces constructions puis, conformément à l’article Lp. 112-11, édicter des dispositions particulières dans le règlement pour les bâtiments concernés et l’insertion des constructions voisines. En général, ces règles sont plus souples que la règle générale, afin de permettre des travaux sans dénaturer la construction. Ainsi le PUD peut par exemple prévoir des règles particulières sur l’aspect de la construction (hauteur, balcons, ornements, etc.), pour le stationnement permettant des stationnements déportés en évitant de dénaturer une construction ancienne en lui imposant un stationnement sur site. Au contraire, des règles plus strictes peuvent impacter les constructions voisines afin d’assurer leur bonne insertion paysagère avec ces bâtis remarquables : règles particulières de hauteur, de clôture ou de retrait par exemple. Enfin, dans le cadre d’ensemble urbain présentant une unité architecturale, historique ou culturelle le PUD peut prévoir des orientations particulières (OAP) pour leur protection, voire édicter des règles et un zonage spécifique. Le patrimoine, c’est le bagne ? FAUX ! Les bâtiments ou ensemble de bâtiments classés ou inscrits par la province Sud au titre des monuments historiques ne sont pas les seuls con-cernés par les mesures de sauvegarde du patrimoine bâti. La commune peut choisir de mettre en place des mesures particulières pour protéger l’aspect ou mettre en valeur d’autres bâtiments au titre de leur intérêt patrimonial. La valorisation du patrimoine bâti concerne ainsi tout bâti remarquable qui a marqué son époque, comme par exemple des bâtiments hérités de la présence des américains pendant la seconde guerre mondiale, des villas originales ou même des bâtiments industriels. Vrai Faux ?

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 7 Paysage Définition La préservation du patrimoine bâti ou non de la commune passe également par l’étude des paysages qui y sont présents. Lepaysageest un facteurd’attractivitéet d’identification des territoires. Qu’ils soient d’exception, au sens des sites classés au patrimoine culturel de l’Unesco, ou « ordinaires » - ruraux, de montagne, de forêts, de zone côtière ou de territoires plus fortement anthropisés (ville dense, périurbain, zones d’activités économiques), les paysages forment une réalité extrêmement variée et différenciée. L’importance et les apports du paysage dans le développement de la commune se retrouvent tant dans la qualité de vie offerte aux habitants que dans les ressources naturelles, identitaires et économiques (notamment touristiques). Traduction dans le PUD Le PUD peut dès son diagnostic territorial réserver une place particulière à l’étude du paysage afin d’en permettre l’identification concrète et d’en cerner les enjeux – de préservation, de développement, etc. A ce titre, le profil environnemental réalisé par la direction de l’environnement de la province Sud, identifie les différents paysages et contraintes à prendre en compte lors des études relatives au PUD. De même que le règlement du PUD peut identifier des bâtis remarquables, il peut également préciser des éléments de paysages ou perspectives à préserver (conformément à l’article Lp. 112-11). Il peut alors édicter un zonage permettant sa préservation (par exemple en zone naturelle) ou, pour une approche plus fine du territoire, il peut aussi édicter des règles particulières pour des zones constructibles avec un intérêt paysager. Le PUD peut prévoir d’encadrer notamment l’insertion des constructions voisines aux point paysagers intéressants en particulier grâce aux dimensions et au volume des constructions, à leur architecture, et à leur aspect extérieur. En complément, les OAP peuvent par exemple prévoir la préservation de points de vue (cônes de vue, espacements dans un front bâti, etc.), des mesures d’insertions ou de recul pour des futures constructions. Des cheminements doux vers des espaces d’ouvertures sur ces éléments paysagers peuvent aussi être envisagés. Enfin, une « charte paysagère » pourrait être édictée afin de soutenir le contenu des OAP ou simple-ment en annexe du PUD dans un objectif incitatif pour les futurs développements. À titre d’exemple, le schéma de la municipalité de Memphrémagog (Canada) compte six catégories de paysages comprenant chacune plusieurs éléments : les paysages naturels d’intérêt supérieur, les vues panoramiques, les routespittoresquesetpanoramiques, les paysages champêtres, les secteurs d’intérêt esthétique et visuel, le territoire de développement récréotouristique d’intérêt particulier, le corridor visuel d’intérêt supérieur (de part et d’autre de l’autoroute). Pour chacune de ces catégories, le schéma prévoit un ensemble élaboré de règles minimales et générales qui concernent, notamment, les usages, l’implantation et la hauteur des constructions. « Le paysage constitue un élément essentiel du bien-être individuel et social et une ressource économique reconnue ; il est constitutif du patrimoine commun de la nation. » (D’après le résumé de la Convention Européenne du Paysage)

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 8 Entrées de ville Définition La commune pourra également avoir une réflexion particulière sur ses « entrées de ville ». L’entrée de ville correspond à l’urbanisation le long des voies d’accès à la commune, en périphérie du centre plus ancien. Les entrées de ville sont des territoires auxquels s’attachent certaines caractéristiques, telles que la proximité d’une route importante, ou encore, des prix fonciers bas. Ce type d’urbanisation est souvent marqué par l’installation de nombreux panneaux publicitaires, pouvant offrir un paysage chaotique, et par de grands bâtiments trop consommateurs d’espace pour être en centre-ville (entrepôts, grande surface commerciale, etc.) Le développement de ces constructions en entrées de ville pose des questions de différents ordres et notamment par rapport : • au mitage urbain avec un développement par ajouts successifs autour des espaces déjà construits et des voies express et ainsi la consommation de terres agricoles ou espaces naturels ; • à la programmation de ces bâtiments pouvant concurrencer l’attractivité du centre-urbain et mener à sa dévalorisation ; • à la qualité de l’urbanisme proposé (bâtiments consommateurs d’espaces, d’énergie et souvent monofonctionnels). Ainsi ces espaces représentent un véritable enjeu pour l’évolution qualitative des communes et pour penser la ville dans sa globalité : lien centre-périphéries, commerces, déplacements, cadre de vie. L’entrée de ville, c’est un nouveau péage à chaque sortie de SAV ? FAUX ! L’entrée de ville correspond aux constructions et installations aux abords de la ville et généralement le long des voies express. C’est l’occasion pour la commune de se créer une « carte d’identité » qui la distinguera et mettra en valeur ses particularités : paysages, fêtes locales, emblèmes, devises, patrimoine, etc. C’est aussi un espace public de rencontre avec une activité plurielle (services, commerces, équipements publics, parc, etc.) Traduction dans le PUD Le rapport de présentation peut établir un diagnostic des entrées de villes basé sur leur localisation, programmation actuelle, atouts et inconvénients, etc. Leur étude économique permet également d’en clarifier les enjeux, notamment par rapport aux autres zones d’activités de la commune, au centre-urbain et aux zones de développement économique des communes voisines La traduction de ces enjeux dans le règlement et les OAP pourra se faire par la définition fine des destinations de constructions admises : surfaces des activités à privilégier, densité en fonction de la destination, mesures pour la réalisation de bâtiments reconvertibles dans le temps, etc. L’aspect peu attrayant des entrées de ville peut également être contrecarré par des incitations à un urbanisme de qualité, notamment avec des orientations paysagères et en rendant un caractère plus urbain à ces espaces. Ainsi le PUD peut prévoir des orientations ou prescriptions relatives au maillage viaire, à l’insertion du bâti (notamment sur les hauteurs pour faire une transition avec le paysage rural ouvert), à l’aspect des constructions, notamment pour privilégier une architecture de qualité (bioclimatique, utilisation des énergies renouvelables, etc.) à l’inverse des architectures provisoires parfois observables. Les entrées de villes sont des territoires dans lesquels il s’agit de concilier des enjeux parfois contradictoires, tels que le développement économique, l’existence d’importantes voies de déplacement et la qualité de vie. Le PUD peut alors prévoir des outils en vue de rendre ces espaces plus lisibles et moins banalisés en préservant le caractère singulier de chaque commune et l’attractivité du centre-ville. Vrai Faux ?

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 9 Enfin, le travail sur les entrées de ville peut se traduire par une mise en avant des perspectives intéressantes ou du patrimoine (bâti et naturel) de la commune afin d’en forger l’identité. Cette mise en valeur peut se faire par la définition de retraits des bâtiments, d’alignements ou de préservation de cônes de vue - notamment au travers des Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP). « Laisser les stations-services et garages, les entrepôts s’installer directement en bordure de la route, c’est refuser la composition urbanistique, où la profondeur a un rôle à jouer. L’harmonie d’ensemble doit s’organiser dans la profondeur, avec des boulevards, des rues, un maillage viaire, un paysage urbain et non périurbain, car les entrées de ville sont de l’urbain à part entière. » (Extrait « Entrées de ville et reconquête des franges urbaines », février 2017) Ces leviers d’actions au niveau du PUDpeuvent alors se conjuguer avec une politique communale en matière d’aménagement des espaces publics (végétalisation, arrêts de bus, espaces piétons spacieux, etc.) de publicité installée en bord de voie et éventuellement par la création d’une charte paysagère dans le respect de la répartition des compétences sur les enseignes publicitaires. La commune peut également favoriser l’installation de panneaux indiquant l’arrivée dans la commune et les activités de loisirs possibles comme à La Foa ou à Boulouparis. Exemple Réalisation : « La lisère urbaine » Saint-Paul, La Réunion Quatre grands principes ont été suivis pour le réaménagement de cette entrée de ville : • Un site urbain dans ses usages : un projet routier avec une problématique architecturale et paysagère. L’accompagnement ne passe pas par du « paysagement » mais en réfléchissant sur la frange urbaine, avec la création de liens avec le quartier adjacent. • Rendre une grande ravine aux habitants : celle-ci avait été oubliée car l’espace était mal défini. Une promenade a été imaginée pour faire passer la route et des circulations douces en terrasse sous l’autoroute. Le projet s’axe ainsi autour de trois variantes : un ordonnancement très végétal, les usages et la gestion d’une zone inondable. • Requalifier la chaussée pour le raccordement à l’autoroute : doublage de la voie, remise en valeur du canal, modification du stationnement. • Recréer les zones humides, marqueurs forts d’identité : délaissées, en mauvais état, sous l’ouvrage aérien. Le modelage paysager n’est pas passé par des plantations mais par le creusement du sol pour favoriser la remise en eau, les zones humides se sont recréées toutes seules (4ha).

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 10 Exemple OAP dans le PLU de « La côte Saint André » Les deux principaux objectifs sont la requalification de l’entrée de ville et le renforcement de l’attractivité de la zone. Une réflexion a été menée sur l’aménagement paysager du site : de nombreuses plantations sont prévues le long des voiries existantes ou futures afin de structurer les axes de circulation. Un effort a aussi été fait pour améliorer les cheminements doux, afin de permettre plus de perméabilité au sein de la zone, et une meilleure connexion avec le reste de la ville. D’autre part, plusieurs carrefours vont être modifiés afin de réduire les vitesses de circulation et l’implantation des bâtiments a été réglementée pour constituer un front bâti. Ces changements devraient renforcer la perception de pénétration dans la ville. En parallèle, afin de promouvoir la zone d’activités, l’organisation spatiale des lots répond à la logique suivante : les plus grands sont situés en bordure de voirie, en vitrine, et les petits à l’intérieur du site. Les accès aux différents lots sont imposés, ainsi que l’emplacement des zones de stockage et de stationnement, qui doivent se faire à l’arrière des bâtiments. De plus, pour réduire les nuisances de proximité visà-vis des habitations et des cultures, il est prévu une “bande d’environ 6 mètres d’espace boisé classé sur les limites de la zone chaque fois que cette limite n’est pas constituée par un chemin ou une voie existante ou future.” En traduisant réglementairement ces principes d’aménagement, la commune se donne les moyens de concrétiser ce projet de qualité.

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 11 Revitalisation des centres urbains et ruraux Définition Au-delà du constat de la disparition des commerces ou services dans les quartiers au profit de grandes surfaces en périphérie sans alternative possible, les rédacteurs des PUD peuvent se demander comment concilier l’implantation de constructions consommatrices d’espace en périphérie et le maintien d’une vie de quartier au centre-ville ou dans d’autres quartiers. La revitalisation, c’est un nouveau rendez-vous chez le dentiste ? FAUX ! En urbanisme, la revitalisation correspond à l’étude d’un quartier (centre-ville, quartier isolé, centre rural, etc.) considéré « en perte de vitesse », c’est-à-dire qui ne se développe plus, voire perd des habitants, des activités économiques et des services. La question qui se pose alors est la suivante : Comment réinvestir ce quartier ? Quels en sont les atouts, les faiblesses et les enjeux qui en découlent ? Comment l’urbanisme peut être une réponse pertinente : rénovation des habitations, constructions de logements neufs de taille adaptée à la demande, incitation à l’installation de commerces, prévision de nouveaux équipements publics, etc. Traduction dans le PUD La revitalisation peut passer par des mesures visant des thématiques variées selon les enjeux identifiés dans le quartier. Ainsi la revitalisation d’un quartier peut se faire au travers de l’urbanisme, du commerce, en repensant les accès et les fonctionnalités. Ces mesures réglementaires seront complétées par des actions dans les domaines de la culture, la sécurité ou même la santé. Pour en savoir + Un portail national recense les projets de revitalisation selon différentes thématiques et présente les actions mises en œuvre par les communes, notamment dans leur plan d’urbanisme. https://outils.entreprises.gouv.fr/cartographie/coeurde-ville.php Un levier principal de la revitalisation au travers des documents d’urbanisme est le commerce. Dans cet objectif, le PUD peut prévoir notamment des règles ou orientations relatives à : • l’alignement des constructions pour les façades commerciales ; • la densité en fonction de la destination pour inciter l’arrivée de commerces et services ( par exemple avec une hauteur de construction supérieure si le rez-de-chaussée est occupé par ces activités) ; • l’aspect des constructions notamment en termes de publicité (par exemple dans le règlement en exigeant des auvents et avec une charte paysagère en annexe du PUD pour inciter à un cadre urbain confortable et cohérent) ; • la création d’emplacements réservés pour la réalisation de stationnements ou de zones piétonnes, l’élargissement de certaines voies ou des trottoirs ; • la gestion des stationnements réservés aux livraisons ; • la mise en place d’OAP. Ainsi les prescriptions du PUD peuvent impacter directement l’activité commerciale (incitation à l’installation avec des constructions adaptées) mais aussi l’aménagement urbain en incitant à plus de confort autour des commerces et services (élargissement des trottoirs, ombrage, terrasses, traitement de voirie et plantations, etc.). Pour en savoir + De nombreuses autres actions peuvent être mises en place par les communes pour la redynamisation commerciale. Le guide du commerce en centre-ville réalisé par le Conseil du Commerce de France est une mine d’idées et présente les projets pilotes ayant testé des initiatives innovantes. Il est en consultation libre ici : http://fr.calameo.com/read/0022869776a77a0e054d6 Vrai Faux ?

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 12 Patrimoine naturel et continuités écologiques Endémisme et écosystèmes d’intérêt patrimonial Définition La flore de Nouvelle-Calédonie est particulièrement riche puisqu’on y recense plus de 3 000 espèces pour un territoire de 19.105 km² (ratio de 0.157). À titre de comparaison, la Nouvelle-Zélande regroupe 1.460 espèces pour 256 000 km² (ratio de 0.005) alors que la Nouvelle-Guinée en compte 20 000 pour une superficie de 800 000 km² (ratio de 0.025)1. La Nouvelle-Calédonie est une des trente-quatre zones prioritaires («hotspots») pour la préservation de la biodiversité terrestre planétaire. Un «point chaud» (ou «hot spot») est une région dont la richesse en espèces endémiques (espèces ayant une répartition géographique limitée à une zone) est exceptionnelle, mais menacée. La biodiversité calédonienne est de surcroît remarquable par la présence de nombreuses espèces « primitives », témoins rescapés de temps préhistoriques. La composante environnementale du développement durable est particulièrement importante en NouvelleCalédonie. La préservation de l’environnement naturel dans les PUD doit prendre en compte les spécificités du territoire, comme ses espèces endémiques ou sensibles (la forêt sèche ou la mangrove par exemple) ou les paysages et perspectives sur la chaîne ou le lagon. Les principaux milieux naturels terrestres présents en Nouvelle-Calédonie2 : • La forêt dense humide dite « sempervirente » ou « toujours verte » car la majeure partie des arbres des étages supérieurs ne perdent pas leurs feuilles pendant la saison sèche. Ces forêts, avec plus de 80 % d’espèces endémiques, abritent une multitude d’animaux (oiseaux, insectes, reptiles, etc.) uniques au monde. • Le maquis minier désigne l’ensemble des formations végétales plus ou moins arborescentes n’appartenant pas à la forêt et situées sur les sols riches en métaux (péridotites et serpentinites). Les différents maquis se développent dans des conditions climatiques très variables (du bord de mer aux plus hauts sommets) et ils rassemblent une grande variété d’aspects, de formes et de couleurs. Près de 90 % des espèces végétales qui s’y trouvent sont endémiques, ce qui fait de ces maquis des écosystèmes parmi les plus originaux de la planète. • La forêt sèche, un des écosystèmes les plus menacé de la planète. Localisée près du littoral de la côte Ouest, cette formation est une forme de transition entre la forêt humide et la mangrove et est parfaitement adaptée à la sècheresse. Elle n’occupe plus aujourd’hui qu’1 % (soit 45 km²) de sa superficie initiale en Nouvelle-Calédonie, pourtant la forêt sèche renferme encore 252 espèces endémiques et abrite une faune diversifiée. Cependant, la faible capacité de dissémination naturelle et l’extrême fragmentation des sites menacent la survie des espèces. Les « lambeaux » de forêts sèches subsistant sont menacés par l’activité humaine et par les espèces introduites, souvent envahissantes. • La mangrove est un milieu fondamental pour les environnements côtiers tropicaux. Elle rend de nombreux services. Elle fertilise les eaux côtières du lagon par la production et la transformation de la matière organique issue de son abondant feuillage. Elle forme un bouclier entre la terre et la mer grâce à son réseau de racines aériennes et sous-terraines très dense qui constitue un rempart contre l’action érosive des vagues et la puissance du vent. La mangrove protège les côtes de l’érosion marine et filtre les eaux des rivières, diminuant ainsi l’impact de l’érosion et des pollutions terrestres sur le milieu marin. Véritable lieu où la vie foisonne, tout à la fois station d’épuration, refuge, nurserie de poissons et pépinière pour de nombreuses espèces, elle est indispensable au maintien de l’équilibre entre mer et terre. • La savane à Niaouli, composée d’arbres et arbustes disséminés dans une strate herbacée importante, c’est le paysage typique de la côte Ouest. Cet écosystème, pauvre en biodiversité, résulte de la disparition des végétations d’origine sous les pressions humaines (défrichage, élevage, feux).

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 13 © Province Sud - Martial Dosdane Traduction dans le PUD Cet héritage naturel exceptionnel, impose un devoir important de gestion et de préservation de l’environnement en Nouvelle-Calédonie. Le PUD peut y participer par plusieurs biais : • Identification des écosystèmes d’intérêt patrimonial et milieux sensibles dans le rapport de présentation ; • Basé sur ces constats, le règlement du PUD peut identifier dans son zonage des zones naturelles protégées, avec des règles d’inconstructibilité encore plus strictes que les autres zones naturelles de la commune. Des « zones tampons » jouxtant ces zones naturelles particulièrement sensibles peuvent aussi être prévues pour assurer leur préservation par rapport aux constructions voisines. • Enfin, le règlement peut identifier précisément les éléments remarquables (arbres, sites et secteurs) à protéger ou mettre en valeur pour des motifs d’ordre environnemental conformément à l’article Lp. 112-11 du CUNC. Ainsi le règlement peut identifier précisément des arbres remarquables, même isolés, qui devront être conservés lors de travaux ou constructions. De même, des perspectives paysagères peuvent être indiquées dans le règlement pour leur protection stricte.

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 14 Le recensement de ces éléments remarquables peutêtre une occasion de faire participer l’ensemble de la population. C’est par exemple le cas à La Réunion pour l’identification des arbres remarquables avec la possibilité de participer à un inventaire en ligne : http://www.culture.gouv.fr/Media/Regions/DacOcean-Indien/Files/Presentation-Inventaire-arbresremarquables-CAUE-Reunion « L’inventaire s’intéresse à tous les arbres et palmiers, qu’ils soient en ville, dans la nature ou dans un espace agricole. Il n‘est pas évident de définir le caractère remarquable. Tout dépend du sujet, du contexte, de l’observateur. Au-delà des qualités incontestables qui rendent certains arbres exceptionnels comme la longévité, les dimensions, une foule de critères peut entrer en compte. Un arbre peut par exemple être remarquable du fait : • de son caractère morphologique particulier • de sa rareté • de sa situation • de son histoire • des anecdotes qu’il abrite • des croyances et des cultes dont il est le support • de son importance dans la vie de quartier • qu’il sera remarquable demain » Les inscriptions d’arbres sont examinées par une commission. Puis l’inventaire permet une cartographie des arbres, leur protection et leur suivi, tout en sensibilisant la population à cette thématique.

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 15 Biodiversité, continuités écologiques et nature en ville Définition Biodiversité Comment intégrer la biodiversité dans les projets d’aménagement et la gestion urbaine ? Intégrer signifie non seulement préserver cette biodiversité, mais aussi la soutenir, voire la développer. « Les menaces sont nombreuses : étalement urbain, consommation de foncier, appauvrissement des espaces, ruptures des corridors écologiques… Il est temps désormais de prendre en compte cette dimension biologique dans l’aménagement de la ville, de considérer que les espaces aménagés constituent des habitats pour la biodiversité. »3 Continuités écologiques Les possibilités de circulation des espèces entre leurs habitats constituent également un élément décisif de l’apport d’un territoire à la biodiversité. Cette circulation, permise par la variété des corridors écologiques existants, dépend de la qualité des paysages, donc des aménagements, plus exactement de leur perméabilité liée principalement à leur structuration. Cet enjeu des continuités écologiques est particulièrement présent dans les zones urbaines dont les infrastructures (voiries notamment) sont souvent des éléments de coupure pour la circulation des espèces animales et végétales. Nature en ville Au-delà des bénéfices pour l’environnement, la nature en ville améliore également la qualité de vie des habitants. En effet, la nature intégrée dans la ville est un moyen pour les communes de constituer une ambiance urbaine particulière tout en conservant un attachement à la terre. Que ce soit au travers de jardins partagés, de l’agriculture urbaine ou de plantations en accompagnement des voiries, tous ces aménagements participent à l’identité de la ville. Par ailleurs, les effets de la nature en ville sur la réduction des effets des îlots de chaleurs urbains ne sont plus à démontrer. Ainsi la végétalisation de la ville constitue un levier efficace pour apporter un confort urbain supplémentaire. Ce confort conditionne d’ailleurs d’autres enjeux du développement durable, tels que les déplacements à pied, la gestion des nuisances ou le dynamisme économique de certains espaces. Urgent ! Il est nécessaire de prendre conscience de l’urgence à travailler avec et non contre la biodiversité : le rythme actuel de disparition des espèces est de 100 à 1000 fois supérieur au rythme naturel. Pourtant, on estime que les services gratuits fournis par la nature représentent deux fois le PIB mondial. La biodiversité c’est manger bio et varié ? FAUX ! La biodiversité est un terme qui désigne la diversité du monde vivant à tous les niveaux : diversité des milieux (écosystèmes), diversité des espèces, diversité génétique au sein d’une même espèce. Plusieurs leviers sont donc possibles pour la favoriser : sur les espèces vivantes directement ou sur leur milieu naturel. Vrai Faux ?

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 16 Les « îlots de chaleur urbains » c’est le nouveau nom des îlots du lagon Sud en été ? FAUX ! C’est la différence de température observée entre les milieux urbains et les zones rurales environnantes. Cet écart peut atteindre jusqu’à 12 °C de plus en centre urbain que dans les régions limitrophes ! Quelles en sont les causes ? En plus du climat local (température, humidité relative et le vent), plusieurs causes de source anthropique favorisent l’émergence et l’intensification des îlots de chaleur urbains. Ces causes sont la diminution des espaces végétalisés, l’imperméabilisation du sol, les propriétés thermiques des matériaux, les activités humaines (industries, transports, climatisations) et la morphologie urbaine (lorsqu’elle est défavorable aux ombrages et ventilations). Quelles en sont les conséquences ? Les conséquences des îlots de chaleur portent atteinte à la santé publique et à l’environnement. • Stress thermique, sensation d’inconfort, malaises, syncopes, coups de chaleur… en particulier chez les personnes vulnérables • Aggravation des maladies chroniques préexistantes comme le diabète, l’insuffisance respiratoire, les maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires, neurologiques ou rénales • Hausse de la mortalité lors de canicules • Diminution de la qualité de l’air extérieur et formation de smog • Diminution de la qualité de l’air intérieur (multiplication des acariens, moisissures et bactéries, et libération de substances toxiques) • Hausse de la demande en énergie liée à la climatisation et donc des émissions de gaz à effet de serre ADEME « Adaptation au changement climatique : 12 fiches pour agir dans les collectivités locales », Mai 2012 Plus de 10°C d’écart mesuré entre une surface en béton ou l’herbe juste à côté. Vrai Faux ?

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 17 Exemple 3 principes d’urbanisme durable luttant contre les îlots de chaleur urbains 1 RÉDUCTION DES SURFACES MINÉRALISÉES ET RETOUR DU VÉGÉTAL Réduire le recours à l’asphalte et au béton est un élément déterminant de lutte contre les îlots de chaleur urbains. Pour cela, des solutions techniques existent : • Stationnements végétalisés • Toitures et murs végétalisés • Végétalisation des pourtours de bâtiment et accotements • Intégration d’espaces verts dans les projets d’aménagement 2 DÉS-IMPERMÉABILISATION DE LA VILLE ET RETOUR DE L’EAU Le retour de l’eau dans nos sols et autres surfaces de stockage permet de rafraîchir l’air. C’est également une opportunité pour la restauration de la biodiversité et une offre créative pour la conception paysagère. Aujourd’hui, il est possible de créer des espaces perméables carrossables afin de réconcilier usages et environnement. On peut également avoir recours à la création de plans d’eau et de fontaines. 3 RÉDUIRE L’ÉMISSION DE CHALEUR ANTHROPIQUE La chaleur produite par l’activité humaine peut être réduite. On peut agir par exemple sur la mobilité : privilégier les transports en commun verts, limiter la circulation des voitures individuelles dans le centre-ville. L’architecture des bâtiments a aussi son rôle à jouer : le choix des matériaux, des couleurs, l’efficacité énergétique, leur végétalisation etc. autant de moyens permettant de réduire les besoins en climatisation. L’application de ces principes permet de passer d’un « îlot de chaleur » à un « îlot de fraîcheur » Îlot de chaleur Îlot de fraîcheur

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 18 La nature en ville se traduit par tous les espaces végétalisés qu’ils soient publics ou privés. Les espaces privés végétalisés sont tous les jardins et espaces libres dans les constructions privées. En ce qui concerne l’espace public, celui-ci correspond à de multiples usages et peut être considéré comme l’espace des déplacements quotidiens, le lieu de la vie collective, les espaces de promenade, les espaces structurants ou encore les espaces de proximité. Ces espaces végétalisés comprennent souvent des zones humides ou plan d’eau aux qualités rafraîchissantes, paysagères ou de gestion des eaux pluviales. Ainsi le végétal peut être intégré à la ville en accompagnement de la voirie, du stationnement, des modes de déplacements doux (piéton, vélo, etc.), dans les parcs et squares ou encore directement sur les bâtiments. Le saviez-vous ? Grâce à l’évapotranspiration, un arbre mature peut perdre jusqu’à 450 litres d’eau par jour et engendrer un rafraîchissement équivalent à cinq climatiseurs individuels fonctionnant pendant vingt heures. Extrait Nature Québec, « Fiche 1 : Des îlots de chaleur aux îlots de fraîcheur », juin 2013

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 19 Exemple En accompagnement de la voirie et des modes doux en centre urbain dense Zones piétonnes ou semi-piétonnes arborées, intégration de noues paysagères ou de systèmes de gestion de l’eau pluviale, composition paysagère pour le confort urbain avec un espace esthétique, ombragé et permettant de réduire la chaleur, etc. Adrian Smith + Gordon Gill Architecture Source : The Australian Institute of Landscape Architects (AILA) En accompagnement de la voirie et des modes doux en zone péri-urbaine Trottoirs semi-imperméables pour la gestion des eaux pluviales, alignements arborés, espaces plantés en bordure entre espace public et privé pouvant mener à de petits espaces d’agriculture urbaine, etc.

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 20 En accompagnement du stationnement Espaces de stationnements arborés, semi-perméables et incluant des systèmes de récupération et filtration des eaux pluviales. Comme espace structurant (1, 2, 3) ou de proximité (4, 5, 6) Un espace structuré et structurant fournit des limites claires à l’espace public, des cheminements lisibles et des espaces de rencontre agréables. Les espaces de proximités offrent le confort du végétal dans l’utilisation de l’espace public à une échelle très locale. Cyril Pouvesle, Cerema Territoires et ville « L’intégration des végétaux dans l’espace public » présentation du 24 septembre 2016 Exemple

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 21 Dans la conception des constructions Une autre façon d’intégrer de la nature en ville est de travailler directement sur la végétalisation des bâtiments. En agissant sur les façades et les murs, ces techniques apportent des avantages au bâtiment lui-même et à ses usagers, mais contribuent également au niveau du quartier, et de la ville en général, à apporter des réponses aux enjeux de développement durable. La faisabilité de tels projets est à étudier tout particulièrement en Nouvelle-Calédonie avec l’utilisation de plantes résistantes à la chaleur et à la sècheresse, de plantes endémiques et de systèmes d’irrigation efficaces, de plus les espaces de toiture végétalisées peuvent être pensés comme de véritables lieux de vie qui peuvent alors être plus facilement entretenus. Exemple

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 22 Pour en savoir + Cinq bonnes raisons de végétaliser les bâtiments4 1. Améliorer le confort d’été, c’est à dire réduire la température des logements, sans dépense d’énergie liée à la climatisation. Les toitures végétalisées permettent en effet une réduction des variations de température de 40 %. Quant aux murs, il a été démontré que les températures maximales atteintes par un «mur vert,» qui peut être constitué d’une simple végétalisation grimpante sur support, s’élèvent à 30°C contre 60°C pour un mur classique. 2. Réguler les écoulements d’eau : à la manière d’une éponge, le toit végétalisé accumule l’eau, qui sera ensuite utilisée en partie par les plantes. Par leur capacité de rétention, d’évaporation et de relargage différé des eaux de pluie, les toits «verts», contribuent à lutter contre les effets de l’imperméabilisation des sols. Ainsi, dans une année, un toit végétal peut absorber jusqu’à 50 % de la quantité d’eau tombant sur les toits, permettant une réduction des coûts de traitement des eaux allant de 5 à 10 % et une diminution de la pointe inondation, évitant la surcharge des réseaux. 3. Diminuer la chaleur des villes (ou l’atténuation des îlots de chaleur urbains) : le réchauffement excessif des toitures, du béton, de l’asphalte, tout cela concourt à augmenter la température dans les villes. Avec des toits ou des murs végétalisés, on «refroidit» l’atmosphère. Selon le ministère canadien de l’environnement, la présence sur 6 % des toits canadiens de toitures «vertes» abaisserait la température urbaine d’environ 1,5°C, soit une économie de 5 % des coûts de climatisation. La végétalisation de la ville est en outre l’une des rares solutions envisageables pour limiter ce phénomène. 4.Améliorer la qualité de l’air : outre l’évapotranspiration, qui en humidifiant l’air, permet la régulation thermique, les plantes fixent les poussières et les pollens en suspension dans l’air, réduisant ainsi les pollutions en ville. 5.Augmenter la biodiversité et les superficies d’espaces verts : la nature s’installe encore plus en ville et la rend plus agréable, elle participe à l’équilibre physique et psychique des habitants. Pourquoi végétaliser les villes ? • Parce que le végétal dans la ville est une demande extrêmement fréquente des habitants car il s’agit d’un élément de confort urbain considérable. • Parce que l’attachement à la terre est particulièrement important en Nouvelle-Calédonie. Le développement urbain peut être ainsi pensé en considération de cette particularité locale en prévoyant par exemple des développements de zones partagées ou d’agriculture urbaine spécifiques. • Parce que le végétal rend des services dits « écosystémiques » en particulier pour le confort climatique et la gestion des eaux qui sont des enjeux considérables pour les villes calédoniennes. Services culturels Services de support Service de production Service de régulation • Du climat global et local • De la qualité de l’air • De l’érosion • Des eaux • etc. • Alimentation • Eau • Ressources pharmaceutiques • etc. • Cycle de l’eau • Formation des sols • Conservation de la biodiversité • etc. • Valeurs spirituelles et religieuses • Valeurs esthétiques • Récréation et écotourisme • etc. Les services écosystémiques5

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 23 Traduction dans le PUD En plus des mesures prises par la municipalité pour favoriser la biodiversité et la nature en ville dans l’aménagement des espaces publics, la commune peut mettre en place plusieurs mesures contraignantes ou incitatives dans son PUD. Diagnostic De la même façon que pour la préservation des milieux sensibles et espèces endémique, un diagnostic des espaces de biodiversité est à établir dans le rapport de présentation. Ce diagnostic, établi au regard des espaces existants et de leur évolution passée, permet également d’identifier les corridors écologiques structurants, à conforter ou manquants. Pour une vision complète, le diagnostic du territoire prend en compte plusieurs échelles d’analyse, du corridor écologique inter-communal au jardin privatif. Trame Verte et Bleue Cet état des lieux peut alors permettre de déterminer la structuration d’une « trame verte et bleue » pour la commune. Une « trame » est constituée de noyaux d’habitat et de corridors. Les noyaux d’habitat sont les grandes zones naturelles, accueillant de nombreuses espèces ou des zones plus petites mais jouant aussi un rôle dans la conservation de la biodiversité. Selon leur surface, leur âge et leur composition, ces noyaux secondaires peuvent être des sources d’espèces remarquables (par exemple petite zone de forêt sèche). Le deuxième élément de la trame correspond aux corridors biologiques connectant les noyaux d’habitat et permettant le déplacement des animaux et des plantes. Plus ces corridors sont larges et continus, plus ils sont connus pour être efficaces pour un maximum d’espèces. Cependant, certaines espèces supportent des interruptions dans les corridors, soient qu’elles peuvent cheminer sur quelque distance dans une matrice qui n’est pas trop hostile et sans barrière importante, soient qu’elles volent par-dessus.6 Concrètement cette trame peut être traduite par des Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) qui préconisent la perméabilité entre les constructions entre deux noyaux d’habitat. D’une façon plus restrictive, le règlement peut prévoir des emplacements réservés ou des zones naturelles inconstructibles dans son zonage.

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DU PLAN D’URBANISME DIRECTEUR EN PROVINCE SUD P. 24 Emplacements réservés aux espaces verts Conformément à l’article Lp. 112-12, « le règlement peut délimiter des emplacements réservés […] aux espaces verts ». Ainsi les emplacements réservés peuvent être destinés à recevoir des espaces verts qui pourraient être à élargir, à créer ou nécessaires aux continuités écologiques. Il peut s’agir notamment d’un parc, de noues paysagères, d’un bassin vert pour le stockage des eaux pluviales, de jardins partagés, ou de tout autre agrandissement de voirie pour l’insertion d’espaces verts. Incitation à la nature en ville D’autres mesures du PUD peuvent encore inciter à plus de nature en ville, notamment pour lutter contre les îlots de chaleurs urbains et pour offrir plus de confort. D’une part les OAP peuvent indiquer les aménagements naturels préconisés, notamment les espaces verts en accompagnement des voiries et stationnements. D’autre part le règlement peut inciter à des espaces verts plus variés et plus nombreux grâce au calcul des espaces libres des constructions ou au calcul de l’emprise au sol des bâtiments. Cesmesurespermettentdelimiter l’imperméabilisation des sols. De plus, ces deux calculs peuvent utiliser une pondération particulière pour la prise en compte des espaces libres en pleine terre, en semipleine terre et en toiture végétalisée. Par exemple la superficie des espaces libres demandée peut être élevée et permettre d’intégrer dans ces espaces : les toitures végétalisées pour le quart de leur surface si l’épaisseur de végétalisation est supérieure à une épaisseur définie et les espaces en semi-pleine terre pour la moitié de leur surface si l’épaisseur de végétalisation est supérieure à une épaisseur définie. Cela permet d’inciter à la végétalisation des bâtiments et notamment des stationnements en sous-sol ou réalisés dans la pente. Un autre exemple revient à soustraire de l’emprise au sol, certaines parties de constructions remplissant des conditions de végétalisation prédéterminées. Enfin, au travers du calcul de hauteur des constructions et de l’aspect des constructions, le règlement peut favoriser les toits plats ou monopente pour permettre la végétalisation et l’installation d’éléments techniques pour une gestion plus durable de l’énergie (panneaux solaires, eau chaude, etc.). Lutte contre les îlots de chaleurs urbains Outre les mesures déjà énoncées de réintégration du végétal en ville, le PUD peut entreprendre d’autres actions plus directement liées à la lutte contre les îlots de chaleur urbains. Le diagnostic peut identifier des zones d’actions prioritaires dans lesquelles les règles et orientations en matière de préservation des espaces verts seront plus strictes. Des zones agricoles péri-urbaine, même restreintes peuvent aussi être privilégiées en tant que zone de fraîcheur. Certaines OAP peuvent renforcer la présence de l’eau en ville (cours d’eau, fontaines, gestion alternative des eaux pluviales) et les zones humides en les intégrant au schéma de développement d’un quartier dans un but de fraîcheur, de gestion des eaux pluviales et de qualité d’usage. Concernant les formes urbaines, les OAP peuvent prévoir l’orientation des rues permettant une ventilation naturelle, des maillages en modes doux et une juste répartition des espaces de fraicheur (parc, trame bleue, plans d’eaux, etc.) Enfin des prescriptions et orientations sur la nature des matériaux de constructions et aménagement à privilégiés permettraient de limiter l’absorption et restitution de la chaleur en évitant l’utilisation d’asphalte, béton, pierres, etc.

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