En balade au fil des eaux Un véritable voyage aux origines de la vie, à la découverte des zones humides du Grand Sud calédonien
3 En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Les sites 28 Préambule 04 Lecture du paysage 06 Préface Sommaire Le Lac de Yaté, une centralité 42 Le Lac de Yaté et alentours La Rivière Yaté La Plaine des Lacs 46 Un contexte très spécifique 48 Les aires protégées 50 La Madeleine, Netcha, Les Bois du Sud Les Lacs 56 Le Grand Lac - Le Lac en Huit Le Lac en Y - Le Lac en Long Le Lac de Jade - Le Lac Xere Wapo Le Lac du Col Les autres sites 63 La Laverie La Capture - Le Déversoir - Le Trou des Cobaleurs Le Pont des Japonais - La Piste du Toboggan Le Creek Pernod - La Cascade Camille La Cascade Wadiana - Prony Le Parc Provincial de la Rivière Bleue 30 La Rivière Bleue La Rivière Blanche La Rivière du Mois de Mai À la confluence Les zones humides 04 Qu’est-ce qu’une zone humide ? Le label international Ramsar Valeurs, fonctions, rôles et enjeux Façonné par le temps 08 Le socle géologique L’eau, fondatrice des paysages Façonné par l’humain 14 L’exploitation forestière L’exploitation minière L’exploitation de l’eau Des paysages typiques 17 Les typologies de zones humides Une flore unique au monde Une faune discrète Le patrimoine naturel et les paysages des zones humides des lacs du Grand Sud sont gérés à travers un vaste réseau d’aires protégées et valorisés par leur classement au titre de la convention internationale sur les zones humides dite Ramsar. Ces paysages et cette biodiversité méritent d’être préservés pour les générations futures. C’est d’ailleurs la vision que s’est donnée le Pôle-relais zones humides tropicales, une initiative nationale animée depuis la Guadeloupe par le Comité français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) : « des zones humides préservées pour les générations futures dans les territoires tropicaux français ». La province Sud, à travers sa démarche de labellisation des plus importantes zones humides de son territoire, contribue à cette vision grâce à la mise en place d’aménagements destinés à les rendre accessibles aux visiteurs, sensibilisant ainsi le public à leur importance socio-écologique et à la nécessité de les préserver. Car mieux les connaître, c’est aussi les respecter davantage. C’est l’invitation que la province Sud a souhaité lancer à tous les lecteurs de ce guide, qu’ils soient habitants locaux, décideurs, gérants d’entreprises ou tout simplement curieux de ces milieux en Nouvelle-Calédonie ou ailleurs. Le Pôle-relais zones humides tropicales est heureux de se joindre à cette invitation, qui vous propose de conjuguer le plaisir de la balade à celui de la découverte de cet environnement exceptionnellement riche de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, au fil des eaux, au fil du temps. Le Pôle-relais zones humides tropicales de l’UICN - Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Niaoulis, Parc Provincial de la Rivière Bleue
44 000 ha Une eau qui dort mais qui travaille 4 5 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Qu’est-ce qu’une zone humide ? Fonctions, valeurs, rôles et enjeux des zones humides Les zones humides Préambule _ Un enjeu vital pour les populations La région des Lacs du Grand Sud constitue une grande ressource d’eau douce pour la Nouvelle-Calédonie, une biodiversité et un patrimoine paysager et culturel uniques. Les zones humides diminuent également les risques naturels liés aux crues et procurent des îlots de fraîcheur. Fonctions biologiques Elles favorisent la diversification des habitats aussi bien pour la flore que pour la faune (zone d’alimentation, de refuge et de reproduction). La fluctuation de l’eau devient le gage d’une présence remarquable, parfois unique dont l’existence dépend de ces milieux. Fonctions sociales « Vitrines socio-culturelles », elles peuvent renforcer l’identité et l’attractivité des territoires : amélioration des paysages et du cadre de vie, apport de témoignages culturels ou d’activités passées, constitution de zones de détente (baignade, randonnées pédestres, VTT, canoé), de chasse et de pêche, de pharmacopée traditionnelle, de lieux d’éducation à la nature où le grand public peut venir observer une biodiversité spécifique. Fonctions hydrauliques Elles se comportent comme des éponges naturelles, capables de stocker puis de restituer l’eau, jouant ainsi un rôle de régulateur naturel (soutien étiage*). Lors d’épisodes pluvieux, elles : • stockent et régulent les volumes des eaux et des écoulements, • atténuent et étalent les pics des crues, • limitent le ruissellement, • protègent les sols contre l’érosion. En saison sèche, elles : • favorisent l’infiltration de l’eau, • réalimentent les cours d’eau et les nappes souterraines, • assurent un certain volume d’eau lors des épisodes de sécheresse. Fonctions épuratoires Elles améliorent la qualité de l’eau en participant à la rétention et à la filtration de nombreuses substances et permettent ainsi leur épuration naturelle. Fonctions climatiques Elles agissent comme des « thermorégulateurs naturels » contribuant à la régulation climatique, notamment en captant de grandes quantités de carbone, encore plus que les forêts. « Les zones humides sont des étendues demarais, de fagnes, de tourbières oud’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eauest stagnanteou courante, douce, saumâtreou salée, y compris des étendues d’eaumarinedont la profondeur àmaréebassen’excèdepas sixmètres ». Définition de la convention Ramsar de 1971 Parc Provincial de la Rivière Bleue Lac de Yaté Plaine des Lacs Le Label international Ramsar LesLacsduGrandSud,unsited’importanceinternationale Une étude préliminaire du Muséum national d’Histoire naturelle menée en 1998 sur l’ensemble du territoire a identifié la région des Lacs du Grand Sud comme la zone humide la plus vaste de Nouvelle-Calédonie et la plus originale par sa richesse écologique, avec 90 % des formations végétales endémiques. À l’instar du lagon inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité, ce site terrestre constitue un patrimoine naturel exceptionnel et unique au monde, reconnu à l’échelle internationale par son classement au titre de la convention Ramsar au même titre que de célèbres zones humides comme la baie du Mont Saint-Michel, le lac Titicaca, le lagon Moorea ou la lagune de Venise. Ramsar Date d’inscription : 2 février 2014 Coordonnées : 22°09’S 166°46’E Surface du site classé des Lacs du Grand Sud : 43 970 ha Ces zones humides souffrent souvent injustement d’une mauvaise image, d’insalubrité ou de nid à moustiques. Or, ces milieux où l’eau est le facteur dominant de la vie constituent de véritables réservoirs de biodiversité : un asile fabuleux, une arche de Noé pour la flore et la faune mais également pour nous, les humains. Protéger l’eau, source de vie La région des Lacs du Grand Sud représente le plus grand réservoir d’eau douce de Nouvelle-Calédonie. Reliées à un vaste réseau de creeks et de nappes souterraines, les différentes zones humides de la région (lacs, marais, forêts humides) participent à la régulation du débit des cours d’eau protégeant ainsi des inondations, de la sécheresse et de l’érosion. Les incendies, les activités minières, les exploitations forestières constituent des facteurs de perturbations de cette ressource en eau et de la biodiversité. Le classement du site à la convention Ramsar confère à la province Sudune responsabilitédans lapréventionde ces différentesmenaces. Il implique également que les aménagements et les activités qui s’y déroulent s’inscrivent dansunedémarchededéveloppementdurable consistant à limiter et mieuxmaîtriser les pressions sur ce territoire. 1 1 1 1 Récréatif & pédagogique Filtre naturel Éponge Réservoir de biodiversité *Étiage : Baisse périodique des eaux (d’un cours d’eau) ; le plus bas niveau des eaux.
6 7 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I L’eau, son or bleu Une multitude de nuances Des paysages changeants au gré du temps, au fil de la balade. Vous avez dit bleu ? Rivière, creek, lac, cascade, marais... Transparente, laiteuse, obscure... Bleue, verte, blanche, grise... Site des Lacs du Grand Sud : (re)découvrez ses paysages uniques Une palette de couleurs remarquable Une terre rouge chargée en fer ...ponctuée de couleurs éclatantes Sa flore : des nuances du vert au gris... Lecture du paysage Chutes de l’Oasis Cuirasse* brisée Cascade jaillissante L’eau chef d’orchestre Un paysage contrasté issu d’un mariage hydrogéologique Sur le sentier, se dévoilant entre des Gymnostoma clairsemés, l’émergence d’un plateau rougeoyant ou noir d’éclat métallique ; une cuirasse d’éléments ferreux cimentés formant une croûte indurée : la carapace des terrains miniers tranchant avec le vert tendre de la flore. Ici, le cours de la Rivière du Carénage s’interrompt brutalement : ce dénivelé laisse entrevoir le travail de l’eau, qui altère la roche au fil du temps pour remodeler de nouveaux micro-paysages comme cette cascade, havre de bien-être. Lieu-dit l’Oasis GR®NC1, étape 1 de Prony > refuge des Néocallitropsis. Ici, un témoin de l’érosion : le façonnage de l’eau a créé un effondrement du plateau et a fait naître cette cascade. *Cuirasse : carapace des terrains miniers dont l’épaisseur varie de 1 à 3 m « Le paysage est l'expression observable par les sens à la surface de la Terre de la combinaison entre la nature, les techniques et la culture des hommes. Il est essentiellement changeant et ne peut être appréhendé que dans sa dynamique, c'est-à-dire dans le cadre de l'Histoire qui lui restitue sa quatrième dimension. » Jean Robert Pitte C’est quoi le paysage ?
Circulation de l’eau 8 9 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I L’eau, fondatrice des paysages Façonné par le temps Façonné par l’eau Le socle géologique La grenaille et la cuirasse résultent de l’accumulation de fer en haut du profil. Le fer, peu soluble, n’est pas lessivé par l’eau et s’accumule dans les premiers centimètres du profil. - Perméabilité - Infiltration rapide - Strate tampon à écoulement temporaire avec formations de nappes superficielles en cas de pluie - La roche altérée facilite la circulation de l’eau - Forte capacité de stockage qui régule les débits et limite les crues - Alimentation de sources de versants et drainage profond des massifs - Strate conductrice - Forte porosité - Faible perméabilité - Strate capacitive Horizon composé de gravillons, provenant du démantèlement de la cuirasse. De la roche au sol, d’où vient cette couleur typique ? La couleur rouge des sols du Grand Sud est due à la présence de fer oxydé : de la rouille en quelque sorte. Sous notre climat tropical humide (température élevée et pluie importante), la roche-mère (péridotite) s’altère et conduit à la formation de ces sols dits latéritiques ou ferralitiques surmontés d’une cuirasse. Aussi dénommés terre rouge, pauvres en nutriments (naturellement déficients en azote, phosphore, potassium, calcium), mais riches en métaux lourds (nickel, chrome et cobalt) potentiellementtoxiquespour lesplantes,cessols sont à l’origine d’une sélection environnementale drastique qui a pour conséquence un fort taux d’endémisme. La flore et les habitats qui s’y développent, issus d’une longue évolution constituent des écosystèmes parmi les plus originaux de la planète, comportant des espèces très rares, voire menacées. Les latérites sont les produits d’une altération plus avancée. On distingue les jaunes, exploitée par l’industrie minière et les rouges. Elles constituent la première phase de l’altération. Elles conservent la structure de la roche mère mais sont très friables. L’industrie minière les exploite, ce niveau est encore plus riche en nickel que la latérite. Roches issues du manteau terrestre, dites ultrabasiques (de couleur vertbleu, riches en fer, magnésium, nickel, cobalt, chrome et manganèse et pauvre en silice). Profil schématique montrant la succession d’horizons ou produits d’altération des péridodites (Illustration réalisée d’après les schémas de Jeanpert 2017) Profil schématique montrant les principes du fonctionnement hydrogéologique La cuirasse Aquitard semi-perméable La grenaille Aquifère supérieur superficiel 3 m 15 m 25 m 30 m 40 m Les latérites rouges Latérites Saprolites & péridotites fracturées Cuirasse Aquifère profond fracturé à karstifié jaunes Les saprolites Les péridodites Les péridotites Essentiellement constituées par un minéral vert -l’olivine-, la couleur des péridodites n’est pas toujours facilement perceptible pour deux raisons principales : • Le vert des péridotites est extrêmement foncé, quasiment noir. • Lorsque cette roche s’altère, elle prend une patine et la couleur de cette patine est orange. La présence de ces roches du manteau, en surface témoigne d’un phénomène géologique appelé obduction*. Alors qu’elles sont rarement observées dans le reste du monde, elles couvrent plus du tiers de la surface de la Grande Terre (Avias, 1967). Les paysages du Grand Sud offrent des contrastes saisissants nés de l’histoire géologique qui influent directement sur les caractéristiques des sols et la biodiversité locale. Sculptant les reliefs, formant le profil géologique du sous-sol, contraignant les déplacements et l’implantation humaine, l’eau se révèleunecomposantenaturelleconstitutivedupaysageduGrandSud. Un réseau hydrographique de surface Vu du ciel, le Grand Sud présente un réseau hydrographique dense, ponctué de multiples plans d’eau, lacs et marais, une véritable mosaïque de taches argentées ou bleu-vert où certains cours d’eau semblent se faufiler, se perdre, se diluer et ressurgir. Ces disparitions révèlent en fait un fonctionnement hydrogéologique très complexe invisible à la surface. Un exemple unique à l’échelle mondiale L’altération des péridotites a conduit au développement de véritables modelés de type karstiques* où l’eau s’in ltre principalement dans le sous-sol, au lieu de couler en surface, creusant ainsi de nombreux chemins ou cavités souterrains. La région des Grands Lacs repose donc sur un système souterrain original comparable à celui qui modèle les régions calcaires mais ici le calcaire est remplacé par la péridotite, qui ne se dissout pas totalement et son manteau d’altération latéritique. Il est nommé « pseudo-karst péridotitique ». Les paysages karstiques sont caractérisés par l’existence de : • sources et résurgences, • pertes ou vallée sèche (ouvertures par lesquelles un cours d’eau devient souterrain après un trajet à l’air libre), • dolines, pouvant être définies comme des « dépressions fermées plus ou moins circulaires pouvant faire quelques mètres à plus d’un kilomètre de diamètre et quelques mètres à plusieurs centaines de mètres de profondeur » 1. Un système fragile encore mal connu Les dolines semblent connecter les réseaux d’eau de surface et d’eau souterraine. Ce phénomène rend donc l’aquifère particulièrement vulnérable aux pollutions. La circulation souterraine de l’eau peut être rapide, et son trajet mal identifié sans qu’il corresponde aux bassins versants de surface, augmente encore la fragilité de ce système. *Système karstique : région de formation calcaire caractérisée par la prépondérance du drainage souterrain et par le développement d’une topographie originale due à la dissolution de la roche sous l’action de l’eau (grottes, gouffres, résurgences, etc.) 1 Diagnose des dolines de Nouvelle-Calédonie du CNRT, 2018. *Obduction : géol. Chevauchement d’une plaque océanique sur une plaque continentale.
Réseau hydrographique Périmètre Ramsar Lacs Fluctuations du Lac de Yaté 10 11 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Rive sinueuse Explorée en famille Surprenant maquis Un paysage de rive Les rivières et creeks étant soumis aux courants, et leurs rives, à des périodes de submersion, les berges présentent des plantes spécifiques, aux silhouettes tortueuses solidement ancrées mais à la souplesse d’acier. Tantôt encaissées, tantôt distendues, ces rivières dessinent des paysages variés et offrent demultiples espaces récréatifs. Le Grand Sud, une abondante réserve d’eau pour la Grande Terre La région des Lacs du Grand Sud est la seule en Nouvelle-Calédonie où le réseau hydrographique est méandriforme et où de nombreux plans d’eau accompagnent les cours d’eau. Le socle pseudokarstique permet de réguler les débits des différents cours d’eau de la région : soutien des débits en période sèche par les eaux de la nappe profonde et tamponnage des crues en saison humide via l’infiltration des eaux dans le socle et le rôle capacitaire des lacs. Les écosystèmes aquatiques _ Le milieu lotique Propre aux eaux courantes (circulation rapide de l’eau), il correspond à tous les cours d’eau : fleuves, rivières, creeks, etc. Cartographie des milieux lotiques et lentiques N LAC DE YATÉ Rivière Bleue Rivière Blanche Rivière du Mois de Mai Creek Pernod Rivière des Lacs Rivière Yaté Rivière du Carénage Lac en 8 Rivière des Kaoris Grand Lac Rivière Kwé Binyi 0 5km 1 La Rivière des Lacs
12 13 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Doline en eau Enigme en coulisse Douces éponges Intermittentes Piquetée de baignoires, la Plaine des Lacs Eau cristalline tranchant avec la croûte métallique du sol rougeoyant ou cuvette à l’eau trouble fourmillant d’herbes humides, les dolines dissimulées au sein de la végétation nous offrent leurs ambiances féériques à contempler. Les grandes sont sujettes à la sédimentation alors que celles aux parois plus abruptes sont les manifestations superficielles de phénomènes d’érosion qui ont lieu dans le sous-sol, sous l’action d’écoulements souterrains « pseudokarstiques ». Des mystères à percer ou à creuser Un alignement a été constaté entre plusieurs dépressions car une grande fracturation - faille a permis leur formation. La présence d’un phénomène de soutirage* (extraction par le bas provoquée par la circulationd’eau souterraine) constitue l’une des origines de ces dépressions. _ Le milieu lentique : les lacs et dolines Propre aux eaux calmes, à faible débit, voire stagnantes, il correspond aux lacs caractérisés par leur grande étendue, les étangs, les mares, etc. Illustrations réalisées d’après les schémas de Sérino, 2012 Doline d’effondrement Doline en entonnoir ou en cuvette Doline à fond plat Dessin Suivant l’effondrement brutal de la cuirasse. En V. En cuvette à fond plat liée à l’accumulation de sédiments. Forme Circulaire de petite dimension. Circulaire à ovale, profonde et de dimension modeste. Circulaire à ovale, de faible profondeur, de diamètre supérieur. Bords Parois raides avec de gros blocs de cuirasse effondrés au fond. Parois aux pentes plus douces avec de gros blocs de cuirasse effondrés et de grenaille dans les pentes. Parois douces. Eau Transparente, si présente. Transparente, si présente, à hauteur très variable, semblant temporaire. Trouble, si présente, à hauteur assez constante et probablement permanente avec une végétation herbacée et hydromorphe et souvent une végétation arbustive à arborescente dans les pentes. *? *? © Bio Eko Il existe plusieurs typologies de dolines. Les schémas, ci-contre, illustrent les 3 principaux cas, rencontrés dans le Sud. Exemple de doline en entonnoir, le Trou du Tahitien, à la Plaine des Lacs dessine une vaste dépression en forme de croix, profonde d’environ 25 m. Elle représente aujourd’hui un cas unique. L’eau y séjournant de manière temporaire présente des variations piézométriques rapides et la doline laisse apparaître une perte quand elle se retrouve à sec. Les types de dolines Lac en Huit
Périmètre Ramsar L’empreinte humaine Barrage de Yaté Lacs et dolines Plantations forestières Infrastructures liées à la mine Routes et pistes principales Pistes Habitat 14 15 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I L’exploitation forestière L’exploitation minière Façonné par l’humain Les paysages de la mine dans la littérature 1 Chez plusieurs écrivains, prédomine l’image d’une métamorphose des paysages utilisés pour des raisons économiques, ravagés par les prospects décrivant la montagne comme une créature blessée, un paysage triste ou à l’uniformité chromatique. « (d)’immenses portions de l’île sont de gigantesques blocs minéraux » J. Mariotti. « Par l’avant, l’extrême pointe du cap profilait sa masse rougeâtre et dénudée aux flancs ouverts de blessures sanglantes dans la bruyère grise - les prospects des chercheurs de nickel - .» J. Mariotti. « Elles semblaient, ces chaînes majestueuses, dire avec orgueil aux plus petites qu’elles : Reculez-vous ! Faites-nous place ! Nous sommes les serpentines, l’épine dorsale de la Calédonie. C’est nous qui faisons la loi, nous donnons le mouvement, nous créons l’activité. Dans notre sein nous renfermons les laves infernales de Pluton, cristallisées en des richesses inépuisables. Voyez ces plaies jaunes, béantes, qui s’ouvrent par gradins dans nos larges poitrines ; elles y sont creusées pour en extraire le nickel qui est notre chair. Et ces entrailles profondes, sanglantes, qui bâillent dans notre derme d’argile rouge ; elles ont été incisées pour arracher nos nervures de chrome qui vont, par le monde, durcir les métaux. Regardez ces trous noirs qui pénètrent dans nos entrailles, ainsi que des antres de cyclopes ; ce sont des tunnels obscurs et tortueux qui vont dans des gîtes pleins de mystères saigner nos veines bleuies de cobalt. » Sauvages et civilisés, G. Baudoux « Le paysage est triste, avec les tons gris de ses arbustes qui ressemblent à des lauriers-thym et la couleur rougeâtre du sol. Il y a là une mélancolie commune à tous les lieux où manquent l’eau et les grands arbres ». L’exploitation des mines, F. Ordinaire. « Une impalpable poussière d’ocre jaunâtre couvrait comme d’un voile de safran terreux tout le paysage (...) » Trous et galeries parsèment ce territoire, des gradins de géant entaillent profondément la montagne, des routes en lacets balafrent ses flancs, l’érosion met la roche à nu, de grandes taches grisâtres révèlent la course des feux, de nombreuses pistes le quadrillent imposant une maille artificielle signée de la main de l’homme. L’activité minière imprime le territoire. L’exploitationminièredans leParcProvincial de laRivièreBleue (PPRB) Le passé minier des espaces qui composent aujourd’hui le Parc Provincial de la Rivière Bleue et ses environs concerne principalement les mines du Mois de Mai, Bon secours et Renaissance. Elles furent exploitées avec des techniques de carrière à ciel ouvert. La production sylvicole, de hautes parcelles dans la plaine Dans le milieu des années 70 se développe une sylviculture essentiellement basée sur le pin des Caraïbes. La filière s’est ensuite diversifiée avec des essences tropicales endémiques (Araucaria, Kaori, Santal, etc.) Un arboretum pour un arbre emblématique Situédans leParcProvincial de laRivièreBleue(PPRB), cetarboretum abrite 14 (dont 11 endémiques) des 20 espèces d’Araucarias répertoriées dans le monde. Il constitue, à ce jour, la plus grande collectionmondialedugenreavecprèsde20spécimensdeconifères différents. Il poursuit trois missions : conservation, verger à graine et support de sensibilisationdupublic. Les traces passées En parcourant le Grand Sud, on remarque la présence de vieux vestiges, discrets, disparaissantprogressivementdans lavégétation: rails, chemins de schlittage*, une locomobile de treuils (vers Rivière Blanche) mais aussi quelques témoins bien conservés de cette histoire comme le Pont Pérignon construit entièrement en bois en 1958. Dans le Grand Sud règne une impression de nature. Les infrastructures et routes y sont peu nombreuses. La majorité de l’habitat est répartie dans les quatre tribus - Goro, Touaourou, Wao, Unia - installées sur une étroite plaine le long du littoral. La faible densité de population s’explique par la taille réduite de l’espace cultivable et l’absence de pression coloniale. Bref historique « En 1866, le gouverneur Guillain confie au capitaine Sebert la responsabilité de ravitailler en bois la capitale naissante. Le choix se porte sur les forêts du Sud. Il trouve à Prony des forêts exploitables, situées à proximité de la mer. Les opérations débutent en 1868, dans le secteur de la baie des Kaoris. En 1873, l’artillerie cède la place à l’administration pénitentiaire. À partir de 1889, les condamnés sont remplacés par les relégués. L’effectif gonfle. Le rendement baisse. Les hommes sont disséminés entre Bonne-Anse, Port-Boisé, le Carénage, la baie Nord et Prony. Cette aventure forestière s’achève en 1907 et l’exploitation ferme en 1911. » Guide GR®NC1, De Prony à Dumbéa, Jean-Francis Clair Ci-contre : Vue d’ensemble de l’ancien établissement forestier de Prony >>> Puis, au début du XXe siècle, naît l’exploitation des forêts des vallées de la Rivière Bleue et de la Rivière Blanche. Trente-sept kilomètres de voies ferrées sont posés pour acheminer les locomobiles dans la zone d’exploitation puis pour transporter les troncs jusqu’à la scierie installée à l’embouchure de la Rivière des Pirogues. Durant la seconde guerre mondiale, cette voie ferrée sera aussi utilisée par la Société Le Nickel pour évacuer le minerai de Chrome dont elle a repris l’exploitation. En bref, •Cobalt : teneur faible. Fin du XIXe et début du XXe, la Nouvelle-Calédonie fut le principal fournisseur de ce métal précieux. Le creusement de tranchées étroites était l’unique moyen de prospection pour traverser l’épais couvert latéritique afin d’atteindre les minéraux. Lorsque les cobaleurs suivaient des concentrations intéressantes, ils ouvraient des galeries dites trous des cobaleurs. •Chrome : teneur faible. Gisement découvert vers 1890. Situé dans les formations littorales ou d’altération (exemple : Prony et île Ouen). •Fer : la cuirasse en contient beaucoup. Exploité à Goro dans les années 1940 et 1941 et à Prony entre 1956 et 1968. •Nickel : réserves considérables, mais la faible teneur en a longtemps différé l’exploitation. (P) Des puits de prospection minière (technique largement utilisée jusque dans les années 70, dans la recherche de ce minerai) réalisés à la main à l’aide de barres à mine et de pelles, pouvaient atteindre les 20 m de profondeur. Plusieurs sociétés minières l’exploitent. Guide GR®NC1, De Prony à Dumbéa, Jean-Francis Clair, extraits 1 .Eddy Banaré ANC. AlbumNouméa-Aden-Mascara 101 Fi –68 Funiculaire, Baie du carénage©B. Suprin *Schlitte : Long traîneau servant à véhiculer le bois coupé transporté sur des rails © Nicolas Charpin Mine à Prony P
Périmètre Ramsar Réseau hydrographique Marais Maquis des plaines hydromorphes Maquis des sols à hydromorphie temporaire Mosaïque maquis des zones à hydromorphie temporaire ou permanente Mosaïque maquis à Gymnostoma & zones hydromorphes Zones humides à Niaoulis 16 17 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Le barrage hydroélectrique Haut de 60 m, construit entre 1956 et 1959, le barrage de Yaté se compose de trois impressionnants déversoirs toboggans, évacuateurs de crues. Cet ouvrage monumental reste cependant peu perceptible depuis la route. Sa construction a engendré la création d’un immense réservoir d’eau qui a ennoyé environ 4000 ha de terres. Réceptaclecentral artificiel desembouchuresdeplusieurs rivières, le Lac de Yaté relie les parties nord-ouest, avec la confluence des lits naturels des Rivières Bleue et Blanche et les parties Sud-Est de la zone Ramsar, avec la Rivière des Lacs et du Creek Pernod. Une galerie longue de 2,6 km conduit l’eau vers l’usine située en contrebas. Elle alimente l’agglomération et l’usine de Doniambo. L’exploitation de l’eau, source d’énergie Des paysages typiques Les typologies de zones humides Les grandes typologies de zones humides se distinguent selon le degré d’hydromorphie* du sol. La carte ci-dessous montre la localisation et la répartition de ces grandes typologies. *saturation des pores d’un sol en eau sur une période plus ou moins longue de l’année entraînant des phénomènes d’asphyxie qui perturbent la faune du sol et la végétation. En quelques chiffres : Barrage inauguré en 1959, longueur : 641 m Superficie du lac : 40 km2, dimensions : 22 km sur 6,5 km 10 % de la superficie classée Ramsar Bassin versant alimentant la retenue : 436 km2 Le barrage permet de satisfaire 30% des besoins en électricité de la distribution publique en N.-C. N 0 5km 1 LAC DE YATÉ Rivière Bleue Rivière Blanche Rivière du Mois de Mai Creek Pernod Rivière des Lacs Lac en 8 Grand Lac Le Lac de Yaté, au niveau du Pont Pérignon, en 2007 - © J.M. Mériot Le Lac de Yaté - © Catherine Geoffray Article de presse, 1990, © Hourdan En 2017 Façonné par l’humain
18 19 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Des spécificités liées au degré d’hydromorphie du sol Les maquis des zones humides quasi permanentes occupent les basses plaines et les alluvions des cours d’eau qui la drainent et se divisent en trois grandes formations : - - Le maquis des plaines hydromorphes - - Le maquis rivulaire, le long des rivières et creeks - - Le groupement végétal des dolines Un paysage aux horizons lointains et découvert Ces grandes étendues herbeuses, ondulant au gré du vent offrent un paysage souvent très ouvert où le regard file et embrasse l’horizon. Quelques silhouettes grêles d’arbustes émergent très ponctuellement de cette masse herbacée où gouttelettes et toiles d’araignées viennent se suspendre. Cernées par les reliefs environnants ou par des zones de maquis haut installées sur de faibles reliefs, les masses de touffes végétales compactes en aires à densité variable alternent avec les zones scintillantes reflétant le ciel. Les maquis à hydromorphie quasi permanente Le maquis des plaines hydromorphes Un écosystème singulier menacé Les maquis des zones humides quasi permanentes (maquis des plaines hydromorphes et maquis rivulaire) constituent un écosystème particulier, très original, qui ne se rencontre que dans l’extrême Sud de la Grande Terre. Ils peuvent se trouver menacés par les feux, les futures activités minières, sylvicoles et industrielles puisqu’ils se trouvent directement sous l’influence des variations de l’environnement hydrologique susceptible d’être modifié par les retenues d’eau et les travaux miniers. Autrefois, un paysage arborescent Ces zones humides et inondables auraient été occupées antérieurement par des formations marécageuses arbustives, hautes à arborescentes selon les études palynologiques réalisées dans les lacs du plateau de Goro (Hope et Pask 1998) - lacs constituant de véritables archives de l’histoire de la végétation du Sud de la Grande Terre au cours des 30 000 dernières années. Aujourd’hui, ce groupement est désigné comme l’association à Pancheria communis et Cloezia buxifolia, (Jaffré, 1980), arbustes communément trouvés dans ces milieux.
20 21 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Le maquis rivulaire Isolé ou en cordon étroit, sculpté par l’eau Le maquis rivulaire, s’étire, de manière discontinue, le long des berges, plus ou moins caillouteuses, des cours d’eau. Composé d’espèces arbustives et herbacées supportant l’engorgement du sol et le recouvrement temporaire, partiel ou total, par des eaux, ce maquis s’avère très riche en espèces spécifiques malgré sa surface limitée et difficilement évaluable. Dotées de systèmes racinaires très développés, elles résistent à l’entraînement lors des crues cycloniques et présentent souvent un penchant, vers l’aval. Le groupement végétal des dolines Un écrin concave, oasis de sérénité Ce groupement végétal se compose principalement de Melaleuca quinquenervia (niaouli) et Sannantha leratii (fausse bruyère), souvent situées en bordures des berges ou sur tout le pourtour immédiat d’une doline et ce jusqu’au niveau des hautes eaux car elle s’accommode de submersions temporaires, ainsi que d’espèces plus nettement aquatiques, comme Lepironia articulata, Eriocaulon spp (ci-contre) apparaissant comme des pompons blancs éphémères et spécifiques émergeant ou non de la surface de l’eau. Un biotope très original menacé La végétation du maquis rivulaire et des zones marécageuses se trouve largement dégradée à cause des incendies. Le fait que ces populations d’espèces rares soient déjà fragmentées et réduites, fait augmenter le risque de disparition de l’espèce ou tout au moins la perte de son intégrité génétique. Ce biotope très original mérite d’être communiqué, surveillé pour une meilleure préservation. Plusieurs espèces figurent en tant qu’espèce en danger, menacée, vulnérable etc. telles que Retrophyllum minor ou Dacrydium guillauminii.
22 23 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Les maquis à hydromorphie temporaire Les zones humides à niaoulis Arbre de lumière affectionnant les milieux ouverts Émergeant de l’eau ou ponctuant les rives des lacs et rivières de sa singulière silhouette, le niaouli se plaît à capter la lumière par son tronc blanc revêtu de son écorce multicouche en pelure d’oignon. En 1893, Jules Prévet dépose un brevet et commercialise son huile essentielle sous la marque Goménol dont le nom fait en partie référence à un domaine appelé Gomen en Nouvelle-Calédonie. Un arbre plein de ressources, lié à la tradition L’essence extraite des feuilles, riche en eucalyptol s’utilise contre les bronchites. Son écorce sert à revêtir les parois et toits des cases. Il tient une place importante dans les cérémonies coutumières : lors des naissances, on enveloppe le nourrisson dans l’écorce de niaouli afin de le protéger et lui donner des forces et, lors des décès, les feuilles et les branches enveloppent la monnaie blanche autorisant l’échange entre deux clans. En s’éloignant du flot, un paysage à hauteur d’yeux En retrait de la zone de circulation des eaux, différents faciès se développent. Une strate herbacée discontinue présente sur sol alluvionnaire laisse apparaître des plages de sol gravillonnaire ou cuirassé. Elle s’accompagne d’une strate arbustive lâche ne dépassant guère 1,50 m. parfois surcimée d’arbres atteignant quelques mètres de hauteur s’établissant sur les parties hautes ou caillouteuses. Ce cortège floristique comporte environ 185 espèces avec un taux d’endémisme incroyable avoisinant les 94 %. Une association végétale de transition Pouvant être qualifié de semi-humide, ce maquis ligno-herbacé se rencontre entre les piémonts de bas de pentes et lesmaquis sur sol à hydromorphie quasi permanente. Il bénéficie d’un apport en eau et de matière organique issu des pentes. Composé d’espèces spécialisées capables de supporter des phases d’engorgement du sol, ce groupement végétal n’existant que dans l’extrême Sud de la Grande Terre a été défini par la publication de Jaffré, 1980 comme association à Homalium kanaliense et Costularia comosa aujourd’hui appelée Tetraria comosa.
24 25 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Dacrydium araucarioides Agathis ovata Kaori des montagnes Drosera neocaledonica Cladonia pycnoclada et Cladia retipora Lichen arbusculé et Lichen corail Dacrydium guillauminii Queue de chat Callitris pancheri Ancien nom : Neocallitropsis pancheri Les conifères > Les originales Une flore unique au monde Sans tige, ni feuille, ni racine, à croissance lente, les lichens résultent de l’association symbiotique entre un champignon et une algue. Poussant les pieds dans l’eau, ce petit arbuste se caractérise par ses feuilles en aiguille, très touffues sur les rameaux, qui lui donnent un aspect de queue de chat. Un des conifères les plus rares au monde. Les feuilles structurées en écailles serrées s’agrégeant en rameaux lisses et sinueux, dans la moitié supérieure du tronc, donnent à ce petit arbre un port en candélabre. Reconnaissable à sa rosette de feuilles rouges recouvertes de poils, la Drosera, carnivore, produit un faux nectar qui attire les insectes. Qui s’y colle, s’y tue ! Sa silhouette caractéristique à cime tabulaire, en forme de triangle isocèle, pointe en bas émerge des forêts denses humides de moyenne altitude ou du maquis en tant qu’individus isolés. P P Berges de la Rivière des Lacs Chutes de la Madeleine, Plaine des Lacs Ce petit arbre au tronc très torsadé lui conférant une allure de bonsaï géant fut très exploité pour son huile, utilisée comme fixateur de parfum. Menacé, il devient, en 1942, la première espèce à être officiellement protégée localement. Callitris pancheri Le nom de cet arbre fait parti d’une trentaine de groupes d’espèces dédiés au botaniste Jean Pancher (1814-1877) qui vécut en Nouvelle-Calédonie de 1857 à 1877 et qui décèda dans la baie d’Uaraï près du fort Teremba. Un endémisme exceptionnel L’isolement de la Nouvelle-Calédonie pendant des millions d’années a permis l’évolution particulière de nombreuses espèces. Dans le Grand Sud, les conditions de vie extrême : fort ensoleillement, sols peu favorables à la croissance des plantes engendre un taux d’endémisme exceptionnel. La zone labellisée Ramsar offre une multiplicité des habitats naturels :maquisminiers, forêts humides, lacs etmarécages. © Jean-Jacques Villegente- Netcha © Dominique Garnier- Chutes de la Madeleine © Katia Michalezyk © Katia Michalezyk © Katia Michalezyk- Plaine des Lacs © Katia Michalezyk- Plaine des Lacs Eriocaulon neocaledonicum Blechnum francii Fougère aquatique de Franc Pandanus lacuum Pandanus d’eau Utricularia Uliginosa Endémique Protégée Xyris neocaledonica Les aquatiques Retrophyllum minus Bois bouchon Cette fougère aquatique fixée au fond de l’eau par des racines peut se développer jusqu’à des profondeurs incroyables de 10 m. Herbe située dans les marais des zones minières de l’extrême Sud où trois espèces sont présentes, toutes endémiques. Les fleurs, solitaires développent trois pétales jaune vif. Cette carnivore herbacée à la longue hampe florale ponctuée de fleurs mauves ingère des microorganismes grâce à son feuillage fin muni d’utricules, comme autant d’outres à trappe qui piègent leurs proies en les aspirant dès lors qu’elle rentre en contact. Reconnaissable à sa tige élancée soutenue par des racines aériennes en échasses immergées dans l’eau, ce pandanus rare, microendémique est en grand danger. Cette herbacée semi-aquatique tapisse parfois les bords des cours d’eau et lacs. Sa floraison a lieu en période sèche où la plante est alors plus exposée. P P P Lit de la Rivière des Lacs Plaine des Lacs Plaine des Lacs Retrophyllum minus Autrefois utilisé par les mineurs pour la confection de bouchons, il doit son nom à la légèreté de son bois comparable à celle du balsa. Il s’agit d’un conifère relique d’origine Gondwanienne, au port bien particulier, au tronc caractéristique « en bouteille », à l’allure d’un baobab. Cette espèce occupait autrefois les vastes zones marécageuses de la Plaine des Lacs, constituant ainsi de véritables forêts marécageuses aujourd’hui remplacées par des maquis ligno-herbacés des zones marécageuses. (Études palynologiques dans les lacs du plateau de Goro (Hope et Pask 1998). Très sensible au feu, au piétinement et aux mutilations des campeurs, il retient particulièrement l’attention des instances internationales pour la conservation de la nature. Souvent représenté par quelques pieds arborescents isolés présents le long des cours d’eau, il peut résister plusieurs jours à une submersion totale. © Nicolas Charpin © Katia Michalezyk- La Madeleine © Irène Létocart- Plaine des Lacs © Katia Michalezyk- Plaine des Lacs © Adeline Suprin © Katia Michalezyk- Plaine des Lacs Léger et ancré Relique du Gondwana Croissant pieds dans l’eau Rare Rare, en danger critique E E E E E P P P P E E E E E E P P P P R R R+ R+ R R R R
26 27 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Les poissons Les oiseaux Une faune discrète Protogobius attiti Egretta sacra albolineata Aigrette sacrée Haliastur sphenurus Aigle ou Milan siffleur Giuris viator Lochon arc-en-ciel Anguilla megastoma Anguille de montagne, Anguille rouge Phalacrocorax melanoleucos melanoleucos Cormoran pie Galaxias neocaledonicus EN DANGER ! Vivant en eaux douce ou saumâtre, ces prédateurs (de 25 à 30 cm) des rivières se retrouvent dans la sphère indoPacifique. Espèce catadrome, elle naît enmer, migrevers les rivièrespourygrandir avant de retourner de nouveau en mer pour se reproduire (une seule fois dans sa vie) et mourir. Une anguille aperçue en eau douce ne s’est jamais reproduite. Fréquentant les lacs, mangroves et embouchures de rivières, cet oiseau à la toison blanche, peu commun en N.-C. vit en colonies. Reconnaissable à son bec noir crochu et à son ventre beige strié de roux, ce rapace plane audessus des zones humides. Cette espèce emblématique, vestige de l’ancienne faune du Gondwana, est microendémique de la Plaine des Lacs. Ce poisson rare affectionneparticulièrement les eaux fraîches et les fonds rocheux. Plutôt carnassier il se nourrit de petits crustacés et d’insectes aquatiques. Il se trouve gravement menacé d’extinction en raison de l’introduction d’autres poissons (blackbass, tilapia, guppy) qui s’en nourrissent, le chassent de son territoire ou enatrent en compétition alimentaire. P P P P Rivière des Lacs, Grand Lac, Lac en Huit, PPRB Micro-endémique de la Plaine des Lacs Micro-endémique de la Plaine des Lacs Lac Xere Wapo Proie repérée Cou déplié, bec pointé Eau nourricière Quêtant son dîner Concurrence déloyale Poisson menacé © Nicolas Charpin © Nicolas Charpin © Nicolas Charpin © Nicolas Charpin © Julie Villegente © Frédéric Desmoulins © Frédéric Desmoulins ! P P Observation de nids sur les troncs de la Forêt Noyée 20 à 30 couples fréquentent le Lac de Yaté Les petites bêtes Haliplus oberthuri Paratya caledonica Lynceus insularis (crustacé) Leptoceridae Oecetis Ischnura pamelae Libellule Paysage sonore, écouter la biodiversité L’étude de ces sons permet d’estimer la biodiversité, de détecter une perturbation de l’écosystème, d’instaurer un suivi de restauration des systèmes perturbés et d’établir une signature temporelle (jour/ nuit) et spatiale de la faune présente dans ces paysages. Ainsi, plusieurs scientifiques dont récemment une équipe de l’IRD, de l’IAC et de Pologne, ont constaté que la forêt était, par endroit, devenue silencieuse. Ils ont mis en exergue une relation de causalité entre ce silence et la présence de la fourmi électrique. En effet, cette espèce envahissante, introduite en 1960 dévaste tout sur son passage. De nombreux insectes (vers, chenilles, blattes...) disparaissent causant ainsi une modification des sols et des populations animales. Seul garde-manger des cagous, le déclin de ces divers insectes les conduit à fuir et réduit drastiquement leur espace de vie. Cette petite crevette (2 cm) mouchetée vivant strictement en eau douce arbore une multitude de couleurs (bleu, jaune, noir, rouge, blanc, etc.) De l’ordre des trichoptères, cette larve adaptée à la vie en eau douce se fabrique un petit fourreau à base de sédiments pour se constituer un toit. Endémique des dolines temporaires, la femelle pond des œufs quand la doline est en eau qui n’éclosent qu’après une période d’assèchement. La nouvelle génération n’apparaîtra qu’aumoment de la remise en eau. *redécouvert dans le Sud plus de 130 ans après sa première collecte dans le Marais de l’Anse Vata (avant 1883). Entre deux mondes Protection du biotope Vol imaginal Calme riverain Ce rare coléoptère Pensé disparu* © Nicolas Charpin © Nicolas Charpin © Nicolas Charpin © Nicolas Charpin © Nicolas Charpin © Frédéric Desmoulins Découvert en 1998, il a été nommé en l’honneur d’un des chefs mélanésiens de la tribu de Goro, le grand chef Charles Attiti, décédé en 2004. Glyptophysa pettiti Devenu très rare depuis le début des années 90, cet escargot aquatique atteignant les 5-8 mm, adulte, est en danger d’extinction. *‘‘ensemble des sons biologiques, géophysiques et anthropiques qui émanent d’un paysage et qui varient dans l’espace et dans le temps, reflétant les processus importants des écosystèmes et les activités humaines.’’ Pijanowski et al., 2011 Endémique Protégée Rare E E E R R R P P P P P E E E E P E P R
P.P.R.B. Parc Provincial de la Rivière Bleue AIRES PROTÉGÉES TERRESTRES Le Lac de Yaté Ma Chutes de la Madeleine N Netcha P Pic du Pin Y Fausse Yaté K Pic du Grand Kaori B Barrage de Yaté H Haute Pourina S Bois du Sud C Forêt Cachée M Montagne des Sources D Cap N’Dua F Forêt Nord T Vallée de la Thy Les sites Ma N P K Y S B H M T F D C Périmètre Ramsar Réseau hydrographique principal Barrage de Yaté Lacs et dolines Marais, maquis hydromorphes Ponts Pérignon et Germain Pont Germain Unia Plum Prony La Coulée Waho Touaourou Goro La Concession Pont Pérignon LAC DE YATÉ PLAINE DES LACS Lac en Y P.P.R.B. YATÉ MONT-DORE Forêt Noyée Rivière Bleue Rivière Blanche Rivière du Mois de Mai Netcha Bois du Sud Chutes de la Madeleine Creek Pernod Lac en Long Grand Lac Lac en 8 Lac du Col Lac de «Jade» Lac Xere Wapo Trou des Cobaleurs La Capture Le Déversoir La Laverie Cascade Wadiana Rivière des Lacs Marais Kiki Rivière Yaté L’oasis Sources de Prony Rivière du Carénage L’aiguille Toboggan Pont des Japonais Cap N’Dua N Cascade Camille 0 5km 1
Périmètre Ramsar Ponts : Germain (G) Pérignon (P) Mai (M) Le Grand Kaori Corne du Diable Grande Cascade Parc Provincial de la Rivière Bleue La Locomobile Le Refuge des Muletiers La Maison du Parc Aire protégée Lac de Yaté Pic du Rocher Pic Buse Mont-Dore Pic Mouirange Les deuxtétons 1233 780 Gué 165 643 878 776 1004 Mine Sunshine Gwé Daru Gwé Buru Poco Mié Dumbéa Baie de Plum Baie des Pirogues Baie Ué La Coulée Rivière des Pirogues Montagne des Sources Mont des Koghis Mont Pouédihi 31 En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Le Parc Provincial de la Rivière Bleue PPRB Forêt Noyée Bon secours Rivière Bleue Rivière Blanche Rivière du Mois de Mai G M K R K D D C C L R L P Créé en 1980, au cœur du grand massif du Sud, le Parc s’étend sur 22 000 ha et englobe les réserves naturelles de la Haute Pourina et de la Haute Yaté. Des ambiances et milieux variés Il recèle des formations végétales variées (maquis minier, forêts denses et zones humides) et abrite des espèces uniques au monde. D’une grande variété, la forêt se compose de kaoris (Agathis lanceolata) et d’araucarias (Araucaria bernieri) qui côtoient des palmiers endémiques (Cyphophoenix fulcita) ainsi que des fougères arborescentes spectaculaires (Cyathea vieillardi). Une eau omniprésente qui façonne les paysages Les Rivières Blanche et Bleue sont les deux principaux cours d’eau du PPRB. Permanents, ils alimentent la retenue d’eau du lac artificiel de Yaté. Le long de ces cours d’eau se développent des forêts ripisylves qui présentent l’avantage de ne pas dépendre de la pluviométrie et qui traversent tous les milieux. Situés essentiellement en périphérie de ces zones d’eau douce libre, les marais du Parc présentent une végétation adaptée à un engorgement plus ou moins permanent formant une transition avec le maquis des versants. Fier de la conservation d’un oiseau emblématique La plupart des oiseaux terrestres néo-calédoniens s’y trouvent. Le PPRB héberge la plus grande population de cagous sauvages. Des spécimens élevés en captivité au Parc Provincial Zoologique et Forestier de Nouméa ont été réintroduits avec succès dans le parc. Inaptes au vol et donc sujets aux prédateurs (chiens, chats, cochons,etc.), ils sereproduisentpeu(unseul etuniqueœufparan), d’où leur raréfaction et leur statut de protection, programme mené par la province Sud. Du fait de la déforestation causée par l’exploitation des mines de nickel, les hommes ont restreint ses aires de vie et représenté une pression certaine pour ces Rhynochetos jubatus endémiques. Un parc aux multiples facettes, un exemple de biodiversité Pourquoi le cagou ne vole-t-il pas ? Il ne lui manquerait que des muscles pectoraux puissants, atrophiés avec le temps car vivant autrefois dans un milieu sans prédateur et trouvant sa nourriture dans le sol, le vol ne lui était plus vital. Forêt humide À la Grande Cascade La Rivière Bleue Le Pont Pérignon La Rivière Bleue
32 33 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I Micro paysage Lumineuse réflexion Rétrovisâmes La Haute Rivière Bleue Un cordon encaissé Humidité et luxuriance Depuis le large et paisible exutoire de la Rivière Bleue, le sentier, long ruban de terre rouge, s’immisce progressivement dans l’ombre silencieuse de la forêt. La rivière prend à son tour la forme d’un ruban bleu, vert, se colorant au fil du ciel et de la profondeur de l’eau. Ses versants couverts d’une formidable forêt primaire conservée nous invite à cheminer au milieu des palmiers aux racines aériennes, des fougères et d’immenses arbres tels que les kaoris rendant l’atmosphère de cette balade fraîche ou écrasante. Un sanctuaire pour l’emblème du pays Huppe déployée servant à intimider, plumes gonflées, le cagou, au plumage gris s’y promène. Son nom viendrait de son chant caractéristique qui ressemble à l’aboiement, d’un chien sonnant comme kagu. Rare et protégé, Le Grand Kaori aurait plus de 1000 ans. Il atteint 45 m de hauteur et le diamètre de son tronc 2,70 m Les Marmites de Géant Cavités naturelles, creusées par le tourbillonnement de l’eauet degalets leurdonnant une forme quasi circulaire, elles sont nombreuses dans le lit et sur les berges de la Rivière Bleue, notamment dans le secteur des Cornes du Diable. Des traces discrètes Le sentier du GR®NC1 suit une ancienne piste tracée à flanc de montagne pour l’exploitation forestière : ponceaux détruits, vestiges de l’exploitation, lieu-dit La Tranchée, petit canyon de terre rouge, taillée dans la montagne par les engins de l’époque. Des crues soudaines peuvent survenir par fortes pluies et rendre cet endroit dangereux. ! Ponctué de marmites - miroirs La Grande Cascade Les Marmites de Géant Deuxième Corne du Diable, traversée de la Rivière Bleue sur le GR®NC1 E P
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