En balade au fil des eaux

Circulation de l’eau 8 9 En balade au fil des eaux En balade au fil des eaux Direction du Développement Durable des Territoires de la province Sud I L’eau, fondatrice des paysages Façonné par le temps Façonné par l’eau Le socle géologique La grenaille et la cuirasse résultent de l’accumulation de fer en haut du profil. Le fer, peu soluble, n’est pas lessivé par l’eau et s’accumule dans les premiers centimètres du profil. - Perméabilité - Infiltration rapide - Strate tampon à écoulement temporaire avec formations de nappes superficielles en cas de pluie - La roche altérée facilite la circulation de l’eau - Forte capacité de stockage qui régule les débits et limite les crues - Alimentation de sources de versants et drainage profond des massifs - Strate conductrice - Forte porosité - Faible perméabilité - Strate capacitive Horizon composé de gravillons, provenant du démantèlement de la cuirasse. De la roche au sol, d’où vient cette couleur typique ? La couleur rouge des sols du Grand Sud est due à la présence de fer oxydé : de la rouille en quelque sorte. Sous notre climat tropical humide (température élevée et pluie importante), la roche-mère (péridotite) s’altère et conduit à la formation de ces sols dits latéritiques ou ferralitiques surmontés d’une cuirasse. Aussi dénommés terre rouge, pauvres en nutriments (naturellement déficients en azote, phosphore, potassium, calcium), mais riches en métaux lourds (nickel, chrome et cobalt) potentiellementtoxiquespour lesplantes,cessols sont à l’origine d’une sélection environnementale drastique qui a pour conséquence un fort taux d’endémisme. La flore et les habitats qui s’y développent, issus d’une longue évolution constituent des écosystèmes parmi les plus originaux de la planète, comportant des espèces très rares, voire menacées. Les latérites sont les produits d’une altération plus avancée. On distingue les jaunes, exploitée par l’industrie minière et les rouges. Elles constituent la première phase de l’altération. Elles conservent la structure de la roche mère mais sont très friables. L’industrie minière les exploite, ce niveau est encore plus riche en nickel que la latérite. Roches issues du manteau terrestre, dites ultrabasiques (de couleur vertbleu, riches en fer, magnésium, nickel, cobalt, chrome et manganèse et pauvre en silice). Profil schématique montrant la succession d’horizons ou produits d’altération des péridodites (Illustration réalisée d’après les schémas de Jeanpert 2017) Profil schématique montrant les principes du fonctionnement hydrogéologique La cuirasse Aquitard semi-perméable La grenaille Aquifère supérieur superficiel 3 m 15 m 25 m 30 m 40 m Les latérites rouges Latérites Saprolites & péridotites fracturées Cuirasse Aquifère profond fracturé à karstifié jaunes Les saprolites Les péridodites Les péridotites Essentiellement constituées par un minéral vert -l’olivine-, la couleur des péridodites n’est pas toujours facilement perceptible pour deux raisons principales : • Le vert des péridotites est extrêmement foncé, quasiment noir. • Lorsque cette roche s’altère, elle prend une patine et la couleur de cette patine est orange. La présence de ces roches du manteau, en surface témoigne d’un phénomène géologique appelé obduction*. Alors qu’elles sont rarement observées dans le reste du monde, elles couvrent plus du tiers de la surface de la Grande Terre (Avias, 1967). Les paysages du Grand Sud offrent des contrastes saisissants nés de l’histoire géologique qui influent directement sur les caractéristiques des sols et la biodiversité locale. Sculptant les reliefs, formant le profil géologique du sous-sol, contraignant les déplacements et l’implantation humaine, l’eau se révèleunecomposantenaturelleconstitutivedupaysageduGrandSud. Un réseau hydrographique de surface Vu du ciel, le Grand Sud présente un réseau hydrographique dense, ponctué de multiples plans d’eau, lacs et marais, une véritable mosaïque de taches argentées ou bleu-vert où certains cours d’eau semblent se faufiler, se perdre, se diluer et ressurgir. Ces disparitions révèlent en fait un fonctionnement hydrogéologique très complexe invisible à la surface. Un exemple unique à l’échelle mondiale L’altération des péridotites a conduit au développement de véritables modelés de type karstiques* où l’eau s’in ltre principalement dans le sous-sol, au lieu de couler en surface, creusant ainsi de nombreux chemins ou cavités souterrains. La région des Grands Lacs repose donc sur un système souterrain original comparable à celui qui modèle les régions calcaires mais ici le calcaire est remplacé par la péridotite, qui ne se dissout pas totalement et son manteau d’altération latéritique. Il est nommé « pseudo-karst péridotitique ». Les paysages karstiques sont caractérisés par l’existence de : • sources et résurgences, • pertes ou vallée sèche (ouvertures par lesquelles un cours d’eau devient souterrain après un trajet à l’air libre), • dolines, pouvant être définies comme des « dépressions fermées plus ou moins circulaires pouvant faire quelques mètres à plus d’un kilomètre de diamètre et quelques mètres à plusieurs centaines de mètres de profondeur » 1. Un système fragile encore mal connu Les dolines semblent connecter les réseaux d’eau de surface et d’eau souterraine. Ce phénomène rend donc l’aquifère particulièrement vulnérable aux pollutions. La circulation souterraine de l’eau peut être rapide, et son trajet mal identifié sans qu’il corresponde aux bassins versants de surface, augmente encore la fragilité de ce système. *Système karstique : région de formation calcaire caractérisée par la prépondérance du drainage souterrain et par le développement d’une topographie originale due à la dissolution de la roche sous l’action de l’eau (grottes, gouffres, résurgences, etc.) 1 Diagnose des dolines de Nouvelle-Calédonie du CNRT, 2018. *Obduction : géol. Chevauchement d’une plaque océanique sur une plaque continentale.

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=