Ma province Sud - La France du Pacifique

édito Sonia Backès Présidente de l’Assemblée de la province Sud Il y a 35 ans étaient créées les provinces, fruits des accords de Matignon. Cette décision majeure offrait aux Calédoniens une nouvelle collectivité de proximité. Une nouvelle institution qui, du fait de ses compétences, s’est occupée du quotidien de tous ses administrés, quelles que soient leur ethnie ou leur conviction politique. Au fil des années, ce sont les provinces qui ont maintenu ce lien parfois si fragile du vivre-ensemble. Enseignement, jeunesse, environnement, dispositifs économiques ou encore mixité sociale avec la création de la tenue commune par exemple… la province Sud n’a eu de cesse de tenter d’améliorer notre société. A l’heure où la Nouvelle-Calédonie se cherche un statut définitif, souvenons-nous des accords de Matignon, de ce pari sur l’intelligence qui a permis de faire naître les provinces, dont la nôtre. Retenons que la création de notre institution a œuvré à maintenir ce lien entre nous tous. La province Sud a montré que nous pouvions arriver à discuter, à innover, à s’engager tous ensemble dans l’intérêt de tous. 35 ans, c’est jeune, c’est encore un bel avenir devant soi, mais c’est déjà beaucoup d’expérience engrangée. Servons-nous de cela pour continuer de bâtir la société calédonienne de demain. 3

PROVINCE NORD OCÉAN PACIFIQUE MER DE CORAIL LA PROVINCE SUD PROVINCE DES ÎLES La barrière récifale de 1 500 kilomètres, devant Deva Les parcs provinciaux de pleine nature tout public à guichet Sites de Sport-Nature Lacs du Grand Sud Inscrits à la convention (Ramsar) sur les zones humides Whale Watching Site d’observation des baleines Ramsar La superficie de la Nouvelle-Calédonie est de 18 545 km², elle est le deuxième plus grand territoire français d’outre-mer après la Guyane. La province Sud a une superficie de 7 303 km² et est l’une des trois provinces qui la constituent. Elle correspond à la partie sud de la Grande Terre ainsi qu’à l’île des Pins. Avec une population de 203 144 habitants, (selon le dernier recensement de 2019), elle regroupe près des trois quarts de la population calédonienne, soit 74,85 %. 2 3 2 3 1 Domaine de Deva 1 Les boucles de Netcha 3 Les boucles de Tina 4 Les chutes de la Madeleine 2 1 Barrage de Yaté Usine de la SLN 25 km 50 km 0 km 1 Usine de Prony Resources 2 Phare Amédée 4 3 2 1 Ramsar 2 1 4 ma province Sud

L’Hippocampus bargibanti ou Hippocampe pygmée est un poisson que l’on trouve essentiellement dans la région indopacifique. Il vit dans les gorgones que l’on retrouve dans les tombants, entre 16 et 40 m de profondeur. Îlot Bayonnaise La province Sud est dotée de 56 aires protégées dont deux grands parcs marins : le Parc du Grand Lagon Sud et celui de la Zone côtière ouest qui ont été créés en 2008 lors de leur inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco et d’une zone inscrite à la convention Ramsar. Ainsi, près de 30 % de son territoire est protégé. Les agents des aires protégées, appuyés par les gardes-nature, mettent en œuvre le suivi scientifique et l’animation des territoires et veillent au respect du code de l’environnement. La zone économique exclusive ou ZEE (zone des 200 milles nautiques) de la Nouvelle-Calédonie est une étendue marine qui fait plus de trois fois la superficie de l‘hexagone avec une superficie de 1 740 000 km². Zone économique exclusive de la Nouvelle-Calédonie Zones inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO Récifs et îles éloignés de la Nouvelle-Calédonie Monts marins 5

Cinq Six Sept Quatre Trois Deux Un S O M M A I R E l’ Agriculture les Communes l’ économie bien vivre en province sud l’Histoire les Calédoniens l’ EnvironnEment Le peuple de tous les horizons ....... 08 Une poignée de main ........................ 09 Des premiers pas réussis ................. 10 Un pacte pour la paix ......................... 11 Le systèmede santé ............................. 84 La sécurité des Calédoniens ............. 86 L’école de la République .................... 88 La solidarité nationale ...................... 89 Le nickel ................................................ 70 Destination de rêve ........................... 72 Les artisans ........................................... 74 L’industrie ............................................ 76 Les Broussards ................................... 18 Les jeunes ............................................. 20 Les femmes ......................................... 22 Les parcs provinciaux ....................... 30 Les forêts sèches et humides .......... 33 Le maquis minier ................................ 34 La Côte Oubliée .................................. 35 Les zones humides .............................. 36 Le domaine de Deva ............................ 38 L’Île des Pins ...................................... 40 Nouméa ................................................ 60 Dumbéa .................................................. 61 Le Mont-Dore ...................................... 62 Païta ........................................................ 63 Thio et Yaté .......................................... 64 Des pratiques agricoles durables ... 54 Une agriculture responsable ........... 57 Agroforesterie .................................... 58 La provincialisation .......................... 12 Bâtisseurs de la paix ......................... 13 Patrimoine bâti .................................. 14 Patrimoine immatériel ......................16 Jeunesse et culture ............................ 90 Sport de pleine nature ........................ 92 Sports de glisse .................................. 94 Les abysses ........................................... 97 La transition énergétique ................. 77 La pêche................................................. 78 Des produits d’exception ................... 80 La filière bois ....................................... 82 Coutumes, croyances et partage ...... 24 Une terre de champions .................. 26 La culture de l’excellence ................... 28 Une flore exceptionnelle .................. 42 Les mangroves .................................... 44 L’écosystème corallien ....................... 45 Tortues et dugongs, le défi ............... 46 Un paradis ornithologique ................ 49 Reptiles et chauves-souris ................ 51 Restaurer la biodiversité .................. 52 Farino et Sarraméa ............................ 65 Moindou et Poya ................................ 66 La Foa et l’île des Pins ....................... 67 Bourail et Boulouparis ...................... 68 6 ma province Sud

« Lafleur et Tjibaou se prirent la main à l’envers, comme le font les sportifs qui viennent de marquer un point. Ils se regardaient comme deux frères seuls peuvent se regarder… Ils sont sortis dans le jardin et ont alors répété leur poignée de main pour les photographes… J’observais ces hommes qui venaient d’affirmer leur espoir et leur lucidité en même temps. C’est un instant rare. » Michel Rocard. Premier ministre de 1988 à 1991.

Les Austronésiens peuplent la Grande Terre depuis près de 3 000 ans et la civilisation kanak se met en place à proprement parler autour de 1 000 ans après Jésus-Christ. Une deuxième vague de peuplement intervient après l’intégration de la Nouvelle-Calédonie à l’empire colonial français, en 1853 : colons libres, ouvriers agricoles réunionnais, alsaciens-lorrains, libérés du bagne, engagés néo-hébridais Le peuple de tous les horizons puis asiatiques, colons Feillet, colons « Nordistes » dans les années 1920. La Nouvelle-Calédonie devient un Territoire d’Outre-Mer dès 1946. Pour pallier le manque de bras, on fait appel à une main-d’œuvre venue de Polynésie française pour la construction du barrage de Yaté, puis de Métropole, de Wallis et Futuna et de l’outremer français pendant le boom minier des années 1968-1972. Les Japonais font partie des engagés libres sur mine dès 1892. Différentes vagues de peuplement européen ont lieu après 1853. Les « Tonkinois », engagés vietnamiens, arrivent sur le Caillou dès 1891. Les Wallisiens et Futuniens sont présents de manière perlée dès les années 1900. Les premiers « Javanais », engagés indonésiens, débarquent en 1896. Les Kanak, tout comme la majorité des Océaniens, sont les descendants d’un lointain peuple de navigateurs, les Austronésiens. Les « Arabes » sont issus des déportés kabyles de 1872 et de bagnards d’Afrique du Nord. 8 ma province Sud

Après « plusieurs décennies d’incompréhension et de violence », les Accords de Matignon sont signés le 26 juin 1988 par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, sous l’égide de Michel Rocard. En août 1988, il est complété par l’accord d’Oudinot, qui définit l’organisation institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie. C’est le Premier ministre Michel Rocard qui propose en 1988, au nom de l’État, la création de provinces dans le cadre des négociations des Accords de Matignon-Oudinot. Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou finissent par s’emparer de cette idée novatrice et fondatrice du « vivre-ensemble ». Une poignée de main pour un destin commun Les Accords de Matignon- Oudinot reposent sur un compromis historique qui fonde depuis trente ans la paix retrouvée et la construction d’un destin commun. Obtenus grâce à des efforts de dialogue et de consensus, ils prévoient une période de développement de dix ans avec des garanties institutionnelles, à l’issue de laquelle un scrutin d’autodétermination serait organisé. La création de trois provinces dotées de compétences propres pour assurer un partage des responsabilités, le programme 400 Cadres devenu Cadres Avenir, la réalisation de nouvelles infrastructures telles que la transversale Koné-Tiwaka, ou encore la reconnaissance de la culture kanak au travers du Centre culturel Tjibaou participent à la politique de rééquilibrage et de développement de la Nouvelle-Calédonie voulue par les partenaires politiques calédoniens. L’État a fait d’importants efforts financiers pour garantir ce rééquilibrage. 9

Couverture du quotidien Les Nouvelles calédoniennes du 8 novembre 1989. Les premiers pas réussis de la province Sud, bâtir un avenir dynamique et solidaire Née des Accords de Matignon-Oudinot, mise en place après une année d’administration par l’État français, la toute nouvelle province Sud vote son premier budget en juillet 1989. À partir de 1990, elle déploie et assume sur le terrain l’ensemble des compétences qui lui ont été attribuées. Plus de 200 milliards de francs Pacifique sont ainsi injectés dans l’économie, avec un accent particulier mis sur la construction de logements sociaux et l’amélioration des conditions de vie des habitants sur l’ensemble du territoire de la province. Des milliers d’habitats sociaux à Nouméa, dans l’agglomération mais aussi en Brousse ont été construits ou rénovés, avec le double objectif de faciliter l’accès à la propriété pour les moins favorisés et de réduire l’habitat précaire. Le retard en infrastructures routières a été comblé : des tribus ont été désenclavées, des routes et des ponts ont permis le développement économique et touristique de certains sites, le Grand Nouméa a été raccordé au chef-lieu via les voies de dégagement Est et Ouest. Durant cette première décennie, la quasi- totalité des foyers de la province Sud ont été raccordés aux réseaux d’eau et d’électricité. À force d’investissement et d’efforts en direction du tissu économique, notamment par le biais de Promosud, société de financement de l’institution, des milliers d’emplois ont été créés ou protégés. Les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage ont été soutenus. Des centres médicaux ont été construits, rénovés ou améliorés dans les villages et les tribus, afin de garantir l’égalité des soins. La prévention et la sensibilisation à la santé, des aides et des allocations à destination des familles, des personnes en situation de handicap, des enfants, des personnes âgées et globalement des plus fragiles, ont été développées. La province Sud a également promu les droits des femmes, créé la Mission d’insertion des jeunes (MIJ) et le Centre de conseil familial (CCF). La collectivité fait de la jeunesse l’une de ses priorités absolues. 10 ma province Sud

La poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou scelle le retour à la paix et la loi du 22 juillet 1988 organise le premier statut Rocard, qui établit une administration directe du Territoire par l’État pour un an. La loi référendaire du 6 octobre 1988 définit le deuxième statut Rocard, qui prévoit la mise en place des trois provinces, collectivités territoriales de la République française. À la suite du référendum d’approbation du 6 novembre 1988, la loi du 9 novembre 1988 crée les trois provinces. Le Premier ministre, Michel Rocard, précise dans une lettre au président de la République : « Une décentralisation doit être opérée au profit de collectivités qui permettent de représenter les populations du Territoire dans leur diversité culturelle et économique. » La loi du 9 novembre précise dans son article 7 : « Chaque province est compétente dans toutes les matières qui ne sont pas réservées, soit par la présente loi, à l’État et au Territoire, soit par la législation en vigueur, aux communes. » Article 97 : « Les dispositions de la présente loi entreront en vigueur le 14 juillet 1989. La première élection aux assemblées de provinces aura lieu à une date fixée par décret entre le 1er juin et le 14 juillet 1989. » RÉPARTITION DES TROIS PROVINCES Chantier de remblayage de la baie de la Moselle en 1971. La baie de la Moselle en 1991. Province Nord Province Sud Province des Îles loyauté Un pacte pour la paix, la genèse des provinces en Nouvelle-Calédonie 11

La provincialisation a eu pour objectif de participer au retour à la paix civile, l’intégration de la grande majorité des hommes politiques calédoniens aux institutions permettant une responsabilisation accrue des élus et le rétablissement d’un dialogue concret et constructif. Elle été mise en œuvre afin de rapprocher les élus et les administrations de la population afin de permettre aux adversaires d’hier de construire un « vivre-ensemble » calédonien, aussi bien dans les quartiers de Nouméa et du grand Nouméa qu’en Brousse ou qu’en tribus. La provincialisation s’inscrit pleinement dans le désir des trois partenaires des Accords de Matignon-Oudinot d’assumer une politique de rééquilibrage à la fois géographique et communautaire. La volonté du troisième partenaire qu’est l’État était que les non-indépendantistes et les indépendantistes, en fonction du partage des trois exécutifs provinciaux et de la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, intègrent toutes les dimensions de la gestion des différentes collectivités. Aujourd’hui, il est évident que ces objectifs ambitieux ont été atteints et que même si des tensions persistent, la situation est beaucoup plus sereine aujourd’hui. La mosaïque de communautés qui peuplent la province Sud forme à présent un cœur qui bat à l’unisson. Tous les citoyens de cette collectivité dynamique souhaitent le développement des infrastructures, de plus grandes opportunités d’emploi, un accès toujours accru aux cultures entrecroisées et la perpétuation du bien vivre spécifique à cette province française ultramarine et océanienne. La provincialisation, une avancée vers la réconciliation et la stabilité 12 ma province Sud

C’est le dimanche 26 juin 2022 que fut inaugurée la statue symbolisant la célèbre poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou. Le même jour, trente-quatre ans auparavant, les adversaires d’hier mettaient fin à la montée des violences et proposaient à tous les Calédoniens, quels que soient leur origine ou leur lieu de résidence, de partager cette poignée de main et de construire ensemble une véritable communauté de destin. Aujourd’hui c’est au cœur de Nouméa, sur la « Place de la paix » qu’est offert aux Calédoniens un regard éclairé sur le passé afin de bâtir un avenir commun dans le cadre de la riche diversité de la France ultramarine. Dans son discours commémoratif, le haut-commissaire, Patrice Faure, déclara : « Désormais, un nouveau chapitre de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie s’ouvre pour construire avec humilité et solidarité un projet commun garant du vivre- ensemble et surtout du faire-ensemble. » Aux côtés de la présidente de l’Assemblée de la province Sud, Sonia Backès, étaient présents notamment, Sonia Lagarde, maire de Nouméa et les enfants de Jacques Lafleur ainsi que Marie-claude Tjibaou, veuve de Jean-Marie Tjibaou. Cette dernière, dans un discours émouvant, souligna : « Célébrer la paix aujourd’hui à l’ombre de ces grands hommes, c’est rappeler que la responsabilité est d’abord individuelle avant d’être collective. » La fille de Jacques Lafleur, Isabelle Lafleur, ajouta : « cette statue va permettre à la jeunesse de ce pays de ne pas oublier l’histoire. » Les bâtisseurs de la paix, les Calédoniens unis célèbrent leurs grands hommes

La Nouvelle-Calédonie, et en particulier la province Sud, possède un riche patrimoine bâti qui témoigne de son histoire. On y trouve de nombreux bâtiments hérités de l’époque coloniale française, tels que le château Hagen, le fort Téremba et les vestiges du bagne de l’île Nou ainsi que de nombreux temples chrétiens. Des phares et des passerelles sont également présents, notamment le phare Amédée. Ce dernier a été construit dans les ateliers Eiffel dans l’Hexagone avant d’être inauguré en 1865 sur l’îlot Amédée, et constitue une remarquable prouesse technique pour l’époque. À La Foa, la passerelle Marguerite, baptisée ainsi en l’honneur de l’épouse du gouverneur a, quant à elle, été assemblée sur place par des bagnards en 1909. Le patrimoine bâti en province Sud, une fenêtre sur l’histoire et l’identité du Caillou 14 ma province Sud

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Le Patrimoine culturel immatériel (PCI) englobe les expressions vivantes et les traditions héritées de nos ancêtres, constamment recréées et transmises de génération en génération. Cela englobe des éléments tels que les expressions et traditions orales, les pratiques sociales, les arts du spectacle, les rituels, les événements festifs, les savoir-faire artisanaux, ainsi que les connaissances et les pratiques liées à la nature et à l’univers. La province Sud adopte une approche innovante pour la protection et la valorisation de ce patrimoine. Depuis plusieurs années, elle finance des collectes réalisées en partenariat avec l’Agence de développement de la culture kanak (ADCK) et le Centre culturel Tjibaou (CCT), permettant notamment l’intégration des savoirs traditionnels dans la gestion des aires et des ressources naturelles. Elle a également introduit la toponymie kanak sur le réseau routier de son territoire et mène de nombreux projets visant à valoriser ce patrimoine lors d’événements tels que le Mois du patrimoine ou les Journées de l’archéologie, ainsi que dans le cadre de projets plus structurants, comme l’espace culturel de Deva. Ito Waïa, regretté poète, sculpteur, photographe et conteur de la tribu d’Azareu, à Bourail, était un homme sensible et engagé. À travers ses écrits et sa poésie, il exprimait les émotions profondes et les préoccupations de la société. Il abordait des sujets tels que l’environnement et la préservation de la culture kanak en province Sud et plus particulièrement à Deva. Il a joué un rôle important dans la reconnaissance et la valorisation du patrimoine immatériel des cultures tribales, en fusionnant ses aspects culturels et environnementaux grâce à son talent poétique et en utilisant la langue française comme une passerelle entre les hommes. Son œuvre sensibilise le public à ces enjeux cruciaux et incite à réfléchir à la nécessité de préserver à la fois la richesse culturelle et la biodiversité de la Nouvelle-Calédonie. Son héritage artistique et son engagement continuent d’inspirer et contribuent à la mise en valeur de la culture kanak en province Sud. Échos éternels, les liens du patrimoine culturel immatériel Ito Waïa MOROA KAOU (À mes grands-pères) Les heures s’écoulent Dans la course des jours Se bâtir au gré du temps Et un autre jour brin de poussière Tomberont les âges A la fleur qui s’ouvre Au soleil qui se lève Dès ma dernière larme Ma jeunesse qui s’effrite Que c’est déjà mon passé Et dans la case des partages 16 ma province Sud

« Au cœur de la province Sud, un kaléidoscope de communautés coexiste en une harmonie vibrante, formant un peuple tissé de diversités. Chacun, qu’il vienne d’horizons lointains ou de terres voisines, contribue à la richesse de cette mosaïque humaine. »

En Nouvelle-Calédonie, le terme « Broussard » désigne les hommes et les femmes qui résident dans les régions rurales, éloignées des centres urbains et des infrastructures modernes. Les Broussards vivent généralement entourés de nature et leur mode de vie est étroitement lié à la terre, à l’agriculture, à la pêche, à la chasse. Ils ont développé des connaissances et des compétences pour prospérer. Ainsi, le terme « Broussard » englobe une diversité de personnes vivant en milieu rural, indépendamment de leur origine. Les festivités des Broussards prennent différentes formes selon les régions où elles se déroulent. Le plus grand rassemblement de Broussards a lieu chaque année à Bourail, dans le cadre de la plus grande foire agricole et artisanale de l’archipel, depuis 1977, même si la première avait eu lieu cent ans auparavant, en 1877. Son concours agricole permet de prendre la mesure année après Les Broussards année des améliorations des techniques agricoles, au niveau provincial et territorial. Agriculteurs et éleveurs y présentent leurs produits et leurs plus belles bêtes, permettant ainsi à l’excellence agricole calédonienne de s’exprimer. Son rodéo, l’élection de Miss et Mister Foire de Bourail, son lancer de claquettes et les nombreuses dégustations proposées à cette occasion lui assurent un succès toujours renouvelé. Cet événement met en avant les éleveurs de bétail, également appelés « stockmen calédoniens ». L’élevage du bétail occupe une place importante dans l’économie et le mode de vie de la Nouvelle-Calédonie, et le stockman calédonien joue un rôle essentiel dans le maintien de cette activité traditionnelle et économique. Son expertise contribue à la durabilité et à la prospérité de l’industrie de l’élevage dans la région. 18 ma province Sud

Dans une société marquée par des divisions historiques et des tensions, la jeunesse joue un rôle crucial dans la création d’un destin commun et d’un avenir meilleur. Notre jeunesse a la possibilité de dépasser les clivages et de construire des ponts entre des populations autrefois antagonistes. Elle est le fruit d’une union qui transcende les différences et les préjugés. Elle incarne également une vision d’avenir commune, aspirant à un futur où les cultures coexistent harmonieusement. La province Sud a lancé en 2022 un programme de prévention primaire sur son territoire, intitulé « Bien Dans Mes Claquettes ». La première phase, inspirée du modèle islandais, vise à mesurer les comportements, perceptions et pratiques liés aux prises de risque ainsi qu’aux consommations de substances psychoactives chez les jeunes de la classe de 3ème (privées et publiques). Une photographie de la jeunesse en province Sud des 1415 ans qui va permettre de développer des stratégies de prévention spécifiques pour chaque groupe de population. Cette enquête sera réitérée périodiquement (tous les deux ans) afin d’évaluer l’impact des mesures prises. La jeunesse, ciment de l’unité et d’un avenir partagé 20 ma province Sud

Les femmes de la province Sud ne sont pas que des mères, des épouses et des filles. Elles sont aussi des chefs d’entreprise, des cadres ou des employées. Désormais, près de 75 % des Calédoniennes résident en province Sud et deux sur trois dans le Grand Nouméa. Précieuses pour les jeunes et les aînés, elles sont au cœur de l’équilibre du foyer et bien souvent le pilier de la famille. Depuis la provincialisation, leur destinée s’est profondément modifiée, tant au niveau scolaire que dans la formation professionnelle, et ce dans toutes les communautés. Elles s’inscrivent de plus en plus dans des cursus d’apprentissage de métiers jusqu’alors réservés aux hommes, comme conductrice d’engins miniers. Même si la condition féminine s’améliore, elle reste cependant fragile car il y a dans la société calédonienne encore trop de violences intrafamiliales. De nombreuses associations ont pour objet la défense de leurs droits et la lutte contre les violences faites aux femmes, à l’instar du Service de traitement des violences conjugales et intrafamiliales (STVCIF) « Le Relais » et du Centre d’information-Droit des femmes et égalité de la province Sud (CIDFE). Certaines études suggèrent que les femmes accordent souvent une plus grande importance aux aspects sociaux et relationnels. Elles peuvent être davantage attachées que les hommes à la construction d’une société solidaire, à la protection de l’environnement, à l’éducation ainsi qu’au renforcement des liens communautaires. Leur perspective viserait la durabilité, le bien-être collectif et la création d’un monde plus inclusif. Équilibre et renaissance, le pouvoir des femmes 22 ma province Sud

La province Sud organise chaque année depuis 2021 le Nouméa Women’s Forum, qui vise à mettre en valeur l’engagement des femmes chefs d’entreprise et à travailler à des actions phares pour promouvoir l’entrepreneuriat au féminin. Ceci pour contribuer à l’autonomisation économique des femmes et au développement de la région. 23

La province Sud est une région riche en coutumes et en cultures qui font la fierté de tous les Calédoniens. Les descendants des premiers Européens valorisent l’héritage de leurs ancêtres par le biais de nombreuses structures telles que l’association Témoignage d’un passé. Tout au long de l’année, elles organisent des événements et font revivre les grands moments historiques, à l’image du spectacle son et lumière du Fort Teremba ou encore durant le Mois du patrimoine de la province Sud. Les Kanak préservent leur identité tout en adaptant progressivement leurs coutumes aux réalités contemporaines. Les grands événements qui rythment la vie, naissances, deuils, mariages et récoltes de l’igname nouvelle sont l’occasion de riches cérémonies qui rassemblent de nombreuses personnes. Les aînés, les chefs coutumiers ou les porte-parole y prononcent de longs discours, récitent les généalogies des clans et partagent leurs histoires. Le terme « coutume » englobe désormais l’ensemble du mode de vie kanak, un système de relations sociales basé sur le respect des forces de la nature, le pouvoir des mots et les échanges symboliques. « Faire la coutume » implique d’accomplir des actes spécifiques pour intégrer le monde kanak, établissant ainsi une relation précise avec un individu ou un groupe, à un moment et à un lieu précis, favorisant ainsi la connaissance mutuelle. Une terre de coutumes, de croyances et de partage entre générations 24 ma province Sud

Pour les Calédoniens d’origine wallisienne et futunienne, les fêtes de Saint-Pierre-Chanel, le 28 avril, et de Saint-Joseph, le 1er mai, sont des événements grandioses qui mobilisent toute la communauté. Ces célébrations, à la fois religieuses et coutumières, offrent une occasion propice au dialogue intergénérationnel et renforcent les liens au sein du groupe. Les descendants de Japonais célèbrent le Festival des étoiles le 7 juillet, une manifestation symbolique au cours de laquelle les adultes transmettent aux enfants la croyance en la réalisation de leurs souhaits s’ils les écrivent sur des bandes de papier appelées « tanzaku » qu’ils accrochent à des branches de bambou avant de les jeter à la rivière. Cette tradition vise à créer un lien entre générations et à inculquer aux enfants les valeurs de l’espoir. Le Têt, ou nouvel an chinois, est la fête annuelle la plus importante pour de nombreuses personnes d’origine asiatique. C’est l’occasion d’exprimer leur gratitude envers leurs ancêtres et de se retrouver en famille. Le Ramadan est suivi en Calédonie par les musulmans originaires d’Indonésie et d’Afrique du Nord. Comme ailleurs dans le monde, il se caractérise par le jeûne, la solidarité, le partage, la réflexion, le pardon et la spiritualité. La Fantasia, une tradition équestre originaire du Maghreb, est perpétuée en province Sud par les descendants des Algériens (déportés du bagne) à Nessadiou. Malgré tout, la province Sud demeure une région majoritairement chrétienne. Les festivités de Noël sont un événement rassembleur pour tous les Calédoniens, célébré dans un esprit de partage familial et de respect. La province Sud est donc un territoire multiculturel où chaque communauté préserve et célèbre ses propres coutumes. Ces traditions sont une source de fierté pour les Calédoniens et contribuent à la richesse et à la diversité culturelle de la province Sud, terre d’échange et de partage.

Alexis Mathieu Florian Laurent Peato Yolaine Hugo Minh Geffrouais Gané Mauvaka Yengo Tormento Dack Une terre de champions Le sport a toujours été en Nouvelle-Calédonie un vecteur de cohésion sociale et d’éducation. ’activité physique et sportive est devenue au fil du temps synonyme d’engagement, de santé et de bien-être sur cette terre du Pacifique. Depuis des années, la province Sud met tout en œuvre pour contribuer à l’épanouissement de la personne par les activités sportives, les dispositifs et l’accompagnement qu’elle développe. Cette volonté de la collectivité, partagée par les clubs, les associations, les ligues et les comités, a permis de créer un environnement propice à faire de la Nouvelle-Calédonie une terre de champions. Le nombre de sportifs calédoniens qui s’illustrent sur les scènes nationale et internationale est remarquable. En témoignent les nombreux titres, médailles olympiques et mondiales qu’ils ont décrochés. 26 ma province Sud

Thomas Maxime Titouan Pierre Lara AS Academy Delphine Goyard Grousset Puyo Fairbank Grangeon Féminine André C’est le cas dans les bassins de natation avec Maxime Grousset, Delphine André, Lara Grangeon et Diane Bui Duyet ; sur les pistes d’athlétisme avec Éric Reuillard et Florian Geffrouais ; sur l’eau avec Thomas et Nicolas Goyard, Titouan Puyo, Noïc Garioud, Michel Quintin et l’équipe de va’a V12 aux Jeux du Pacifique 2023 ; mais aussi avec Hugo Tormento qui vient de marquer pour une deuxième année consécutive de son nom le sommet mondial du swimrun ; les rugbymen Peato Mauvaka, Romain Taofifenua et la rugbywoman Yolaine Yengo, régulièrement sélectionnés en équipe de France. Aujourd’hui, grâce à la province Sud, les sportifs ne cessent de s’illustrer au plus haut niveau et contribuent ainsi à porter fièrement les couleurs de la France dans les compétitions internationales et olympiques. À ces exploits s’ajoutent les victoires et les innombrables médailles de Laurent Gané, de Rayann Lacheny et d’Hugo Pommelet en cyclisme ; celles du karateka Minh Dack et du judoka Alexis Mathieu, de Cédric Do en boxe, sans oublier les médaillés handisports tels que Pierre Fairbank, Thierry Cibone et Rose Welepa, ou, plus récemment, l’exploit des footballeuses de l’AS Academy féminine (ASAF) qui ont remporté la première édition de la Ligue des champions féminine d’Océanie. Les performances des Calédoniens ne se comptent plus et sont synonymes d’excellence. À l’instar de celles des footballeurs Christian Karembeu et Antoine Kombouaré, qui ont fait rêver beaucoup de jeunes. Noïc Garioud

Le pilote de Rafale Johan Pidjot incarne à lui seul l’excellence de la jeunesse calédonienne. Bien plus qu’un talentueux pilote de chasse, il est le reflet vivant d’une Calédonie qui se projette à la fois vers l’avenir et en dehors du récif. En accédant aux commandes de ce fleuron de l’armée de l’air française, il représente la réussite et la détermination d’une jeunesse prête à relever les défis de l’avenir. Son parcours exemplaire inspire la jeune génération en montrant qu’il est possible de transcender les divisions héritées du passé et de construire un avenir prometteur en célébrant la diversité. Johan Pidjot symbolise l’espoir et la possibilité de dépasser les clivages en s’appuyant sur les valeurs communes de respect, de compréhension et de collaboration. Johan Pidjot démontre par son parcours que la jeunesse calédonienne est une force pour bâtir un avenir meilleur. Son travail, sa persévérance et son engagement en font un véritable ambassadeur de la Nouvelle-Calédonie et un modèle de réussite pour la jeunesse. Johan Pidjot, un Calédonien au firmament 28 ma province Sud

La Nouvelle-Calédonie est un fragment de l’ancien continent, le Gondwana : l’île s’est séparée de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande il y a 65 millions d'années. Cet isolement et plusieurs phases de submersion ont permis une longue période d’évolution, conduisant à l’apparition de nouvelles espèces, mais également des genres et des familles qui ne se retrouvent nulle part ailleurs. Des espaces naturels extraordinaires mais fragiles, une biodiversité unique au monde qu’il faut protéger pour les générations futures.

Les parcs provinciaux Les parcs provinciaux sont des espaces naturels protégés. Ils appartiennent au réseau des cinquante-six aires protégées gérées par la province Sud. Ils ont pour objectif de préserver la splendeur de la biodiversité calédonienne, ses écosystèmes foisonnants et la variété des espèces qui y vivent. Parc provincial des Grandes Fougères. Parc provincial Zoologique et Forestier. 30 ma province Sud

La province Sud gère six parcs terrestres, dont trois sont aménagés pour accueillir le public et proposer des activités sportives et écotouristiques. Ils sont une vitrine de la biodiversité pour sensibiliser les visiteurs. Le Parc provincial zoologique et forestier Michel- Corbasson, avec sa forêt sèche et sa collection animale, est situé en plein centre-ville de Nouméa. Sa visite constitue, pour les élèves ou le grand public, une expérience unique pour découvrir la faune et la flore de la Nouvelle-Calédonie. Le Parc provincial de la Rivière Bleue, situé sur les communes du Mont-dore, de Dumbéa et de Yaté, comporte des aménagements de qualité dédiés aux loisirs sportifs et de pleine nature. Ce joyau de la province Sud est inclus dans la zone inscrite (Ramsar) des zones humides à protéger. Le parc regorge d’une flore et d’une faune exceptionnelles, notamment des espèces endémiques telles que le cagou. On peut y découvrir de superbes paysages, des cascades, des lacs et des sentiers de randonnée. Le Parc provincial des Grandes Fougères se trouve à une heure et demie de route du chef-lieu, sur les communes de Farino, de Moindou et de Sarraméa. Plusieurs sentiers de randonnée balisés le jalonnent, adaptés à différents niveaux de difficulté. Les randonneurs peuvent explorer la forêt dense et luxuriante, admirer les cascades, traverser des rivières et observer la diversité de la faune et de la flore. Parc provincial de la Rivière Bleue. 31

La forêt humide est largement représentée en province Sud. On considère qu’elle est quasiment primaire, c’est-à-dire relativement intacte. Néanmoins, elle a été morcelée et se concentre en province Sud le long de la Chaîne centrale et sur la Côte Oubliée. Son endémisme est de 80 % et on y trouve plus de 2 000 espèces végétales. Il s’agit indéniablement du biotope local le plus diversifié et les différents services de la province Sud agissent afin de le préserver des incendies, des espèces envahissantes et des défrichements anarchiques sur brûlis qui entraînent souvent des feux incontrôlés. On trouve dans ces forêts de nombreuses espèces de palmiers et même la fougère arborescente à cœur blond, une des plus grandes du monde. Les espèces animales y sont nombreuses : le cagou, la roussette rousse et le plus grand gecko du monde, le Rhacoductylus laechianus, pouvant atteindre 30 cm de long y prospèrent. La forêt sèche est très menacée car elle se situe généralement à proximité des exploitations agricoles, des tribus et des activités humaines. Comme son nom le sous-entend, elle est fortement soumise au risque d’incendie. Sa régénération est également entravée par la prolifération des cerfs. Cette forêt reste dense, mais on y trouve davantage d’arbustes et de lianes que de grands arbres. On y recense près de 400 espèces végétales, dont 60 % sont endémiques. De nombreuses espèces ont un feuillage épais, souvent recouvert de vernis ou de poils pour les préserver de la perte d’eau. Cette couverture végétale protège le sol, réduisant ainsi l’érosion. L’Observatoire de l’environnement, l’Œil, souligne que la forêt sèche nous fournit de la nourriture par le biais de la cueillette et de la chasse, du bois, régule le climat en captant le CO2, retient et filtre l’eau, diminue le risque d’inondation, stabilise les sols et abrite des insectes pollinisateurs ainsi que de nombreux animaux. La forêt humide, un éden de biodiversité La forêt sèche, un joyau à protéger 33

Le maquis minier, une oasis de vie dans un environnement hostile Le maquis minier est particulièrement présent en province Sud car cette région de la Grande Terre se trouve sur des terrains ultramafiques, c’est-à-dire très riches en métaux (fer et magnésium). Cet écosystème très original traduit une incroyable adaptation des plantes à un sol pauvre et tellement minéralisé qu’il devient un poison pour de nombreuses espèces. Le taux d’endémisme y est de 88 %. Cette flore unique en son genre comprend 1 140 espèces qui représentent un véritable trésor pour l’avenir : elle permet la restauration des zones minières et la préservation des minces sols minéralisés après les feux de brousse. L’idée de pouvoir un jour exporter des espèces adaptables aux sols dégradés et comportant de fortes concentrations en métaux est à l’étude. Plus de 30 % de la province Sud, soit 2 500 km2, sont recouverts de maquis minier. La croissance lente de ce couvert végétal le rend particulièrement fragile. Il est surtout menacé par de croissantes activités minières à ciel ouvert. Aussi, la politique provinciale encourage les actions de réhabilitation des sites miniers, grâce à une réglementation contraignante et en favorisant l’installation de pépinières et d’études scientifiques (IRD, CNRS) pour restaurer les espaces dégradés. Les espèces animales - insectes, reptiles et oiseaux - y sont très diversifiées et souvent de petite taille. 34 ma province Sud

La Côte Oubliée est localisée entre Yaté et Thio. À la demande de la province Sud, l’Observatoire de l’environnement a rédigé en 2015 une synthèse des connaissances environnementales. Cette étude a mis en lumière le très grand intérêt de cette zone, à la fois isolée et fortement marquée par son adaptation à des milieux très minéralisés. On y trouve 50 % des forêts humides de la Grande Terre et le taux d’endémisme y est incroyablement élevé. La particularité de ce bout de Calédonie se distingue par la concentration d’espèces rares et menacées d’extinction. La barrière de corail a la particularité d’être double et ennoyée sur certaines parties, ce qui représente une rare formation géomorphologique. Afin de préserver ce biotope exceptionnel, la province Sud a décidé de le classer en parc provincial en 2019 afin que seules les activités traditionnelles et un écotourisme respectueux de la nature puissent y être pratiqués. Chaque année, les baleines à bosse longent la Côte Oubliée au cours de leur migration majestueuse. La Côte Oubliée, entre isolement et richesse environnementale 35

La province Sud a intégré la convention Ramsar. Cette convention intergouvernementale a pour objectif « la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides (...) en tant que contribution à la réalisation du développement durable dans le monde entier ». Cette signature traduit la prise de conscience provinciale de la valeur unique des zones humides et matérialise un engagement politique à long terme en sa faveur. En province Sud, les lacs du Grand Sud sont classés depuis le 2 février 2014, en tant que zones humides d’importance mondiale. Cette zone comprend les lacs mais aussi des rivières, des marais, des dolines et des systèmes karstiques qui jouent un rôle majeur dans la régulation du cycle de l’eau. Ce site de 44 000 hectares abrite une biodiversité exceptionnelle. Des zones humides reconnues d’importance internationale C’est le plus grand réservoir d’eau douce et le seul site de Nouvelle- Calédonie reconnu Ramsar. Le dossier provincial des Lacs du Grand Sud remplissait sept des neuf critères d’éligibilité alors que trois suffisaient. Cela témoigne de l’exceptionnelle valeur environnementale de cette immense étendue d’eau douce, un biotope rare dans un milieu insulaire. On y trouve notamment, une flore microendémique remarquable, avec une fougère aquatique et un conifère, le bois bouchon, qui pousse les pieds dans l’eau. Ces lacs abritent également une faune unique au monde, dont le Galaxias neocaledonicus, un poisson proche du saumon, microendémique de la plaine des Lacs. La province Sud s’engage à préserver durablement ce site extraordinaire. 36 ma province Sud

Les chutes de la Madeleine, Grand Sud.

Le Domaine de Deva, étendue riche d’une exceptionnelle biodiversité terrestre et marine, s’inscrit au sein d’un vaste espace naturel protégé. Il fait partie du parc de la Zone côtière ouest (ZCO), inscrit depuis 2008 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Du camaïeu bleuté de son lagon aux contreforts de la Chaîne, le Domaine de Deva s’étend sur 8 000 hectares. Son patrimoine écologique est dense et fragile. Authentique sanctuaire, il constitue la plus importante relique de forêt sèche de Nouvelle-Calédonie : 700 hectares disséminés sur le littoral et les collines. Il abrite une flore et Le domaine de Deva, au cœur d’un joyau mondial une faune endémiques, soit plus de 200 espèces végétales ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux, de lézards, de geckos et de mollusques. Ce domaine est d’autant plus précieux que seulement 1 % de la superficie originelle de la forêt sèche subsiste de nos jours en Nouvelle-Calédonie. Le Domaine de Deva abrite également un observatoire ornithologique unique sur le Caillou. Hôtellerie, spa, golf, parcours santé, randonnées pédestres, équestres, pistes de VTT, parapente, parachutisme, trail… autant d’activités qui en font un lieu incontournable pour les amoureux du sport et de la nature. 38 ma province Sud

La faille aux requins de Deva, Bourail.

L’île des Pins, splendeur naturelle et histoire captivante L’île des Pins, perle rare de l’océan Pacifique, émerge telle une merveille au sud de la Nouvelle-Calédonie. Ses paysages à couper le souffle et sa beauté préservée ont fait depuis longtemps sa renommée. Elle tient son nom des pins colonnaires qui jalonnent son paysage. Mais au-delà de sa splendeur naturelle, Kunié est également riche d’un patrimoine historique remarquable. Au XIXe siècle, l’île fut utilisée comme lieu de déportation notamment pour les prisonniers politiques. Plusieurs personnages célèbres y ont été déportés. 40 ma province Sud

Ilôt de Nokanhui, île des Pins. Parmi eux, Louise Michel, figure emblématique de la Commune de Paris. Les vestiges de cette période sont encore visibles. Les habitants, appelés les Kunié, ont su préserver leurs traditions et leur culture. Ils accueillent les visiteurs avec chaleur et hospitalité, toujours enthousiastes lorsqu’il s’agit de faire découvrir leur artisanat local, notamment leurs célèbres paniers en pandanus tressé, ou de faire déguster leur délicieux bougna langouste, bulimes farcis, les produits phares de l’île des Pins. Explorer Kunié (nom kanak de l’île des Pins), c’est l’assurance de se plonger dans la beauté de paysages paradisiaques et de vivre des rencontres riches et authentiques. 41

La Nouvelle-Calédonie compte près de 3 400 espèces décrites de végétaux vasculaires, c’est-à-dire dotées de vaisseaux permettant la circulation de l’eau et de la sève. 76 % d’entre elles sont endémiques. Ces espèces exceptionnelles et uniques font du Caillou un haut lieu de la biodiversité. Il est ainsi classé au troisième rang mondial derrière Hawaï et la Nouvelle-Zélande pour son exceptionnel intérêt au regard des nombreuses espèces reliques (survivantes d’un groupe dont la majorité ont aujourd’hui disparu) qui composent sa flore. Cette dernière fait régulièrement l’objet d’études scientifiques. Cette attention atteste non seulement de la valeur de ce patrimoine vivant, mais aussi des pressions qu’il subit. L’un des traits caractéristiques de cette flore est l’importance de son micro-endémisme. Certaines espèces ne vivent que sur quelques sites de petite superficie. La flore de Nouvelle-Calédonie représente 1 % de la flore mondiale totale. On y dénombre pas moins de quarante espèces de conifères. C’est près de 7 % des conifères mondiaux qui sont endémiques à la Nouvelle-Calédonie et pour moitié menacés d’extinction. « Aucune région au monde d’une aussi petite superficie ne possède une flore de conifères aussi riche et aussi originale », selon Tanguy Jaffré, botaniste à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). L’Ixora margaretae, connue aussi sous le nom de Captaincookia, est un arbuste très rare. Sa particularité est que ses fleurs poussent directement sur le tronc, ce qui fait de l’espèce un arbuste cauliflore. Ce genre compte en Nouvelle-Calédonie 18 espèces, dont 17 endémiques. Une flore exceptionnelle

La Nouvelle-Calédonie abrite l’unique espèce témoignant de la plus ancienne lignée des plantes à fleurs. Amborella trichopoda, endémique du Caillou, est considérée comme l’angiosperme (plante à fleurs) vivante la plus primitive. Les botanistes l’appellent « la mère de toutes les fleurs » de la planète. Son aspect n’a pas changé depuis environ 135 millions d’années. Amborella trichopoda, la mère de toutes les fleurs « La Nouvelle-Calédonie est le conservatoire d’une flore très ancienne qui existait dans le Gondwana, territoire qui, il y a 80 millions d’années, regroupait l’Australie, l’Antarctique, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle- Calédonie, bien avant la dérive des continents. Après la séparation de ces terres, il y a 65 millions d’années, elle est le seul territoire à avoir conservé ses habitats », indique Tanguy Jaffré. 43

En province Sud, la mangrove se trouve, comme partout dans le monde, le long des côtes protégées où les alluvions peuvent s’accumuler. Son existence est liée à la présence de vingtquatre espèces de palétuviers, arbres et arbustes qui supportent à la fois l’eau et le sel et poussent prioritairement dans la vase. À marée haute, leurs racines multiples (rhizophores) sont immergées dans l’eau de mer. La flore des mangroves est toujours peu diversifiée en raison de sols anaérobies (sans oxygène) salins mais elle possède une faune riche qui bénéficie des apports alluvionnaires. Cette nourricerie naturelle héberge de nombreux poissons mais également des crustacés (crabes de palétuvier, crabes violonistes, crevettes), de nombreux mollusques (huîtres de palétuvier) et des poissons comme le périophtalme appelé aussi poisson-grenouille ou gobie sauteur. Qui plus est, de nombreux oiseaux y nichent ou s’y nourrissent. Adaptés à ce milieu particulier, ils ont généralement de long bec et de fines pattes allongées. Les mangroves couvrent 163 km² de la province Sud, ce qui représente 40 % de leur superficie en Nouvelle-Calédonie et sont plus développées sur la côte Ouest en bordure de lagon et sur les rives des estuaires. Elles protègent le littoral en limitant l’érosion de la côte, en atténuant l’impact des cyclones et agissent comme une véritable station d’épuration, en filtrant les eaux usées et en recyclant les matières organiques. Près de 160 espèces y vivent, 10 % étant endémiques. La plus connue d’entre elles est le crabe de palétuvier (Scylla serrata) , apprécié pour ses qualités gustatives et que l’on retrouve sur tous les marchés, de Yaté à Poya. Ces crabes de grande taille creusent de véritables terriers dans la vase et sont de grands nettoyeurs de déchets organiques. Les mangroves, gardiennes du littoral et berceau de la biodiversité

Les récifs coralliens sont constitués de multiples colonies de coraux de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Chaque corail correspond à une symbiose entre le polype et une algue, la zooxanthelle. Ce sont les squelettes calcaires de ces colonies qui forment les récifs coralliens. La barrière récifale calédonienne est longue de 1 500 kilomètres, dont 35 % en province Sud. Elle est la plus longue d’un seul tenant au monde, seulement séparée par des passes, marquant les estuaires des rivières. Voyage dans les merveilles de l’écosystème corallien récifo-lagonaire Les récifs sont très précieux : ils représentent une réserve de poissons et d’organismes marins, ils régulent le climat en captant le CO2, ils atténuent la puissance des vagues et ont une forte attractivité touristique. Mais ils sont fragiles. Leur croissance est lente et ils sont très sensibles aux pollutions d’origine humaine ainsi qu’à l’augmentation de la température de l’eau (dérèglement climatique) qui peut conduire à leur blanchiment, phénomène consécutif à l’expulsion des zooxanthelles, principales productrices de nourriture des écosystèmes coralliens. Ce blanchiment peut, à terme, entraîner la mort du récif. 45

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