Ma province Sud - La France du Pacifique

La Nouvelle-Calédonie, façonnée par 38 millions d’années d’isolement, offre un environnement exceptionnel pour les communautés animales et végétales qui y ont évolué. Cependant, cette longue évolution en vase clos a rendu ces espèces sensibles aux modifications brutales de l’environnement causées par l’arrivée récente de l’homme. L’archipel abrite en particulier une incroyable diversité de reptiles, notamment des geckos et des scinques. Parmi les 80 espèces de geckos que compte le Caillou, 65 sont endémiques. Les scientifiques estiment que toutes sont issues d’une espèce ancestrale arrivée d’Australie il y a 20 à 25 millions d’années. Les geckos vivent dans les forêts et se déplacent la nuit pour se nourrir d’insectes, de fruits, de nectar, voire, pour les plus grandes espèces, d’autres geckos ou même d’oiseaux. Les scinques, lézards à pattes courtes, quant à eux, sont essentiellement diurnes et ont des modes de vie variés : certains sont actifs au soleil, au sol ou dans les arbres, tandis que d’autres vivent une existence discrète, en permanence cachés dans la litière des forêts humides. Parmi ceux-ci, de nouvelles espèces sont encore régulièrement découvertes. La connaissance et la protection de cette faune exceptionnelle sont essentielles, car de nombreuses menaces pèsent sur elle. La plupart des 139 espèces décrites de Nouvelle-Calédonie ont une distribution très limitée. 35 sont strictement endémiques de la province Sud, qui porte donc une responsabilité importante pour la conservation de ce groupe animal emblématique. En Nouvelle-Calédonie, les chauves-souris sont les seuls mammifères terrestres présents naturellement, tous les autres ayant été introduits. Parmi les neuf espèces de chiroptères présentes, quatre sont des roussettes (frugivores). Les roussettes calédoniennes ont une longévité estimée entre 10 et 20 ans. Grâce à leur régime alimentaire, elles jouent un rôle crucial dans la pollinisation des fleurs, la dispersion et la germination des graines en forêt. Des scientifiques ont démontré que les roussettes contribuent largement à la recolonisation par les végétaux des zones dégradées. Cet animal occupe une place privilégiée dans la culture kanak, symbolisant la virilité. Il est étroitement lié à la célébration de la nouvelle igname. Autrefois, la chasse à la roussette était autorisée uniquement lors des festivités et il y avait des interdits (tabous) pour la protéger. En général, la règle autorisait trois roussettes et trois notous par famille et par cérémonie. Aujourd’hui malgré une règlementation codifiée, leur population subit des pressions humaines excessives. On estime qu’environ 30 % des colonies ont disparu au cours des trente dernières années. L’activité humaine est la principale cause du déclin de ces précieuses chauves-souris. Une étonnante diversité de reptiles et de chauves-souris 51

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