Parc Provincial de la Rivière Bleue

Parc Provincial de la Rivière Bleue

Le Parc Provincial de la Rivière Bleue, situé dans Sud de la Grande Terre, por te le nom de la sinueuse Rivière Bleue qui le traverse. En 2014, le parc a été inscrit à la Convention de Ramsar* pour ses zones humides exceptionnelles, qui attirent aujourd’hui des visiteurs du monde entier. Établi à l’origine comme réserve de faune en 1960, le parc est devenu parc territorial en 1980. Il est aujourd’hui le plus grand parc territorial de Nouvelle-Calédonie, s’étendant sur 22 000 hectares. Le parc abrite une flore diversifiée allant des forêts humides aux zones de végétation basse, appelées localement maquis minier . Toutes ces espèces se développent sur des sols ultramafiques, riches en métaux comme le nickel. Ces écosystèmes sont par ticulièrement exceptionnels en raison de leur grande diversité botanique et du taux d’endémisme, ainsi que de leur capacité à s’adapter aux par ticularités du sol. Grâce à l’abondance et à la diversité de cette flore, il est également possible d’observer de très nombreuses espèces d’oiseaux terrestres néocalédoniens au sein du parc. Le parc se trouve à l’Est de la Montagne des Sources, réserve naturelle intégrale de près de 6 000 hectares et englobe les réserves naturelles de la Haute Pourina au Nord et de la Haute Yaté au Nord-Ouest. La zone protégée est à l’extrémité méridionale de la chaîne des massifs ultramafiques du Sud et se situe à l’intérieur des bassins versants de la Rivière Blanche à l’Ouest et de la Rivière Bleue au Nord-Est. Ces bassins versants alimentent en eau douce le lac ar tificiel de Yaté, créé par le barrage éponyme construit en 1958. Parc Provincial de la Rivière Bleue Le Lac de Yaté 2

Témoins vivants de la présence historique de l’homme dans la zone du parc Il subsiste des vestiges d’activités minières et d’exploitation forestière remontant au début du siècle dernier, offrant aux visiteurs un aperçu du précieux patrimoine historique de la Nouvelle-Calédonie. Les pétroglyphes Les pétroglyphes de la Nouvelle-Calédonie seraient vieux de 200 ans avant J.-C. à 1 500 après J.-C. Ces gravures rupestres sont la mémoire gravée des premiers peuples austronésiens et mélanésiens venus s’installer sur la Grande Terre. Ils sont aujourd’hui protégés pour assurer leur préservation. Souvent de forme en spirale, les pétroglyphes sont gravés dans de la péridotite et sont visibles sur les hauteurs de la Vallée de la Rivière Bleue. Le chemin de fer Au début du XXe siècle, le parc était traversé par un vaste réseau de voies ferrées, appelé la Lucky Hit Forestière. Construits à l’origine pour transférer les billes de bois issues des opérations forestières, les chemins de fer ont également assuré, par la suite, le transpor t du minerai de chrome extrait à la main par les ouvriers de la mine. Plus de 36 km de voies ferrées ont été posées entre le parc et l’embouchure de la Rivière des Pirogues au Sud. La scierie de l’entreprise La Forestière a été installée à l’embouchure, ainsi qu’une jetée en bois permettant de charger le minerai de chrome à bord des bateaux. Les locomotives Les locomotives à vapeur, acheminées par voie ferrée au dépar t de l’embouchure de la Rivière des Pirogues, servaient, dans le cadre de l’exploitation forestière à entraîner les treuils utilisés pendant le XXe siècle pour les opérations de traînage et d’abattage. Ces énormes engins étaient fournis par Russell Allpor t & Co, et impor tés en pièces détachées depuis Hobar t, en Australie. Le Pont Pérignon Ce pont a été construit par l’équipe de charpentier de marine de M. Charles Chantreux et achevé en 1958. Il était destiné à assurer le transpor t des billes provenant de l’exploitation forestière de M. Pérignon située dans la Haute Vallée de la Rivière Bleue. Le pont est classé monument historique provincial depuis 2014. 3

Une nature magnifique Zones humides / Convention de RAMSAR Au cœur des divers milieux naturels du parc, les zones humides forment un vaste système hydrographique naturel serpentant à travers toute la région Sud de la Grande Terre pour se jeter dans la mer. Ces zones humides abritent le plus grand réservoir d’eau douce de NouvelleCalédonie. Des systèmes hydrologiques et karstiques souterrains complexes facilitent le stockage de l’excédent d’eau recueilli pendant la saison des pluies, permettant sa distribution à travers la région pendant la saison sèche. Cette réserve constitue une source d’eau pour la population locale. Ces zones humides, présentant une biodiversité exceptionnelle et un for t taux d’endémisme, constituent un refuge pour les oiseaux, une réserve pour les animaux en voie de disparition et un vivier de crevettes d’eau douce et de diverses espèces de poissons endémiques. La Forêt Noyée Le paysage insolite de cette zone s’est formé à la suite d’une crue brutale submergeant la forêt. Le barrage de Yaté, construit en 1958 consécutivement à cette crue, a joué un rôle essentiel dans l’alimentation de la centrale hydroélectrique. Aujourd’hui les troncs imputrescibles des arbres sont intacts et confèrent à ce lieu une atmosphère magique, qu’il est possible de découvrir en kayak les nuits de pleine lune. Le Lac de Yaté Le Lac de Yaté s’étend sur une superficie de 40 km² et constitue le plus grand lac d’eau douce de l’archipel calédonien. Il est alimenté par la Rivière Bleue au Nord-Est et la Rivière Blanche au Sud-Ouest. Le débit moyen du barrage est de 42 m3 par seconde, avec une production énergétique de 307 gigawatts par heure tout au long de l’année. Une fonderie de minerai de nickel à Nouméa, détenue par la Société Le Nickel (SLN), consomme 80% de l’énergie ainsi produite. Les berges du lac ar tificiel sont caractérisées par de grandes zones humides comme celles de la Rivière Blanche, et la région abrite des espèces de poissons exotiques comme le black bass ( Micropterus salmoides) et le tilapia ( Oreochromis spp), ainsi que des espèces endémiques d’anguilles ( Anguilla megastoma) et de minuscules crevettes ( Atiidae). La Marmite du Géant Des trous naturels d’une rondeur quasi-parfaite ont été creusés dans la roche par le tourbillonnement d’eau et de cailloux. Ils sont visibles dans le cours de la Rivière Bleue et le long des berges environnantes. Les cascades Le parc compte de nombreux trous d’eau et cascades offrant une véritable oasis au cours d’une randonnée. La Forêt Noyée Les cascades La Marmite du Géant 4

La faune du parc Le parc est le lieu le plus impor tant de la zone de conservation des oiseaux (IBA) en Nouvelle-Calédonie. L’avifaune y est riche et diversifiée avec 40 espèces recensées à ce jour. Il représente un refuge pour l’ensemble des 19 espèces endémiques de la Grande Terre, y compris le rare et fascinant Méliphage toulou ( Gymnomyza aubryana), classé comme espèce menacée d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le cagou Le cagou ( Rhynochetos jubatus), oiseau au plumage bleu-gris et aux longues pattes, couronné d’une huppe, est l’emblème national de Nouvelle-Calédonie. Inapte au vol, il est unique au monde et est endémique. Il fait son nid au sol dans la forêt et se nourrit de vers et d’insectes. Il ne pond qu’un seul œuf par an ; traquée par des chiens et chats sauvages, l’espèce est menacée d’extinction. À travers un programme de conservation efficace, les services publics de la province 1 National Geographic dans l’article Corbeau fabrique un crochet pour se procurer de la nourriture (8 août 2002) Sud agissent pour assurer la protection du cagou dans le Parc Provincial de la Rivière Bleue. Grâce à différentes initiatives, la zone atteint aujourd’hui sa plus impor tante population provinciale, soit 700 oiseaux, hausse significative par rappor t aux 60 individus recensés en 1984. Le notou Le notou ( Ducula goliath) est le plus grand pigeon arboricole du monde. Présent uniquement en Nouvelle-Calédonie, le notou vit en forêt et se nourrit de fruits et de graines. Comme le cagou, il ne pond qu’un seul œuf par an et bénéficie de mesures de protection. L’apercevoir dans la forêt n’est pas facile mais son chant guttural est très reconnaissable. Le corbeau calédonien Le corbeau calédonien ( Corvus moneduloides) est lui-aussi endémique. Cet oiseau fait l’objet d’études réalisées par des scientifiques de l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande et de l’Université d’Oxford et est réputé pour son habileté étonnante à se procurer de la nourriture. Un ar ticle intitulé Crow makes wire hook to get food ( Un corbeau fabrique un crochet pour se procurer de la nourriture )1 est d’ailleurs paru dans le magazine National Geographic. Les lézards La Nouvelle-Calédonie abrite de nombreux lézards, d’une diversité parmi les plus riches de la région du Pacifique Sud-Ouest. Le niveau élevé d’endémisme est attribuable à la grande distance séparant la Nouvelle-Calédonie de l’Australie continentale. La province Sud abrite 60% des espèces de lézards recensées en Nouvelle-Calédonie, dont la moitié est endémique. Le Parc Provincial de la Rivière Bleue abrite plus de 20 espèces endémiques très diversifiées. La forêt tropicale du parc est l’habitat privilégié de la plupar t des espèces de lézards, qui y trouvent ressources alimentaires et abris. De nouvelles espèces de lézards sont encore recensées au sein des forêts tropicales de haute altitude poussant sur les sols ultramafiques du Sud. Les geckos géants Les sept espèces connues de l’emblématique Rhacodactylus sont endémiques à la NouvelleCalédonie. Ils comptent parmi les plus grands geckos du monde ! Le parc en abrite quatre espèces : le gecko géant de Leach ( Rhacodactylus leachianus), le plus grand gecko au monde ; le gecko géant de Sarasin ( Rhacodactylus de sarasinorum), présent dans l’extrême Sud de la Calédonie ; le gecko géant cornu ( Rhacodactylus auriculatus) et le magnifique gecko Rhacodactylus ciliatus communément appelé le gecko géant à crête. Deux crêtes triangulaires passent au-dessus de ses yeux et courent jusqu’en bas de sa nuque. Ce gecko nocturne vit dans des forêts tropicales denses. Les geckos du parc sont cités dans l’ar ticle Monde perdu du magazine Australian Geographic2. Le cagou Le notou Le corbeau calédonien Le lézard Le gecko géant 2 Magazine Australian Geographic, article Monde perdu (novembre à décembre 2013) www.australiangeographic.com.au/travel/destinations/2013/10/images-unique-islands-of-new-caledonia 5

Une flore exceptionnelle Le parc abrite plus de 119 familles de plantes, soit près de 80% des 150 familles de plantes recensées sur les sols ultramafiques de la Grande Terre de Nouvelle-Calédonie. 307 groupes d’espèces sont réper toriés dans la zone du parc. Plus de 700 sur les 2 150 espèces de plantes vasculaires y ont également été réper toriées. Le taux d’endémisme est très élevé dans les deux réserves naturelles, Haute Pourina (92,9%) et Haute Yaté (88,1%), ce qui démontre la richesse du sol à travers la Nouvelle-Calédonie (soit un taux global de 82%). Parmi les taxons recensés, 48 sont actuellement inscrits à la liste rouge de l’UICN ; ils sont tous protégés au titre du code de l’Environnement de la province Sud. Orchidées Megastylis est l’une des plus hautes orchidées de Nouvelle-Calédonie, parmi toutes celles recensées. Sa floraison tardive a lieu au milieu de l’été. Nepenthes vieillardii est une orchidée carnivore se nourrissant d’insectes piégés dans de petits réceptacles se trouvant à l’extrémité de ses feuilles. Communément appelée gourde du mineur , cette orchidée est très répandue dans les milieux de maquis minier et pousse également en bord de forêt. Le grand kaori Cet imposant Agathis lanceolata est le plus grand kaori recensé en Nouvelle-Calédonie. Il affiche 2,70 m de diamètre à la base de son tronc. Son âge exact est inconnu mais il est très probablement millénaire. La Nouvelle-Calédonie abrite plus de 50% des espèces gymnospermes de ce type, ainsi que près de 10% des espèces de conifères connues au monde. L’arboretum, situé à l’entrée du parc, rend hommage à cette richesse exceptionnelle en mettant en valeur de nombreux Araucariaceae ( Araucaria et Agathis). 18 espèces, 45% des espèces de la planète, sont actuellement exposées, et des espaces supplémentaires sont prévus pour accueillir les 43 autres espèces de conifères endémiques à la Nouvelle-Calédonie. Le grand kaori Orchidée Grevillea Deplanchea speciosa Népenthes carnivores 6

Insectes Le papillon bleu calédonien Papilio montrouzieri est un papillon endémique à la Nouvelle-Calédonie. Présent dans le parc, il est facilement reconnaissable avec ses ailes d’un bleu métallique intense. Ce papillon est également le seul insecte protégé au titre du code de l’Environnement de la province Sud. Le papillon bleu calédonien Phasmatodea 7

Le saviez-vous ? Le paysage : il est constitué des Rivières Blanche et Bleue au Nord des bassins versants. L’altitude : elle varie de 160 mètres (niveau supérieur du barrage de Yaté) à 1 250 mètres. La Maison du Parc Des informations sur les milieux naturels, équipements et activités du parc sont présentées dans le cadre de l’exposition permanente à la Maison du Parc. Activités De nombreuses activités sont proposées au cœur des Vallées de la Rivière Bleue et de la Rivière Blanche. Le parc est doté de plus 200 kilomètres de sentiers de randonnée bien balisés : des parcours courts adaptés aux randonnées en famille, des parcours longue distance à fort dénivelé et des circuits randonnées sur plusieurs jours, équipés de refuges. Des cartes et supports d’information sont disponibles en ligne et à la Maison du Parc. Les visiteurs sont invités à parcourir à pied ou à vélo le parc, son maquis minier, sa flore étonnante et sa forêt tropicale tout en écoutant le chant grave et sourd du notou. Le vélo est un moyen de locomotion idéal pour découvrir le parc, les routes traversant la Vallée de la Rivière Bleue étant réservées aux véhicules de service. Un prestataire privé (Sud Loisirs) propose la location de VTT, ainsi qu’un snack, à l’entrée du parc. Pour découvrir le parc autrement, descendez la Rivière Bleue en kayak jusqu’à la mystérieuse Forêt Noyée, pour un spectacle surnaturel à travers ses troncs argentés les soirs de pleine lune. Des balades en SUP (Stand Up Paddle) sont également possibles ; plusieurs options de sorties guidées sont proposées par différents prestataires privés (Aventure Pulsion, Sud Loisirs, Loisirs Concept, H2O ODYSSEE). De nombreuses autres activités vous attendent au Camp des Kaoris situé à l’entrée du parc : accrobranche, tyrolienne, tentes suspendues dans les arbres, escalade… Des balades et sorties à la journée dans le parc, en 4x4 ou minibus, ainsi que des visites guidées avec pique-nique au bord de la rivière sont proposées avec commentaires en français, anglais ou japonais. Réservations auprès des prestataires : Caledonia Tours, Toutazimut, BlueWhiteTours, Sweety Tours & Transport. L’observation des oiseaux est une activité incontournable car le parc abrite des espèces très rares telles que le cagou, le Méliphage toulou, le magnifique notou et le Kakariki bavard. Un prestataire privé (Caledoniabirds) et le personnel du parc organisent des sorties guidées. Vous souhaitez partir en randonnée guidée et commentée pour découvrir toutes les merveilles du parc, du Sud au Nord ? Lucie Randonnées NC vous propose des randonnées accompagnées par une guide diplômée. Louer une tente suspendue pour passer une nuit insolite au sein du parc ? Contactez Loisirs Concept. Il est conseillé de réserver une tente avant d’arriver sur place. Informations supplémentaires à la Maison du Parc. Épervier à ventre blanc 8

Nouveautés Les visiteurs pourront profiter de randonnées à cheval avec guide adaptées à tous les niveaux : promenade de 2 heures, randonnée en demi-journée ou en journée complète avec un choix de sept parcours balisés. Les visiteurs pourront admirer le parc depuis le ciel au lever ou au coucher du soleil lors de vols en montgolfière tôt le matin entre 6 h et 8 h ou en fin de journée entre 16 h et 18 h. Plusieurs points de décollage / atterrissage permettront de voler audessus de paysages variés dans un rayon de 3 km. Les montgolfières peuvent empor ter jusqu’à trois passagers, plus le pilote. Deux aires de camping sont mises à la disposition des visiteurs, l’une au fond de la Vallée de la Rivière Bleue avec ses eaux cristallines et sa forêt tropicale et l’autre au Nord de l’entrée du parc, au bord du Lac de Yaté, au cœur de vastes espaces calmes et sereins. * Convention de Ramsar : traité international pour la conservation des zones humides. **UICN : Magazine National Geographic, ar ticle intitulé Corbeau fabrique crochet métallique pour se procurer de la nourriture (8 août 2002) https://newcaledoniatoday.wordpress.com/tag/blue-river/ http://www.eoear th.org/view/ar ticle/172257/ http://www.australiangeographic.com.au/travel/destinations/2013/10/images-unique-islands-of-new-caledonia Australian Geographic, ar ticle Monde perdu (novembre à décembre 2013) Crédits photos : province Sud, Jean-Marc Mériot, Joseph Manauté, Mar tial Dosdane Parc Provincial de la Rivière Bleue Rhacodactylus auriculatus

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