Sudmag.nc | Juin 2023 7 Au cœur de la stratégie La France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ». La phrase a marqué les esprits. Elle a été prononcée par Emmanuel Macron, lors de sa venue en mai 2018. Mais ce que l’on a peut-être oublié, c’est que ce jour-là au Théâtre de l’île, devant un parterre d’invités, le chef de l’État n’a pas fait que manifester son attachement à la Calédonie. Il a prononcé un discours fondateur, le premier sur le territoire français, de la stratégie indopacifique. Une vision qui place la Nouvelle-Calédonie au centre du monde. Une vision d’équilibre pour une zone d’influence parmi les plus convoitées. Avant de décrypter sa stratégie, il faut mesurer l’enjeu pour la France. La zone indopacifique se résume en quelques chiffres. On y retrouve 9 des 11 millions de km² de sa zone économique exclusive (ZEE). Ce qui fait du pays la deuxième plus grande puissance du monde en termes de superficie, après les États-Unis. Environ 1,6 million de Français vivent dans les 7 collectivités d’outremer de l’Océan indien et du Pacifique, un chiffre qui grimpe à 2 millions en comptant les expatriés dans les pays de la région. « Le centre de gravité de l’économie mondiale s’est déplacé vers l’Indopacifique. Six membres du G20 (Australie, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Japon) sont présents dans cette zone. Les voies commerciales maritimes qui la traversent sont devenues prépondérantes, indique le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Les principales réserves de croissance mondiales se trouvent dans l’Indopacifique, qui contribuera d’ici 2030 à environ 60% du PIB mondial. La zone indopacifique reste également marquée par une forte vulnérabilité aux défis environnementaux et climatiques. De grands émetteurs de CO2 se trouvent dans cette zone, et les États insulaires dans les deux océans voient leur existence directement menacée par le dérèglement climatique. » Il s’y déroule souvent les grands rendez-vous. Le sommet du G7 s’est par exemple tenu au Japon le mois dernier. Dans la foulée de cette rencontre réunissant les sept pays les plus puissants du monde, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Une visite loin d’être anodine, afin de signer un pacte de sécurité qui donnera aux forces américaines un accès aux ports et aux aéroports du pays. Une façon de contrer l’influence grandissante de la Chine, l’autre superpuissance de la région, dans la zone. La France, au centre de cette lutte d’influence, notamment grâce à laNouvelle-Calédonie, ne compte pas être en reste. Tant sur le plan diplomatique que militaire. Pour la province Sud, qui concentre 74% de la population calédonienne, qui génère près de 95% des recettes fiscales et rassemble la quasi-intégralité de l’activité économique du pays, c’est une véritable opportunité… Le centre de gravité de l’économiemondiale s’est déplacé vers l’Indopacifique. Sixmembres du G20 sont présents dans cette zone. indopacifique DOSSIER Il n’a échappé à personne que la Nouvelle-Calédonie a été le théâtre d’un exercice militaire de grande ampleur, “Croix du Sud”, entre plusieurs nations du Pacifique au mois d’avril. L’année dernière, c’est une mission inédite qui a été réalisée par l’Armée de l’Airet de l’Espace en envoyant demétropole, en72heures, trois avions de chasse Rafale sur le tarmac de La Tontouta. Ces événements spectaculaires sont la traduction d’une vision imaginée en 2018 : la stratégie Indopacifique. Mais en quoi consiste-t-elle ? Quel est l’intérêt pour la France ? Et en quoi constitue-t-elle une chance pour la Nouvelle-Calédonie ? Explications.
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