Sud Mag 010

13 ACTUALITÉS S’ilsontvisité l’usineduSudensemble et réponduauxquestions desmédias côte à côte, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont pris soin de préciser leur rôle en fonction de leur mission. Tandis que le ministre de l’Intérieur a mené les discussions sur l’avenir institutionnel, le ministre de l’Economie des Finances et de la Souveraineté industrielle a exhorté tous les acteurs de l’industrie du nickel à ne pas « faire de la politique avec les usines, sinon nous courons tous à l’échec ». Bruno Le Maire est venu parler chiffre, évaluer les débouchés et mesurer dans quelle mesure l’État pouvait soutenir le secteur du nickel calédonien. « Sur les trois sites, il y a un outil industriel performant et des salariés motivés qui veulent se battre, a-t-il souligné. Mais le besoin immédiat de financement total pour les trois usines s’élève à 1,5 milliards d’euros [180 milliards de francs] auquel il faut pouvoir répondre par la rentabilité de ces sites industriel. » Face à ce constat, le responsable en charge de gérer les finances de la France l’a affirmé : il n’y aura pas de chèque en blanc de la part de l’État. « Je ne pourrais pas expliquer que l’État, qui finance grâce à l’argent des travailleurs gagné à la sueur de leur front, puisse soutenir des activités qui perdent de l’argent chaque mois. Ceux qui pensent que l’on pourrait jouer la politique du pire et qu’au dernier moment, comme par miracle, l’État interviendrait, se trompent. » La solution ? Mettre en place au plus vite un "pacte du nickel". « Un nouvel accord est à portée de main. Je suis arrivé ici avec un cadre de négociation d’un accord. Il a été accepté par tous les parties prenantes. » Le pacte concerne avant tout l’ouverture des exploitations de la ressource. « Nous devons parvenir à un engagement sur la déclassification, l’exportation et la valorisation des ressources minières inutilisée ». En cas d’accord sur ce point annonce le ministre, l’État sera prêt à investir pour offrir une énergie décarbonnée et moins chère. Le ministre demandera à la Commission de régulation de l’énergie de mener des travaux sur l’évaluation d’un nouveau réseau électrique et de nouvelles capacités de production électrique. Dernier axe du pacte : la diversification des débouchés économique pour l’instant tournées exclusivement vers l’Asie. Le ministre a présenté le potentiel d’export du nickel calédonien vers la France métropolitaine et l’Europe. « Je souhaite que nous parvenions à un accord préalable dans les premiers jours de janvier pour un accord final signé fin janvier, je me rendrai sur place pour le parapher, a indiqué le ministre Le Maire. L’enjeu dépasse le nickel, l’enjeu c’est l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. De son système social, de son développement économique et de sa place dans la région indopacifique. C’est un enjeu absolument stratégique. Si demain un accord est signé, qu’est-ce qu’on fait concrètement ? Cela veut dire, premièrement, aide à la production industrielle. Deuxièmement, qu’il y aura un investissement de l’État et de la Banque européenne d’investissement. Troisièmement, que nous pourrons avoir une évaluation sereine des besoins énergétiques de la Nouvelle-Calédonie et des réseaux énergétiques à construire. Cela veut dire, enfin, la possibilité de mettre en place des dispositifs de formation, et j’y crois profondément, la création d’une école des mines calédonienne, à Nouméa.» Pour la présidente de la province Sud, Sonia Backès, il sera prioritaire d’exporter le minerai que l’on ne peut exploiter localement. « C’est de l’argent qui dort et qui a un impact négatif sur l’environnement. Commençons par là. Il faut pour cela que le congrès change le code minier. » Les autorisations d’exportation devront ensuite être rapidement accordées. Et pour cela, tous les acteurs concernés devront se mettre d’accord. « On ne peut pas admettre que le président de la province Nord empêche seul la SLN d’exporter son minerai. Il a refusé de rencontrer le ministre et n’est pas venu à la réunion du groupe de travail, déplore Sonia Backès. Nous parlons de près de 3 000 familles qui peuvent se retrouver sur le carreau, tout simplement parce que la province Nord refuse de signer des autorisations. Nous avons prévenu, Nicolas Metzdorf et moi, que nous ne laisserions pas décider la province Nord seule de mettre à terre la SLN. Si demain il faut que nous déposions une proposition de loi à l’assemblée nationale pour faire rebasculer cette compétence à l’État, nous le ferons. Les trois usines ont les moyens de fonctionner ! Elles doivent être sauvées. » Pour Bruno Le Maire, «unnouveaupactesur lenickel est àportéedemain» Le ministre de l’Économie et des finances, après trois journées de rencontres du 25 au 27 novembre, a affirmé que l’État était prêt à s’engager pour sauver les trois usines à condition que des transformations soient amorcées pour un retour immédiat à la rentabilité. Premièrement, garantissons la rentabilité. Deuxièmement, il y aura un investissement de l’État et de la Banque européenne d’investissement.

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