20 SUD'MAG #10 | Décembre 2023 AGIR AVEC VOUS Ce que nous faisons est relativement simple. C’est avant tout du recyclage, puis de la transformation de papier et de carton en isolation thermique et phonique pour le bâtiment. » À écouter Valérie Tini, c’est évident. Mais pour mettre en œuvre un tel projet, elle a mis 5 ans à plancher avec son associé Aymerick Brun. Et ça y est ! L’entreprise Isoca vient de lancer son activité et le marché qui se profile est prometteur. Le papier-carton représente environ 12 000 tonnes de déchets par an, et jusqu’à présent, seuls 3 % de cette matière partaient à l’export pour du retraitement... Le reste est enfoui. « Ce papier est enfoui car il n’est pas récolté correctement, et il nous faut du papier propre pour notre produit, précise Aymerick Brun. À ce jour, seul Ecotrans, une entreprise de collecte et préparation de matière, peut nous le fournir. » 12 000 tonnes de déchets carton chaque année L’enfouissement du papier était jusqu’ici une aberration environnementale qui s’ajoutait à une autre : du côté du BTP, la majeure partie des isolants thermiques est importée d’Europe ou d’Asie. Isoca va donc faire coup double. « L’usine peut assurer une production de 5 000 tonnes par an. Dans un premier temps, nous visons le marché local, qui consomme environ 1 000 tonnes d’isolant chaque année. Nous avons donc vocation à fournir le Pacifique, puisqu’aucun de nos voisins ne produit ces matières », soulignent les dirigeants. La ouate de cellulose est l’isolant le plus performant au monde, et le Pacifique est une région directement victime du réchauffement climatique. Il fallait répondre à cette problématique rapidement. « Alors que des pénuries mondiales sont régulièrement déplorées et que notre région du monde est rarement considérée comme étant prioritaire comparée à des marchés bien plus importants, nous y avons vu une opportunité économique. » Création d’emplois Deux salariés ont été recrutés et, à terme, si l’usine tourne à plein régime, 10 autres embauches sont prévues. Un investissement de 200 millions de francs a été nécessaire pour créer cette industrie jusqu'ici absente dans la région. Pour y arriver, les deux associés ont bénéficié du soutien de l’Agence calédonienne de l’énergie, de l’Ademe, de la BPI et de la province Sud. « Nous n’avions pas pensé au début à solliciter Promosud [le bras financier de la province Sud, NDLR], reconnait Valérie Tini. Mais leur entrée dans le capital de l’entreprise à hauteur de 10 % nous offre l’avantage d’avoir une expertise et un soutien efficace pour lancer cette entreprise. Nous espérons qu’ils nous aideront pour la partie commercialisation. » Concrètement, l’entreprise proposera des matières qui pourront être insufflées à l'état sec ou mouillé sur les murs et dans les combles. Et pourquoi pas des plaques ? « Tout simplement parce que, sur le marché calédonien, il y a plus de biens immobiliers déjà construits que de nouvelles constructions, explique la dirigeante. Notre produit permet d’intervenir pour de la réhabilitation, et cela nous permet aussi d’être cohérents avec les valeurs de revalorisation que nous portons. » L’entreprise Isoca a débuté son activité à Ducos. Soutenue par Promosud, qui vient de faire son entrée au capital, elle est en charge de valoriser les déchets papiers et cartons en Calédonie, voués à l’enfouissement ou à l’export, qu’elle transforme en ouate de cellulose. Une filière d’avenir, lorsqu’on sait que personne ne propose ce type d’isolant très performant dans notre région du monde. Isoca, un nouvel acteur pour la valorisation des déchets Promosud PromoSud, société de financement et de développement de la province Sud, a été créée en 1992 par la province Sud pour relancer le tourisme et accompagner les investisseurs et les entreprises à la suite desannéesdecriseenNouvelle-Calédonie. Présidée par Brieuc Frogier, PromoSud soutient particulièrement les entreprises qui investissent dans des filières d’avenir, comme les ressources marines et les énergies renouvelables, ou dans des secteurs où elles sont pionnières. La structure a investi plus de 10 milliards de francs dans près de 150 entreprises depuis sacréation.
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