Avril 2024 | SUD'MAG #14 27 ACTUALITÉS Cette année encore, les conférences C’nature se tiendront à l’auditorium de la province Sud à Nouméa. Il s’agit d’un programme annuel de rendez-vous centrés sur des sujets environnementaux et destinés au grand public. Le 5 mars, deux chercheuses spécialisées sur le lien entre l’eau et la population en Nouvelle-Calédonie ont ouvert la saison 2024. La gestion de l’eau inaugure la saison des conférences C’nature 2024 La cohabitation Hommes/ chauves-souris, l’ADN environnemental ou encore les acanthasters, ces étoiles de mer redoutables, sont autant de sujets qui seront abordés à compter du mois d’août et jusqu’en décembre à l’auditorium de la province Sud. D’ici là, ce sont les zones humides, et l’eau plus largement, qui sont mises à l’honneur. Et pour cause, le site terrestre des lacs du Grand Sud fête ses 10 ans d’inscription à la convention de Ramsar. Un lieu de diffusion des connaissances « Il faut nous éclairer, nous qui sommes des néophytes. Ces conférences sont un lieu d’échange et aussi un lieu de diffusion des connaissances qui nous enrichissent et nous permettent d’éduquer nos enfants », explique Françoise Suve, élue provinciale et rapporteure de la commission de l’environnement, en préambule de la première conférence de l’année. Encourager le partage des connaissances scientifiques résonne d’autant plus lorsqu’il s’agit de sujets peu explorés. C’était le cas de la conférence présentée le 5 mars par deux chercheuses de l’IAC (l’Institut agronomique néo-calédonien), autour des usages et des représentations de l’eau en tribu. Un sujet peu explicité sur « ces liens entre l’homme et la nature en NouvelleCalédonie » a observé Séverine Bouard, chercheuse à l’IAC. Pourtant, les pénuries d’eau, la pollution notamment minière, l’accès à l’eau potable pour tous… les enjeux sont multiples à étudier ces rapports culturels à l’eau, ajoute l’ingénieure agronome ». « L’eau dépasse cette notion de ressource. Elle traduit un lien intime entre les humains et l’environnement par son ancrage à la terre » constate Olga Peytavi, doctorante en anthropologie. Sa thèse en cours décrit les perceptions par les populations kanak de la qualité de l’eau, qu’elles soient liées au goût, au toucher, à l’odorat, à la vue ou à l’ouïe. Il s’agit de maintenir l’équilibre entre l’environnement, l’individu et la société, ce qui s’inscrit « au-delà de la simple qualité physique de l’eau », ajoute la doctorante, initiée à la recherche sur terres coutumières. Les personnes interrogées, notamment sur la côte Est de la province Sud, à Thio, distinguent la bonne eau qui « reflète le bon fonctionnement de la société » de l’eau trouble qui « manifesterait des situations de ruptures et de déséquilibres dans la société » témoigne Olga Peytavi en conclusion. L’idée de l’élue de la Province, Françoise Suve, fait écho à toute cette dimension culturelle : « Je suis persuadée que l’eau a une mémoire et elle nous rend la façon dont on s’occupe d’elle ». Dans le cadre de la politique de l’eau partagée, ces éléments sont des pistes possibles vers une construction collective des nouveaux modes de gouvernance. Dans le sillage de la thématique de l’eau, les prochaines conférences porteront sur les dolines du Grand Sud et les eaux sousterraines.
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