20 SUD'MAG #14 | Septembre 2024 Assurer la santé de tous, malgré les barrages des émeutiers Les émeutiers rendant impossible l’accès au Médipôle, il a fallu réagir. La province Sud a ainsi ouvert un centre médical en urgence pour les populations les plus démunies face à la situation, puis a progressivement rouvert tous ses dispensaires, dans des conditions parfois dégradées. Mais parfois, la violence a eu raison de tous les efforts déployés. Le manque d’accès aux soins a bien plus tué que les violences perpétrées par la CCAT. Durant de nombreuses semaines, des centaines de patients n’ont pas pu se rendre auMédipôle, dont l’accès est longtemps resté bloqué par les émeutiers. Afin d’éviter, ou plutôt de contenir une catastrophe sanitaire, la province Sud a tenté d’apporter une réponse aux besoins de la population. « L’objectif était de pouvoir ouvrir le plus rapidement possible un centre de soins après une semaine d’émeutes qui avaient mis à mal l’offre de soins privée et publique et la santé des populations », rappelle Jean-Baptiste Friat, directeur de la Direction Provinciale des Affaires Sanitaires et Sociales (DPASS). « Nous avions également à cœur de pouvoir proposer une réponse complète avec l’ensemble des métiers et professionnels présents dans les équipes provinciales : infirmières, puéricultrices, sages-femmes, médecins mais aussi des psychologues et des travailleurs sociaux pour accompagner la détresse psychologique et sociale avec un numéro vert dédié. » Le 20 mai, la DPASS a ouvert l’Espace Santé à Nouméa. Une équipe provinciale s’est mobilisée pour assurer des soins relevant de la médecine générale et de la protection maternelle et infantile. 50 à 100 personnes par jour Les patients ont pu consulter, renouveler leurs ordonnances et refaire leurs pansements. Il poursuit : « L’Espace Santé a été ouvert au public comme un lieu de prise en charge globale des personnes requérant des soins somatiques et psychologiques. L’Espace Santé a accueilli durant cette période entre 50 et 100 personnes par jour pendant plusieurs semaines avant la réouverture progressive des autres centres de l’agglomération (Païta, Montravel puis Dumbéa sur Mer). » Avant le début des exactions, chacun des 11 centres médico‑sociaux répartis sur l’ensemble du territoire provincial disposait d’au moins un médecin. De quoi assurer un maillage efficace pour assister sa population. Mais les violences ont démantelé ce dispositif qui avait mis tant de temps à être construit. Le 24 juillet, la collectivité a dû se résoudre à annoncer la fermeture du CMS de Thio. Après le départ d’un cinquième médecin en deux mois, c’est au tour du reste du personnel soignant de jeter l’éponge. Les agressions incessantes à leur encontre et la violence omniprésente dans le village justifient cette décision, et plus aucune politique incitative menée par la province Sud ne permet de retenir le personnel. « Avec les agressions, les routes difficiles et l’accès très compliqué, la population de Thio est en grand danger. Les patients chroniques vont en souffrir le plus », déplorait Patricia Pèdre, directrice adjointe de la DPASS. Retenir nos spécialistes libéraux Les élus de la province Sud ont voté le 15 juillet la modification du dispositif d’incitation à l’installation et du dispositif d’aide à l’équipement ouau rééquipement desmédecins et des chirurgiens-dentistes libéraux : l’aide prévue est de 3 millions de francs. Elle peut à présent être majorée à 8 millions en cas de regroupement. Le 23 août, la province Sud a signé l’acte d’acquisition du cabinet médical « Espace Santé de la Corniche » situé au Vallon-Dore. Cette acquisition permet à la collectivité de mettre ces locaux à disposition des professionnels de santé et d’instaurer une permanence médicale le weekend. Ce projet est le fruit d’un travail de coordination entre différents partenaires et l’État qui met à disposition une équipe composée d’un médecin et d’un infirmier de la Sécurité civile.
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