Septembre 2024 | SUD'MAG #14 21 Une suspension des paiements de l’aide médicale en attendant d’être remboursé soi-même Les conséquences financières des exactions débutées le 13 mai dernier et les retards de paiement de ses dettes par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ne permettent plus à la province Sud de prendre en charge les ressortissants de l’aide médicale pour les soins effectués à partir de lundi 15 juillet prochain. » L’annonce de la présidente de la province Sud a été faite le 11 juillet. Privée de ces ressources, l’institution a dû choisir entre payer ses agents ou maintenir ce dispositif pour une partie de la population, qui peut néanmoins continuer de se rendre dans les centres médico-sociaux. « L’aide médicale coûte à la province 5,4 milliards de francs par an, que nous avons toujours payés dans les temps. Mais la difficulté, c’est que sur un budget de la province de 59 milliards de francs, nous avons à présent 9 milliards dehors. C’est-à-dire que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie nous doit 8 milliards et la Cafat 1 milliard, » a expliqué Sonia Backès lors de l’assemblée de Province qui s’est tenue le 15 juillet. Une décision inévitable donc, prise par la province des Îles un an plus tôt, mais qui reste temporaire. Le financement de ce dispositif, revenant normalement dans le champ des compétences de la Nouvelle‑Calédonie d’après le Conseil d’État, reprendra dès que les remboursements des sommes dues par les autres collectivités seront honorés. Des changements pour le ticket modérateur Lors de cette même assemblée, les élus de la province Sud ont également acté l’augmentation du ticket modérateur pour les bénéficiaires de cette aide, passant de 10 à 20 %. Pour une consultation à 4 300 francs, un bénéficiaire de l’aide médicale devait payer 430 francs et le médecin se faisait rembourser le reste. Demain, il devra payer 860 francs. Mais des cas particuliers sont à exclure : par dérogation, un taux réduit de ticket modérateur (10 %) est appliqué au bénéfice des femmes enceintes, ainsi que des enfants jusqu’à leur troisième anniversaire et des personnes en maladie de longue durée. Tout le reste des dépenses, comme les dialyses, les pharmacies ou les traitements pour le cancer, continuera à être pris en charge à 100 %. Les personnes en situation de handicap, en établissement de santé, bénéficiant de l’aide sociale, et les anciens combattants sont quant à eux toujours exonérés de frais. « Cela ne peut pas continuer comme ça et ce qui est complètement absurde, et que nous dénonçons depuis cinq ans, c’est qu’il y ait quatre systèmes de feuilles de maladie, rappelle la présidente de la province Sud. Concrètement, une personne bénéficiant de l’aide médicale va chez son médecin, qui tape sur son ordinateur la feuille de maladie, imprimée, qui arrive ensuite soit à l’une des trois provinces, soit au Ruamm. Puis, les agents saisissent manuellement la feuille de maladie et remboursent. Or, ce système devrait être une boîte unique pour la Nouvelle-Calédonie avec une carte vitale, où le médecin n’aurait qu’à entrer les données numériquement avant d’être ensuite remboursé. Si nous fusionnions ces quatre systèmes, nous économiserions 2 milliards et la carte vitale permettrait d’économiser 20 % des dépenses de maladie. Cela fait quatre ans que je le dis au Congrès. » Privée de ressources par le gouvernement,, la province Sud a dû faire un choix extrêmement difficile et cesser temporairement de financer l’aide médicale. Si la compétence de la santé revient au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, le dispositif est supporté par les provinces. Des collectivités qui peinent justement à obtenir les financements qui leur sont dus par… ce même gouvernement. Des solutions existeraient bel et bien pour réformer efficacement ce système. Mais, comme d’autres domaines, rien n’est fait.
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