Une prison à ciel ouvert ! Où près de 12 000 personnes purgent leur peine n’ont pour seul moyen de s’évader que des navettes maritimes qui les relient au reste du monde, lorsque le temps le permet. Les raisons d’une telle détention pour un si grand nombre ? Ils vivent du mauvais côté d’une route. Détenus depuis le 8 mai, plus de 300 jours, presque une demi-année. À cause de cette route bloquée, les habitants du Mont-Dore Sud et de Yaté subissent la loi que tentent d’imposer une poignée d’hommes prêts à tout pour les empêcher de retrouver un semblant de vie normale. L’État et ses forces le savent bien. Les gendarmes y ont payé un très lourd tribut en tentant de faire revenir ces criminels à la raison. Ils ont essuyé plus de 330 tirs d’armes à feu. Plusieurs ont été blessés. Deux d’entre eux, dont un gendarme de 22 ans tué par un sniper alors qu’il venait de retirer son casque pour parlementer, y ont perdu la vie. Le bilan, déjà insupportable, aurait pu être encore plus grave du côté des militaires s’ils n’avaient effectué des tirs de ripostes pour se protéger. En attendant, avant d’être libérés, les habitants du Mont-Dore Sud et de Yaté résistent. « La route est entre les mains de bandits qui nous harcèlent et nous carjackent, rappelle Florent Perrin, président de l’Association Citoyens Mondoriens. Les gendarmes ont donc fermé l’axe puisqu’ils n’arrivent pas à le sécuriser. » C’est face à cette situation que la province Sud a mis en place, dès le 13 mai, un système de navettes maritimes qui n’a cessé de grandir, afin de relier le Mont-Dore Sud à Nouméa. Aux yeux de Florent Perrin, la mise à l’eau de l’école des Dauphins est devenue pour près de 12 000 personnes, « un lieu de vie ou encore notre centre du monde si on peut dire ». Avec son association, le président des Citoyens Mondoriens se démène depuis le début de la crise pour tenter de redonner un semblant de vie et d’espoir aux habitants. « Les conséquences sont énormes, déplore-t-il, puisque le Mont-Dore se vide. La En attendant le retour à l’état de droit le Mont-Dore Sud et Yaté résistent 14 SUD'MAG #17 | Octobre 2024 C’est une situation inédite sur le territoire français. Durant plus de 5 mois, une partie de la population s’est retrouvée dans l’impossibilité de circuler sur une route, tenue par des malfaiteurs. Si la mobilisation des forces de l’ordre est indiscutable, la volonté de nuire de la part des malfaiteurs restait totale le mois dernier. En attendant, 12 000 Calédoniens tentent de s’organiser, avec l’aide de la province Sud.
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