18 SUD'MAG #17 | Octobre 2024 Tout est mis en œuvre pour éviter une catastrophe sanitaire En sous-effectif suite aux exactions, se retrouvant parfois face à de nouveaux patients venus de la province Nord pour se faire soigner, les équipes de la direction provinciale de l'Action Sanitaire et Sociale (DPASS) redoublent d’efforts pour assurer des soins, là où elles peuvent encore se rendre. Durant cette période d’insurrection, où les agressions à leur encontre se sont multipliées, les infirmiers du dispensaire de Thio, fermé le 24 juillet, ont pour la plupart été redéployés sur les autres centres de la Province. Notamment dans les CMS de La Foa et Bourail, les équipes doivent prendre en charge des patients de plus en plus nombreux venant de la côte Est ou de la province Nord, où seuls 5 des 32 postes de médecin sont pourvus. « Depuis le mois de mai, nous avons une augmentation vraiment importante de la population qui vient consulter sur le CMS de La Foa et de Bourail, indique Patricia Pèdre, directrice adjointe de laDPASS. Plus de 30 % d’activité, ce qui représente quand même 300 patients sur le mois. Cela donne une charge de travail à nos médecins et à nos infirmiers, énorme. Lorsqu’un patient de la province Nord arrive en province Sud, nous n’avons aucun dossier médical. Les dossiers médicaux partagés n’existent pas encore sur le territoire. Nous n’avons pas les papiers, nous n’avons pas les carnets de santé, nous n’avons pas les radios, nous n’avons pas les résultats de bilan, donc il faut tout recommencer. » Quand il faut prendre 60 à 70 patients sur une matinée, nos équipes le font. Ces sont alors des prises en charge très lourdes et souvent très compliquées pour les soignants puisque cela leur demande environ une bonne heure, voire deux parfois, en fonction de l’état de santé du patient. En plus de cette contrainte, certains patients tardent à venir consulter un médecin. « Si vous habitez à La Foa et que vous avez le CMS juste à côté, cela peut aller. Vous vous dites « j’y vais demain » ou « j’y vais cet après-midi », explique Patricia Pèdre. Mais quand vous arrivez de Houaïlou, vous venez parfois au bout de quinze jours, trois semaines, avec des enfants qui ont des pathologies lourdes ou des personnes âgées avec des pathologies aussi lourdes et chroniques... Et à ce moment-là, vous êtes en décompensation. » À bout de souffle et malgré des conditions extrêmement difficiles, les équipes médicales redoublent d’efforts. « Elles sont inquiètes et courageuses, résume la directrice adjointe de la DPASS. Inquiètes parce qu’elles voient l’augmentation de l’activité, elles ne voient pas de solution, elles observent même la situation
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