Sud'Mag #017

Octobre 2024 | SUD'MAG #17 19 s’aggraver puisqu’on n’a plus de médecins sur la moitié du territoire. Elles sont courageuses parce qu’elles se retroussent les manches et quand il faut prendre 60 à 70 patients sur une matinée, elles le font. Quand il faut se déplacer de Nouméa pour aller à Bourail ou à La Foa, parce qu’il n’y a pas de professionnels, elles le font ». Dans ce contexte, des solutions innovantes comme la téléconsultation ont été mises en place pour pallier le manque de personnel. Des vacations de médecins itinérants, de sage-femmes et de gynécologues permettent de répondre au plus urgent et de consulter notamment les femmes enceintes. Cependant, cela ne suffit pas à soulager une pression constante sur le personnel de santé qui est en sous-effectif sur l’ensemble du territoire. Une quinzaine de médecins n’ont pas renouvelé leur contrat ou les ont tout simplement annulés pour ceux qui devaient entrer en poste. « Nous essayons de tout de mettre en œuvre pour répondre aux demandes de la population, parce que sans nous, c’est la mort des patients. C’est évident, la perte de chance est avérée. » Un apaisement de la situation primordial pour faire revenir du personnel « Quand vous avez fait 3 à 4 heures de route, que je n’ai pas le dossier, qu’il faut tout recommencer depuis le début, vous avez forcément une perte de chance, soit un risque de mourir plus certain, déplore Patricia Pèdre. Nous essayons de mettre en place des réponses, nous essayons de renforcer nos dispositifs, et nous tentons de mettre à disposition tous les effectifs que l’on peut avoir. Mais maintenant, la Calédonie ne fait plus rêver... Nous n’avons pas grand-chose en province Sud pour attirer des médecins, mais en tout cas, on le donne bien volontiers. » Les espoirs sont désormais placés sur des recrutements pour la fin de l’année mais surtout sur un apaisement de la situation pour que la confiance des professionnels de santé puisse être restaurée. Face à cette crise, le travail des soignants est exemplaire, mais les défis restent colossaux. La direction provinciale de l’Action Sanitaire et Sociale, confrontée à cette situation d’urgence, met tout en œuvre pour éviter une catastrophe sanitaire dans les mois à venir. Le dispensaire de Thio contraint de fermer ses portes La situation d’insécurité persistante et les menaces à l’encontre du personnel ont contraint la province Sud à fermer le dispensaire de Thio, le 24 juillet. Un véritable gâchis puisque la commune bénéficiait depuis 2022 d’un centre médico-social flambant-neuf. Le montant des travaux, financé par la Province et l’État, s’élevait à 120 millions de francs. La commune a organisé un transport vers les professionnels de Boulouparis et de La Foa. D’autres fonctionnent enmode dégradé Les agressions, cambriolages et insultes à caractère raciste ont provoqué le départ d’un grand nombre de médecins. C’est le cas pour ceux de l’île des Pins et de Yaté. “Nous avons des médecins en province Sud et nous les payons bien, explique la présidente de la province Sud. Sauf qu’aujourd’hui, ils refusent tous de se rendre dans certains centres. Nous faisons notre possible mais cela ne suffit pas. C’est aux populations de réagir.”

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